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J. Chirac et la taxe sur les billets d’avion : Un essai à transformer !

 Même si, comme beaucoup de Français, je reste sceptique sur l’avenir de l'actuelle aérotaxe (sur les billets d’avion) votée par nos parlementaires, je ne comprends pas les sarcasmes dont fait l’objet l’initiative présidentielle. Certes, il y a beaucoup à dire (et à critiquer) sur la méthode de prélèvement. Mais l’essai ne demande qu’à être transformé et il a le mérite de renforcer la position française dans son appel international à doter la recherche médicale d’une assise financière durable. 1) Les critiques des socioprofessionnels : Dans la forme, les professionnels de l’aviation sont tout à fait en droit de s’indigner. Avec 7,5 milliards de dollars de pertes cumulées, les transporteurs aériens n’avaient pas besoin d’une taxe supplémentaire. Et sur le principe, il n’y avait aucune raison de les viser particulièrement, pas plus d’ailleurs qu’aucune autre catégorie socioprofessionnelle. Mais je ne crois pas trop aux chiffres avancés par leur syndicat pour justifier de la crise annoncée (Lionel Guérin, de la Fédération nationale de l’aviation marchande, a parlé d’une perte potentielle d’un million de clients, entraînant la suppression de 3 à 4 000 emplois ! ! !). La clientèle des compagnies low cost n’est probablement pas insensible à un léger renchérissement des tarifs (1 € supplémentaire pour un vol dans l’espace aérien, et 4 € pour un vol international)…mais tout de même, ça reste supportable. Quant aux voyages en classe affaires ou en première classe (10 € dans l’espace aérien et 40 € en dehors), ce n’est certes pas négligeable, mais tout le monde sait bien que les trois quarts de ces vols sont de nature professionnelle et financés par les entreprises. Ne soyons donc pas hypocrites ! J’admets que la question pourra se poser si le système ne fait pas tâche d’huile. Mais le Parlement a prévu d’en rediscuter les modalités (si c’est le cas) dans les deux ou trois ans qui viennent. 2) La discussion sur les moyens : Plus fondamentale est la critique sur le statut même de cette taxe. Nous savons tous que trop de taxes tuent le « crédit » de la taxe. A refaire le coup de la vignette-auto, et alors qu’on parle encore d’imposer d’autres taxes parafiscales (spécifiques aux banlieues, à Emmaüs, à l’écologie…), on finit par brouiller les pistes et à susciter des interrogations sur les bonnes fins de tous ces prélèvements. Et l’humanitaire devient un coût comme un autre, laissant sur le tarmac toute expression volontaire de solidarité nationale. D’ailleurs, s’il y avait une taxe à prélever sur l’aérien, ne faudrait-il pas, plutôt, le faire au titre de la préservation de l’environnement et du financement des énergies alternatives ! ! ! Oui, l’idéal eût été d’intervenir via le budget et de laisser à la parafiscalité son rôle spécifique. Mais tout le monde sait aussi ce qu’il en est des capacités budgétaires allemandes et françaises, en ces temps de vaches maigres… 3) La justification du projet : Pour autant, on ne peut décemment accepter la critique selon laquelle l’initiative est inutile parce qu'inadéquate aux besoins. Gilles Sengès, dans son éditorial (Les Echos, 23/11/05), fait la fine bouche en évoquant les 200 millions d’euros qui seront récoltés au titre de l’aérotaxe, « au lieu des 10 milliards initialement promis ». Mais l’argument n’a de sens que si nous restons isolés. Et personne ne prétend qu’il faille laisser les choses en l’état… Les besoins ont été chiffrés par les participants du Sommet du Millénaire à New York. Tous (en l’occurrence les 78 membres de l’ONU signataires de la déclaration commune) estimaient que « de réels progrès étaient possibles avec de très faibles efforts pourvu qu’ils soient coordonnés et bénéficient d’un financement automatique » (JP Landau, Président du Groupe de travail sur les nouvelles contributions financières internationales). Impossible de lutter durablement contre le SRAS, la grippe aviaire, le paludisme ou encore plus le sida, sans outil collectif, sans politique commune, et surtout…sans des moyens financiers stables, indépendants des bonnes volontés contributives dans les instances internationales. En fait, deux facteurs conditionnent la réussite du projet : 1) La généralisation de cette contribution payée par tous les membres de l’ONU. Comme la France, ils ont signé, ils ont promis, la balle est dans leur camp. Angleterre, Chili…ils sont une dizaine à avoir annoncé la préparation de telles mesures. Les Etats-Unis sont contre. C’est sûr, voilà une sérieuse complication. Ils n’ont pas non plus signé le protocole de Kyoto ! Faut-il abandonner aussi ce projet ? Ou au contraire persévérer. Si c’était facile, il n’y aurait pas de mérite. Il n’y aurait d’ailleurs pas de problème… L’initiative chiraquienne permet à la France de parler plus haut, plus fort. Il est évident que si on baisse les bras dès le départ, le projet est mort-né ! 2) L’argent ne suffit pas. Il faut encore déterminer le mode opératoire qui le rendra utile, bien dépensé et contrôlé ! Tout cela reste à définir. Mais personne ne peut plus contester la capacité française d’être aujourd’hui plus exigeante. Oui, décidément, après avoir passé au tamis de l’analyse critique les différents arguments, je considère que la France n’a pas eu tort d’être pionnière dans cette affaire. Et si, incontestablement, il nous faudra par la suite revoir les modalités de la taxe, au moins n’aura-t-on pas l’excuse pitoyable de n’avoir rien fait (de n’avoir rien voulu faire !).

15 Commentaires

Et bien oui, mon camarade Jacques Chirac a bien fait, c'est digne d'un Humaniste.
Guy Maës
Je me permets d'être sceptique quant à la bonne utilisation des fonds. Il y a quelques années, pour améliorer la qualité des soins des personnes agées en France, on avait crée la vignette auto. Hors pas une seule année les recettes colossales engendrées par celle-ci n'ont été redistribués à la construction et à la rénovation des maisons de retraite, donc peut-on avoir confiance ici encore?
D'autre part est-ce que la taxe sera fixe où sera-t-elle ré-évalué tout les ans à la hausse?
Car ne vaudrait-il mieux pas que cet argent aide directement les populations locales en consommant d'avantage, donc augmentation des revenus d'où une amélioration des conditions d'hygiène et de vie. Cela me semble être un cercle plus vertueux et plus valorisant que le recours à l'assistanat.
Et est-ce que le couple Chirac sera le premier à payer cette taxe? Je crois me souvenir qu'il y a eu une vague histoire d'utilisation de billet d'avion payé par l'état lors d'un voyage non officiel...
Oui c'est gentil, mais les personnes qui empruntent l'avion ne sont quand-même pas des rmistes.On pourrait aussi taxer les créances chirographaires non payées depuis cent mille ans. Bien cordialement.
Encore une taxe de plus, encore un gaspillage prévisible. Pour trouver l'argent nécessaire, il y a beaucoup mieux qu'une taxe, c'est de mieux utiliser tout l'argent que l'on nous prélève, c'est certainement plus difficile, mais ça rapporterait infiniment plus.
Si vraiment on veut une taxe, je propose de taxer la connerie des hommes politiques, même à taux faible, l'assiette serait tellement large que le budget serait quasi illimité. Nous pourrions de plus assister à un match fantastique pour la première place entre France et Etats Unis.
Roland, n'oubliez pas que c'est nous qui avons élus nos hommes et femmes politiques. En les attaquant à la manière d'un poujadiste, c'est l'ensemble des électeurs que vous discréditez.
Une taxe de 1 à 4 euros pour les classes économiques, avouez que ce n'est pas ce qui va vous empêcher de manger.
Prélever une nouvelle taxe sur les billets d'avion pour aider les pays pauvres, pourquoi pas?
Ce qui est gênant, c'est que l'on récolte de l'argent sans avoir pensé au préalable comment le dépenser et comment contrôler ces dépenses. La logique "je prélève d'abord, je réfléchis après" pose problème. Qui va gérer cette manne? A qui va-t-elle être distribuée et sur quels critères?
Si demain, je me rends au siège de Leclerc ou ailleurs, afin de demander un soutien pour lutter contre la pauvreté, je ne pense pas qu'on va me signer un chèque en blanc sur la foi de mes bonnes intentions. Il va falloir à minima monter un dossier béton puis être transparent sur l'utilisation des fonds.
Il faut donc espèrer que la rigueur et la transparence prévaudra sur l'utilisation de cette taxe. Mais comme elle est mal née, permettez-moi d'en douter.
d'accord avec seb in london.
c'est le fond du problème.
MEL: sur une chaine de télé on vous demandait votre avis sur le fait que Bill Gate annoncait qu'a sa mort 95% de sa fortune irait à une fondation.
votre analyse (un peu génée): "c'est bien".
Pour votre info la création d'une fondation aux USA est un moyen simple et éfficace d'échapper aux frais de successions en mettant toute sa famille à l'abris pour plusieurs siècles.
Le nom "fondation" est le même des deux cotés de l'atlantique, mais c'est le seul point commun.
D'accord avec votre analyse. Si l'on est rejoint par aucun autre pays, il sera temps de revenir sur cette décision. Au moins aura-t-on essayé quelque chose.
L'idéal, évidemment, serait un ministère de la santé international, pour lequel travailleraient l'ensemble des entreprises pharmaceutiques. Elles n'auraient plus d'obligation à être rentables, c'est-à-dire à se concentrer sur des marchés solvables et des maladies rentables.
Mais, bon, soyons réalistes !
Pour Marie: Pour être respectés, nos élus devraient veiller à se comporter en véritables citoyens. Ce n'est malheureusement pas le cas. Ils viennent de rejeter un amendement aux termes duquel ils auraient dû payer cette taxe de quelques malheureux euros comme tout citoyen, malgré le fait que contrairement à vous et moi, et en dépit leurs très confortables indemnités fixées par eux mêmes, ils voyagent GRATUITEMENT....
L'origine de cette taxe vient du fait qu'après le tsunami de l'an dernier, J. Chirac a été scandalisé de voir a quel point les français aveint encore de l'argent à donner aux diverses ONG.
Oui, les français disposaient encore d'argent pour être généreux malgré les hausses conséquentes votées par ses pairs à l'assemblée nationale.
Bon, il faut quand même être magnanime, il faut bien qu'il se trouve un point de chute lucratif après 2007 s'il n'est pas réélu.
Il se verrait bien à la tête de l'organisme chargé de récolter et gérer cette nouvelles taxe.
Que l'initiative de la taxe sur les billets d'avion émane d'un certain Jacques Chirac montre que ce personnage, après avoir raté l'essentiel, essaie désespérément de laisser une trace dans l'histoire...Pour un homme qui n'a jamais payé un billet d'avion depuis plus de trente ans, il fallait oser le faire....
Cher Mel
Je ne vous suis pas sur le sujet de la taxe charité-développement-avions. En effet, et vous le soulignez, "pourquoi l'aérien?", ce à quoi en substance vous répondez, "c'est mieux que rien, l'importance de la lutte anti Sida et pour le développement justifie l'action". D'accord, mais taxons alors par exemple les télécoms, qui sont un secteur florissant, ou les technologies grand public, au lieu d'un secteur où la seule des trois compagnies rentables au monde est Air France KLM (avec BA et Luft). Peu de chance donc de voir jamais adhérer les USA avec leurs compagnies en chapitre 11. Le projet est donc mal ficelé, et à ce titre caduque.
Secundo, pour avoir vécu quelques années en Afrique où génocides, famines et sida sont relativement quotidiens, je me méfie des organismes internationaux censés gérer cette future manne. Quand je vois les tonnes de riz de l'opération Kouchner pour la Somalie (93 ou 94) qui ont mis deux ans à pourrir dans les entrepôts du port autonome de Djibouti (vu de visu), ou encore le niveau d'opulence des 4x4 Land Cruiser full options de service du PNUD (il est vrai que pour s'aventurer à la rencontre des génocidés, il faut du haut de gamme), ou enfin dans 2 autres pays d'Afrique de l'ouest la gabegie des projets gérés par l'AFD (agence publique d'aide au dvlpmt) c'est assez consternant.
Et encore je ne parle que de ce que je connais, sans me faire l'écho du milliard d'€ d'aide au dvlpmt annuel au plus gros émirat gazier d'afrique, l'Algérie, ni des rumeurs classiques de détournement de fonds d'aides de la France ou d'autres qui reviennent alimenter la flambée immobilière parisienne ou sur la côte, quand ils ne procréent pas calmement au Luxembourg.
Je ne crache pas sur le développement mais je pense qu'avant de lever une nouvelle taxe dont l'assiette est déjà inique, il est urgent d'auditer l'utilisation des fonds publics via pourquoi pas une ONG de type transparency international ou autre.
L'idée générale étant que le citoyen-client ne fait plus de chèque en blanc à l'Etat français, même au prétexte d'assurer l'avenir politique de son roi qui se meurt ou sa trace indélébile dans l'histoire des peuples.
Bien à vous MEL et merci pour votre blog
C Tascin
J'essaye de vous contacter depuis plus de deux mois. J'ai fait parvenir un exemplaire d'un livre que j'ai écrit : un conte poétique et philosophique : un ouvrage musical plein de joie et d'espérance qui change de tous les derniers prix littéraires. Je voulias vous soumettre pour que si vous le jugiez valable vous en autorisiez l'achat dans vos centrales d'achat . Car j'ai vu que vous étiez le 3° libraire de France et que j'aime beaucoup votre état d'esprit. J'ai envoyé mon ouvrage au siège social à Issy, avec une lettre qui vous était adressé et toutes mes coordonnées ; ceci il y a trois mois ; puis j'ai à nouveau envoyé un fax, il y a deux jours ;toujours aucune réponse.
Le titre de mon livre est Cléophée, Editions Bénévent : c'est l'histoire d'une petite fille qui regarde le monde des grands avec ses grands yeux ahuris
Cléophée
Jacqueline Giroud
roman (broché). Paru en 10/2005
Expédié sous 4 à 8 jours
En résumé
Mot de l'éditeur
Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Charme et mystère nous accompagnent à chaque page de cette quête, dans des lieux bien réels, transfigurés par la magie d'un regard poétique. Jameline nous partage les révélations d'une riche personnalité en pleine mutation, à la charnière de la vie adolescente où d'étranges rencontres fixent les rendez-vous de l'Avenir…
Diplômée de Sciences-Politiques, Jacqueline Giroud poursuit une carrière de documentaliste au sein d'un grand cabinet d'avocats parisien. Originaire de la vallée du Rhône, passionnée depuis toujours de nature et de poésie, elle connaît l'art de brosser une délicate et attachante peinture de l'âme, à l'étape la plus subtile de son essor… et perplexe devant le monde des grands.
Merci par avance pour toute l'attention que vous porterez à ce message et merci aussi pour une éventuelle réponse
Coordialement,
Jacqueline Giroud
Réponse à giroud jacqueline (06/01/2006)
Désolé, Jacqueline, je n’ai rien vu de tel. Mais si vous souhaitez un contact avec nos équipes libraires, je vous engage à écrire à Marie-José Cegarra (Galec, GT 4 Produits Culturels, 52 rue Camille Desmoulins, 92451 Issy-les-Moulineaux).
Réponse à tascin (05/01/2006)
Votre commentaire est une assez bonne conclusion. Des chèques, mais pas de chèque en blanc… Entièrement d’accord.

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