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Economie et sécurité : Le cas du transport aérien
Après ce nouveau massacre, Charm el-Cheikh panse ses plaies. Le terrorisme se cherche de nouvelles cibles et les démocraties renforcent leur solidarité (à force de l’annoncer, après chaque attentat, on se demande pourquoi elle n’est pas déjà maximale !).
Mais Charm el-Cheikh, c’est aussi, de triste mémoire (Janvier 2004) une catastrophe aérienne. D’autres vies violemment fauchées, et une polémique sur la sécurité des avions charters. Alors que s’organise et s’amplifie le grand ballet aérien des chassés-croisés des vacanciers, je suis évidemment sur le qui-vive et observe, avec une certaine fébrilité, la trop lente avancée du programme national et européen mis en place au début de l’année dernière.
Mon groupe n’est pas en première ligne comme le sont FRAM, ou le Club Med. Leclerc Voyages est devenu un acteur majeur dans le domaine des vacances. Mais nous commercialisons essentiellement des offres de voyages construites par les tours opérateurs (les précédents, mais aussi Kuoni, Jet Tours, Marmara, etc…). Nous sommes principalement des revendeurs de produits de tourisme (griffés ou non). Mais la question de la sécurité de nos 500 000 clients ne peut me laisser indifférent.
Justement. Après l’accident de Charm el-Cheikh, les pouvoirs publics français et la Commission Européenne avaient fait de grandes déclarations. Le Point (21/04/05) rappelle qu’un label « pavillon bleu » (décerné aux compagnies jugées les plus sûres) devrait voir le jour le 1er janvier 2006 (pourquoi si tard !), mais qu’on ne connaîtra pas la liste noire des compagnies aériennes à proscrire. « Au sein même de l’UE, une compagnie pourra être interdite par certains membres et pas par d’autres. » Comment, dès lors, les vacanciers pourront-ils faire leur choix ? A quoi cela sert-il alors de faire figurer sur le billet le nom de la compagnie charter s’il ne correspond à aucune information précise.
Il ne faut pas tomber dans la psychose. Si l’on veut garantir la qualité du transport aérien, il ne faut pas laisser s’entretenir la suspicion, ni la rumeur. Mais il faut éliminer les points noirs.
1- Le transport aérien reste un moyen sûr de se déplacer. Le nombre d’accidents y est proportionnellement inférieur aux autres modes de transport. C’est une réalité.
2- Toutes les compagnies aériennes déclarent ne jamais lésiner sur la sécurité et les contrôles. Mais beaucoup ont des difficultés financières. Elles cherchent à réduire les coûts. Tout le monde est tenté de faire le lien entre la diminution du personnel et la réduction de la vigilance, d’autant que les syndicats de pilotes tirent souvent (réflexe corporatiste ?) la sonnette d’alarme.
3- Les tours opérateurs et même les compagnies recourent de plus en plus aux prestations de compagnies charters. Certaines sont filiales de grands groupes aériens. La notoriété de leur logo offre une certaine garantie. Beaucoup ont des rapports exclusifs (Star avec le Club Med). A priori, les TO européens ne travaillent pas avec les nouvelles compagnies qui ont émergé en Afrique, en Russie, dans les pays arabes, ou sont installées dans les régions offshore.
4- Mais sur certaines destinations comme l’Egypte, et à certaines saisons, les TO français n’ont pas la clientèle suffisante pour affréter eux-mêmes un charter. Ils passent alors par des « consolidateurs » qui regroupent les demandes, affrètent et leur réallouent des « blocs-sièges ». C’est à ce stade qu’on rencontre le plus de problèmes dans le choix des prestataires.
J’étais, ce matin, en longue discussion avec nos cadres chargés du référencement des tours opérateurs proposés dans nos 145 agences. Leur préoccupation, c’est de ne travailler qu’avec des TO renommés qui, eux-mêmes, s’engagent sur la qualité des charters utilisés. Nous avons décidé de ne pas affréter en direct (sauf dans le cadre de déplacements internes au groupe, mais dans ce cas, avec des charters français)… Avec le risque d’apparaître conservateur, voire trop classique dans notre offre, puisque ainsi nous nous refusons de faire des « coups » à des prix encore plus canon.
Mais on voit bien la limite de toute démarche, même bien intentionnée, si au niveau des pouvoirs publics, le contrôle de la sécurité n’est pas optimal.
En France, ce rôle échoit à la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC). Tous les pilotes, les constructeurs et les compagnies attestent du sérieux de cette administration, voire de son caractère tatillon. Mais les agents de la DGAC eux-mêmes attestent de l’étendue du chantier et pestent ouvertement contre certains états, trop négligents dans l’exercice de leurs propres obligations de contrôles nationaux.
Dans le JDD du 24/07, la DGAC affiche la satisfaction d’avoir effectué 1 636 contrôles l’an dernier sur les appareils de compagnies étrangères. Mais les bras vous tombent quand on vous présente ce bilan comme une performance…puisque réalisés avec seulement 25 agents spécialisés dans ces inspections !!! 25 agents, c’est le nombre de techniciens d’une grosse concession Renaud ou Mercedes. Cela paraît tellement disproportionné par rapport à la technicité des audits et à leur ampleur…qu’on continue forcément à se poser des questions.
Il est normal que l’Etat exige des opérateurs économiques le respect de toutes les normes sanitaires et qu’en la matière, il soit intraitable. Mais la priorité, c’est de donner aux administrations les moyens d’agir. Et dans le cas d’espèce, ça ne me semble pas être vraiment le cas.
11 Commentaires
Je suis Masseur sportif diplomé d'etat.En europe du nord le massage est tres populaire et il y a une liberté d'exercice ,ces pays distinguent le massage médicalisé des massages de confort.Mon idée serait de proposer un service de massage sportif à l'échelle nationale par mon équipe de Masseurs sportifs dans tous les tous les centres Decathlon qui ont une structure sportive pouvant les accueillir comme c 'est le cas prés de plan de campagne .Je laisse donc ma proposition en suspend ..
bien à vous
p.verdier
Je vous écris car je désire toujours rencontrer vos acheteurs.
Le 12 juin, vous m'avez écrit que vous alliez me mettre en contact avec "quelqu’un de l’équipe de Charles Ly Wa Hoï, chargé, auprès de moi, du développement durable. Renvoyez-moi vos coordonnées, je les lui transmets tout de suite."
Ce que j'ai fait le lendemain. Mais à ce jour, je n'ai reçu ni mail ni coup de téléphone.
Mon mémoire de fin d'étude repose en grande partie sur les interviews que je voulais mener auprès de vos acheteurs et pour lesquels vous m'avez donné votre accord (cf blog du 29 avril 2005).
Je veux toujours mener ces interviews car mes convictions n'ont pas changé. Mais l'année universitaire n'étant pas extensible à l'infini, il me faut effectuer les interviews dans les premières semaines d'août.
N'ayant pas eu de nouvelles de votre collaborateur, je reviens vers vous en espérant pouvoir mener les interviews dans les prochains jours.
Harivony Randrianasolo
06 65 34 29 65
harivony-boux@yahoo.fr
Chez Rakotomalala
3 rue Vauvenargues
75018 Paris
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C'est vrai que l'approche de l'été est bien entendu très attendue mais aussi très angoissante pour les professionnels du voyage, qu'ils soient TO, agences, ou compagnies aériennes.
Que dire des assisteurs? Pour avoir travaillé pendant 7 ans pour l'un d'entre eux, je vous assure que la saison n'est pas triste : entre le bobos de chacun et les rapatriements à gérer (sur la France, on parle de 2 à 3 charters spécialement affrêtés par Mondial Assistance en fin de saison en provenance du Maroc par exemple), on ne s'ennuie pas.
Les catastrophes comme celles de Charm el-Cheikh ou encore le tsunami de l'Asie du sud-est ou enfin les attentats comme en Indonésie l'année dernière voire les inondations en Europe de l'Est il y a 2 ans font se déclancher des plans K au cours desquels tous les assisteurs sont solidaires (la guerre de communication vient après ...).
Un bon indicateur pour le client ou le professionnel du voyage aussi sur la qualité du tour proposé : si le tour n'a pas d'assurance voyage en inclusion attention danger ! Cette pratique est tellement systématique maintenant ...et les compagnies d'assurance tellement frileuses d'assurer des risques sur des charters ou compagnies douteuses (notamment les africaines et est-européennes que vous mentionnez dans votre note).
Une de mes amies sur Paris est courtier en assurance et réassurance. D'origine maghrébine, elle s'est spécialisée dans la couverture de risques sur ces régions et notamment la couverture des départs chaque année sur les pélerinages de la Mecque.
Tous les ans, c'est la même chose : elle a toutes les peines du monde à trouver un assureur et un assisteur ...
Le risque n'est pourtant pas plus important que sur les départs individuels des vacanciers que l'ont voit tous les ans sur les routes depuis la France ou la Belgique en direction des pays d'Afrique du Nord : les pèlerins partent dans le cadre de structures hyper organisées, à faire pâlir le TO le plus en vue de la place, la destination est unique et connue, l'objectif du voyage est clair... peut-être suffit-il d'ajouter une exclusion liée au décès de la personne sur place ...).
Elle arrive finalement à trouver mais moitié satisfaite car assurée par une compagnie d'assurance un peu limite ...
Tout cela pour dire que si les charters "un peu limite" continuent de voler, c'est qu'ils sont assurés (par des compagnies d'assurance limite ?) et qu'ils ont des clients ... qui eux-mêmes utilisent ces avions et compagnies peut-être parce qu'ils ne trouvent pas d'autres prestataires acceptant ces lignes, destinations ... ou type de clientèle ...
Ainsi, les destinations les plus servies par ces charters et autres compagnies douteuses ne sont-elles pas ces mêmes destinations mises en rouge par d'autres (occidentales et bien cotées) qui ne souhaitent pas s'y rendre pour quelque raison? (c'est une vraie question)
Où se trouve alors la solution ? Ne pas desservir ces destinations? Editer une liste internationale fermée d’assureurs agréés en « flying risk » selon une licence attribuée annuellement ? (si ces compagnies d’assurance refusent d’assurer ces charters, ceux-ci ne peuvent plus voler etc ..)
Peut-être que de telles mesures drastiques en complément des contrôles dont vous parlez permettraient de réguler un peu plus ce marché ? …
Votre remarque concernant les compagnies d’assurance est pertinente. On peut aussi se reposer la question : quelle est la crédibilité de ces compagnies d’assurance ? Le problème est d’ailleurs le même pour les transports maritimes. On trouvera toujours des sociétés à bout de souffle, limite faillite, pour accrocher un marché, fut-il douteux, du moment qu’il soit commissionné.
D’où la nécessité de systématiser les contrôles techniques et d’en confier la responsabilité à des administrations ou à des institutions à l’abri des intérêts du marché.
Désolé pour les contretemps. Charles Ly-Wa-Hoï était en déplacement à l’étranger au mois de juillet. Et il est fort peu probable que je puisse trouver des acheteurs disponibles au mois d’août, comme vous le souhaitiez. Si vous souhaitez faire ces interviews, je ne vois pas d’autres solutions que d’attendre fin août /début septembre. Est-ce encore faisable ?
Le réseau des magasins spécialisés E. Leclerc Sports est encore beaucoup trop embryonnaire pour que nous puissions envisager une telle prestation. Le mieux serait que vous vous adressiez à Décathlon, ou à Intersport. Cordialement.
je suis étudiant dans une école de communication et, dans le cadre de ma dernière année d'étude, je prépare un mémoire.
J'affectionne le milieu aérien et je souhaiterais traiter de la communication des compagnies aériennes en sitation de crise (attentats, crashs, situation pétrolière,...).
Je ne sais pas si ma démarche est bonne en venant sur ce site mais, si quelqu'un pouvait m'orienter vers des sources pouvant m'aider à réaliser mon mémoire, je serais enchanté de son apport.
Merci d'avance.
Sauf que mes parents décédés dans le crash aérien de Charm el Cheikh avaient pris leurs billets dans votre agence de Lisieux. Que presque deux ans après, mon père (décédé dans ce crash!) reçoit une invitation à votre deuxième salon du voyage avec un jeu concours à la clé dont la première question demande le nom du grand fleuve egyptien !
Vous êtes tout autant responsable que chacun des maillons de la chaîne mortelle du 3 janvier 2004 pour avoir laisser voler un tel cercueuil volant.
Depuis à part des publicités et jeux concours malvenus, aucune nouvelle de vous, pas même des condoléances. Sachez que les enfants de vos clients conduits à la mort doivent se débrouiller seuls désormais dans la vie. Aucune proposition d'aide de votre part ! Quand vos clients sont vivants vous lorgner facilement sur leur portefeuille, mais une fois conduits à la mort, vous tournez bien rapidement la page...
Très sincèrement, je n’étais absolument pas au courant du décès de vos parents, j’en suis profondément désolé. Et de fait, j’imagine, outre votre douleur, l’amertume, voire le sentiment de révolte que vous pouvez ressentir à l’égard de toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce voyage funeste.
J’ai contacté notre agence de Lisieux. Ils m’ont dit avoir cherché à vous contacter pour s’excuser de leur maladresse. Bien évidemment, ils sont conscients que l’envoi d’un tel mailing était complètement déplacé.
On m’a dit que vous aviez vous-même contacté notre agence pour essayer d’obtenir quelques informations supplémentaires sur ce vol organisé par le tour opérateur FRAM. Mais peut-être encore plus que vous, les agences de voyages, revendeurs de billets, ne semblent pas être destinataires de la moindre information sur ce dossier. Ce qui d’ailleurs m’a laissé perplexe !
J’ai donc demandé à mes collaborateurs ce qu’il en était. Ce dossier est géré, côté français, par le Ministre des Transports, directement en contact avec les autorités égyptiennes. Dans l’entourage du Ministre, on se contente d’indiquer « diplomatiquement » que la commission d’enquête « avance doucement ». Information qui, je l’imagine, ne peut que raviver votre légitime colère. Dès que je pourrai être en mesure de vous apporter plus ample information, je me permettrai de reprendre contact avec vous, si vous le voulez bien.
J’ai parfaitement conscience que tous les éléments de ma réponse ne sont que des mots…et qu’ils ne vous rendront pas la chaleur de la présence de vos parents. Je vous prie de croire néanmoins à la sincérité de ma préoccupation et de ma promesse de chercher à y voir un peu plus clair.
Je reviens vers vous car le rapport final egyptien sur le crash de Charm el Cheikh va être rendu public le 25 mars... au Caire...
Bref, comme d'habitude nous familles de victimes, (et moi, fils de clients Leclerc Voyages décédés dans ce crash), apprendront comme tout citoyen lembda les raisons du crash au journal de 20h...
Notre collectif www.collectif-fsh604.com se bat, revendique, et maintenant nous mettons tout en oeuvre pour trouver des moyens de mettre en place depuis la France une visioconférence afin d'assister et d'intervenir lors de la présentation de ce rapport final par les autorités egyptiennes si celles-ci en acceptaient le principe.
Le cas échéant, votre groupe peut il nous aider matériellement dans ce sens si vous êtes doté d'un tel matériel, ou pouvez vous appuyer notre demande au près du Quay d'Orsay, voire plus haut ?
Merci par avance de votre aide,
Je suis joignable au 06 62 24 83 00
Sébastien HALLEY
Je ne pense pas que nous soyons autorisés à déployer de tels moyens pour nous immiscer dans une présentation officielle des autorités égyptiennes. Mais je vais me renseigner auprès du Quai d’Orsay.
Je ne trouverais évidemment pas normal que vous ne disposiez pas, en temps réel, d’un moyen d’information correct, et surtout qu’on vous prive de pouvoir poser des questions. Je serai absent la semaine prochaine, mais je vous ferai contacter.