E.Leclerc, comment ça marche ? 1) L’organisation et l’enseigne.

Figurez-vous que même dans mon Leclerc, à Landerneau ou à Concarneau, il se trouve des consommateurs pour s’étonner que je passe à la caisse quand je fais mes courses ! 🤗

Ca fait pourtant un bail que dans tous les médias, j’essaie d’expliquer que E.Leclerc n’est pas "mon entreprise", ni même une entreprise familiale, encore moins une franchise. C'est une association de commerçants indépendants. Celle-ci détient la marque Leclerc (qui, de ce fait, est protégée des éventuels prédateurs : elle n'est pas "Opeable").

Cette association est autogérée selon le principe : un adhérent, une voix ! Pas d'actionnariat extérieur, pas de pression de la bourse ! 👍

Mes parents avaient bien sûr leur propre magasin à Landerneau. Mais, très vite, ils ont compris que ce qui menaçait le commerce indépendant, ce n'était pas les formes modernes de concurrence (les supermarchés succursalistes, les Grands Magasins de l'époque), c’était un indécrottable individualisme avec cette incapacité de se grouper... pour faire de la pub, acheter en quantité, créer des événements commerciaux dans la ville, partager les frais d'un entrepôt commun, etc).

A l'inverse, mes parents ont invité les commerçants qui voulaient rester indépendants à mettre en commun leurs moyens techniques (entrepôts, camions…) pour en diminuer les coûts de fonctionnement. Ils ont acheté ensemble pour obtenir des bons tarifs. Et se sont déployés sous une même enseigne synonyme de prix bas. Beaucoup de financiers n'auraient pas misé un cachou sur un tel projet ! 😂

Eh bien, trois générations après, l'enseigne Leclerc est implantée dans 5 pays (j'y reviendrai). En France, elle est portée par 600 entrepreneurs qui exploitent 700 hypers, 800 drives et 1500 magasins spécialisés. Sur le web, elle est la 5ème appli !

Nos adhérents se sont regroupés en 16 coopératives régionales pour coordonner leurs achats, la logistique et partager leurs savoir-faire. Idem au niveau national : chaque adhérent travaille pour son magasin local, mais aussi pour la collectivité. Ils œuvrent au référencement, au marketing, dans des groupes spécialisés par catégories de produits ou pour développer les services communs (finances, informatique, sites internet, logistique, etc).

D’autres enseignes ont des organisations un peu similaires (Intersport, Intermarché, Coopérative U...). L’originalité de E.Leclerc tient au respect d’une charte socialement très exigeante.

Pour faire court, chaque adhérent s'engage à :

1) Etre le moins cher sur son territoire,

2) partager dès les premiers profits 25% des résultats de l’entreprise avec les salariés sous forme d'intéressement et de participation.

3) Coopter et parrainer à leur tour de futurs Leclerc, tous passés par le terrain, comme ils l'ont été eux-mêmes, et avec les mêmes engagements.

Mon père et moi avons toujours pensé que cette organisation ne serait durable que si elle était transparente, donc gérée par les adhérents eux-mêmes. Seuls les exploitants de magasins (qui investissent et prennent leurs risques) peuvent devenir administrateurs de notre association.

On est loin du modèle de la distribution cotée ou intégrée (Carrefour, Casino) dont l'agilité commerciale peut être bridée par un actionnariat fluctuant, versatile... La gouvernance de l’association des Centres E.Leclerc est assurée par un conseil exclusivement composé d'exploitants de magasins.

Je vous présente sur cette photo le joyeux faciès 😀 de l'actuel bureau exécutif composé de trois co-présidents : le Normand Philippe Michaud (E.Leclerc Le Neubourg), Pascal Beaudoin (Saint-Ouen-l’Aumône), Karine Jaud (Laval), ainsi que Steve Houliez (Castel-Sarrazin)... et notre hyper active Secrétaire Générale, Marie de Lamberterie).

L'organisation du mouvement n'a jamais été aussi performante. Elle me rassure sur l'avenir de la marque et de notre engagement. Et puis, il faut le dire : depuis que j'ai intégré le Mouvement, je me suis construit en tandem avec nos adhérents.

Ni mon père, ni moi n'avons jamais, quels que furent nos titres, prétendu exercer un pouvoir régalien sur le mouvement Leclerc. Parce que "ce qui compte, ce n'est pas d'être roi mais de bâtir le royaume" (in Les Conquérants, André Malraux).

Libéré des responsabilités opérationnelles, mais embarqué par nos adhérents pour répondre aux défis de la transition énergétique, du développement d'une distribution omnicanale et d'un modèle de consommation plus vertueux (santé, environnement...) je m'investis avec passion, au sein du Comité Stratégique de l'enseigne, ou plus encore dans le réseau des hypers Leclerc pour relayer nos options stratégiques, pour fédérer nos équipes autour des missions de l'enseigne et valoriser auprès du public et des politiques l'excellent travail de nos 160.000 collaborateurs !

Bon, tout ça pour dire à nos banquiers, à nos fournisseurs, à nos futurs concurrents : E.Leclerc est bien piloté. La 4ème génération arrive aux manettes. Elle en a sous le pied et des projets plein les caddies. On ne décevra pas. 😉