La vérité sur la "baisse des prix"

La baisse des prix, vraiment ?! Les Français sont en droit de dire leur frustration sur ce sujet. Curieux spectacle ! Des ministres réclament aux grandes marques la répercussion de la baisse des marchés de gros. Ces mêmes industriels argumentent de l'augmentation de leurs charges, pour botter en touche. Et pendant ce temps, une féroce concurrence anime les messages publicitaires de chaque enseigne, chacun se réinvestissant sur ses marques propres.

Oui, j'ai conscience d'une belle confusion…. Je voudrais essayer de résumer ici mon point de vue !

1) le taux d'inflation général en France marque effectivement le pas à un pic de 5 ou 6 %, et va probablement descendre un peu d'ici la fin de l'année.

2) Si on prend en considération l'alimentaire, le taux est bien supérieur ! Il est d'environ 17% et continue d'impacter fortement le pouvoir d'achat des revenus les plus faibles... Ce taux va régresser aussi, probablement de moitié, et se "stabilisera" au niveau de l'inflation générale.

3) Mais "la baisse des taux" n'est pas "la baisse des prix"... Ça veut juste dire que des articles qui avaient augmenté de 20 % n'augmenteront plus "que" de 5 ou 6%.

4) Pour avoir des baisses de prix, Bruno Le Maire a demandé aux fournisseurs de faire des efforts. Mais pour le moment, sur le top 75 des grandes marques, seuls une dizaine ont accepté de renégocier. D'autres ont même re-réclamé des hausses ! ?

5) Les distributeurs vont faire pression et vont s'accrocher aux propos ministériels ! On prendra toutes les baisses qu'on pourra, on verra bien ! Mais à mon avis, les grandes marques nous proposeront au mieux des rabais sur leurs stocks d'invendus.

6) Il ne faut donc pas nourrir les français d'illusions. A part de bons coups réels sur les produits de "rentrée des classes" ("Esquisse" chez Leclerc) ou des initiatives activées par une forte concurrence entre enseignes, il n'y aura pas de grand soir des prix d'ici la fin de l'année.

J'insiste: même si E.Leclerc, Intermarché , Système U ou Carrefour arrivent à arracher quelques baisses sectorielles, ou à monter quelques belles opérations promos, ça ne compensera évidemment pas les spectaculaires hausses antérieures sur les pâtes, huiles de tournesol, etc. Ce qui a été pris dans la poche des Français ne sera pas rendu !

7) Pourquoi ce qui a été vite appliqué à la hausse ne fonctionne pas à la baisse ? Eh bien c'est à cause des lois françaises successives qui interdisent qu'on renégocie dans l'année.

Le ministre le sait, le président de l'Autorité de la Concurrence l'a dit : la loi est inflationniste. Pourquoi on ne la change pas ? Eh bien, disons-le, c'est parce qu'il y a au Parlement des politiques (de droite ET de gauche) qui, au fond, pensent que la hausse des prix, c'est bon pour les entreprises, et puisqu'il n'y a plus d'argent dans les caisses publiques, aider les marges c'est préférable aux subventions avec l'argent de l'Etat. Voilà !

Un débat auquel on n'aura pas été associé. Un débat qui coûte cher aujourd'hui... ?