ÉCONOMIE
Actus / Débats
Journal des 18, 19, 20, 21, 22 avril 2005
1) Politique :
Je cherche un titre de jeu vidéo. Vous savez, ces jeux extrêmement violents, avec des gros « splash » rouges sang quand la balle doum-doum pénètre la chair et broie les os ! Genre maxi-gore, pour rigoler. Tout ça pour illustrer les cruels jeux du cirque auxquels se livrent nos hommes politiques. Lundi, c’est Villepin qui tire au bazooka sur Raffarin : « Le 29 mai, c’est sûr, tu dégages ! ». Il enfonce encore un poignard dans le dos : « C’est Djack qui me l’a dit ». Le délit de lèse-majesté est confirmé à Sarko, en déplacement aux Sables d’Olonne. Avec la moue d’un Juda plein de compassion, il téléphone à Raff : « Tu as vu, Jean-Pierre, le mal qu’ils te font ! ». Le coup de téléphone est public, bien sûr, pour accréditer le rapprochement avec ce Premier Ministre qui a déjà des airs de sacrifié. Et Sarko de flinguer à son tour la « perte de sang froid de Monsieur Galouzeau de Villepin que nous avions déjà connue en 1997 chez l’initiateur de la dissolution ». Mardi, gros plan sur les visages, au petit déjeuner d’une réunion interministérielle. Les croissants restent sur la table. Villepin bredouille et se justifie. Raffarin profite du froid silence qui s’ensuit : « Répète un peu pour voir ». C’est Clint Eastwood et Charles Bronson, avec des airs de Groucho Marx. Ca finit sur RTL par une reprise en main du chef : « C’était un dérapage, j’ai rétabli l’ordre des choses ». Génial ! J’adore les bons scénarios. Dommage que ces grosses productions « hollyséennes » drainent le public hors des petites salles indépendantes où l’on donne cette timide production française : « Rêve d’Europe ».
2) Communication :
Mercredi, dans les kiosques à journaux, deux « Unes » se font face et se narguent : celle du Figaro entièrement consacrée au sacre de Benoît XVI (aucune allusion à une autre actualité) ; et celle de Paris Match : gros plan sur les traits tirés du visage de Caroline, minée par la mort du prince. Deux choix rédactionnels, deux politiques marketing qui disent clairement leur cible. Qu’en pensent les lecteurs ainsi catalogués, catégorisés, étiquetés. Le clientélisme n’est plus l’apanage des politiques. Et de l’économie marchande, les médias ont manifestement retenu toutes les recettes jusqu’à sombrer dans la caricature et le ridicule.
3) Politique :
L’affaire Destrade a trouvé son dénouement : l’ancien député PS des Pyrénées-Atlantiques a été condamné, jeudi, dans une affaire de trafic d’influence. 17 chefs d’entreprise et patrons de la grande distribution ont été aussi condamnés. Le tribunal n’a pas pu établir de lien entre ces versements et le financement occulte d’un parti politique. Ce volet de l’affaire a fait l’objet d’un non-lieu global en août 2004. On retiendra donc que tous ces chefs d’entreprise ont versé cet argent sans autre motif que de faire plaisir à un homme politique. Normal !
4) Société :
Le feuilleton du Lundi de Pentecôte fournit, chaque jour, sa part de gags. Tandis que Matignon confirme sa décision de mettre les Français au travail, la direction de la SNCF décide, ce vendredi, que le Lundi de Pentecôte sera finalement férié. (Tiens, le service public est indépendant ?).
Les cheminots travailleront 1 minute et 43 secondes de plus chaque jour pour compenser. Je ne sais pas quel modèle social la France veut défendre dans le concert européen. Mais pour qui lit la presse étrangère, ce feuilleton rocambolesque achève vraiment de nous discréditer.
3 Commentaires
Bien sincèrement.
Un magazine est un produit
Est-ce un produit comme les autres ?
Peut-être pas car il a un pouvoir d’influence sur l’opinion.
Mais il n’empêche que c’est un produit répondant aux critères : marché, positionnement, communication, prix.
Ciblé bien sur que le lecteur l’est.
Celui de l’Huma n’est pas celui du Figaro, celui de Libé. n’est pas celui de La Croix.
La une ou la couverture sont les accroches du chaland et moi lecteur ne suis-je pas content que la cible du magazine soit clairement affichée lors de mon choix en kiosque ?
J’accepte ou je rejette
Et puis au fond le lecteur cherche t’il le débat d’idées ou au contraire à être conforté dans ses idées ou ses centres d’intérêt par la lecture d’un support ciblé correspondant dans la forme et dans le fond à ses partis pris ?
La question de fond serait plutôt journalisme et objectivité, journalisme et prêt à penser, faits et omission, analyse et culture…
D’accord sur le fond avec votre dernière conclusion. Ma remarque n’avait d’ailleurs rien de divergent avec vous sur ce point. Par cet exemple, je renvoyais tout simplement aux médias la critique que trop facilement ils nous adressent : mercantilisme ou clientélisme.
Je retournais simplement le compliment : bienvenue au club, mais vous faites fort, messieurs de la presse !