Hommage à Michel Payraudeau

A défaut d'en être le berceau, la région nantaise est depuis longtemps un bastion innovant de notre enseigne. Avec le décès de Michel Payraudeau, elle vient de perdre un de ces capitaines qui ont fait de Leclerc une formidable saga de chefs (et cheffes) d'entreprise.

1) Je commence par dire ma dette personnelle. Affection dès la première rencontre, guide en apprentissage, joyeux compagnon activiste dans toute occasion de développer le Mouvement, modèle d'entreprenariat dans les sociétés dont il eut la charge... Michel Payraudeau a été l'un de mes quatre ou cinq grands mentors dans la vie.

Il m'a donné confiance en moi et, me rappelant qu'on portait le même prénom, il m'a aidé à exister dans le regard de mon père au près duquel, dans des moments difficiles, il sût être l'arbitre de tensions diverses.

Au niveau national, il fut le porte-voix apaisant d'un humanisme nécessaire à la cohabitation de toutes les fortes personnalités qui se cherchaient une identité dans notre groupement d'indépendants .

2) Michel s'est beaucoup donné à la collectivité (on est un réseau de coopérateurs, un peu comme chez U ou Intersport). Pour vendre le carburant moins cher, il fallait s'émanciper des majors.

Comme première mise à l'épreuve, l'universitaire que j'étais eut à créer une société pétrolière indépendante : à La Sorbonne, personne ne m'avait appris à calculer un prix, à gérer un stock aussi volatil, une trésorerie dont la courbe erratique se confondait avec mon électrocardiogramme, et surtout il y régnait une entente incroyable. Saint Michel 😇 vint à mon secours, m'aida à étoffer l'équipe d'experts brillants et de collègues adhérents motivés, puis fit de Siplec, pendant 25 années, le vecteur français du carburant le moins cher.

Avec une équipe modeste de huit personnes à nos débuts, Michel Payreaudeau a su faire croître cette organisation qu'il managea jusqu'en 2005.

Aujourd’hui plus de 1.000 collaborateurs y sont mobilisés par l'appro mondial du non-alimentaire et la vente d'énergies sous toutes formes, avec objectif en ligne de décarbonation, optimisation et sobriété.

3) Michel voyait dans le développement du groupe non seulement une réussite collective (22 milliards de CA, avec des filiales fournisseurs de Leclerc et aussi de Coopérative U, la SNCF, la RATP, de grosses firmes de transport). Mais surtout une expérience qui nous a aussi fait grandir, à apprendre et maîtriser les "nouveaux métiers de nos métiers", comme il aimait à dire avec humilité.

4) Enfin (et je crois important de l'en créditer ici), il instaura une nouvelle relation entre coopérateurs et salariés, ces derniers (jusqu’à présent essentiellement en fonctions administratives support) devenant, par leur expertise technique, des acteurs "mieux reconnus" de la performance de l'enseigne.

Ainsi, même dans nos coopératives, sociétés sans profit, on appliqua la "participation" et "l'intéressement".

Avec à ses côtés Jean Huet (Châteaudun) et Pierre Le Guil (Quimper), ils ont formé un trio soudé, que l’on pourrait appeler aujourd’hui une véritable "dream team"

Je m'associe aux collaborateurs et adhérents de Siplec, à ses collaborateurs historiques dont Patrick Rébuffie et Thierry Forien (ici sur la photo avec lui, l'homme au chapeau), pour transmettre affection et remerciements à toute sa famille, à son épouse, à ses collègues proches, à ses enfants et ses "filleuls".

Le côtoyer, travailler avec lui, a été un véritable bonheur.