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Liberté des prix : l'obstacle culturel
Il suffit d'aller à l'étranger : journalistes, chefs d'entreprises, hommes politiques au fait des réalités françaises... tous affectent de s'étonner, de ne pas comprendre, jusqu'à pour certains recourir à une forme déplaisante d'ironie : Quoi, en France, quatrième exportateur mondial, pourfendeur des subventions agricoles américaines, pays des plus belles réussites dans le domaine du luxe, du prêt-à-porter, des laboratoires pharmaceutiques, de l'agroalimentaire et de la distribution moderne,... vous dissertez encore des mérites et des inconvénients de la liberté des prix ? Mais vous avez donné des leçons à l'Europe toute entière, sous de Gaulle, sous Pompidou, sous Giscard, pour exiger la levée des sanctions à l'encontre de vos propres produits.
Eh oui, le fait est ! On se sent minable, parfois, de porter le boulet de telles images alors qu'en France même, on voudrait être auteur du changement dans ce domaine.
Oui, c'est vrai. La France n'a connu depuis la guerre que dix années de liberté des prix. De 1945 à 1985, la « rue de Rivoli » dictait aux entreprises leur marge de manoeuvre, validant les tarifs, négociant les hausses. Puis vint Balladur. On a retenu l'image caricaturale de l'homme dans sa chaise à porteurs. Immense injustice. Il fut serviteur du pays en imposant la liberté des prix, la concurrence, et son institution de régulation : le Conseil de la Concurrence. Dix ans de liberté qui permirent la lutte contre les monopoles (pétrole, parapharmacie....) et une lutte efficace contre l'inflation, alors à deux chiffres. Dix années qui furent à les en croire, le bagne des industriels. Libres de leurs prix partout ailleurs en Europe, ils firent le siège du parlement pour obtenir le relèvement du seuil de revente à perte et les prix unifiés en 1996. La Loi Galland supprima la liberté des prix en 1997.
Il est facile, quand on parcourt l'histoire économique de notre pays, de comprendre toutes les pesanteurs idéologiques qui plombent le débat national sur les prix, jusque dans le cerveau de nos élites ! Si seulement ils voulaient bien confronter leur discours avec celui de leurs homologues européens, ils en auraient, comme moi, franchement honte, tellement nous sombrons dans le ridicule.
Eh oui, le fait est ! On se sent minable, parfois, de porter le boulet de telles images alors qu'en France même, on voudrait être auteur du changement dans ce domaine.
Oui, c'est vrai. La France n'a connu depuis la guerre que dix années de liberté des prix. De 1945 à 1985, la « rue de Rivoli » dictait aux entreprises leur marge de manoeuvre, validant les tarifs, négociant les hausses. Puis vint Balladur. On a retenu l'image caricaturale de l'homme dans sa chaise à porteurs. Immense injustice. Il fut serviteur du pays en imposant la liberté des prix, la concurrence, et son institution de régulation : le Conseil de la Concurrence. Dix ans de liberté qui permirent la lutte contre les monopoles (pétrole, parapharmacie....) et une lutte efficace contre l'inflation, alors à deux chiffres. Dix années qui furent à les en croire, le bagne des industriels. Libres de leurs prix partout ailleurs en Europe, ils firent le siège du parlement pour obtenir le relèvement du seuil de revente à perte et les prix unifiés en 1996. La Loi Galland supprima la liberté des prix en 1997.
Il est facile, quand on parcourt l'histoire économique de notre pays, de comprendre toutes les pesanteurs idéologiques qui plombent le débat national sur les prix, jusque dans le cerveau de nos élites ! Si seulement ils voulaient bien confronter leur discours avec celui de leurs homologues européens, ils en auraient, comme moi, franchement honte, tellement nous sombrons dans le ridicule.
18 Commentaires
Lorsque vous mettez en avant la réforme de la Loi Galland, vous nous dites que les produits des multi-nationnales sont vendus environ 10% moins cher. Pourquoi aucun journaliste ne va vérifier sur place vos dire et nous présente un rapport clair et objectif? Alors que à l'inverse lorsque les agriculteurs font la descente des hypers et des centrales d'achats, toutes les caméras sont là et vous mettent à dos tous les torts! Il y a quelques années on reprochait au média leur manque de liberté face au pouvoir politique. Aujourd'hui j'ai l'impression qu'il y a un manque de liberté face aux industriels, notamment en télévision dans la mesure où les fabricants incriminés sont aussi les annonceurs, donc rémunérateur des salaires. Comment faire concilier les interets de chacun dans un problème aussi épineux? La solution retenue je crois c'est justement d'éviter d'en parler, et heureusement que vous êtes là pour mettre les pieds dans le plat! :-)
Depuis plusieurs année leclerc marque sa volonté de baisse des prix et surtout de reformé les regles du commerce , dans l'interet du consomateur. Pourquoi les autres distributeurs n'adopte t il pas la meme stratégie ? Pourquoi aucun autre distributeur ne manifeste son intention d'une refonte ou de l'abolition de cette loi ?
Les actionnaires toujours et encore eux!Des groupes privé coté en bourse tel carrefour-promodès, casino guichard, ou encore Auchan, ne peuvent pas avoir un objectif prix bas pour les consommateurs et prime hausse pour les actionnaires! Il y a forcement une divergence entre les interets de chacun. Les groupes privatisé n'ont pas de gros intérêts à faire campagne contre la loi galland comme Leclerc, U, et intermaché qui sont indépendants.
Les relevés comparatifs de prix dans la communauté européenne existent. Nous en disposons via le Nielsen Panel de Gestion. Des sociétés de bourse ont effectué aussi ces comparaisons à l'instar de Morgan Stanley. Le fait est indéniable. En fait, plus personne n'ose trop dire le contraire, même le Premier Ministre a confirmé un écart de 10 à 15%.
Pour ce qui concerne les agriculteurs, vous avez raison. Les comparaisons de prix sont faciles à faire. Au dernier relevé Que Choisir ? sur les fruits et légumes, Leclerc était le moins cher de France, ce qui n'a pas empêché des manifestants à venir dénoncer notre politique de marge. Mais là, on est dans l'irrationalité totale et la manipulation. D'ailleurs, rappelez-vous, la FNSEA il y a deux ans avait annoncé qu'elle publierait un relevé de prix systématique, le « CAC40 des produits agricoles ». Elle y a renoncé. Inutile de vous dire que si les résultats avaient été dans leur sens, ils l'auraient publié.
Oui certe leclerc n'est pas coté en bourse et bénéficie comme syteme U ou intermarché d'un systeme independant , mais réelement comme toute entreprise qui se respecte Leclerc doit croitre en chiffre d'affaire et en marge une telle réforme n'entrainerai pas une baisse conséquence du CA et surtout accroitrai considerablement une guerre des prix au profit du consomateur mais est ce que justement les structures dites independantes n'en serais pas pénalisé face à la puissance d'une multinationale telle que carrefour ? Ou d'un grand groupe comme Auchan ?
Trois catégories de distributeurs se sont exprimées sur la réforme de Loi Galland. E. Leclerc et Intermarché souhaitent une liberté complète des prix de concurrence, tout en maintenant le principe de vente au dessous du seuil de revente à perte stricto sensu (calculé toutes remises déduites y compris coopération commerciale). D'autres (Monoprix, les Grands Magasins) ne veulent pas changer le système. La FCD (Carrefour, Casino, Cora, Auchan) réclame la possibilité de répercuter une partie plus ou moins grande des marges arrières.
Explication : ils veulent une plus grande flexibilité, mais ne souhaitent pas que E.Leclerc ou Intermarché « cassent la baraque ».
l faut lire : « Tout en maintenant l'interdiction du principe de vente au-dessous du seuil de revente à perte ». Merci.
La structure des indépendants ne permet pas l'appel à l'épargne publique. En soi, ce n'est pas dramatique puisque, par définition, il n'y a pas de projet collectif lourd à financer. Chaque magasin doit donc s'endetter. Tout au plus, les indépendants sont-ils pénalisés par un éventuel prix de l'argent défavorable.
Mais de ce fait, les indépendants sont leurs propres maîtres dans leur gestion. Ils ne sont pas soumis aux demandes trimestrielles d'augmentation du rendement des actions : ils gèrent dans le temps leur stratégie patrimoniale, sans être sous la pression de demandes croissantes de versements de dividendes. Leur objectif n'est pas de valoriser leur entreprise à chaque instant, mais de la valoriser à terme, pour le jour où ils voudront la céder. De ce fait, ils ont une plus grande liberté pour affecter leurs marges à la baisse des prix. Par exemple, ils peuvent se priver d'une partie des dividendes pour placer leurs profits dans le stock, avant hausses. Enfin, directement impliqués dans l'exploitation, ils gèrent « au plus serré » leur propre argent. Cette implication leur permet de sortir des comptes d'exploitation avec des marges de 4 à 5 points inférieures à leurs concurrents intégrés. C'est ce qui les rend plus forts dans la guerre des prix.
En admettant que cette loi soit voté, il y aura un réel boulversement sur le plan du commerce Français voir européen , comment envisagez vous votre adaptation ? Comment la concurrence pourrait tel réagir en maintenant ses marges et en proposant un prix "libre" ? Comment le consommateur se retrouverai dans cette jungle ? Les autres circuits de distribution en serait affecté...
Lorsque vous mettez en avant la réforme de la Loi Galland, vous nous dites que les produits des multi-nationnales sont vendus environ 10% moins cher. Pourquoi aucun journaliste ne va vérifier sur place vos dire et nous présente un rapport clair et objectif? Alors que à l'inverse lorsque les agriculteurs font la descente des hypers et des centrales d'achats, toutes les caméras sont là et vous mettent à dos tous les torts! Il y a quelques années on reprochait au média leur manque de liberté face au pouvoir politique. Aujourd'hui j'ai l'impression qu'il y a un manque de liberté face aux industriels, notamment en télévision dans la mesure où les fabricants incriminés sont aussi les annonceurs, donc rémunérateur des salaires. Comment faire concilier les interets de chacun dans un problème aussi épineux? La solution retenue je crois c'est justement d'éviter d'en parler, et heureusement que vous êtes là pour mettre les pieds dans le plat! :-)
Depuis plusieurs année leclerc marque sa volonté de baisse des prix et surtout de reformé les regles du commerce , dans l'interet du consomateur. Pourquoi les autres distributeurs n'adopte t il pas la meme stratégie ? Pourquoi aucun autre distributeur ne manifeste son intention d'une refonte ou de l'abolition de cette loi ?
Les actionnaires toujours et encore eux!Des groupes privé coté en bourse tel carrefour-promodès, casino guichard, ou encore Auchan, ne peuvent pas avoir un objectif prix bas pour les consommateurs et prime hausse pour les actionnaires! Il y a forcement une divergence entre les interets de chacun. Les groupes privatisé n'ont pas de gros intérêts à faire campagne contre la loi galland comme Leclerc, U, et intermaché qui sont indépendants.
Les relevés comparatifs de prix dans la communauté européenne existent. Nous en disposons via le Nielsen Panel de Gestion. Des sociétés de bourse ont effectué aussi ces comparaisons à l'instar de Morgan Stanley. Le fait est indéniable. En fait, plus personne n'ose trop dire le contraire, même le Premier Ministre a confirmé un écart de 10 à 15%.
Pour ce qui concerne les agriculteurs, vous avez raison. Les comparaisons de prix sont faciles à faire. Au dernier relevé Que Choisir ? sur les fruits et légumes, Leclerc était le moins cher de France, ce qui n'a pas empêché des manifestants à venir dénoncer notre politique de marge. Mais là, on est dans l'irrationalité totale et la manipulation. D'ailleurs, rappelez-vous, la FNSEA il y a deux ans avait annoncé qu'elle publierait un relevé de prix systématique, le « CAC40 des produits agricoles ». Elle y a renoncé. Inutile de vous dire que si les résultats avaient été dans leur sens, ils l'auraient publié.
Oui certe leclerc n'est pas coté en bourse et bénéficie comme syteme U ou intermarché d'un systeme independant , mais réelement comme toute entreprise qui se respecte Leclerc doit croitre en chiffre d'affaire et en marge une telle réforme n'entrainerai pas une baisse conséquence du CA et surtout accroitrai considerablement une guerre des prix au profit du consomateur mais est ce que justement les structures dites independantes n'en serais pas pénalisé face à la puissance d'une multinationale telle que carrefour ? Ou d'un grand groupe comme Auchan ?
Trois catégories de distributeurs se sont exprimées sur la réforme de Loi Galland. E. Leclerc et Intermarché souhaitent une liberté complète des prix de concurrence, tout en maintenant le principe de vente au dessous du seuil de revente à perte stricto sensu (calculé toutes remises déduites y compris coopération commerciale). D'autres (Monoprix, les Grands Magasins) ne veulent pas changer le système. La FCD (Carrefour, Casino, Cora, Auchan) réclame la possibilité de répercuter une partie plus ou moins grande des marges arrières.
Explication : ils veulent une plus grande flexibilité, mais ne souhaitent pas que E.Leclerc ou Intermarché « cassent la baraque ».
l faut lire : « Tout en maintenant l'interdiction du principe de vente au-dessous du seuil de revente à perte ». Merci.
La structure des indépendants ne permet pas l'appel à l'épargne publique. En soi, ce n'est pas dramatique puisque, par définition, il n'y a pas de projet collectif lourd à financer. Chaque magasin doit donc s'endetter. Tout au plus, les indépendants sont-ils pénalisés par un éventuel prix de l'argent défavorable.
Mais de ce fait, les indépendants sont leurs propres maîtres dans leur gestion. Ils ne sont pas soumis aux demandes trimestrielles d'augmentation du rendement des actions : ils gèrent dans le temps leur stratégie patrimoniale, sans être sous la pression de demandes croissantes de versements de dividendes. Leur objectif n'est pas de valoriser leur entreprise à chaque instant, mais de la valoriser à terme, pour le jour où ils voudront la céder. De ce fait, ils ont une plus grande liberté pour affecter leurs marges à la baisse des prix. Par exemple, ils peuvent se priver d'une partie des dividendes pour placer leurs profits dans le stock, avant hausses. Enfin, directement impliqués dans l'exploitation, ils gèrent « au plus serré » leur propre argent. Cette implication leur permet de sortir des comptes d'exploitation avec des marges de 4 à 5 points inférieures à leurs concurrents intégrés. C'est ce qui les rend plus forts dans la guerre des prix.
En admettant que cette loi soit voté, il y aura un réel boulversement sur le plan du commerce Français voir européen , comment envisagez vous votre adaptation ? Comment la concurrence pourrait tel réagir en maintenant ses marges et en proposant un prix "libre" ? Comment le consommateur se retrouverai dans cette jungle ? Les autres circuits de distribution en serait affecté...