ÉCONOMIE Actus / Débats

Journal des 15, 16 et 17 avril 2005

1) Agriculteurs en colère : Ce vendredi 15/04, 50 militants du MODEF (mouvement paysan proche du PC) ont déboulé au siège de Carrefour à Paris. L’objet de leur courroux ? Les marges arrière ! « Il est anormal que la nouvelle loi Jacob autorise toujours les marges arrière », martèle Xavier Compain, dirigeant du syndicat. Plutôt curieux comme réaction ! Car si telle est sa motivation, pourquoi s’en prendre à un distributeur ? La logique n’eût-elle pas voulue qu’il s’adresse à son ancien camarade de la FNSEA, Christian Jacob, devenu ministre et géniteur de la réforme contestée ? A moins bien sûr que tout cela ne se fasse en connivence ! 2) Europe : Hubert Nyssen, romancier et fondateur de la maison d’édition Actes Sud, a confié, samedi, son journal de bord hebdomadaire aux lecteurs de Libé. Ce grand monsieur de l’édition française fustige avec talent le principe du référendum (« Une invitation faite aux humeurs, aux règlements de comptes, aux désaveux, aux rancunes, aux frustrations »). Je retiens cet argument : « Si en 1981, on avait soumis la question de l’abolition de la peine de mort au référendum, le « non » l’eût emporté et la France eût traîné longtemps encore ce boulet honteux dont Robert Badinter l’a délivrée par son plaidoyer devant le Parlement ». Quand un sujet est trop passionnel, ce n’est pas mépriser le peuple que de le solliciter via ses représentants et dans des enceintes qui siéent mieux à des débats complexes. 3) Référendum, toujours : Les Centres E. Leclerc ont accepté de diffuser 750 000 exemplaires d’un numéro spécial du journal « l’Hémicycle » reprenant tous les termes du projet constitutionnel. Ce n’est pas la première fois que nous participons à des opérations pédagogiques. Pour le passage à l’euro, nous avions beaucoup investi en mettant notamment en circulation, plusieurs mois avant la date fatidique, deux millions de fac-similés euros. Cette fois-ci, c’est le SIG, le Service d’Information du Gouvernement, qui nous a sollicités. Même si le document reste peu lisible, je me félicite que Matignon soit passé au-dessus de nos querelles sur la loi Galland. Nous avons un réseau, une notoriété, une popularité, l’enjeu mérite qu’on collabore… Mais pour autant, était-ce bien nécessaire (et si peu reconnaissant) de faire croire que notre implication n’avait d’autre motivation que d’empêcher Casino (co-diffuseur) d’en revendiquer l’exclusivité. J’aurais pensé mieux des services du gouvernement ! ! ! 4) Culture : L’installation de la fondation François Pinault à Boulogne paraît compromise. Le financier aurait bouclé ce week-end l’acquisition du Palais Grassi à Venise. Il ne fait plus mystère de vouloir y exposer une partie au moins de ses collections. On pensera ce que l’on veut du bonhomme. Je le connais peu, malgré ses origines bretonnes. Mais tous les spécialistes en conviennent : il a constitué une collection inestimable d’art contemporain. Une des plus importantes dans le monde. Il « ne demandait pas le tapis rouge ». Il a dépensé 20 millions d’euros en études et honoraires pour un projet de 150 millions. Cinq ans après la signature d’une première convention avec la ville de Boulogne, les imbroglios administratifs, politiques et fonciers semblent avoir eu raison de sa patience. C’est probablement Venise, puis Berlin qui abriteront ses collections. Encore une leçon à méditer : quand la France se recroqueville et s’enlise dans ses querelles de clocher, l’Europe offre de nouveaux territoires à qui veut avancer !

6 Commentaires

D'accord avec vous sur l'usage du référendum. Mais, que n'aurait-on pas dit si chirac l'avait refusé !
Sur les marges arrière, la pression monte ! Je pense que le gouvernement va se replier en fin de parcours sur les travaux de la mission Chatel. Sinon, c'est une crise qui se profile à l'UMP, non ?
Sur la fondation Pinault, ce serait bon de savoir où ça cloche. Dommage qu'on l'entende si peu. Il a pourtant un bon réseau pour faire avancer ses dossiers. C'est le moins qu'on puisse dire !
Sur le référendum, je vous propose un lien avec la fondation Schuman, qui a fait 12 fiches pour mieux faire comprendre le texte : http://constitution-europeenne.info/special/dossier_parlementaire_constitution_def_fev05.pdf
Europe
Chirac, Raffarin., Sarkozy. Villepin…
Hollande, Fabius, Emanuelli ...
Gauche – Droite, on est en plein village d’Astérix avec le grand chef benêt, le petit malin bagarreur et plein d’énergie, le barde cacophonique, des poissonnières qui se foutent sur la gueule… dans le paysage il ne manque plus qu’une séduisante boutphiltre.
la cacophonie actuelle à gauche comme à droite me rappelle une conversation que j’avais eue avec un libanais lors d’un déplacement au moyen orient
Employer un français : c’est formidable : il est créatif, démerdard, il trouve des solutions
Employer un anglais : il est perdu et rien n’avance
Employer 2 anglais : vous avez un club
Employer 2 français : vous avez 2 chapelles qui passent leur temps à se jalouser et à se neutraliser
Réponse à Sébastien (18/04/2005)
1) J’ai rendez-vous cette semaine avec plusieurs députés en charge de la réforme de la loi Galland. Les députés conviennent que la proposition Jacob est difficilement applicable. Je pense que nous pouvons obtenir des améliorations en commission parlementaire. Mais ils ne pensent pas pouvoir obtenir gain de cause sur la « dépénalisation des infractions économiques ». Ils trouvent que ce n’est pas politiquement jouable ! ! ! A nous, distributeurs, de les convaincre à quel point le système devient prohibitif dès qu’il s’agit de vendre des marques.
2) Merci pour le lien avec la fondation Schuman. Je vais le mettre parmi mes favoris. Je pense qu’il eût été préférable que Jacques Chirac endosse une critique de forme en choisissant la voie du débat parlementaire. Ca n’aurait pas été plus loin. En France, tous les référendums ont eu cette image de plébiscite.
Je crois, pour ma part, que le référendum était inévitable, politiquement parlant. Le mieux est l'ennemi du bien !
Il s'agit bien quelque part de demander au peuple ce qu'il pense de la trajectoire prise par la construction européenne depuis Maastricht, c'est-à-dire depuis la dernière fois où il a été directement consulté.
Or, pour Maastricht, il y avait deux catégories de votants pour le oui : ceux qui voyaient dans ce traité une étape vers l'Europe politique, et ceux qui se contentaient de cette Europe-là. D'un côté, les promoteurs de "l'Europe puissante et solidaire", de l'autre les supporters de la seule "Europe marchande". Pour des raisons opposées, chacun acceptait ce traité.
Certains, parmi les premiers, votent aujourd'hui pour le non, ce qui au final pourrait faire toute la différence. Car, pour eux, Maastricht n'a jamais été suivi par un "Traité politique".
Le référendum a ainsi le mérite de remettre en perspective la construction européenne depuis Maastricht. Mieux probablement qu'un vote obligé du Parlement.
Peut-être, faudrait-il prévoir une consultation obligatoire mais qui ne soit que consultative. Cela existe dans d'autres pays. Si les Français votaient non, le Gouvernement pourrait dire à nos partenaires : y'a qqch qui cloche, essayons de voir si on peut faire mieux.
Mais de toute façon c'est trop tard !
Réponse à Babylone (19/04/2005)
Que pensez-vous de cette phrase de Denis Jeambar, éditorialiste de l’Express (25/04/2005) : « Ce n’est pas une tempête dans un verre d’eau…mais la démonstration que le pouvoir est une pétaudière où le seul jeu est la politique des boules puantes. Un gouvernement dont les ministres parlent à tort et à travers s’use en petite monnaie et finit en banqueroute. ».
Fondation Pinault
Quels sont les dessous de l’histoire de l’abandon de sa fondation sur l’île Seguin ?
D’un coté on peut comprendre l’impatience de Monsieur F.P.devant les lourdeurs et les lenteurs administratives et autres empêcheurs de tourner en rond.
On mesure là l’écart qu’il peut y avoir entre le temps « administratif » et le temps « privé ».
D’un autre coté cela sent le prétexte et appelle 3 remarques :
Tout d’abord, le dossier des terrains des anciennes usines Renault représente un projet de très grande envergure comme il n’y en a pas eu depuis des années en île de France. Je ne suis pas urbaniste, mais on peut imaginer que cela demande du temps en études, projets, concours, réactions, traitement de terrains industriels etc...
Certes 5 ans c’est bien long !
Le principal au bout du compte c’est qu’on n’en arrive pas à un « non-lieu » architectural comme certaines constructions de ces trente dernières années.
Ensuite, comme Sébastien je pense que Monsieur F.P.avait sûrement toutes les connexions nécessaires et utiles pour faire avancer son dossier.
Enfin et surtout cet homme d’affaire avisé n’est-il pas quelque peu ingrat car tout de même de combien d’aides, subventions, exonérations… n’a t’il pas bénéficié dans la filière bois, dans la reprise de la Scoa… sans parler de l’affaire Executive Life.
Si cela n’enlève rien à son talent cela l’a probablement aider à constituer sa fortune.
On ne peut que regretter sa décision et comme vous encourager à une reflexion sur la France étriquée. Il n'empêche qu'elle laisse un sentiment très mitigé sur le bonhomme.

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