SOCIÉTÉ Santé

Benoît Hamon est sur la bonne voie !

Sur ce blog ou dans la presse, j’ai souvent commenté le projet de loi Hamon sur la consommation et dénoncé certaines dérives (rigidité de l’encadrement des négociations commerciales, risques d’éviction des produits des PME de nos rayons, etc.).

Mais depuis le début, j’ai aussi salué des dispositions qui me semblent aller dans le bon sens : class actions, encadrement du crédit consommation, libéralisation de la vente des tests de grossesse et des produits pour les lentilles…

Je soutiens la libre vente des lunettes

Evidement ce matin je renouvelle avec force mon soutien à Benoît Hamon dans sa décision de faire adopter des amendements à son projet de loi, destinés à faire baisser le prix des lunettes. L’ambiance va être polaire avec son colocataire Montebourg dans les prochains jours, mais Hamon a raison.

On se souvient qu’il y a quelques mois, la Cour des Comptes s’était penchée sur le marché de l’optique et l’avait qualifié de « peu concurrentiel, opaque et cher ». Selon ses magistrats, le prix payé par les Français était plus de deux fois supérieur à la moyenne des quatre grands pays européens.

L’UFC Que-Choisir confirme le diagnostic, année après année, sans que ses informations ou ses révélations sur les prix de vente en magasin ne soient vraiment démentis ni les pratiques rectifiées.

Lentilles, lunettes, médicaments OTC : même combat !

Vous vous y attendiez...si je félicite le ministre Hamon, je l’encourage aussi à aller plus loin dans la restitution de pouvoir d’achat aux Français !

Dans Les Echos ce matin, "l'entourage du ministre" fait savoir que la libéralisation de la vente de lunettes n’est possible que parce que « le sujet est mûr » et que cela « peut se faire sans déstabiliser le marché ».

Si ce sont vraiment les deux critères pour faire bouger les choses, je prends ! Monsieur le ministre, c’est exactement pareil pour les médicaments OTC !

Tout comme pour l’optique, le sujet est mûr. Regardez le nombre d’acteurs importants (y compris dans le monde médical) qui réclament désormais l’ouverture du secteur.

En outre, cette libéralisation peut se faire sans déstabiliser le « marché » :

• Nous ne demandons pas à vendre TOUS les médicaments (ce qui permet de maintenir une différenciation avec les pharmacies d’officine),

• Au vu du vieillissement de la population le marché est en croissance, y compris en termes d’emplois,

• Quel risque représenterait pour les 26.000 officines françaises l’arrivée de quelques centaines de parapharmacies en plus dans la vente d’une partie des médicaments ?

Non vraiment il n’y a aucun risque de déstabiliser les officines en libéralisant la vente de médicaments OTC. La fermeture de certaines officines depuis quelques années n’est pas le fruit de la "concurrence mortifère" d’autres acteurs (et pour cause puisque la concurrence n’est pas autorisée par la loi !) et il faut donc en chercher les raisons ailleurs.

Va-t-on enfin sortir des seuls débats corporatistes ?

Il est troublant de voir les similitudes de problématiques entre lunettes et médicaments OTC. Le surcoût du monopole pour les patients français se chiffre en milliards d'euros, les prix prohibitifs des produits (lunettes ou médicaments) peuvent décourager certains patients et les inciter à renoncer à se soigner.

Enfin les arguments « en défense » mis en avant par les opticiens et les pharmaciens d’officine sont identiques… c’est le même discours, les mêmes alertes, les mêmes plaidoiries. Ce sont aussi les mêmes parlementaires qui viennent s’opposer à toute remise en cause des monopoles.

Tous ces gens font comme si le nombre de Français qui renonçaient à des soins, des médicaments ou à des lunettes en raison du prix ne cessait pas d’augmenter ! Ils font comme si Internet n’existait pas, et feignent de ne pas voir que déjà beaucoup de Français vont sur le web pour tenter de se procurer (la plupart du temps sans contrôle) des produits moins chers.

Ils font comme si n’était pas dénoncé depuis des années par de multiples enquêtes indépendantes, le manque de conseils et de mises en garde lors de l’achat de médicaments OTC. Tout le monde sait que dorment dans les tiroirs de Bercy quelques explosifs rapports sur le coût des professions réglementées et leur poids sur le pouvoir d’achat des Français !

Alors Monsieur le ministre, je vous encourage, et je vous pose la question : s’arrête-t-on au milieu du gué ?

2 Commentaires

Salut Mel!

Le choix des verres et des montures d'une paire de lunettes est du sur mesure et demande un service après vente. J'ai eu l'occasion de rapporter plusieurs fois la même paire de lunettes moi même chez l'opticien pour des soucis de monture. On peut imaginer une standardisation de l'offre avec des produits moins techniques, plus robustes pour répondre à une demande de prix bas. Je vous rejoins dans ce sens. Il y a tant de difficultés aujourd'hui que soit on remonte les salaires et les pensions, soit il faut baisser les prix des produits. Les opticiens sont largement présents en centre ville. Certains risquent donc de disparaître suite à une guerre des prix.
La guerre des prix n'est elle pas le fléau de notre économie, celle qui mène les salariés au chômage en donnant du travail aux robots? Robots internet, robots de fabrication, robots de transport, robots de surveillance, robots de paiement, robots de relance d'impayés.. C'est bien beau tout ça mais alors il ne faut pas mettre la valeur travail au centre de notre société et pénaliser ceux qui n'en ont pas.
Le transport aérien a crée beaucoup d'emplois mais combien de contrats précaires? Le low cost crée des flux mais peu de retour pour les salariés qui consomment encore moins et moins cher. C'est un cercle vicieux surtout lorsque les prélèvements obligatoires de type eau, gaz, électricité augmentent...qu'on se le dise...
parfaitement d'accords avec vous.Les robots,volent le travail des salariés,d’où fermetures d'entreprises et donc chômage.

Laisser un commentaire

Cette adresse n'apparaîtra pas à la publication