Taxer les super profits
ÉCONOMIE Actus / Débats

L'inflation : c'est combien ? Et pour qui ?

Je ne voudrais pas alimenter un courant populiste ou poujadiste. Et comme le rappelait récemment Jean-Luc Mélenchon, en évoquant mes propos sur l'inflation : "Leclerc n'est pas communiste" !

Mais enfin, ouvrons les yeux.

On nous a fait le coup d'une économie de guerre, qui coûte très cher à produire : une situation pour laquelle "on n'y peut rien".

Je suis d'accord sur le fait que les premières sources de l'inflation viennent des dérégulations des marchés de matières premières (produits agricoles, minerais, énergie...). Je suis aussi d'accord que des chocs exceptionnels peuvent venir affecter temporairement des productions ou la fluidité des échanges (Covid, Ukraine, aléa climatique...).

Mais d'où vient cette quasi-résignation de nos élites à l'égard de ce fléau qui vient taxer le pouvoir d'achat de nos concitoyens ? J'avoue ne pas comprendre : pourquoi faudrait-il verser toujours plus d'argent public pour compenser les hausses dingues qui sont présentées, plutôt que de jouer le rapport de force avec ceux qui essaient de refourguer leurs factures aux consommateurs et aux contribuables ?

Ah, ça, parler de taxer les super-profits, c'est populaire, ça ne mange pas de pain, d'autant qu'on n'est même pas capable aujourd'hui de taxer les profits (tout court) des multinationales.

Par contre, mobiliser les acheteurs pour mieux organiser les appels d'offres dans les cantines, les services d'achats de l'Etat, de l'armée ou des collectivités locales, voilà qui me semble être prioritaire !

Tout comme une réhabilitation des politiques de concurrence pour s'en prendre aux cartels, aux ententes, qui obligent les acheteurs dans tous les métiers à payer le prix fort...

Ce que je regrette, s'agissant de notre vie politique, c'est qu'il n'y ait pas grand monde pour dire : "Halte à l'inflation !"

En instaurant le "bouclier énergie", Bercy a limité la hausse des prix français par rapport à celle de nos voisins européens.

C'est peut-être l'amicale pression de Bercy qui a "motivé" TotalEnergie, et dans une moindre mesure CMA-CGM, à mettre en place des ristournes volontaires. Mais faut-il s'arrêter là ? La publication des résultats de nos grandes entreprises devraient convaincre le même Bercy qu'il y a matière à négocier et à demander de différer des hausses, plutôt que de les répercuter brutalement cet automne, encore, aux Français.

Ce n'est pas qu'un constat, c'est un appel à la puissance publique. Pousser les entreprises et les administrations à acheter moins cher, ça doit redevenir une priorité.

3 Commentaires

Bonjour MEL
Un billet qui a du corps et du sens !
Nos politiques devraient tous le lire et essayer de le comprendre avant d’agir.
Ça doit leur donner à réfléchir.
Bon vent!!! Bien cordialement.
MDG
de toute cette gesticulation n est-ce pas la nécessité de rembourser en sonnant et trébuchant le quoiqu'il en coûte?
générosité momentanée conséquence de distribution massive de monnaie de singe!
Bonjour M. Leclerc,
En fait, le Gouvernement n'y peut rien.
Pour financer l'État, la BCE a imprimé beaucoup d'euros depuis 2014.
Tous ces euros ont d'abord été captés et piégés dans les marchés financiers et ont fait monter les cours des actions et des obligations.

Mais depuis le Covid, le gouvernement a adopté une politique clientéliste pour garantir la paix sociale et sécuriser une réélection.

Tous ces euros en plus dans l'économie réelle, ont, après le Covid, provoqué un choc de demande.
Ce choc de demande provoque actuellement une utilisation importante des infrastructures et des problèmes dans la chaîne d'approvisionnement.
Tout cela concoure à une plus grande rareté des biens et des services et donc une augmentation générale des prix.
Notamment des matières premières.

Dans le même temps, cette inflation diminue, à euros constant, le stock de dettes de l'État Français et le stock d'obligations en général.
La France est surendettée et le gouvernement n'a pas le choix.
Il faut bien payer cette dette et l'inflation est le moyen qui semble être le moins inacceptable.

En effet, une autre option est de faire une cure d'austérité pour avoir des finances publiques excédentaires afin de payer la dette ce qui risque de provoquer des problèmes sociaux.
Ou bien de refuser de payer la dette et de flouer(violemment) les épargnants Français et Européen et avoir des soucis de politique intérieure et extérieur important.
Ou encore de se mettre d'accord avec les autres pays européens pour fortement dévaluer l'euro mais l'Allemagne en a de mauvais souvenirs.

Malheureusement, la cause de cette inflation serait monétaire et elle est probablement structurelle et durable. Enfin, il paraît peu probable que la stratégie de forcer les prix bas puisse résister longtemps. En effet, les supermarchés risquent de se retrouver avec les rayons vides. Les fournisseurs ayant fait faillite ou refusant de vendre.

Pour finir le fait que vous soyez surpris de la situation me semble suspect et improbable. Ce billet est-il sincère ?

Cordialement,
Bonne journée.

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