ÉCONOMIE
Actus / Débats
Journal du 19 au 24 mai 2005
1) Lundi de Pentecôte : Le feuilleton continue, tout aussi dérisoire. Le groupe Total a appliqué la loi, les syndicats se sont crispés : grève de 5 jours. Raffarin a cru devoir s’en mêler, ce jeudi (les raffineries sont bloquées, menace de pénurie à quelques jours du référendum ! ! !). Il stigmatise l’absence de dialogue social (laissant entendre qu’avec de si gros profits, Total a les moyens de payer). Résultat : la direction se sent lâchée, elle cède. Les salariés seront indemnisés et bénéficieront d’un jour de RTT supplémentaire. Après ce qui s’est passé à la SNCF, c’est encore un camouflet pour le Premier Ministre qui, décidément, dans cette affaire, a perdu tout le crédit qui lui restait.
2) Défense du livre : Le Syndicat National de l’Edition s’irrite : le journal Le Monde a lancé, ce week-end, une opération commerciale en vendant, pas cher, des livres d’art en kiosque. Voilà, dit le SNE, qui va « altérer l’image du livre, détourner les lecteurs des librairies, et fragiliser leur réseau ». Il est vrai qu’avec un essai sur Matisse à 4,45 €, Le Monde tape fort. Pourtant, on devrait se réjouir. Les ventes de livres ont chuté de 2 % depuis le début de l’année. Idem pour la fréquentation des librairies. Une jolie promo, ça n’a jamais tué le marché !
3) Europe/Référendum : Ce week-end, les partisans du « non » se sont exprimés partout, dans les journaux et les meetings. J’ai pris le temps de peser chaque argument. On ne peut qu’être confondu devant certaines affirmations. Fabius, bien sûr, pour moi, a perdu sa superbe. (Au moment du passage à l’euro, il voulait être premier sur la photo chez Carrefour ou Leclerc, pour dire son soutien à Maastricht !). Que penser aussi du vice-président d’Attac France (François Dufour) : « Cette constitution nous passe les menottes et éteint la démocratie. Au lieu de cela, l’Europe devrait…lier la libre circulation…au respect des critères sociaux... C’est ainsi que l’on a tiré l’Espagne et le Portugal vers le haut… ». Et bien alors ! Pourquoi voter « non » à des textes qui instaurent ces critères. Ce qui a été valable pour l’Espagne et le Portugal ne le serait plus pour la Pologne ou la Roumanie ?
4) Europe/Référendum : Je vous invite à lire, dans l’hebdo Marianne (21/05), les 5 pages « événement » intitulées : « La position de Marianne, c’est oui ou c’est non ? ». 5 pages pour ne pas prendre position. Le oui ? « Un oui réservé ou contraint, minimaliste et réaliste, était possible…Le oui emphatique et illusionniste des Jack Lang et autre Cohn-Bendit, totalement fallacieux, a largement contribué à paralyser le débat…Il nous est impossible de recommander un vote oui ».
Suit une série d’arguments contre le oui, parmi lesquels celui-ci : « Comme dans la constitution soviétique (sic), le régime économique capitaliste libéral est institutionnalisé, ce qui déroge au principe de libre choix des électeurs… ».
Il reste alors à Marianne à prendre position pour le non : « Le non est effectivement censeur. C’est sa « positivité » qui pose problème…Nous ne saurions nous prononcer ni en faveur d’un non hors sujet, ni en faveur d’un « non de mouvement » à la dynamique tout à fait aléatoire ». Quel jargon ! Que de contorsions pour ne pas prendre position.
Personnellement, j’ai toujours respecté les choix partisans et passionnés. Mais tout ça sent le clientélisme. De la part d’une rédaction qui ne cesse de donner des leçons à toute la classe politique et aux décideurs économiques, on pouvait attendre mieux que cette danse du ventre impudique.
5) Europe/Référendum : Mon ami Michel Le Bris, écrivain et directeur du Festival Etonnants Voyageurs, n’a pas d’état d’âme pour dire oui (Ouest France 20/05). S’il mesure son enthousiasme, cet ancien co-fondateur de « La cause du peuple », rappelle, en contrepoint à l’édito de Marianne, que « l’expérience de l’Europe « de l’Est » est pour nous capitale,…elle vient de s’arracher à la barbarie communiste et ne comprend pas qu’en France, on dise « espoir » ce qui fut son cauchemar à elle ».
Contre une gauche du non jamais sortie de sa culture anti-capitaliste, il rappelle qu’il n’y a pas d’autre modèle d’organisation que le libéralisme ou l’économie sociale de marché (la concurrence plus la régulation par le pouvoir politique), ce qu’amorce la Constitution. « En votant « oui » le 29 mai, je vote aussi pour l’espoir d’une gauche encore possible. Contre les chimères meurtrières ».
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