ÉCONOMIE
Actus / Débats
Coopératives et associations de commerçants : Alternative à la concentration des hypers ?
Les adhérents de mon enseigne et d’Intermarché viennent de décider de rejoindre la Fédération du Commerce Associé. Nous l’annoncerons ce matin, lors d’une conférence de presse. Nous y rejoindrons Système U et une pléiade d’autres enseignes.
Pour la première fois, tous ensemble, nous allons affirmer notre volonté de faire cause commune avec ce secteur coopératif qui « pèse », en France, 30 000 points de vente (25 000 entreprises) et emploie 385 000 salariés. Vous connaissez certainement l’une de leurs 88 enseignes. Dans le jouet et la puériculture : Jouetland, Bébéland, Bébé 9 ; dans l’optique : Krys, Optic 2000 ou Atol ; dans la photo : Camara et Phox ; dans le sport : Intersport, Sport 2000 ou la Halle au Sport ; le tourisme : Selectour ; dans les supermarchés : Système U…, Intermarché et E. Leclerc désormais.
Beaucoup d’entreprises de distribution subissent la standardisation des comportements façonnés par la pression boursière et les critères des seuls analystes financiers (priorité au court terme, au rendement trimestriel des actions, « à la création de valeur »).
Nous, distributeurs indépendants mais organisés en associations, avions senti depuis longtemps la difficulté de tenir position commune avec nos collègues intégrés sur des sujets comme la loi Royer ou la loi Galland, par exemple. Nous avions envisagé d’intégrer leur Fédération pour construire une véritable interprofession. Ca reste un projet et probablement une nécessité (nous participons d’ailleurs à plusieurs commissions –sociale et environnement- de la FCD). Mais nous ressentons le besoin d’exprimer nos valeurs propres et nos différences.
Il faut arrêter les amalgames et les concepts réducteurs : « la grande distribution » n’existe pas en tant que telle, pas plus que « la grande presse » ou « les politiques ». Par leur origine, leur stratégie, leur organisation, les enseignes de la distribution signent des histoires différentes et concurrentes. Rien à voir entre les objectifs de Casino et de Leclerc. Le Stéphanois ouvre et relève les compteurs pour augmenter ses profits cumulés, et il le fait bien. Le Landernéen construit un réseau pour permettre à 500 chefs d’entreprise autonomes d’exploiter, dans le respect d’une charte de prix, leurs propres magasins.
A travers les différentes polémiques qui ont agité le secteur de la distribution, Intermarché, Système U, Leclerc, mais aussi les enseignes spécialisées du commerce, se sont reconnues des valeurs communes, des préoccupations partagées. Ils veulent pouvoir exprimer collectivement (face aux pouvoirs publics et aux organisations de consommateurs), leur utilité sociale. Ils veulent s’affirmer comme une alternative performante, mieux ancrée dans les terroirs, plus sensible à la question consumériste face à la distribution intégrée. Une promesse, un défi.
Dans le cadre des « Rencontres du Commerce Associé » qui se dérouleront dans la foulée, ce matin aussi, des présidents d’enseigne, des économistes vont débattre des spécificités des groupements de commerçants. Seront abordés les grands enjeux : à quelles conditions d’organisation et de management peut-on prétendre rester indépendant. Quelles sont les précautions juridiques et financières pour qu’un groupement coopératif puisse se développer avec des capitaux extérieurs sans s’y inféoder. Comment la valeur produite dans l’ensemble d’un groupement peut-elle être partagée au sein du réseau par les propriétaires et par les salariés. Quels sont les formats de magasin les plus adaptés au commerce indépendant ; comment organiser les échanges d’expériences et le partage des savoir-faire, au sein de groupements dont les adhérents sont de plus en plus concurrents ?
Tels sont les thèmes des ateliers auxquels évidemment je participerai. A cette occasion, Jean Leroyer (Système U) qui est président de la Fédération, recevra Christian Jacob pour une allocution de clôture. Ce sera pour lui, je l’espère, l’occasion de nous éclairer et de répondre à cette question : comment protéger chacun de nos milliers d’adhérents des innombrables sanctions pénales prévues dans sa loi… sans avoir à mettre en place un dispositif de contrôle et de décision national qui risque de transformer tout groupement en une organisation quasi intégrée ? Avouez que c’est un beau sujet de dissertation.
18 Commentaires
Mais, m'étonnerait que le ministre apporte une réponse là-dessus. Vous nous direz ...
Le problème pour les indépendants n'est-il pas le financement de la croissance : pour croître, il faut investir, pour investir, il faut faire appel à des capitaux extérieurs, lesquels ne sont intéressés que s'il y a de réelles chances de retour rapide sur investissement, et dès lors quel est le degré d'indépendance de nos "indépendants" ?
En un mot, autre sujet intéressant : l'indépendance est-elle conciliable avec la taille ? Vous avez 4 heures ...!!!
Vous posez une question à MEL : l'indépendance est-elle conciliable avec la taille ?
Je ne sais pas ce qu'il répondra.
En tout cas, quelques exemples montrent que l'on peut développer de formidables entreprises tout en conservant le contrôle de leur capital. Cela suppose néanmoins de ne pas se fâcher avec ses frères et soeurs ni ses cousins, de ne pas mettre le doigt dans l'engrenage de la Bourse et de conserver la haute main sur le juridique. Quelques exemples de très belles affaires, encore totalement familiales : Aldi (les frères Albrecht), Ikea (Ingvar Kamprad), Auchan & Cie (famille Mulliez).
Henri Stourn
Quelle est votre position sur l'e-distribution, et pensez vous que la distribution est prête à prendre cette nouvelle voie qui devrait lui permettre de proposer une nouvelle manière de consommer.
Pouvez vous ouvrir un dialogue sur e et distribution?
CDT
Jean-claude
je découvre vos propos (je connaissais déjà la synthèse du colloque des rencontres du commerce associé) en recherchant sur Internet des informations au sujet des groupements de détaillants. En effet, j'ai rédigé un mémoire de recherche en sciences de gestion à propos du thème que vous évoquez. Mon mémoire s'intitule "Les stratégies collectives des membres d'un réseau peuvent-elles résister à l'émergence d'un système de décision hiérarchique ? Le cas des groupements de détaillants". Il est fort probable que je reconduise (en le retouchant) ce sujet pour une thèse. Serait-il possible, dans le cadre d'une démarche de recherche, d'envisager une collaboration (dont la forme serait à définir)avec le groupement LECLERC ??
P.ABRARD
Cher Philippe, je serais évidemment tout à fait disposé à répondre à un entretien ou à une série de questions dans le cadre d’une thèse. Mais pour le moment, je n’ai pas d’idée précise sur ce que pourrait être une collaboration telle que vous la souhaitez. A l’occasion, essayez d’en préciser les contours, et écrivez-moi : ACDLec, 52 rue Camille Desmoulins, 92451 Issy les Moulineaux.
Etudiante en droit de la distribution, je souhaite savoir quelle forme juridique de société est intermarché, les Mousquetaires (je sais qu'elle est à capital variable mais je ne sais pas si c'est un SA ou une coopérative...).Je parle de celle qui regroupe les commercants indépendants qui ont des parts dedans. Pourriez -vous me donner des infos sur son fonctionnement SVP?
Merci d'avance
Je découvre votre commentaire sur la disparition des petits commerces.
Commerçante indépendante d'une petite surface multi-services dans un village d'envion 1500 habitants, je suis confrontée pour l'activité épicerie à une politique tarifaire de la part de mes fournisseurs qui ne me permet pas de proposer des prix interressants à mes clients.
Accueil, conseils, disponibilté sont les qualités et la force des petits commerçants, mais celles-ci doivent être acompagnées de tarifs compétitifs.
Pouvez-vous m'indiquer quelques pistes (grossistes, unions de commerçants...)
Merci de votre réponse, à bientôt.
Mais, m'étonnerait que le ministre apporte une réponse là-dessus. Vous nous direz ...
Le problème pour les indépendants n'est-il pas le financement de la croissance : pour croître, il faut investir, pour investir, il faut faire appel à des capitaux extérieurs, lesquels ne sont intéressés que s'il y a de réelles chances de retour rapide sur investissement, et dès lors quel est le degré d'indépendance de nos "indépendants" ?
En un mot, autre sujet intéressant : l'indépendance est-elle conciliable avec la taille ? Vous avez 4 heures ...!!!
Vous posez une question à MEL : l'indépendance est-elle conciliable avec la taille ?
Je ne sais pas ce qu'il répondra.
En tout cas, quelques exemples montrent que l'on peut développer de formidables entreprises tout en conservant le contrôle de leur capital. Cela suppose néanmoins de ne pas se fâcher avec ses frères et soeurs ni ses cousins, de ne pas mettre le doigt dans l'engrenage de la Bourse et de conserver la haute main sur le juridique. Quelques exemples de très belles affaires, encore totalement familiales : Aldi (les frères Albrecht), Ikea (Ingvar Kamprad), Auchan & Cie (famille Mulliez).
Henri Stourn
Quelle est votre position sur l'e-distribution, et pensez vous que la distribution est prête à prendre cette nouvelle voie qui devrait lui permettre de proposer une nouvelle manière de consommer.
Pouvez vous ouvrir un dialogue sur e et distribution?
CDT
Jean-claude
je découvre vos propos (je connaissais déjà la synthèse du colloque des rencontres du commerce associé) en recherchant sur Internet des informations au sujet des groupements de détaillants. En effet, j'ai rédigé un mémoire de recherche en sciences de gestion à propos du thème que vous évoquez. Mon mémoire s'intitule "Les stratégies collectives des membres d'un réseau peuvent-elles résister à l'émergence d'un système de décision hiérarchique ? Le cas des groupements de détaillants". Il est fort probable que je reconduise (en le retouchant) ce sujet pour une thèse. Serait-il possible, dans le cadre d'une démarche de recherche, d'envisager une collaboration (dont la forme serait à définir)avec le groupement LECLERC ??
P.ABRARD
Cher Philippe, je serais évidemment tout à fait disposé à répondre à un entretien ou à une série de questions dans le cadre d’une thèse. Mais pour le moment, je n’ai pas d’idée précise sur ce que pourrait être une collaboration telle que vous la souhaitez. A l’occasion, essayez d’en préciser les contours, et écrivez-moi : ACDLec, 52 rue Camille Desmoulins, 92451 Issy les Moulineaux.
Etudiante en droit de la distribution, je souhaite savoir quelle forme juridique de société est intermarché, les Mousquetaires (je sais qu'elle est à capital variable mais je ne sais pas si c'est un SA ou une coopérative...).Je parle de celle qui regroupe les commercants indépendants qui ont des parts dedans. Pourriez -vous me donner des infos sur son fonctionnement SVP?
Merci d'avance
Je découvre votre commentaire sur la disparition des petits commerces.
Commerçante indépendante d'une petite surface multi-services dans un village d'envion 1500 habitants, je suis confrontée pour l'activité épicerie à une politique tarifaire de la part de mes fournisseurs qui ne me permet pas de proposer des prix interressants à mes clients.
Accueil, conseils, disponibilté sont les qualités et la force des petits commerçants, mais celles-ci doivent être acompagnées de tarifs compétitifs.
Pouvez-vous m'indiquer quelques pistes (grossistes, unions de commerçants...)
Merci de votre réponse, à bientôt.