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Il s’y sont tous mis : Martin Scorsese, Woody Allen, David Lynch…et jusqu’à Frédéric Mitterrand, notre Ministre de la culture. « Il faut réparer l’injustice faite à Polanski et dénoncer l’acharnement du juge américain. » Et en plus, celui-là, il est louche :
- Pourquoi dites-vous ça ?
- Parce que c’est dans le film : « Roman Polanski : Wanted and Desired » de Marina Zenovich…
- Ah bon, alors…
Quel mauvais cinéma !
Je ne juge pas Polanski. Peut-être est-il innocent. Peut-être est-il l’objet d’une cabale.
Pas plus, je ne suis choqué par les manifestations de solidarité qu’a suscitées son arrestation. Les amis, c’est fait pour ça !
Mais les affirmations outrancières des supporters du cinéaste m’ont profondément choqué. Telle celle d’un président d’une cinémathèque française : « C’est un artiste, il se rendait gracieusement à un festival du cinéma, on n’a pas le droit de le traiter comme ça… ». Comme si « la fonction sociale » générait une qualité humaine spécifique, comme si le talent exonérait du droit !
L’affaire Polanski est, au-delà du cas d’espèce, symptomatique d’une dérive incroyable du phénomène de peopolisation, la transformation d’un justiciable en une icône intouchable, preuve de la discrimination dans laquelle on tient le commun des mortels.
Dans les médias, en rubrique « société », on traquera le violeur des bois, le parfait salaud qui, dans la solitude méritée du cachot, crèvera de notre mépris. Mais en rubrique « culture », l’artiste devient victime. On invoquera son « hyper sensibilité », sa fragilité artistique et les errements propres à la création, oubliant que peut-être il fut bourreau.
Au verso de la médaille, il y a les cons salaces de Reiser, les violents que jouait Jean Carmet, les récidivistes des romans de gare. Alors que côté face, on a peut-être affaire, ma chère, à « un malade », mais il est si créatif, il a tant de talent…
Décidément, le réflexe corporatiste est tenace, il n’est ni l’apanage des épiciers, ni celui des agriculteurs. Qu’importe alors le droit. C’est la justice qu’on préfère discréditer. Et le client, pourvu qu’il ait l’Oscar, voit s’agglutiner autour de lui tout ce que la défense des droits de l’Homme compte de soutiens médiatisés.
J’ai aimé l’admirable « Chinatown », j’ai été fasciné par « Rosemary’s Baby », j’ai été bouleversé par « Le pianiste ». Je souhaite que Polanski puisse rebondir après cette affaire. Mais qu’il serait injuste d’accepter une justice à deux vitesses, « qu’on soit riche et puissant, qu’on soit artiste et cinéaste plutôt que simple paumé… ».
20 Commentaires
Sujet délicat, obscure.
Ne jamais oublier que le seul point partagé par tous les américains est la croyance (fondée) que les USA permettent à chacun de ses citoyens de devenir riche (très) ; et que la judiciarisation des rapports est un des moyens à disposition pour cela.
Je vous rejoins totalement sur certains aspects de votre analyse. On en sait reine finalement ; et les gesticulations corporatistes des soutiens français de la grande famille de la balle sont un peu indécent.
Si RP est innocent : belle preuve d'amitié!
S'il est coupable... Ceux là ne seront jamais jugés.
A bientôt, j'aime bien vos billets.
Juste un coucou rapide avant de lever les enfants; je suis OK avec votre position : la pipolisation, ça devient lourdingue.
L'exemple n'est-il malheureusement pas donné au plus haut niveau dans notre pays?
Bonne journée, continuez
MARIE
Merci pour ce billet, c'est rassurant.
Nos élites continuent de se couper allégrement du petit peuple. Que va-t-il advenir de tout cela?
Si j'interviens pour Polanski, c'est parce qu'il faut même se poser une question qui désormais figure au programme de certaines "grandes écoles" : La position sociale ne justifie-t-elle pas une forme d'exemplarité de la part de ses membres ?
Qu'on juge l'affaire d'Outreau dans les termes de la fameuse banderole (alcoolos, consanguins, etc.), avec un traitement médiatique vaguement condescendant, peut éventuellement se justifier si on applique un "barême" supérieur pour les nouvelles élites sociales : peoples bien sûr, mais aussi politiques, chefs d'entreprises, artistes, sportifs...
Quand on voit le pedigree de Franck Vandenbroucke, "enfant prodige" du cyclisme, on peut se demander quel traitement social il aurait eu s'il s'était agi d'un simple quidam, potentiellement issu de l'immigration et vivant en banlieue ;-)
Cette forme d'altérité doit s'imposer à ceux qui souhaitent demain s'élever dans la société, qu'on se le dise !
Bonne continuation !
On peut comprendre les liens d’amitié entre M.Polanski et la Suisse.Les Suisses sont un peu devenus les champions du monde en matière de blanchiment d'argent sale.La Suisse est bel et bien devenue un eldorado pour les évadés fiscaux,les petits commissionnaires de toutes sortes,les délinquants en cavale.En matière d'intolérance les Suisses ont presque décroché la timbale:ils appellent de leurs voeux le choc des civilisations et voient des minarets partout.Je comprends bien cette amitié.Mais pourquoi les V.I.P.se situent-ils au-dessus de la justice?Pourquoi ne doivent-ils pas rendre de comptes devant la justice?L'égalité des citoyens devant la justice est un fondement de la République(la Suisse se veut d'ailleurs une République):elle est bafouée.
Pour moi c´est simplement et purement honteux.
Merci Eric
La jeune fille en question avait déjà posé nue dans "Playboy".Elle fréquentait les soirées de Hollywood, où la "promotion canapé" est la règle.
Les relations sexuelles n'étaient pas encore devenues "traumatisantes" qu'elles soient consenties ou non. C'est venu avec R.Reagan et la révolution conservatrice.
Il est impossible de juger les moeurs d'hier selon "nos" critères actuels, où un mineur ne peut jamais être consentant, ni demandeur.Pourtant aux USA, l'âge où il y a le plus de "violeurs" est 14 ans. Est-ce la définition légale du "viol" qui est délirante? Les mineurs sont-ils responsables de leurs actes ou non?
Ronan,de quoi parlons nous?!
Votre raisonnement me parrait plus etre celui d´une personne qui se trouve en face de la personne violee.
Non merci,Eric
Sujet délicat, obscure.
Ne jamais oublier que le seul point partagé par tous les américains est la croyance (fondée) que les USA permettent à chacun de ses citoyens de devenir riche (très) ; et que la judiciarisation des rapports est un des moyens à disposition pour cela.
Je vous rejoins totalement sur certains aspects de votre analyse. On en sait reine finalement ; et les gesticulations corporatistes des soutiens français de la grande famille de la balle sont un peu indécent.
Si RP est innocent : belle preuve d'amitié!
S'il est coupable... Ceux là ne seront jamais jugés.
A bientôt, j'aime bien vos billets.
Juste un coucou rapide avant de lever les enfants; je suis OK avec votre position : la pipolisation, ça devient lourdingue.
L'exemple n'est-il malheureusement pas donné au plus haut niveau dans notre pays?
Bonne journée, continuez
MARIE
Merci pour ce billet, c'est rassurant.
Nos élites continuent de se couper allégrement du petit peuple. Que va-t-il advenir de tout cela?
Si j'interviens pour Polanski, c'est parce qu'il faut même se poser une question qui désormais figure au programme de certaines "grandes écoles" : La position sociale ne justifie-t-elle pas une forme d'exemplarité de la part de ses membres ?
Qu'on juge l'affaire d'Outreau dans les termes de la fameuse banderole (alcoolos, consanguins, etc.), avec un traitement médiatique vaguement condescendant, peut éventuellement se justifier si on applique un "barême" supérieur pour les nouvelles élites sociales : peoples bien sûr, mais aussi politiques, chefs d'entreprises, artistes, sportifs...
Quand on voit le pedigree de Franck Vandenbroucke, "enfant prodige" du cyclisme, on peut se demander quel traitement social il aurait eu s'il s'était agi d'un simple quidam, potentiellement issu de l'immigration et vivant en banlieue ;-)
Cette forme d'altérité doit s'imposer à ceux qui souhaitent demain s'élever dans la société, qu'on se le dise !
Bonne continuation !
On peut comprendre les liens d’amitié entre M.Polanski et la Suisse.Les Suisses sont un peu devenus les champions du monde en matière de blanchiment d'argent sale.La Suisse est bel et bien devenue un eldorado pour les évadés fiscaux,les petits commissionnaires de toutes sortes,les délinquants en cavale.En matière d'intolérance les Suisses ont presque décroché la timbale:ils appellent de leurs voeux le choc des civilisations et voient des minarets partout.Je comprends bien cette amitié.Mais pourquoi les V.I.P.se situent-ils au-dessus de la justice?Pourquoi ne doivent-ils pas rendre de comptes devant la justice?L'égalité des citoyens devant la justice est un fondement de la République(la Suisse se veut d'ailleurs une République):elle est bafouée.
Pour moi c´est simplement et purement honteux.
Merci Eric
La jeune fille en question avait déjà posé nue dans "Playboy".Elle fréquentait les soirées de Hollywood, où la "promotion canapé" est la règle.
Les relations sexuelles n'étaient pas encore devenues "traumatisantes" qu'elles soient consenties ou non. C'est venu avec R.Reagan et la révolution conservatrice.
Il est impossible de juger les moeurs d'hier selon "nos" critères actuels, où un mineur ne peut jamais être consentant, ni demandeur.Pourtant aux USA, l'âge où il y a le plus de "violeurs" est 14 ans. Est-ce la définition légale du "viol" qui est délirante? Les mineurs sont-ils responsables de leurs actes ou non?
Ronan,de quoi parlons nous?!
Votre raisonnement me parrait plus etre celui d´une personne qui se trouve en face de la personne violee.
Non merci,Eric