Un "panier anti-inflation" : l'exemple de l'Ile de la Réunion et son "Bouclier Qualité Prix"

Un "panier anti-inflation" pour chaque enseigne ! C'est une initiative imaginée par Bercy. Pourquoi pas ? Nos adhérents, qui cherchent les meilleurs moyens de limiter les hausses des prix, n'y sont pas opposés. Mais quel panier ? Et pour délivrer quel message ?

En France, il existe déjà plein de paniers de référence : les médias comme Europe 1, RTL, Le Parisien, et de nombreux journaux de province commentent régulièrement l'évolution des prix d'un panier choisi par leur rédaction. Plusieurs magasins, dont des Leclerc, ont regroupé des articles choisis pour leur prix bas dans les halls d'accueil. Dernièrement, Système U a proposé une sélection de 150 produits U à prix coûtant. Et Lidl dit aussi s'y intéresser.

Il était pour moi très instructif de pouvoir interroger les consommateurs de l'Ile de la Réunion, puisque 2012 il existe un "Bouclier Qualité Prix" (BQP). Ce panier regroupe des articles choisis entre préfets, comités de citoyens et professionnels. Le plafond global maximum (348 euros) est fixé et actualisé par arrêté préfectoral.

Si la croissance du chiffre d'affaire de chaque article du panier témoigne de l'intérêt des consommateurs pour cette sélection, la bonne lisibilité du dispositif "prix global du panier" n'est pas évidente, en tous cas pas optimale.

A l'intérieur du BQP, aucun prix n'est plafonné individuellement. Des produits peuvent être retirés et d'autres ajoutés sans vraiment d'argument (retrait des couches pour enfants au profit d'un dentifrice !!).

D'une enseigne à l'autre, il n'y a pas d'uniformisation dans le choix des produits, hors la promotion de marques locales sur lesquelles on voit bien qu'il y a eu un accord tacite. Les clients que j'ai interrogés comprennent peu la mécanique de fonctionnement de ces paniers qui ne sont ni comparables entre enseignes, ni très stables dans leur composition.

Si j'extrapole cette expérience sur tout le territoire français, je vois bien l'intérêt de faire un panier "le moins cher possible". On pourrait imaginer un effort des fournisseurs, les distributeurs vendraient à prix coûtant, l'Etat pourrait supprimer la TVA et la surmarge de 10% qu'il impose aux commerçants. Mais on voit bien que ce n'est pas ce qu'on nous demande : vu que du côté des producteurs, on entendrait ce leitmotiv : "ça dégrade ou ça détruit de la valeur"... Ce panier ne nous ferait pas que des copains.

Même problème si on n'y met que des premiers prix. Autre problème : si on suit aussi la recommandation gouvernementale avec du bio et des produits régionaux, ça fait un panier qui ne dit pas grand chose de clair.

Pour une enseigne comme E.Leclerc dont l'objectif est d'être la moins chère sur des milliers d'articles, vous comprenez bien que limiter la communication à un panier aussi hétéroclite revient susciter beaucoup de déception.

Il nous faut donc trouver d'autres formes d'initiatives. Allez-y, n'hésitez pas, je suis à votre écoute. A suivre donc...