ÉCONOMIE
Actus / Débats
Hausse prix agricoles : Les agriculteurs doivent-ils s’en plaindre ?
Je ne comprends pas l’insistance de Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, à crier sur tous les toits que la hausse des prix alimentaires est inéluctable, qu’elle est structurelle, et que les Français vont devoir s’habituer pour longtemps à payer plus cher leur alimentation. Je ne cherche aucune polémique avec lui, mais je trouve ce discours excessif, et surtout anticommercial. Quel est l’intérêt, pour les agriculteurs, d’effrayer par avance les consommateurs ?
Je ne conteste pas l’importance sectorielle de cette évolution de prix. Mais faut-il que ce soit les agriculteurs qui s’en plaignent ?
Les éleveurs (porc, viande rouge, volaille) vont certainement en faire les frais. Leur approvisionnement en farine va s’en trouver renchéri. Mais pour Jean qui pleure, combien de Jean qui rient ? Je pense aux éleveurs laitiers, dont le cours du lait ne peut qu’augmenter le revenu. Je pense aux céréaliers, aux producteurs de blé, d’orge et de maïs, et même aux producteurs de betteraves dont les marges vont augmenter peut-être de 20 ou 25% dans l’année !
Les discours alarmistes sont d’autant moins fondés que cette évolution des prix a été recherchée par le gouvernement et la FNSEA elle-même. Qu’il suffise de relire les déclarations des ministres de l’industrie et de l’agriculture ou des dirigeants agricoles, s’agissant du lancement de la filière bioéthanol en France : « Le carburant vert, c’est une augmentation de revenu pour nos agriculteurs, un débouché durable…». Ce sont les agriculteurs de la Marne, de Normandie ou de Poitou-Charentes, qui nous ont sollicité pour investir, en pionniers dans un réseau de distribution spécifique, préalable au décollage de ces nouveaux carburants.
Curieuse attitude donc que celle qui consiste à se plaindre d’une évolution des prix qui finalement constitue un effet d’aubaine pour nombre d’agriculteurs, et qui a été recherchée par ceux-là mêmes qui s’en plaignent !
6 Commentaires