Pouvoir d'achat : les Français n'ont pas confiance
ÉCONOMIE Pouvoir d'achat

Pouvoir d'achat : les Français n'ont pas confiance

Comment redonner aux Français une perspective rassurante sur leur pouvoir d'achat? Les candidats aux présidentielles abordent-ils le problème de la bonne manière?

En épluchant les deux pages très pédagogiques consacrées par Le Monde, on comprend que les économistes s'accordent pour dire que le pouvoir d'achat global de "la maison France a augmenté depuis 10 ans". Mais ce constat nourrit une querelle de chiffres contradictoires ! Rapporté à chaque ménage, il a baissé (687 euros annuels de moins qu'en 2008). Et si on déduit les dépenses "contraintes" ( loyer, transport, assurances ), le "pouvoir d'achat effectif” de chaque Français a baissé, pour augmenter récemment grâce a la baisse de la facture énergie.

 

Mais s'il a augmenté, comment expliquer que les Français aient un sentiment unanimement inverse?

 

Tout simplement , selon moi, parce que nos concitoyens sont plus visionnaires et long-termistes que nos édiles. Hier, le pouvoir d'achat, c'était  "la différence entre revenus et capacité de dépenser", appréciée dans l'immédiat ou l'année en cours ! C'était ce qui restait d'arbitrable en famille, une fois les enveloppes mises de coté pour les impôts, la scolarité des enfants, les remboursements d'emprunts, etc. Aujourd'hui, les Français anticipent qu'ils ne toucheront probablement pas leur retraite, que les soins ne seront plus intégralement remboursés... Ils n'ont plus confiance dans le système et ne croient plus aux promesses. Ils intègrent donc désormais le calcul d'un dépense anticipée, enveloppe supplémentaire à mettre de coté, une nouvelle dépense contrainte en quelque sorte.

 

C'est ce qui me fait penser que, en plus d'annonces plus ou moins crédibles de nouveaux transferts sociaux (plus ou moins financés), l'urgent, pour lever l'inquiétude sur le pouvoir d'achat, c'est de réformer et de s'engager sur le maintien ou non du modèle actuel de prises en charge des dépenses santé-retraite. Que dire aux jeunes qui interpellent : "je mets de coté ou ma cotisation suffira" ?

 

Sachant que la consommation tire la croissance, et qu'elle dépend de la perception du pouvoir d'achat, il y a urgence à répondre !

 

C'est là qu'on voit que, au delà de querelles de chiffres, en plus des promesses sur les salaires et les allocations, la question du Pouvoir d'achat est éminemment politique. Tant qu'ils n'auront pas confiance dans le futur, les Francais ne se satisferont jamais des chiffres de l'INSEE.

3 Commentaires

Bonne lesson de économie et de politique. A nous de décider ou on veut aller.
La France, Etat laïc, serait-elle cher Mel, composée d'une population de St Thomas? Aussi à force d'entendre politicards de tous crins et administrations affidées proclamer la résurrection du pouvoir d'achat, il semble qu'en cette période pascale, la population ne croit plus que ce qu'elle voit... Et en l'espèce, des nèfles!
En revanche, dans vos magasins, si l'on s'en soucie vraiment, les prix restent bas, et là on peut y croire, parce ça, on le voit, on le touche, pas question d'acte de foi!
Bonjour MEL, vous avez bien de la patience et de la constance en développant des trésors de pédagogie et de bienveillance pour dire ce qui pourrait être résumé en quelques mots : défiance absolue des français à l'égard des institutions et leurs représentants. Les français s'accrochent à ce qu'ils vivent réellement, pas aux discours censés décrire une réalité dont ils constatent tous les jours qu'elle n'est pas la leur. Mais vous avez raison aussi sur un autre point : il y a urgence à produire une réponse! Une réponse réelle, pas une promesse de politicard ou d'expert hors sol!
J'aime beaucoup votre blog.
Glock

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