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Affaire Gaymard : la morale mais pas les bonnes leçons
Il y avait de la belle assurance et de très nobles tirades, la semaine dernière, dans les éditos de la presse française. Ah, l'affaire Gaymard : quelle aubaine pour les moralistes et tout ce que la France compte de capacité d'indignation. Le diagnostic était unanime : le ministre ne pouvait que démissionner. Le JDD a confirmé dimanche : l'opinion s'est dite choquée à 65%.
Avec le recul, je vous avoue, tous ces discours, qu'ils émanent des « relais d'opinion » ou « des représentants du peuple », me font froid dans le dos. Jamais depuis l'histoire de l'appartement de Juppé, je n'avais ressenti autant d'hypocrisies, de jalousies, et de frustrations.
Pour commencer, disons comme tout le monde : les Gaymard ont fauté, par prétention, par mépris « du qu'en-dira-t-on » et par arrogance. Et ils ont refauté par omission, puis par naïveté. Au final, beaucoup de bêtises ! Mais, puisque la faute était avouée (elle n'était malgré tout ni d'origine criminelle, ni directement nuisible à autrui !), pourquoi cette surenchère, pourquoi ce déchaînement : « les chiens ont été lâchés » disait François Mitterrand à propos de feu Bérégovoy.
Dominique Strauss-Kahn, qui lors de l'émission « 100 minutes pour convaincre » enfonça si bien Gaymard, avait-il oublié qu'il fut lui aussi jusqu'à l'année dernière, inquiété pour prestation fictive ? Et Alain Carignon, sur le plateau de France 2, était-il le meilleur donneur de leçons ?
J'ai adoré l'ironie du grand chef Le Devillec, samedi dernier, dans France Soir ! Il citait joyeusement tous les noms des hommes politiques, fidèles de son restaurant à 200 ? le déjeuner, parmi lesquels ceux qui clouaient au sol le couple Gaymard pour son goût dispendieux !!! Au fait, sur quelle cassette ces « frais de bouche » ? Il fallait aussi entendre les autres présidentiables (Bayrou, Hollande, Sarkozy, de Villepin). Chacun faisait la soupe à la grimace... mais au fond...
Le public ne s'y est pas trompé. Tout cela sent le comportement de caste. Et d'ici à ce qu'on entende dans la rue « tous pourris », il n'y a qu'un pas. Plutôt que ce jeu dévastateur de dominos empoisonnés, il eut été préférable de s'appesantir et de remédier aux dysfonctionnements d'une administration, qui sans contrepouvoir, ni esprit critique, a bel et bien proposé cet appartement au ministre. Des institutions qui n'ont pas su mettre en place des procédures d'agrément pour les dépenses d'intendance, et des contrôleurs qui, sans attendre les sempiternels rapports de la Cour des Comptes, puissent émettre des avis (comptables, experts comptables, juristes) qu'on sollicite pourtant dans n'importe quelle entreprise. (il n'y a pas que les politiques qui peuvent disjoncter)
Sachant par ailleurs que tous les élus de la majorité comme de l'opposition, peinent à justifier auprès du public leur rémunération, leurs cumuls de fonction, et la délimitation de leur responsabilité pénale (affaire du sang contaminé, de la vache folle...), on aurait pu se passer de ces moues dégoûtées, de ces commentaires acérés. Pourquoi avoir poussé le bouchon jusqu'à permettre à l'incontournable Bernard Tapie, remis en selle, de faire dans VSD le procès de toute la classe politique. Un comble, non ?
Avec le recul, je vous avoue, tous ces discours, qu'ils émanent des « relais d'opinion » ou « des représentants du peuple », me font froid dans le dos. Jamais depuis l'histoire de l'appartement de Juppé, je n'avais ressenti autant d'hypocrisies, de jalousies, et de frustrations.
Pour commencer, disons comme tout le monde : les Gaymard ont fauté, par prétention, par mépris « du qu'en-dira-t-on » et par arrogance. Et ils ont refauté par omission, puis par naïveté. Au final, beaucoup de bêtises ! Mais, puisque la faute était avouée (elle n'était malgré tout ni d'origine criminelle, ni directement nuisible à autrui !), pourquoi cette surenchère, pourquoi ce déchaînement : « les chiens ont été lâchés » disait François Mitterrand à propos de feu Bérégovoy.
Dominique Strauss-Kahn, qui lors de l'émission « 100 minutes pour convaincre » enfonça si bien Gaymard, avait-il oublié qu'il fut lui aussi jusqu'à l'année dernière, inquiété pour prestation fictive ? Et Alain Carignon, sur le plateau de France 2, était-il le meilleur donneur de leçons ?
J'ai adoré l'ironie du grand chef Le Devillec, samedi dernier, dans France Soir ! Il citait joyeusement tous les noms des hommes politiques, fidèles de son restaurant à 200 ? le déjeuner, parmi lesquels ceux qui clouaient au sol le couple Gaymard pour son goût dispendieux !!! Au fait, sur quelle cassette ces « frais de bouche » ? Il fallait aussi entendre les autres présidentiables (Bayrou, Hollande, Sarkozy, de Villepin). Chacun faisait la soupe à la grimace... mais au fond...
Le public ne s'y est pas trompé. Tout cela sent le comportement de caste. Et d'ici à ce qu'on entende dans la rue « tous pourris », il n'y a qu'un pas. Plutôt que ce jeu dévastateur de dominos empoisonnés, il eut été préférable de s'appesantir et de remédier aux dysfonctionnements d'une administration, qui sans contrepouvoir, ni esprit critique, a bel et bien proposé cet appartement au ministre. Des institutions qui n'ont pas su mettre en place des procédures d'agrément pour les dépenses d'intendance, et des contrôleurs qui, sans attendre les sempiternels rapports de la Cour des Comptes, puissent émettre des avis (comptables, experts comptables, juristes) qu'on sollicite pourtant dans n'importe quelle entreprise. (il n'y a pas que les politiques qui peuvent disjoncter)
Sachant par ailleurs que tous les élus de la majorité comme de l'opposition, peinent à justifier auprès du public leur rémunération, leurs cumuls de fonction, et la délimitation de leur responsabilité pénale (affaire du sang contaminé, de la vache folle...), on aurait pu se passer de ces moues dégoûtées, de ces commentaires acérés. Pourquoi avoir poussé le bouchon jusqu'à permettre à l'incontournable Bernard Tapie, remis en selle, de faire dans VSD le procès de toute la classe politique. Un comble, non ?
16 Commentaires
Au début on se dit :
pourquoi aller chercher des noises à ce pauvre Gaymard ?
Après tout un ministre a bien le droit à quelques avantages.
Puis on évolue
Il s’agit d’argent public et non de fonds privés.
Là est le problème.
Un mois de loyer de loyer égal un an de SMIC
Que penser d’un ministre de l’économie qui gère les deniers publics avec ce sens des réalités ?
Cette affaire met en exergue 2 thèmes :
- l’exemplarité des hommes politiques et des responsables des services publics
Vaste débat, si simple mais si lourd de conséquences
- le comportement des médias et les 3 L (je Lèche, je Lâche, je Lynche)
Mais pourquoi ne mettent-ils pas autant d’acharnement à dénoncer les gaspillages et les mauvais usages de l’argent public que révèle chaque année la Cour des Comptes.
Peut être que cela demande : travail, enquête, compétence, indépendance…
Peut-être que cela n’est pas assez dans l’esprit « jeux du cirque avec mise à mort », scoop, petite phrase, audimat, marketing…
Hommes politiques et journalistes complices ?
En tout les cas les deux corporations ou castes participent toutes les deux de ce climat délétère et cet esprit de déclin.
Dans le même ordre d’idée, je m’interroge sur le silence de la presse à l’égard de la hausse de la fiscalité régionale. Tous les journaux ouvrent ce débat en se focalisant sur le transfert de charges Etat/régions, dans le cadre de la loi de décentralisation. On peut aussi regarder les choses plus concrètement.
Dans pratiquement toutes les grandes régions françaises, les élus multiplient les embauches, créent des commissions, lancent des études coûteuses. Pratiquement aussi toutes les régions se sont lancées dans des investissements lourds, à caractère purement administratif (rénovation et construction d’un hôtel de région, investissement dans des antennes administratives délocalisées, etc…).
Le gaspillage n’est donc pas simplement l’apanage de tel ou tel homme politique. Il me semble que c’est tout le processus de contrôle de la dépense publique qui devrait être revu et corrigé.
Mais pour aller dans votre sens, oui, je crois qu’il faudra attendre un gros clash financier, ou une bonne polémique locale pour que la presse s’y intéresse. Ce sera avec le fracas du lynchage. Alors qu’il faudrait, au contraire, pratiquer une investigation et une surveillance permanentes. Mais ça, ça n’a pas d’intérêt médiatique, ça ne fait pas vendre !
Je ne me le rappelle plus très bien, mais il me semble que dans l'affaire des appartements loués à très bas prix par la ville de Paris, il y avait pas mal de journalistes, quelquefois célèbres, bénéficiaires de ces prestations ! Je ne suis pas sûr que la leçon ait été tirée pour tout le monde.
Chaque prétendant au trône doit avoir sous sa table un petit dossier sur ses adversaires. Ce n'est pas un hasard si, après les attaques contre Gaymard, la police a débarqué chez le socialiste Jean-Paul Huchon, Président de la région Ile-de-France. Le spectacle promet d'être assez gore ! Mais ils n'ont manifestement pas compris que ce genre de film commençait à dégoûter le public.
Bravo pour votre bon sens.
En ce qui me concerne j'ai été choqué par les journalistes qui ont, il me semble, cherché à se "payer un ministre", avec des méthodes dignes de la IIIè République. Ils n'ont, pour ce faire, pas ciblé le plus mordant.
La République a entretenu pendant quatorze ans les deux foyers d'un président, Ca n'a ému aucun journaliste des titres qui "se sont faits" Hervé Gaymard. Or les salles de rédaction savaient.
Certes le monde politique ne sort pas grandi par cette affaire, mais la presse non plus.
PS : dommage qu'on ne puisse pas faire de trackback avec votre blog.
Alors la bien dit, d'autant plus que l'histoire n'est qu'une petite partie de se qui se passe vraiment.Mais bon sa donne l'illusion qu'il y a des controles et que tout n'est pas permit.j'ai pas vu l'emision mais j'espere que l'on en revera un bout quand ses saints se feront attraper pour telle ou telle histoire.Je pense a Sarkozy pour le financement de sa future campagne, bien que trop evident.
Monsieur le Président de la République,
Permettez-moi de vous exposer, par ces quelques mots jetés sur le papier, mon sentiment de profonde injustice ressentie à la suite des évènements qui ont embrasé, en ce mois de novembre 2005, les banlieues de cette République que vous présidez.
J’ai vu, de visu ou à travers l’écran de ma télévision, des cohortes à l’allure étrangère, incendier des voitures et des lieux de savoir ou de culte. J’ai entendu les réponses de vos ministres, au-delà du couvre-feu instauré dans certains quartiers, autant que les promesses de discrimination positive, d’ailleurs mises en œuvre depuis longtemps.
Le fils d’ouvrier que je suis, issu d’un milieu modeste, ne peut dès lors réprimer une sourde colère !
Ainsi donc, un jeune de banlieue pourra intégrer un Institut de Sciences Politiques ou bénéficier d’un parrain issu d’une grande école pour lui permettre d’avoir le baccalauréat et réussir son cursus. Que n’ai-je pu bénéficier d’une telle aide, moi dont les parents se saignaient aux quatre veines pour que je puisse décrocher mon baccalauréat, et qui ai raté de quelques points le concours d’entrée de cet institut de sciences po en province. Ma vie en aurait été changée.
Ainsi donc un jeune de banlieue peut, dans la région parisienne, par le biais de l’armée ou du service civil volontaire, passer le permis de conduire gratuitement. Que n’ai-je pu bénéficier d’une telle aide, moi qui ai dû économiser sou après sou et beaucoup me priver pour pouvoir me payer les cours d’auto-école.
Ainsi donc, un jeune de banlieue pourra bénéficier d’un réseau d’associations subventionnées, et d’équipements et stades rénovés. Que n’ai-je pu, avec les jeunes de mon quartier bénéficier de tels équipements ? Cela nous aurait évité de jouer derrière ce garage entre gravas et gravillons ou le long de cette autoroute où subsistait le seul espace vert.
Ainsi donc 20 000 emplois liés à la fonction publique seront créés pour les jeunes de banlieues. Que n’ai-je pu bénéficier d’une telle mesure ? Cela m’aurait évité de connaître les aléas de l’ANPE et du chômage.
Ainsi donc, un jeune de banlieue pourra bénéficier des avantages des zones franches lorsqu’il créera son entreprise et des exonérations qui vont avec. Que n’ai-je pu bénéficier de telles aides, moi qui suis aujourd’hui en train de faire les chèques pour l’Urssaf et autres organismes sociaux.
Monsieur le Président de la République, dois-je en vouloir à mes parents de s’être impliqués dans mon éducation et d’avoir joué leur rôle en m’apprenant ce qu’était la Loi et l’Ordre ? Dois-je leur en vouloir de n’avoir jamais mendié quoique ce soit pour nous venir en aide et de m’avoir inculqué le sens de l’effort et de la discipline ?
Monsieur le Président de la République, lorsque j’entends les mesures prises par votre gouvernement, lorsque j’entends certains Ministres évoquer la nécessaire discrimination positive, je pense aux trois mots « liberté, égalité, fraternité » que l’on croise de moins en moins sur les frontons des mairies.
La liberté n’est désormais plus la même pour tous puisque certains peuvent mettre les quartiers à feu et à sang (je pense aux deux morts victimes d’agressions), tandis que d’autres sont des délinquants simplement parce qu’ils téléphonent dans leur voiture où qu’ils ont le malheur de revendiquer leur identité de Français.
L’égalité n’est plus puisque désormais, à la lueur de mon existence, je sais qu’il y a des jeunes plus « égaux » que moi dans la République.
Quant à la fraternité, la société marchande l’a mise en pièce pour instaurer l’individualisme consumériste et la seule subsistance de cette valeur est celles des « bandes » dans les quartiers.
Monsieur le Président,
Je m’accuse, en me regardant dans la glace, de supporter tout cela et je m’accuse presque de respecter la Loi lorsque je vois que dans certains quartiers, le crime a payé. Mais j’accuse surtout une classe politicienne de gauche comme de droite, de me faire me sentir de plus en plus exclu, étranger, discriminé et même victime d’un certain racisme au cœur de ma propre région, au cœur de mon propre pays.
Et vous, Monsieur le Président, de quoi vous accusez-vous ?
Il faut croire que vous manquez totalement d'infos sur les quartiers ghettos, sur les émeutes et sur la répression de ces émeutes.
Si vous vous appeliez Mohamed et aviez des parents ne parlant pas français et totalement illettrés.
Si vous viviez dans un quartier à l'écart, où plus d'un tiers de la population est au chômage.
Si, lorsque vous sortiez de votre logement délabré, vous étiez persécuté par la police, uniquement parce qu'un bronzé c'est de la racaille (définition du Robert : « populace méprisable »).
Si, lors de la recherche d'un emploi ou d'un logement, toutes les portes se fermaient, à cause de votre nom à consonance étrangère.
Votre vision du problème serait peut-être différent.
Pour terminer, si vous pensez que les émeutes n'ont pas été réprimée, vous vous trompez entièrement, car plusieurs centaines d'émeutiers sont actuellement en prison.
Au début on se dit :
pourquoi aller chercher des noises à ce pauvre Gaymard ?
Après tout un ministre a bien le droit à quelques avantages.
Puis on évolue
Il s’agit d’argent public et non de fonds privés.
Là est le problème.
Un mois de loyer de loyer égal un an de SMIC
Que penser d’un ministre de l’économie qui gère les deniers publics avec ce sens des réalités ?
Cette affaire met en exergue 2 thèmes :
- l’exemplarité des hommes politiques et des responsables des services publics
Vaste débat, si simple mais si lourd de conséquences
- le comportement des médias et les 3 L (je Lèche, je Lâche, je Lynche)
Mais pourquoi ne mettent-ils pas autant d’acharnement à dénoncer les gaspillages et les mauvais usages de l’argent public que révèle chaque année la Cour des Comptes.
Peut être que cela demande : travail, enquête, compétence, indépendance…
Peut-être que cela n’est pas assez dans l’esprit « jeux du cirque avec mise à mort », scoop, petite phrase, audimat, marketing…
Hommes politiques et journalistes complices ?
En tout les cas les deux corporations ou castes participent toutes les deux de ce climat délétère et cet esprit de déclin.
Dans le même ordre d’idée, je m’interroge sur le silence de la presse à l’égard de la hausse de la fiscalité régionale. Tous les journaux ouvrent ce débat en se focalisant sur le transfert de charges Etat/régions, dans le cadre de la loi de décentralisation. On peut aussi regarder les choses plus concrètement.
Dans pratiquement toutes les grandes régions françaises, les élus multiplient les embauches, créent des commissions, lancent des études coûteuses. Pratiquement aussi toutes les régions se sont lancées dans des investissements lourds, à caractère purement administratif (rénovation et construction d’un hôtel de région, investissement dans des antennes administratives délocalisées, etc…).
Le gaspillage n’est donc pas simplement l’apanage de tel ou tel homme politique. Il me semble que c’est tout le processus de contrôle de la dépense publique qui devrait être revu et corrigé.
Mais pour aller dans votre sens, oui, je crois qu’il faudra attendre un gros clash financier, ou une bonne polémique locale pour que la presse s’y intéresse. Ce sera avec le fracas du lynchage. Alors qu’il faudrait, au contraire, pratiquer une investigation et une surveillance permanentes. Mais ça, ça n’a pas d’intérêt médiatique, ça ne fait pas vendre !
Je ne me le rappelle plus très bien, mais il me semble que dans l'affaire des appartements loués à très bas prix par la ville de Paris, il y avait pas mal de journalistes, quelquefois célèbres, bénéficiaires de ces prestations ! Je ne suis pas sûr que la leçon ait été tirée pour tout le monde.
Chaque prétendant au trône doit avoir sous sa table un petit dossier sur ses adversaires. Ce n'est pas un hasard si, après les attaques contre Gaymard, la police a débarqué chez le socialiste Jean-Paul Huchon, Président de la région Ile-de-France. Le spectacle promet d'être assez gore ! Mais ils n'ont manifestement pas compris que ce genre de film commençait à dégoûter le public.
Bravo pour votre bon sens.
En ce qui me concerne j'ai été choqué par les journalistes qui ont, il me semble, cherché à se "payer un ministre", avec des méthodes dignes de la IIIè République. Ils n'ont, pour ce faire, pas ciblé le plus mordant.
La République a entretenu pendant quatorze ans les deux foyers d'un président, Ca n'a ému aucun journaliste des titres qui "se sont faits" Hervé Gaymard. Or les salles de rédaction savaient.
Certes le monde politique ne sort pas grandi par cette affaire, mais la presse non plus.
PS : dommage qu'on ne puisse pas faire de trackback avec votre blog.
Alors la bien dit, d'autant plus que l'histoire n'est qu'une petite partie de se qui se passe vraiment.Mais bon sa donne l'illusion qu'il y a des controles et que tout n'est pas permit.j'ai pas vu l'emision mais j'espere que l'on en revera un bout quand ses saints se feront attraper pour telle ou telle histoire.Je pense a Sarkozy pour le financement de sa future campagne, bien que trop evident.
Monsieur le Président de la République,
Permettez-moi de vous exposer, par ces quelques mots jetés sur le papier, mon sentiment de profonde injustice ressentie à la suite des évènements qui ont embrasé, en ce mois de novembre 2005, les banlieues de cette République que vous présidez.
J’ai vu, de visu ou à travers l’écran de ma télévision, des cohortes à l’allure étrangère, incendier des voitures et des lieux de savoir ou de culte. J’ai entendu les réponses de vos ministres, au-delà du couvre-feu instauré dans certains quartiers, autant que les promesses de discrimination positive, d’ailleurs mises en œuvre depuis longtemps.
Le fils d’ouvrier que je suis, issu d’un milieu modeste, ne peut dès lors réprimer une sourde colère !
Ainsi donc, un jeune de banlieue pourra intégrer un Institut de Sciences Politiques ou bénéficier d’un parrain issu d’une grande école pour lui permettre d’avoir le baccalauréat et réussir son cursus. Que n’ai-je pu bénéficier d’une telle aide, moi dont les parents se saignaient aux quatre veines pour que je puisse décrocher mon baccalauréat, et qui ai raté de quelques points le concours d’entrée de cet institut de sciences po en province. Ma vie en aurait été changée.
Ainsi donc un jeune de banlieue peut, dans la région parisienne, par le biais de l’armée ou du service civil volontaire, passer le permis de conduire gratuitement. Que n’ai-je pu bénéficier d’une telle aide, moi qui ai dû économiser sou après sou et beaucoup me priver pour pouvoir me payer les cours d’auto-école.
Ainsi donc, un jeune de banlieue pourra bénéficier d’un réseau d’associations subventionnées, et d’équipements et stades rénovés. Que n’ai-je pu, avec les jeunes de mon quartier bénéficier de tels équipements ? Cela nous aurait évité de jouer derrière ce garage entre gravas et gravillons ou le long de cette autoroute où subsistait le seul espace vert.
Ainsi donc 20 000 emplois liés à la fonction publique seront créés pour les jeunes de banlieues. Que n’ai-je pu bénéficier d’une telle mesure ? Cela m’aurait évité de connaître les aléas de l’ANPE et du chômage.
Ainsi donc, un jeune de banlieue pourra bénéficier des avantages des zones franches lorsqu’il créera son entreprise et des exonérations qui vont avec. Que n’ai-je pu bénéficier de telles aides, moi qui suis aujourd’hui en train de faire les chèques pour l’Urssaf et autres organismes sociaux.
Monsieur le Président de la République, dois-je en vouloir à mes parents de s’être impliqués dans mon éducation et d’avoir joué leur rôle en m’apprenant ce qu’était la Loi et l’Ordre ? Dois-je leur en vouloir de n’avoir jamais mendié quoique ce soit pour nous venir en aide et de m’avoir inculqué le sens de l’effort et de la discipline ?
Monsieur le Président de la République, lorsque j’entends les mesures prises par votre gouvernement, lorsque j’entends certains Ministres évoquer la nécessaire discrimination positive, je pense aux trois mots « liberté, égalité, fraternité » que l’on croise de moins en moins sur les frontons des mairies.
La liberté n’est désormais plus la même pour tous puisque certains peuvent mettre les quartiers à feu et à sang (je pense aux deux morts victimes d’agressions), tandis que d’autres sont des délinquants simplement parce qu’ils téléphonent dans leur voiture où qu’ils ont le malheur de revendiquer leur identité de Français.
L’égalité n’est plus puisque désormais, à la lueur de mon existence, je sais qu’il y a des jeunes plus « égaux » que moi dans la République.
Quant à la fraternité, la société marchande l’a mise en pièce pour instaurer l’individualisme consumériste et la seule subsistance de cette valeur est celles des « bandes » dans les quartiers.
Monsieur le Président,
Je m’accuse, en me regardant dans la glace, de supporter tout cela et je m’accuse presque de respecter la Loi lorsque je vois que dans certains quartiers, le crime a payé. Mais j’accuse surtout une classe politicienne de gauche comme de droite, de me faire me sentir de plus en plus exclu, étranger, discriminé et même victime d’un certain racisme au cœur de ma propre région, au cœur de mon propre pays.
Et vous, Monsieur le Président, de quoi vous accusez-vous ?
Il faut croire que vous manquez totalement d'infos sur les quartiers ghettos, sur les émeutes et sur la répression de ces émeutes.
Si vous vous appeliez Mohamed et aviez des parents ne parlant pas français et totalement illettrés.
Si vous viviez dans un quartier à l'écart, où plus d'un tiers de la population est au chômage.
Si, lorsque vous sortiez de votre logement délabré, vous étiez persécuté par la police, uniquement parce qu'un bronzé c'est de la racaille (définition du Robert : « populace méprisable »).
Si, lors de la recherche d'un emploi ou d'un logement, toutes les portes se fermaient, à cause de votre nom à consonance étrangère.
Votre vision du problème serait peut-être différent.
Pour terminer, si vous pensez que les émeutes n'ont pas été réprimée, vous vous trompez entièrement, car plusieurs centaines d'émeutiers sont actuellement en prison.