ÉCONOMIE Développement durable

Le train et le camion

 Beaucoup de réactions intéressées suite à mes propos sur Canal +, lors de l'émission "C'est déjà demain" (15 février). J'interpellais François Hollande sur une politique d'économie d'énergie, dans la perspective d'un pétrole de plus en plus cher. Et je citais cet exemple : les Centres E. Leclerc commercialisent 18 % de l'eau en bouteille vendue en grandes surfaces. Les principaux sites de production sont dans l'Est et le Centre de la France. Pour acheminer l'eau vers la seule Bretagne, 4 000 camions nous sont nécessaires. Si l'on additionne toute l'eau transportée par mes concurrents (Intermarché, Système U, Carrefour...), c'est l'équivalent de 20 000 camions qui sillonnent la France dans le sens Est-Ouest. Une aubaine pour les sociétés de transport et pour l'emploi de chauffeur-routier ! Du délire si, objectivement, on considère l'impact écologique (pollution), économique (coût d'entretien des routes) et tous les risques d'accidents. La solution, donc, c'est le "ferroutage" : transport long par le train (un convoi ferroviaire transporte l'équivalent de 41 camions) et dispatching final par la route (la SNCF ne livre pas à moins de 300 km d'un point d'enlèvement). Tous les groupes de distribution sont évidemment intéressés par cette question et cherchent pour des raisons écologiques (mais oui !) ou d'optimisation des flux, à mettre un terme à cette aberration logistique. Problème : selon les distances, le chemin de fer est 30 à 60 % plus cher que le camion ! ! ! La nécessité d'une action publique corrective est évidente. On sait que vu l'état de ses comptes, la SNCF ne peut diminuer ses coûts à ce point. Il n'y a pas d'autre alternative que de taxer le transport routier qui, contrairement à la SNCF, ne paye pas l'entretien du réseau. Si l'on veut que le rééquilibrage des coûts de transport se fasse, il faudra du temps, de la pédagogie, et accompagner bien des reconversions (l'impact social est énorme). Il faudra au moins 10 ans. Et encore, à cette seule condition : commencer maintenant.

14 Commentaires

Il n'est pas de commerce équitable sans industrie responsable, donc sans épargne solidaire.
L'épargne est un des premiers budgets de consommation des ménages (16%).
A quand le financement de la croissance durable par l'épargne confiance ?
Edwards
Réponse à Edwards (13/04/2005)
Edwards ! Je ne sais pas vraiment ce que signifie le concept « épargne confiance » ou « épargne solidaire ». Est-ce que vous pourriez nous donner quelques éléments d’information sur cette pratique, ce qu’elle représente et les critères d’affectation ?
OK pour en parler demain chez Alter-eco
Bonne soirée
Edwards
Je profite de ce commentaire pour vous faire part d'un projet relatif au commerce équitable.
Il a pour but le développement d'un outil qui mesure l'équité des échanges. Cet outil ne nécessite aucun étalon de valeur commun à l'ensemble des acteurs économiques participants aux échanges, car il met simplement en relation des accord bipartites établis entre eux dans le but de réaliser des compensations.
Le système est fondé sur des principes mathématiques qui sont exposés sur
http://ebarter.online.fr.
Tous les aspects fonctionnels sont validés, et il reste à le mettre en ligne et à l'expérimenter pour en vérifier la validité économique.
J'ai besoin d'aide pour mener à bout la mise en place de l'outil qui réalise ce système. Pourriez vous y contribuer?
--
Salut,
Excusez moi de prendre le train en marge mais je viens juste de découvrir votre "heureuse" initiative.
Pendant des années j'ai excercé une fonction de responsable logistique dans l'industrie. En 2003 nous avons tenté en collaboration avec un transporteur routier l'expérience du féroutage. Celle-ci fut un bide complet et après 2 semaines complètement arrêtée. La raison est l'absence complète de flexibilité dans le nombre de camions transportés. En effet pour répondre journalièrement à la demande de nos clients, il ne nous était pas possible de quantifier le nombre de camion par jour.
Si je peux reprendre votre exemple de l'eau pour la GD, il est certain que la consommation n'est pas stable (répartition entre les jours/semaine et mois/année) mais voilà il était très difficile à la SNCF d'ajouter ou de retirer un wagon.
Donc si le système est fiable, il n'est pas adapté aux activités économiques fluctuantes.
Sans doute que la GD peut lisser tout cela (en remplaçant les glaces de l'été par le foie gras à Noël). Mais dans ce cas ce sera à la GD de gérer le flux et non à chacun de ces fournisseurs.
Slts.
Do
Histoire d'eau
L'exemple que vous donnez est effectivement consternant -voire révoltant- et l'on s'interroge sur l'absence de courage politique de nos gouvernants... Et l'on se surprend même à admettre que les lobbies des transporteurs sont finalement trop puissants pour qu'un élu n'ose s'y attaquer... La prudence politique impose sûrement en l'espèce l'immobilisme, mâtinée de beaux discours, comme celui que vous a servi M. Hollande lorsque vous évoquiez des actions concrètes ! A bien y réfléchir, encore plus écologique que le camion et le train, le "pipe-line" pourrait être un recours ultra-écologique... Mais cela supposerait de boire l'eau du robinet, ce que ni Danone, ni Nestlé n'osent imaginer dans leurs pires cauchemars !!!
Attention!
En voulant taxer les transporteurs routier, on risque de glisser lentement vers la construction de péages sur les 4 voies bretonnes et moi, comme les bretons en général, je boude les péages :! Puisque l'on parle d'eau, est-ce que vous même vous buveriez sans aucune réticence l'eau de la fontaine de Toubalan qui prend sa source sous le parking du Leclerc de Douarnenez-Tréboul? Cette eau est reconnue potable mais j'avoue ne pas avoir confiance et préférer filtrer celle du robinet. Dans un cas comme dans l'autre c'est une solution viable pour ne plus avoir à transporter de l'eau en bouteille des montagnes qui se trouve à l'autre bout de la France. Et cela diminue la production de bouteille plastique, dont la matière première est le pétrole me semble-t-il, donc moins de pollution sur toute la ligne.
Histoire d'eau - Re : Enée (22/02/05)
Encore mieux que le pipeline, l'eau de source ! Savez-vous que la Bretagne fut une des régions dont l'eau offrait des qualités gustatives et sanitaires très intéressantes. Seulement voilà, à coups de lisier, d'épandage excessif, le nitrate a pris possession des nappes souterraines. L'idéal serait quand même de pouvoir s'offrir une bonne eau bien de chez soi, au robinet ou en bouteille, sans avoir à aller chercher celle des voisins à des centaines de kilomètres de là...
Attention - Re : Erosoft (22/02/05)

Aucun problème avec l'eau de source de Tréboul. L'eau provient de profond forage dans la nappe phréatique abondante. Le propriétaire du magasin a toujours procédé à des contrôles payants.
Bonjour à toutes et à tous !
Bravo M.E.L. pour votre défense du train.
Le train offre de nombreux avantages, dont un rendement énergétique supérieur à la route.
Sur ce point, vous pouvez consulter l'excellente étude de Jean-Marie Martin, de l'Institut d’Economie et de Politique de l’Energie (CNRS-UPMF Grenoble) :
http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/websfp/martin.htm
Qui montre que le train offre un rendement énergétique cinq fois supérieur aux poids lourds (PL). Le transport combiné, quant à lui, offre un rendement énergétique 3,33 fois supérieur aux PL. Malheureusement, le ferroutage ne figure pas dans cet étude, mais il me semble que son rendement doit être encore inférieur, tout en restant supérieur aux PL.
Donc, l'idéal, c'est de mettre les marchandises directement dans des wagons, les PL servant au transport final. Je sais, c'est un peu plus long et plus compliqué. Mais, avec un prix du baril à 60 $ et peut-être proche de 380 $ en 2015 (voir le lien : http://www.prospective-foresight.com/article.php3?id_article=442&lang=fr). Il me semble qu'il faudrait, dès maintenant, tout mettre en œuvre pour favoriser le transfert modal de la route vers le rail.
Bonne continuation.
Amitiés.
François HENRY
P.S. Habitant les Alpes, j'ai la chance d'avoir une eau du robinet d'excellente qualité.
Je suis à fond pour le train, M. Leclerc j'espère que vous serez infléchir l'offre actuelle de la SNCF grâce à votre influence !
Bonjour,
Comment avoir le calendrier de vos foires aux gras?
Manifestation commerciale bien agéable vécue à Sainte foix la Grande. A retrouver avec plaisir. Merci
Suite à vos différentes interventions dans les médias, et trés réçemment sur France Europe Express, concernant vos réflexions relatives au Fret Ferroviaire, je souhaitais vous informer que
depuis maintenant plus de deux années, je cherche à démontrer le bien fondé du Fret Ferroviaire, loin de sa situation actuelle, en tous cas sur notre territoire. Les raisons des faiblesses de la SNCF sont nombreuses, et pas toujours imputables à cette entreprise, qui impose à l'Etat, d'être un logisticien...
Je crois aux vertus de la transposition des directives Européennes sur l'ouverture des marchés du Fret Ferroviaire, non pour son aspect social que certains voudraient plutôt voir comme destructeur d'emplois publics, mais comme complémentaire, à l'exemple du partenariat qui a cours pour du trafic d'eaux minérales et qui voit, en Bretagne.., des wagons acheminés par la SNCF, puis repris en gare de Guingamp, par la CFTA, afin d'approvisionner une base logistique, et ainsi conserver le mode ferroviaire, grâce à des coûts et une souplesse adapté à la gestion d'une ligne ferroviaire secondaire.
Cette étude repose sur plusieurs types de trafics massifs, et devrait pouvoir être portée par des appuis importants, principal point d'achoppement à ce jour. Il n'y a aucune fatalité à cet état de fait et aimerais donc pouvoir en discuter.
Sincères Salutations
commencer maintenant, disiez vous le 22 fevrier 2005?

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