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Référendum : L’Europe inspire un partisan du « non »

Par deux fois cette semaine, sur le plateau de BFM et dans un restaurant très parisien, j’ai rencontré William Abitbol. Cet ancien député européen, collaborateur et ami de Charles Pasqua, milite pour le « non ». Il a pour lui d’avoir été membre de la convention chargée de préparer la Constitution. Il a de l’humour et même des talents littéraires. Et pour argumenter contre mon appel à voter « oui », il m’oppose avec délectation cette fable de son cru que je n’hésite pas à vous livrer… M.E.L. Les animaux et la Constitution Quinze grands-ducs s’ennuyaient. Sans penser à malice, Ils en convièrent dix autres à faire une grande Suisse. Les nouveaux invités ne se le firent pas dire Et voulurent aussitôt leur morceau de l’Empire. Las ! De morceau ou d’Empire, il n’y en avait plus guère Et ce qui prospérait c’était bien la misère Le labeur désertait les champs comme les villes, L’argent devenait rare et de plus en plus vil. L’Empire faisait pitié, devenu famélique Tandis que s’engraissaient la Chine et l’Amérique Personne ne comprenait. Ne s’était-on doté de la même monnaie L’euro, qui rayonnait du Tage à la Baltique Répandant ses bienfaits jusqu’à l’Adriatique ? Et d’avoir sur le Main Un bel aréopage Pour veiller sur nos gains N’était-ce pas plus sage Que de laisser chacun Libre de son usage ? Il y eut conciliabule. On y vint de partout et même d’Istanbul. Pour mener le débat, on prit un vieux babouin Qui depuis vingt cinq ans s’ennuyait dans son coin. Un Aigle, c’est bien le moins, eut l’idée qui fit mouche Ce fut un mot magique qui sortit de sa bouche. « Constitution » dit-il. Aussitôt effacés Furent tous les soucis jusqu’alors ressassés. « Constitution, bien sûr, ne l’ai -je toujours dit » Se rengorgea le Coq. Même le Lion s’y rendit. On se congratula munis d’un tel viatique, Où tout était prévu y compris la musique Chacun rentra chez soi répandre la nouvelle. Les marquis en tous lieux célébraient la libelle Dansaient sur les estrades, trônaient dans les gazettes. On conviât les manants à être de la fête. « Ma foi dit le Lapin., mais où est ma luzerne ? » Il vous faut sur ce point éclairer ma lanterne. « Constitution ? fort bien » avança le Renard, « Mais qui me fournira les poules et le canard ? » Là haut on s’esbaudit devant tant d’ignorance. « Les pauvres, se dit-on, se croient toujours en France. Nous traitons en ce lieu d’une Constitution Et non point de leurs maux la moindre solution. » On fit venir l’Agneau, réputé plus docile Qui plutôt que loups choisit les imbéciles Les grenouilles jurèrent ne plus vouloir de grue, Le corbeau rappela qu’on ne l’y prendrait plus. La question appartient à celui qui la pose La réponse, bien souvent, à ceux qui s’y opposent. Jean de la Fontaine Pcc William Abitbol

8 Commentaires

Un grand merci pour nous rapporter cette fable savoureuse. Je n'ai malheusement pas le talent de monsieur Abitbol, mais une fable pour le Oui, s'impose. Qu'en pensez-vous ?
L'idée de base pourraît être la phrase d'Alain Juppé : Entre les partisans du Non, après le 29 Mai, en cas de victoire, ..." La synthèse ne sera pas facile à faire".
Certain d'entre eux grâce au bêbête show ont déjà un double chez les animaux.
Je vous propose d'aborder ce difficile sujet de façon méthodique:
1- recenser les partisans du NON les plus connus
2- identifier leurs traits de caractère ou une idée originale en rapport avec la Constitution (pas facile)
3- Trouver leur double chez les animaux
4- imaginer l'histoire avec un dialogue entre eux
5- Confier nos travaux à un blogueur ou mieux à une blogueuse (je les imagine plus fine) ayant de l'humour et le talent de Jean de La Fontaine)
6- Mettre sur les rangs un ou plusieurs graphistes (idéalement des dessinateurs de Bande dessinée: fort et discret appel du pieds
7- Un podcasteur pour mettre en musique et en sons quelques dialogues
8- Faire une traduction dans toutes les langues européennes
9 - Publier le résultat avant le 29 Mai et adresser une copie sous plis scellé avec motard à monsieur Abitbol
10- Vendre le Résultat de ce travail collaboratif sous la forme d'une clef USB aux couleurs de l'Europe à des milliers que dis-je à des millions d'exemplaires dans toute l'europe en réservant les bénéfices à une grande cause européenne. Je propose l'Institut du Cancer ?
Il a du talent, william !
Comme des enfants qui refuseraient de grandir
Devant ce qu'ils considéraient comme un affreux sabir
A leurs yeux, nul comportement plus responsable
Que celui, paraît-il courageux, de rejeter les nouvelles Tables.
L'entreprise leur paraissait folle, on leur rejouait le coup des Espagnols !
Cette fois, il y aurait plus qu'une simple réclamation,
La facteur, rouge de colère, en appellerait à la Révolution !
Et puisque dans tout duel, seul le résultat compte,
On mélangerait allègrement le réel et le conte,
Surtout, ne pas séparer le bon grain de l'ivraie
Puisque la victoire est à ce prix,
Craindre les lendemains, plutôt que dire vrai
Tuer les espoirs, pour mieux conquérir Paris !
Tentative de réponse à William
Défenseur des pasquinades,
qui à coup sur nous mettrons dans la panade,
William n’est pas le conquérant
de ce continent, un peu errant,
que des constituants
ont tenté de faire aller de l’avant.
Zeus il ne l’est pas, ce fils de Tyr ou de Sidon,
sinon par cette Europe il devrait être séduit.
A ne pas vouloir être un taureau il sera réduit
à de la farce revêtir l’habit du dindon.
Cette fille de Phénix, il est vrai, à cinquante ans
n’a que les formes imparfaites d’une adolescente.
Mais sa constitution n’en est pas moins décente
et d’y entreprendre une descente est tentant.
Issue d’une paternité multiple ce sera aux prétendants
De rendre cette déesse encore plus séduisante et incandescente.
Plutôt que de s‘accrocher au bollard,
larguons les amarres.
Sinon du dollar
nous demanderons l’obole.
Ca y en a marre
Monsieur Abitbol
Si de la perfection
cette constitution
n’a pas tout l’aura,
ce n’est pas rien.
Le mieux
est l’ennemi du bien,
et un tient vaut mieux
que deux tu l’auras
Que de talent chez William !
Mais il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre...
"Le Roi, en ce temps-là, était bien désoeuvré :
Plus de sujets faciles sur lesquels s’emporter,
Plus de guerres à combattre, plus de veuves à défendre,
Que d'affaires courantes… et une corde pour se pendre !
Las de voir, impuissant, sa cote s’effriter,
Il cherchait, ronchonnant, un bel os à ronger,
Un thème populaire, que tous voudraient voter,
Une victoire personnelle, un plébiscite caché.
Tamisant sans relâche le fond de sa pensée,
Il tomba par hasard, sur une fumeuse idée :
« L’Union Européenne ! Que n’y avais-je pensé ?
A telle œuvre, bien sur, nul ne peut s’opposer ! »
Traînait-là un traité, une Constitution,
Qu’il fallait ratifier… Trop belle fut l’occasion,
D’à tous demander, enfin, son opinion,
Et en sortir grandi, les prenant pour des cons.
Amis et ennemis, détracteurs zélés,
A sa cause éperdue, tous devaient se rallier.
Mieux qu’un référendum, une formalité !
Un Oui franc et massif, une victoire assurée…
D’abord brise légère, puis vent de rébellion,
Des fâcheux s’en mêlèrent, sonnant contestation,
« C’est un mauvais Traité, piètre Constitution,
Notre vote est scellé, et ce sera un Non ! »
Dans le royaume entier, ce fut consternation,
Car leurs discours rodés emportaient l’opinion.
Plus de formalité, c’était révélation
D’un peuple irrité, soumis à la question.
Alors chacun plongea dans le fameux Traité
Cherchant fébrilement de quoi se raisonner.
La lettre était pénible, l’esprit alambiqué,
La longueur terrible, et le style ampoulé.
Peu trouvaient leurs petits, moins encore les cherchaient,
Avec ce texte aride, tous à l’Ouest se perchaient.
Croyant parfois comprendre, ce qu’Ils voulaient bien dire,
Avant de lire, penauds, le contraire et le pire !
Abandonnant le fond, aux seuls spécialistes,
Qui, l’espace d’une soirée, se muaient en juristes,
Et expliquaient, sur d’eux, à qui voulait entendre,
Par delà les écrits, ce qu’il fallait comprendre.
Lassée de trop se voir ainsi manipulée,
La plèbe irritée, s’en est allé voter,
Se présentant aux urnes en larges bataillons
Adressant au pouvoir,… (au choix)
… un Oui sans illusion
… un ferme et cinglant Non"
je vous propose la réponse suivante (pénible la mise en page ! -) :
les Animaux et la Constitution
Dans une grande et belle ferme et dans un beau pays
Une basse cour enfin jouissait d’une accalmie.
Depuis combien de temps, par le diable tiraillée,
Cette basse cour là ne s’était déchirée ?
On l’a coupa en deux, brisant son équilibre,
Mais le temps fit son œuvre et l’Union allait vivre
Tous avaient compris, par les malheurs vécus,
Que rien désormais ne la séparerait plus.
On se mit alors à penser au futur
L’harmonie et la joie, choses infiniment pures,
Etaient dans le programme, et pour en être sûr
De règles on se dota afin que cela dure
Du coq prétentieux au dindon effacé
Il fallait tous ensemble construire cet avenir
Car renards et loups rodaient, cela était le pire
On décida de règles bien équilibrées
Qui de chacun gardaient la propre identité
C’était une première et chacun le savait
Cette basse cour là d’exemple servirait
On brisa toutes les chaînes, donnant la Liberté
A chacun d’aller à l’endroit désiré
On se fixa comme règle, et c’est là nouveauté,
De vivre tous ensemble en Solidarité.
Les plus faibles attendaient protection des plus forts
Les plus forts demandaient aux plus faibles des efforts
Chacun avait compris que dans son intérêt
Cette Union devait vivre avec ses attraits.
Des réalités du monde il fallait tenir compte
Ne point imaginer que l’on allait tout rompre
Du splendide isolement certains étaient preneurs
Mais la réalité avait ses défenseurs
Des origines de l’un, des croyances de l’autre
Certains voulaient clairement que personne ne les ôte
Quelle importance en fait, chacun en vérité,
A respecter les autres était bien décidé.
Certes comme il va dans chaque expérience
Rien n’était parfait, mais c’est là une chance
Car s’améliorer et quoique l’on en pense,
Est un but sacré dans chaque existence.
Re Babylone, Marc, sébastien, Jean-Marc Bondon
Bravo, amis des belles lettres et de la politique.
Nul doute qu’ici, on décernera bientôt les palmes académiques.
Décidément, l’appel de Jean-Marc Bondon donne des idées.
Prova d’orchestra dans la basse cour
Dans un vieux poulailler triste et mal barré
régnait un vieux chapon aux plumes décolorées,
entouré d’un raminagrobis dégriffé,
d’une mouette agacée qui se met à piaffer
fort d’à l’o.n.u. avoir semé la panique,
du coquelet de Neuilly qui veut lui faire la nique,
grattant la terre, impatient d’être à demain,
et jouant une partition à plusieurs mains
par tout un aréopage très emplumé
qui par caquetage ne cesse de nous enfumer.
Partie d’une communauté de vingt cinq volières
fonctionnant sous un traité de Nice plein de vices,
on fit appel au paon déplumé de Chamalières,
qui par un retour du destin, concocta avec délice
une constitution régissant la grande volière.
Déployant sa roue il n’en était peu fier.
Le vieux coq voulant encore séduire les poules
se lança dans une consultation maboule.
Chance ! Soutenu par l’ancien ara de la culture
Et le pélican ancien praticien de la suture,
le dindon de Corrèze vint à son secours
par un vote majoritaire et sans recours.
Et patatra voilà que le crane d’œuf de Rouen,
désirant se démarquer, part à contre courent.
Voulant exister à tout prix cré non de non !
il initie par la même la campagne du non.
C’est alors qu’un ensemble de gallinacés
très souvent hors sujet crient : il y en a assez !
La pie voleuse des landes la dénonce libérale,
le pigeon voyageur hurle à l’anti-social,
la dinde voudrait le buffet plus généreux
et ailleurs la production des œufs elle ne veut.
Voilà ces chanteurs de l’internationa-ale
unis aux cocoricos du tout national
qui ne veulent pas céder sur la souveraineté.
Ceux du vieux corbeau borgne de la trinité
qui du poulailler veut resserrer le grillage,
ceux qui de Bruxelles dénoncent le gaspillage
tel le héron cendré de Vendée, aristocrate
jouant aux fléchettes sur les eurocrates.
Sans parler de l’aiglon esseulé de Belfort
qui de la vielle buse corse reçoit le renfort.
Effrayé du non, pour lequel que n’a t-on ouit,
chapon et dindon en campagne pour le oui,
devant un poulailler atteint de grippe aviaire
que pour circonscrire ils n’ont pas la manière,
en appellent à la chouette blanche à lunettes
et à la mésange dorée pour la reconquête.
Si l’on comprend le poulailler plein d’inquiétudes
ce n’est pas sur un non à la volière à l’étude
que le vieux chapon tirera sa révérence.
Dans la grande volière unissons nos différences.
En son sein, de petits coqs devenons des aigles
pour faire face au renard bridé qui rode espiègle,
au vautour charognard assoiffé de dollars,
au retour peut-être de l’ours pas si goguenard,
et au tigre du Bengale qui nous rêve au curry.
Le seul choix : de l’avancée prendre le pari.

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