SOCIÉTÉ Législation / Fiscalité

La réforme Jacob/Dutreil et la baisse des prix : premières salves…et expectative

img_blog_100106_catalogue C’est l’an I de la réforme Jacob/Dutreil. Agitation maximale dans les états-majors commerciaux. La négo est difficile, les tensions bien réelles et les services juridiques ont bien du mal à mettre au pas les forces commerciales. Dans les états-majors, les financiers, eux, se grattent les tempes : ils annoncent un impact négatif sur les marges (pas tort), mais personne ne veut perdre trop de plumes. Dans son for intérieur, chaque dirigeant entend bien ne pas se laisser distancer. Les discours guerriers, de toute façon, sont mobilisateurs et font du bien à la culture maison. Mais tant que les contrats de référencement ne sont pas signés, pas facile de mettre toutes ses billes sur le carreau… Pour l’heure, le politique se fait discret, l’industriel et l’acheteur sont à la peine. C’est le distributeur qui (pour le moment) régale. Et le consommateur qui profite. 1) « Le retour en grâce de la fonction commerciale » Dans l’édito de sa « Tribune Grande Conso » (n° 20 – 01/06), Olivier Dauvers jubile. Il prend plaisir à compiler les prospectus publiés par les différentes enseignes. Ca castagne entre les pages et les écarts de prix sont légion. Il faut dire (et c’est tout à l’honneur des dizaines d’hommes et de femmes qui dans toutes les enseignes y ont travaillé) que la construction de ces catalogues s’apparentait à une sorte de « mission impossible ». Compte tenu des délais d’impression, les prix ont été « calculés » par les uns et les autres, sans pouvoir connaître véritablement les capacités maximales de baisses négociées par chaque enseigne. « Chapeau », donc, à tous nos collègues. Il n’y aura pas de ministre pour les féliciter. Faisons-nous mutuellement plaisir et saluons la performance de nos cadres respectifs. 2) Dutreil absent, Dutreil content… Il n’aura échappé à personne que le Ministre du Commerce (alias celui de la conso ! ! !) ne s’est fendu d’aucun commentaire sur l’entrée en vigueur de sa réforme. Se sent-il mal à l’aise, après avoir annoncé une baisse de 5 % ? N’y croit-il plus ? Garde-t-il un goût amer de son dernier point presse (un tantinet bâclé, de l’avis des journalistes présents) ou faut-il voir, dans cette pudique retenue, l’illustration d’une posture plus finaude qui évite à Docteur Renaud de se fâcher avec d’autres ministres concurrents et permettra à Mister Renard d’engranger le bénéfice de la réforme quand viendra le temps de sauter un échelon politique (à Reims ou au gouvernement ?). Toujours est-il qu’Emmanuelle Evina (Points de vente, 9/01/2006) a raison de rappeler que R.D. « a de quoi être satisfait ». Tout en continuant de menacer les distributeurs du bâton, il a lâché la meute, après avoir malicieusement joué du challenge Carrefour-Leclerc. 3) La politique des enseignes C’est la première leçon de ce début d’année : il n’y a pas à proprement parler de grandes bagarres d’enseignes au niveau national. Pas encore. Les rumeurs étaient pourtant fortes. Dans mon groupe, on s’attendait à ce que Carrefour ou Intermarché cogne plus fort. Sensibles à l’intox, refusant de jouer petit bras, nos acheteurs ont produit un joli effet de surprise en rajoutant des bons d’achat à des prix qui, finalement, creusent pas mal l’écart (on ne s’est fait aligner que sur 4 articles). Comme nous, Intermarché a investi en publicité pour lancer son engagement national de blocage des prix. Mais il s’agit principalement de MDD. Difficile encore d’apprécier sa stratégie sur les grandes marques. Idem pour Carrefour. Carrefour fait surtout bénéficier de son engagement les porteurs de carte de fidélité : Guy Yraeta (DG France) parle « des prix de 300 articles » qui auraient été revus à la baisse. Mais il précise que c’était déjà le cas fin…2005 (Le Parisien, 2/01/06). La nouveauté, c’est cette annonce « d’une remise de 5 % sur plus de 8 000 produits de la marque Carrefour ». Géant a sacrément revu à la baisse les prix de ses MDD. Par rapport aux nôtres (Marque Repère), Auchan est en moyenne 8,5 % plus cher, Carrefour 9, 1 %, mais Géant n’est plus qu’à…3,5 %. L’enseigne de J.C. Naouri ne nous avait pas habitué à l’exploit. Je ne crois pas à l’attentisme. Même si la prudence nous amène tous à attendre les résultats de la négociation commerciale pour travailler l’offre de marques nationales, les grandes manœuvres ont commencé. 4) Retour au local En attendant, et mises à part les opérations promotionnelles nationales (catalogues et radio), le regain de concurrence se fait surtout sentir aux niveaux local et régional. La rivalité oppose surtout des magasins du groupe Carrefour à nos adhérents. Alors que Carrefour était venu nous « chatouiller » dans un nombre limité de sites (principalement dans les villes de l’Ouest) en faisant exploser les SRP par anticipation, nos adhérents ont profité de la nouvelle législation pour tenter l’échappée. Ca chauffe fort en Normandie (Caen, Rouen, Le Havre). Le Leclerc de Plérin (Saint-Brieuc) taclait le Carrefour d’en face en le soumettant au supplice de la publicité comparative. C’est au tour de Carrefour Portet (l’un des plus grands de France) de défier nos adhérents toulousains. Dans l’Est de la France, les Leclerc ont attaqué sur un millier d’articles, entraînant quelques jolies réactions de Cora ou d’Intermarché. Certains Auchan (région parisienne) ne sont pas manchots non plus. Et Géant, sans doute inquiet du manque d’oxygène, balance quelques boulets brûlants. Difficile, devant cette mosaïque d’initiatives dispersées d’évaluer l’impact des baisses réelles. Pierre Chartier, adhérent à Nantes (et, par ailleurs, responsable national de nos équipes d’achat), me fait parvenir toutes les semaines une « monographie » des baisses de prix en Loire-Atlantique. En cette première semaine de janvier, c’est près de 10 000 articles qui sont en baisse (toutes enseignes confondues) de 2 à 15 % versus juin 2005 ! (Mais, selon lui, quelques centaines de prix vont devoir être réévalués pour respecter le nouveau SRP). Toutes ces manoeuvres ne semblent pas très spectaculaires. Mais ne sont-elles pas finalement la conséquence la plus logique de la réforme. Elle tend à rendre au commerce ses prérogatives. Le directeur de magasin retrouve sa liberté d’action locale. Le retour à la concurrence sera d’autant plus durable et crédible qu’il sera animé par les acteurs de terrain (responsables de leurs prix et de leurs marges) plutôt que par les directions financières d’enseignes. Comme dit Olivier Dauvers, le commerce est de retour.

10 Commentaires

Ouf! On croyait qu'il allait jamais revenir.
Je vous dis pas la panique le commerce en vadrouille sans savoir ou s'qu'il est passé.
Pas de bagare alors, pas de protéges dents qui volent...
Et les MDD ( mini disk digitaux?) qui sont en baisse, pffff!On va pouvoir copier des mp3.
Ca énerve hein?
Bon ben, felicitations. Ils les ont merité leurs 17 mois de salaire à 3 fois le SMIC!
Pour moi la vraie "mission impossible de vos catalogues" c'est qu'il soient livrés en faisant vivre dignement celui qui les livre.
Mes sinceres felicitations a vos livreurs.
Dommage que le commerce ethique ne face recette qu'avec les pays lointains!
Si je comprends bien, les prix entre vos enseignes
sont differents( je fais style que j'avais jamais vu) et vous etes pas choqué! Les autres font pareil vous me direz. Mais alors, que deviennent les prix pour celui qui n'a comme choix, ou possibilite qu'une seule enseigne.
Déja que je trouvais que les prix etaient loin d'etre stables d'une semaine sur l'autre et surement de jour en jour voire meme pire, l'informatisation laisse enormement de possibilités. Si je dois visiter plusieurs magasins de chaque enseigne, en plus de toute les enseigne c'est pas gagné, surtout avec l'essence. Et comme la baisse ne concerne pas tous les articles, et que ma somme depensée reste stable voire meme tend a diminuer, j'amerais bien connaitre la somme economisable par mois sur le panier moyen et ses fameux 5%, si je continue a faire betement toutes mes courses au meme magasin.
(Hors sujet: Comment expliquez vous les erreurs des prix/ kilos, litre.)
Mes felicitations a vos cadres.
Pour les prix, on dit que le centre
Leclerc d'Aubenas en Ardèche, est l'un
des plus chers de France. Qu'est-ce qu'on
en dit à Landernau ?
Lepassombre.
Bonjour mel,
une petite question qui pour une fois n'a rien à voir avec le concours glénat.
Est ce que vous avez des nouvelles du concours ARTE?
N'hésitez pas à me répondre, même un non sera un bon début.
merci
Mathilde
Etudiant en école de commerce, je trouve votre point de vue et le résumé de ces premières escarmouches intéressants. Néanmoins, je me pose des questions quant à l'efficacité à moyen et long terme de ces baisses de prix tant annoncées.
En effet, j'ai lu dans le courrier cadres de la semaine (n°1611) un article intitulé "Le low cost tue la prospérité" qui traite notamment de la tendance à "casser" les prix sur certains marchés et des effets négatifs de cette tendance.
Un entrepreneur qui baisse les prix peut dans un premier temps gagner des parts de marché et maintenir une marge commerciale confortable mais à terme, si l'ensemble du marché baisse, ne court-il pas le risque de voir ses résultats diminuer ?
Dans les cas que vous évoquez, si ce n’est pas la distribution qui supporte la baisse des prix, ce sont les producteurs qui le feront. Dans la chaîne économique, il y aura toujours un perdant.
Si ce que j'écris ici ne semble pas adopter le point de vue du consommateur pourtant je remarque que ce dernier est bien souvent salarié, or une entreprise qui voit sa marge diminuer, n'augmente pas ses salariés et embauche encore moins.
On constate depuis plusieurs années une non évolution du pouvoir d'achat, voire une baisse que l’on attribue tantôt aux 35 heures, tantôt à la conjoncture, à la chine ou au mauvais temps…
Paralèllement, l’observatoire Cetelem révèle une tendance « nouvelle » de consommation, qui est de compenser certaines dépenses (loisirs, mode, équipement) par une traque des prix les plus bas (MDD, produits low cost,etc.).
Cette tendance est bien décrite dans le Figaro par Carole Papazian. Elle la résume de la façon suivante « on peut retrouver le même consommateur chez Ed un soir en rentrant du bureau, puis dans une épicerie fine le lendemain pour se faire un petit plaisir » (Le Figaro du 6/01/06).
A chercher la baisse des prix, plutôt que la progession du pouvoir d’achat, n’est-on pas en train de tuer la prospérité ?
De plus en plus de ménages s’endettent pour pouvoir consommer, ce qui me semble un non sens, alors qu’il me semble plus sain de créer de la richesse puis, ensuite, de la dépenser.
Plutôt que de baisser les prix, les distributeurs ne devraient-ils pas chercher à créer de la valeur ajoutée autour de leur offre ? Pensez-vous que ce type de démarche soit encore possible ?
Tiens, Donatien, dans la série des études, voici celle-ci qui ne manque pas de faire frémir sur l'aveuglement dont est parfois victime un organisme pourtant censer éclairer nos lanternes : le Crédoc (rien contre cet organisme en tant que tel, d'autant que j'y cultive d'intéressantes relations).
Comment un centre de recherche (c'est son nom) peut-il être à ce point là naïf et... s'en remettre au consommateur pour comprendre les raisons de fréquentation des points de vente. Alors que l'on ne sait que trop qu'en la matière les études déclaratives sont en décalage complet avec le comportement. Qu'on en juge… Selon cette étude, la première raison de fréquentation serait la proximité. Le choix suit en seconde position tandis que le prix pointe ensuite. Quel non sens commercial ! La proximité serait donc la clé du succès commercial ? Alors qu'en une génération, le modèle de grandes surfaces de périphérie (que l'on peut ne pas soutenir, là n'est pas le problème) s'est imposé au détriment précisément du commerce de quartier. Alors qu'aujourd'hui l'enseigne qui jouit des meilleurs emplacements urbains (comprendre Monoprix) est loin des meilleurs en termes de performances malgré 30 ou 40 ans d'antériorité.
Non, sérieusement, la proximité n'est pas le premier critère de fréquentation d'un magasin. Et le prix pas davantage le troisième. La réalité est ailleurs, dans une subtile combinaison entre les deux. La proximité, oui, mais à quel prix ? Ou, autrement formulé, le prix oui, mais à combien de kilomètres ? Et si chacun a légitimement a sa propre mesure, la moyenne de nos comportements individuels (qui fait le comportement collectif) est claire et sans ambiguité : la proximité n'est pas le premier critère de fréquentation d'un point de vente. Preuve qu'il faut toujours prendre les études avec prudence. Surtout les « déclaratives ».
Primo, félicitations Mel pour votre disponibilité et pour la qualité des échanges ( mis à part les quelques demandes persos hallucinantes).
Secondo, je diverge un peu sur le constat de ce début d'année. Les prix des quelques réferences en promo baissent, pas celles des produits en fond de rayon, qui augmentent.
La lutte se limite à ce qui est médiatiquement visible. Et la lutte est plutot timorée, chacun étant tiraillé entre ses propres contradictions. Les fournisseurs se demandent comment éviter de perdre des parts de marché au profit des MDD et autres hard discounters tout en augmentant leur tarif car ils veulent préserver une certaine rentabilité face à des demandes de dérives de clients qui ne savent pas si et comment ils doivent y aller car vendre moins cher les marques c'est bien, mais ca va concurrencer leur MDD et puis ils prennent des risques pour leurs marges...
Observons.....
Comme c'est bientôt les 30 ans des Produits Libres, j'ai lu ou relu Etienne Thil dans ses 3 livres et beaucoup aimé celui consacré à Edouard votre Père. Génial son combat eti intéres ant son soutien de Debré (sur pression de De Gaulle) le Père aussi Michel. Et les courriers envoyés des uns et des autres.
Aujourd'hui on est presque dans le même combat pour la distribution...la Liberté.
Faut-il croire la prise de position de Renaud Dutreil qui dit ne pas diaboliser la grande distribution (vous et vos confrères) avec comme d'aucuns (ILEC et ANIA?)des arguments plus fanatiques que vrais et pour une position qui lui semble dépassée.?
Cela serait bien d'avoir un ministre du commerce objectif.
Vive la Liberté
Et pourquoi donc ceux qui ont inventé les Produits Libres les ont-ils abandonnés?
jca
BONJOUR
Au sujet de votre site Web Problème toujours pas réglééé :
Je viens a vous toujours pour le même problème ayant un Mac sous système Mac OS X 10.3.9, et que cela soit sous les navigateurs suivants Safari ou FireFox, lorsque je veux faire ma promo liste, lors du clique sur le pictogramme "ajouter à" j'ai bien le curseur qui indique que cela est cliquable mais rien ne ce passe... sous Safari et sous FireFox il y a un semblant de mouvement du picto mais cela bloque est rien ne se passe...
Ces bugs sont-ils en court de modifications...? si oui pouvais vous me répondre...
Merci à vous
Le choc des prix annoncé par les catalogues s'est un peu effacés en magasin à mon gout dans la mesure où des erratums sont venus ponctués certaines promo, meme si vous nous aviez prévenu qu'à cause des délais d'impression des catalogues vous etiez obligés de faire des suppositions de prix, ça ne fait pas plaisir lorsqu'on lit que finalement l'article en question va couter 10% de + que prévu.
D'autre part comme le font remarquer les observateurs de la grande distribution, certaines annonces n'étaient pas claires du tout et annonçaient présager autre chose. En effet dans les premières pages de vos catologues vous mettez en valeur une cinquantaine d'article avec les prix avant et après la réforme et un bonus de 20% à 25% en TL. Betement je croyais qu'il fallait comprendre que toute l'année ces produits seraient proposé à ce prix là et qu'exceptionnelement le temps du catalogue il y avait le bon d'achat. Et non ce n'est pas le cas non seulement le TL a disparu mais le prix des aticles que j'ai acheté sauf erreur de ma part est revenu à celui d'avant le 1er janvier une fois l'operation finie. Y a eu une mauvaise communication pour le cout.

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