Le serment des postiers pour la confidentialité
A l’occasion du salon international Viva Tech, la branche numérique de la Poste a pris une initiative spectaculaire et sympa. 83 postiers ont prêté serment en public et ont juré respecter le secret des correspondances qui leur sont confiées.
Je ne savais pas que les postiers perpétuaient cette tradition séculaire, dont étaient habituellement crédités les avocats, les médecins, les gendarmes, les notaires, …
Avec ce petit côté décalé, la Poste en profite pour faire là une « bonne communication ». Elle relève un challenge qui aujourd’hui est à contre-courant d’une forme de bien-pensance.
Un peu partout, s’est imposé un devoir moral de transparence (comme si c’était une vertu en soi), autorisant des tiers (journalistes, blogueurs, …) à venir déshabiller nos vies privées.
Hier protégé par le droit à la confidentialité, tout responsable social, économique ou politique devient aujourd'hui la cible potentielle d’une forme de hacking, que par impuissance ou complicité, « le système » ne gère plus. Certes, il y a le prétexte des bonnes causes, et on parera alors le fauteur du titre prestigieux de « lanceur d’alerte ». Mais la cause devient douteuse quand elle prive le citoyen lambda d’une défense judiciaire (qui sera trop tardive) après médiatisation et manipulation dans les réseaux publics. Telle audition devant un magistrat, hier protégée par le secret de l’instruction, se retrouve dès le lendemain en Une du Monde ou de Libé. Tel contentieux avec le fisc, se retrouve dans le Canard Enchainé, par la grâce d’un fonctionnaire militant. Tel document de travail, non encore abouti, se retrouve publié comme un acte engageant. Ou des courriers « Secret Défense » où les noms de militaires ou de civils sont jetés en pâture sans garantie que la transparence exigée serve l’intérêt public.
Je déteste cette catégorisation morale qui confère aux uns le droit de juger la vie privée des autres, ou de les obliger à s’en justifier. Un journaliste, un lanceur d’alerte, aurait le droit à la protection de « leurs sources », quand une entreprise ou un particulier n’aurait plus le droit au secret des affaires ou des personnes.
Et quand elle s’attaque à des personnes privées, j’y vois une forme de totalitarisme, tel que décrit par les grands romanciers dénonciateurs: Philip K. Dick, George Orwell, Aldous Huxley.
Oui les postiers sont sympas. Oui le geste des postiers fait sens. Ils rassurent par leur exigence professionnelle et la sécurité qu’ils nous apportent. La confiance qui leur était accordée dans nos villages et dans notre vie quotidienne doit pouvoir rester la même s’agissant d’échanges numériques.
Cela s’appelle tout simplement la déontologie !
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