
Technologie, IA, emploi : comment préserver notre modèle social ?
Technologie, IA, emploi : comment préserver notre modèle social ? Et y a-t-il un débat autre que celui de l'injonction à "travailler plus" plutôt que mieux, ou à cotiser plus ?
Moi je souhaite préserver notre modèle français de protection sociale (en le réformant bien sûr), pour ne pas que la France se trumpise. Car le modèle américain, sans foi ni solidarité, c’est vraiment pas ma came.
Certains éditorialistes me sont tombés dessus quand j’ai dit que les secteurs qui emploient ne devaient pas être les seuls à payer pour les retraites (contributions patronales et salariales). Et pourtant, tout le monde convient de l’écart saisissant (et frustrant) entre le salaire net et le salaire brut. Et aussi de cette difficulté pour les salariés de sortir de "la trappe des bas salaires".
Y a-t-il un tabou qui interdirait de diversifier notre modèle de financement ?
On me dit : "il ne faut pas fiscaliser, c'est pas le contrat social" ! Mais quand aujourd'hui on fait appel à l'impôt pour combler les déficits, c'est bien une atteinte au modèle, non ? Ne peut-on alors imaginer d’autres scénarios ?
J’en vois peut-être déjà deux :
1/ Développer ce qu’on appelle les "fonds de pension", privés ou publics, au moins à titre complémentaires et facultatifs, comme il en existe chez nos voisins. Est-ce un tabou de principe, ou peut-on au moins discuter des modalités (et des garde-fous) à mettre en place ?
2/ Transférer une partie des cotisations sociales payées par les seuls entreprises et salariés "au travail" vers sur ce que j’ai appelé les "concurrents du travail" ? Je parle de la robotique, l’IA, le tout-digital. Quand la ressource se tarit, ne peut-on en chercher une autre qui justement la remplace ?
Quand le guichetier disparaît derrière le DAB ou l'application, est-ce être contre le progrès que d'imaginer un transfert de l'ancienne cotisation vers ceux qui remplacent le job ?
Mon portable tient lieu de secrétaire (planning), de postier (mes mails), de guichetier (télépaiement) et même de photographe : est-ce une ineptie ou être anti-moderne que d'imaginer un transfert des cotisations vers ces outils qui ont remplacé ces emplois ?
Evidemment, je suis pour le progrès technologique. Mais quand on lit dans Les Echos que l’IA pourrait à terme supprimer 220.000 emplois en France, on a le devoir de s’interroger pour l’avenir des salariés concernés, comme pour l'impact sur le financement de notre modèle social.
Je reprends ce chiffre : 220.000 emplois supprimés ! Il y en aura d'autres créés, c'est certain. Mais 220.000 suppressions, c'est 440.000 cotisations sociales et patronales en moins. D'accord avec ça ?
Dans une France dont la population vieillit et dont le nombre d'actifs diminue, on peut ouvrir d'autres scénarios.
Offrons donc d'autres scénarios aux prochaines générations, celles qui vont grandir avec les robots et l’IA, chiffrons-les et... Laissons-les décider.
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