Bio
ÉCONOMIE Enjeux de la distribution

Pourquoi le marché du bio marque le pas

Le marché du bio vit une crise de croissance... Et il y a plusieurs raisons à cela.

Même si le bio est un peu la métaphore d'une nouvelle orientation plus qualitative du modèle alimentaire français, il n'est pas, loin s'en faut, la garantie exclusive de répondre à toutes les demandes écologiques et sociales.

Oui, le bio (la bio ? ?) est un excellent label de production (moi-même je mange bio), mais il ne garantit pas la qualité nutritive de chaque produit, ni le goût, ni l'aspect, ni même l'équité (rémunération des acteurs de la filière).

D'où sa mise en concurrence avec d'autres labels, d'autres produits : produits locaux, équitables, ou même produits de marques engagées.

Rien d'étonnant non plus à ce que des produits de "consommation courante" comme les œufs ou le lait soient les premières victimes de cette crise de croissance. Sur ces segments de marché, la concurrence par les prix redevient intense vu les problèmes de pouvoir d'achat.

Oui, quand le prix du bio monte à des niveaux 40 à 60 % plus cher qu'un "produit local naturel", les consommateurs sont en droit de s'interroger... et de faire une pause dans leurs achats militants. Même les partisans du bio devront sortir de cette contradiction :

1) Soit on fait monter les exigences de la gamme bio : la justification d'un prix élevé y trouvera son compte, mais le marché deviendra alors hyper sélectif, et réservé à certaines catégories de Français à hauts revenus.

2) À l'inverse, on peut choisir aussi de s'adapter au marché. C'était initialement l'objectif des "Etats généraux de l'alimentation", et c'est ce qui fonde les plans de reconversion de nos exploitations, à l'échelle française ou européenne.

On n'y va plus à fond sur le bio, mais plus "molo" sur les prix qui, s'ils sont légitimement plus élevés, doivent évoluer au tempo de l'évolution du pouvoir d'achat des clients.

C'est en tout cas le choix de nos adhérents E.Leclerc. Tout le monde a pu constater que nous arrêtions d'ouvrir, sauf opportunités locales, un réseau de magasins spécialisés en bio.

Il faut savoir que les fournisseurs ne nous livraient qu'à la condition de ne pas mettre les produits bio en concurrence avec ceux de l'hyper. Ça offrait des opportunités de marge pour les commerçants spécialisés ainsi protégés de toute concurrence, mais tactiquement c'est un choix de développement dont les producteurs payent les pots cassés. Car à ces prix de spécialistes, vu la taille d'un marché sélectif, on ne peut qu'être de plus en plus cher.

J'insiste, c'est une règle de base : vouloir segmenter un marché déjà étroit et cher ne donnera pas de visibilité suffisante au bio. Mais chercher à faire croitre ce marché en le rendant plus accessible permet par la suite de le segmenter et d'y valoriser d'autres engagements.

Allez, j'y crois, continuons sur un bio accessible à tous, au plus grand nombre ! ?

1 Commentaires

généralement, en France les problèmes ne viendraient-ils pas d un irrespect des règles de l arithmétique et de la comptabilité comme le dénonce de Closets dans le même titre support de ce blog?

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