ÉCONOMIE
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Haro sur les centrales d'achat
L'ILEC (Institut de Liaisons et d'Etudes des entreprises de consommation) est un organisme qui fédère une soixantaine de grandes entreprises nationales ou multinationales : L'Oréal, Danone, Nestlé, Coca Cola, Unilever, etc. Dans les discussions sur la réforme de la Loi Galland, ces représentants viennent de réclamer "l'interdiction de la constitution de centrales d'achats, de référencement, ou de ventes de services, ayant pour but de massifier les achats".
Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Passe encore qu'ils n'aient eu le temps de lire les déclarations récentes de deux de leurs membres Franck Riboud (Danone) et Lars Olofsson (Nestlé), qui viennent de déclarer intéressantes les massifications de commandes effectuées par les hardiscounters. Mais d'où tirent-ils cet argument selon lequel les centrales d'achats devraient être dissoutes en France quand partout en Europe et dans le monde anglo-saxon, ces mêmes fournisseurs les ont choisis comme interlocuteurs privilégiés (et rémunérés !).
En France, cinq grandes centrales d'achats négocient 90% des ventes de ces industriels : Carrefour, Lucie qui regroupe E. Leclerc et Système U, Intermarché, Casino/Monoprix, et Auchan. Que ces centrales soient puissantes, c'est une réalité. Mais les industriels concernés le sont-ils moins ?
Je n'ai pas encore les chiffres exacts pour 2004. Mais en 2003, le groupement d'achats des centres E. Leclerc ne représentait en moyenne que 1% du chiffre d'affaires de ces fournisseurs (0,4% pour Procter, Kraft ou Coca Cola... jusqu'à 3% pour Danone). Même additionné de la puissance d'achats de Système U, l'ensemble n'a jamais pesé plus de 5% du chiffre d'affaires de ces mastodontes.
En face, par contre, les vingt premiers fournisseurs de notre enseigne représente à eux seuls 38% des achats du groupement. Trois fournisseurs dans chaque catégorie de produits réalisent 87% des ventes.
Non, décidément, l'argument de la toute puissance de la distribution ne résiste pas à ces quelques chiffres. D'autant qu'avec des politiques marketing musclées, qui font leur génie et leur réussite, ces groupes disposent de marques leaders incontournables et dont les distributeurs ne peuvent se priver, malgré la part croissante des marques génériques.
Alors pourquoi cette salve. En toute rationalité, la requête de l'ILEC n'a aucun sens et contredit les pratiques de ces membres dont les conditions tarifaires (tous) poussent à la concentration des achats et le passage sur entrepôt. Pourquoi alors cette sortie médiatique ? Probablement pour tenter de gagner une audience populaire dans un dossier qui leur échappe. Dénoncer le méchant, pour obtenir la garantie d'une protection. Obtenir du politique le maintien d'une loi qui empêche la négociation des tarifs.
Qu'on se le dise : si l'ILEC venait à être entendu, cette initiative pourrait n'avoir qu'un seul effet, un effet totalement pervers : la délocalisation des centrales d'achat vers des pays voisins où le droit de la concurrence n'est pas bafoué comme en France. Des pays où ces mêmes fournisseurs négocient avec les centrales d'achats de Tesco, Metro, Rewe, Lidl, etc.
Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Passe encore qu'ils n'aient eu le temps de lire les déclarations récentes de deux de leurs membres Franck Riboud (Danone) et Lars Olofsson (Nestlé), qui viennent de déclarer intéressantes les massifications de commandes effectuées par les hardiscounters. Mais d'où tirent-ils cet argument selon lequel les centrales d'achats devraient être dissoutes en France quand partout en Europe et dans le monde anglo-saxon, ces mêmes fournisseurs les ont choisis comme interlocuteurs privilégiés (et rémunérés !).
En France, cinq grandes centrales d'achats négocient 90% des ventes de ces industriels : Carrefour, Lucie qui regroupe E. Leclerc et Système U, Intermarché, Casino/Monoprix, et Auchan. Que ces centrales soient puissantes, c'est une réalité. Mais les industriels concernés le sont-ils moins ?
Je n'ai pas encore les chiffres exacts pour 2004. Mais en 2003, le groupement d'achats des centres E. Leclerc ne représentait en moyenne que 1% du chiffre d'affaires de ces fournisseurs (0,4% pour Procter, Kraft ou Coca Cola... jusqu'à 3% pour Danone). Même additionné de la puissance d'achats de Système U, l'ensemble n'a jamais pesé plus de 5% du chiffre d'affaires de ces mastodontes.
En face, par contre, les vingt premiers fournisseurs de notre enseigne représente à eux seuls 38% des achats du groupement. Trois fournisseurs dans chaque catégorie de produits réalisent 87% des ventes.
Non, décidément, l'argument de la toute puissance de la distribution ne résiste pas à ces quelques chiffres. D'autant qu'avec des politiques marketing musclées, qui font leur génie et leur réussite, ces groupes disposent de marques leaders incontournables et dont les distributeurs ne peuvent se priver, malgré la part croissante des marques génériques.
Alors pourquoi cette salve. En toute rationalité, la requête de l'ILEC n'a aucun sens et contredit les pratiques de ces membres dont les conditions tarifaires (tous) poussent à la concentration des achats et le passage sur entrepôt. Pourquoi alors cette sortie médiatique ? Probablement pour tenter de gagner une audience populaire dans un dossier qui leur échappe. Dénoncer le méchant, pour obtenir la garantie d'une protection. Obtenir du politique le maintien d'une loi qui empêche la négociation des tarifs.
Qu'on se le dise : si l'ILEC venait à être entendu, cette initiative pourrait n'avoir qu'un seul effet, un effet totalement pervers : la délocalisation des centrales d'achat vers des pays voisins où le droit de la concurrence n'est pas bafoué comme en France. Des pays où ces mêmes fournisseurs négocient avec les centrales d'achats de Tesco, Metro, Rewe, Lidl, etc.
16 Commentaires
alors a qui profitent réellement ces passages sur entrepot?
On ne parle toujours que des mêmes! moi que Mr Coca , Mme Loréal, monseigneur Danon ou nestlé se regroupent pour dire stop aux centrales d'achats ça me fait bien marrer puisqu'ils en sont conplices. On ne parle jamais d'un responsable commercial d'une petite pme qui, sa sacoche à la main , frappe aux portes des grandes surfaces afin de présenter sa gamme de produits et qui s'entend dire : "c'est très bien vos produits mais êtes vous référencés??" autrement dit si l'on a pas le sésame on ne passe pas . Pas plus tard que ce matin , deux chefs de rayon m'ont dit qu'ils avaient reçu des consignes strictes: "les fournisseurs en direct c'est fini!" Alors comment faire si on ne peut plus commercer?? attendre que la grande distribution prenne contact avec nous ? MEL nous parle souvent de son amour du produit, de la qualité des pme alors pourquoi les pme ont tant de mal à se rapprocher des gms??
le commerce équitable est fabuleux , les producteurs de tous pays doivent pouvoir vivrent correctement de leur labeur mais n'oublions pas qu"en france beaucoup de pme n'en demande pas moins.Personnelemnt je travaille dans les olives et les fruits secs, nos produits offre un coef compris entre 1,5 et 2 mais ça personne ne l'entend car les entretiens se terminent généralement beaucoup trop tôt . ..
Bravo en tout cas , j'espère que votre combat n'est pas un simple délire mégalomaniac, je le pense sincère, continuez
Je ne comprends pas, cher Tguyon, qu’on vous réponde « les fournisseurs en direct c’est fini ! ». En tout cas, ce n’est pas une politique nationale du groupe. Bien sûr, chaque magasin est responsable de ses achats. La loi Galland incite, pour des raisons juridiques, à passer par des achats en entrepôt (techniquement, ça a un effet sur la détermination du seuil de revente à perte). Mais pour les petites entreprises, je ne vois pas l’intérêt, sauf peut-être à pouvoir grouper des commandes et à assurer une meilleure rotation des produits. Je ne connais pas le secteur d’activité de votre entreprise. Si je peux vous être d’un conseil utile, n’hésitez pas à écrire à l’un de mes amis, adhérent E. Leclerc de Concarneau, à qui j’ai confié une réflexion spécifique sur les rapports aux PME. (Voici ses coordonnées : Jean-Michel Bordais, Concarneau Distribution, RN 783, Maison Blanche, 29900 Concarneau).
Il ne faut pas appliquer les recettes du commerce équitable à la relation commerciale avec les PME. Le commerce équitable, c’est vraiment un engagement volontariste (une sorte de parrainage, de mécénat !) pour permettre à des centaines de milliers de gens de sortir du seuil de la pauvreté. Les situations ne sont vraiment pas comparables quand bien même je reconnais qu’il n’est pas facile, pour une PME, à l’heure de la mondialisation et de la concurrence sur internet, de mener un projet rentable.
Merci de votre intérêt pour cette discussion. Oui, je suis sincère. On peut être chef d’entreprise, distributeur, et ne pas limiter son horizon à son tiroir-caisse.
Votre observation va à l’encontre de celle de Tguyon auquel j’ai répondu précédemment. Vous, vous dites qu’on vous oblige à travailler en direct. Lui, dit qu’on le lui interdit. Probablement, une illustration de l’indépendance des acheteurs. Est-ce que vous ne croyez pas qu’au fond, ceux-ci se servent de l’argument logistique tout simplement pour réfuter une offre dont ils ne savent pas dire qu’elle ne les intéresse pas ?
Bonjour Monsieur TOLOCHARD,
Nous avons pris connaissance de votre remarque concernant un produit de la
marque CALGONIT POWER BALL dont la promotion finissait 01/05/2005 et que
vous avez acquis le 12/07/2005 du centre E.LECLERC de POITIERS.
Nous sommes sincèrement désolés pour le désagrément occasionné.
La satisfaction de nos clients étant notre priorité, nous transmettons, ce
jour, votre demande à Monsieur BERTHOLLEAU, responsable qualité, qui vous
apportera une réponse dans les meilleurs délais.
Nous espérons, Monsieur TOLOCHARD, que cet incident n'a pas entamé la
confiance que vous nous accordez.
Bien cordialement,
Elise BELLEC
Votre conseillère
j'aimerai juste vous signaler que malgré ma modeste remarque vous continuez à vendre le meme produit avec la meme publicité mensongère comment voulez vous que vous fassions confiance et que depuis je suis devenu sourd devant autant d'explication de votre part
Ces deux initiatives suffisent à ne plus vouloir mettre un pied dans une supermarché.
Enfin, monsieur MEL, si COCA , Danone et compagnie sont si méchants, pourquoi les vendez-vous ?
Les bouquins de Christian Jacquiau ne sont pas référencés ! Pourquoi référencer ces fournisseurs là ?
Leclerc s'allie avec le belge Colryut, l'italien Conad, le suisse Coop et l'allemand Rewe. Une centrale d'achats commune, Coopernic, va être créée. Michel-Édouard Leclerc assurera la première présidence.
L'alliance conclue en 2002 entre Leclerc et l'italien Conad, visant à être une riposte des groupements de commerçants indépendants face à la concentration des groupes intégrés, a fait école. Depuis la signature de l'accord à Cologne mercredi soir, les deux enseignes ont été rejointes par trois indépendants, l'allemand Rewe, le suisse Coop et le belge Colryut, afin de constituer une nouvelle centrale d'achats européenne sous le nom de Coopernic. Le poids économique cumulé des cinq alliés dépasse 96 milliards d'euros en 2005, soit 10 % des ventes en Europe. "Cette alliance nous permet de rivaliser avec les enseignes les plus puissantes du commerce intégré [Carrefour, Metro, Tesco, Ndlr] qui réalisent ensemble près de 200 milliards d'euros", explique Michel-Édouard Leclerc.
Source : La Tribune - article du 17/02/06
Source : RAPPORT D'INFORMATION n°2072 de l'Assemblée Nationale
alors a qui profitent réellement ces passages sur entrepot?
On ne parle toujours que des mêmes! moi que Mr Coca , Mme Loréal, monseigneur Danon ou nestlé se regroupent pour dire stop aux centrales d'achats ça me fait bien marrer puisqu'ils en sont conplices. On ne parle jamais d'un responsable commercial d'une petite pme qui, sa sacoche à la main , frappe aux portes des grandes surfaces afin de présenter sa gamme de produits et qui s'entend dire : "c'est très bien vos produits mais êtes vous référencés??" autrement dit si l'on a pas le sésame on ne passe pas . Pas plus tard que ce matin , deux chefs de rayon m'ont dit qu'ils avaient reçu des consignes strictes: "les fournisseurs en direct c'est fini!" Alors comment faire si on ne peut plus commercer?? attendre que la grande distribution prenne contact avec nous ? MEL nous parle souvent de son amour du produit, de la qualité des pme alors pourquoi les pme ont tant de mal à se rapprocher des gms??
le commerce équitable est fabuleux , les producteurs de tous pays doivent pouvoir vivrent correctement de leur labeur mais n'oublions pas qu"en france beaucoup de pme n'en demande pas moins.Personnelemnt je travaille dans les olives et les fruits secs, nos produits offre un coef compris entre 1,5 et 2 mais ça personne ne l'entend car les entretiens se terminent généralement beaucoup trop tôt . ..
Bravo en tout cas , j'espère que votre combat n'est pas un simple délire mégalomaniac, je le pense sincère, continuez
Je ne comprends pas, cher Tguyon, qu’on vous réponde « les fournisseurs en direct c’est fini ! ». En tout cas, ce n’est pas une politique nationale du groupe. Bien sûr, chaque magasin est responsable de ses achats. La loi Galland incite, pour des raisons juridiques, à passer par des achats en entrepôt (techniquement, ça a un effet sur la détermination du seuil de revente à perte). Mais pour les petites entreprises, je ne vois pas l’intérêt, sauf peut-être à pouvoir grouper des commandes et à assurer une meilleure rotation des produits. Je ne connais pas le secteur d’activité de votre entreprise. Si je peux vous être d’un conseil utile, n’hésitez pas à écrire à l’un de mes amis, adhérent E. Leclerc de Concarneau, à qui j’ai confié une réflexion spécifique sur les rapports aux PME. (Voici ses coordonnées : Jean-Michel Bordais, Concarneau Distribution, RN 783, Maison Blanche, 29900 Concarneau).
Il ne faut pas appliquer les recettes du commerce équitable à la relation commerciale avec les PME. Le commerce équitable, c’est vraiment un engagement volontariste (une sorte de parrainage, de mécénat !) pour permettre à des centaines de milliers de gens de sortir du seuil de la pauvreté. Les situations ne sont vraiment pas comparables quand bien même je reconnais qu’il n’est pas facile, pour une PME, à l’heure de la mondialisation et de la concurrence sur internet, de mener un projet rentable.
Merci de votre intérêt pour cette discussion. Oui, je suis sincère. On peut être chef d’entreprise, distributeur, et ne pas limiter son horizon à son tiroir-caisse.
Votre observation va à l’encontre de celle de Tguyon auquel j’ai répondu précédemment. Vous, vous dites qu’on vous oblige à travailler en direct. Lui, dit qu’on le lui interdit. Probablement, une illustration de l’indépendance des acheteurs. Est-ce que vous ne croyez pas qu’au fond, ceux-ci se servent de l’argument logistique tout simplement pour réfuter une offre dont ils ne savent pas dire qu’elle ne les intéresse pas ?
Bonjour Monsieur TOLOCHARD,
Nous avons pris connaissance de votre remarque concernant un produit de la
marque CALGONIT POWER BALL dont la promotion finissait 01/05/2005 et que
vous avez acquis le 12/07/2005 du centre E.LECLERC de POITIERS.
Nous sommes sincèrement désolés pour le désagrément occasionné.
La satisfaction de nos clients étant notre priorité, nous transmettons, ce
jour, votre demande à Monsieur BERTHOLLEAU, responsable qualité, qui vous
apportera une réponse dans les meilleurs délais.
Nous espérons, Monsieur TOLOCHARD, que cet incident n'a pas entamé la
confiance que vous nous accordez.
Bien cordialement,
Elise BELLEC
Votre conseillère
j'aimerai juste vous signaler que malgré ma modeste remarque vous continuez à vendre le meme produit avec la meme publicité mensongère comment voulez vous que vous fassions confiance et que depuis je suis devenu sourd devant autant d'explication de votre part
Ces deux initiatives suffisent à ne plus vouloir mettre un pied dans une supermarché.
Enfin, monsieur MEL, si COCA , Danone et compagnie sont si méchants, pourquoi les vendez-vous ?
Les bouquins de Christian Jacquiau ne sont pas référencés ! Pourquoi référencer ces fournisseurs là ?
Leclerc s'allie avec le belge Colryut, l'italien Conad, le suisse Coop et l'allemand Rewe. Une centrale d'achats commune, Coopernic, va être créée. Michel-Édouard Leclerc assurera la première présidence.
L'alliance conclue en 2002 entre Leclerc et l'italien Conad, visant à être une riposte des groupements de commerçants indépendants face à la concentration des groupes intégrés, a fait école. Depuis la signature de l'accord à Cologne mercredi soir, les deux enseignes ont été rejointes par trois indépendants, l'allemand Rewe, le suisse Coop et le belge Colryut, afin de constituer une nouvelle centrale d'achats européenne sous le nom de Coopernic. Le poids économique cumulé des cinq alliés dépasse 96 milliards d'euros en 2005, soit 10 % des ventes en Europe. "Cette alliance nous permet de rivaliser avec les enseignes les plus puissantes du commerce intégré [Carrefour, Metro, Tesco, Ndlr] qui réalisent ensemble près de 200 milliards d'euros", explique Michel-Édouard Leclerc.
Source : La Tribune - article du 17/02/06
Source : RAPPORT D'INFORMATION n°2072 de l'Assemblée Nationale