SOCIÉTÉ Législation / Fiscalité

Loi Galland : Dernières chicanes avant le vote

A l’Assemblée, Renaud Dutreil a été punchy. Il faut le reconnaître, il s’est bien battu. Les députés ont été plus réformateurs que les sénateurs, en donnant aux distributeurs la possibilité de répercuter plus de marges arrière dans les prix. Ils ont même accepté que les conditions tarifaires des fournisseurs puissent être différenciées (négociées). Sur le terrain, les commerciaux se grattent la tempe pour comprendre comment tout cela va fonctionner. Le dispositif serait applicable au premier janvier 2006 (qu’est-ce qui se passe entre-temps ?). Un nouveau rendez-vous serait prévu fin 2007 pour programmer la disparition progressive de ce qui resterait de marges arrière. L’édifice est donc lézardé. Les anathèmes anti-distribution continuent d’animer les débats. Matignon a toujours du mal à arbitrer entre la gestion clientéliste et l’impulsion consumériste. Mais à l’AN, on a fait un pas vers le retour à une forme de rationalité. C’est pour beaucoup l’œuvre du député Luc-Marie Chatel. Cet ancien cadre de L’Oréal a le mérite, lui, de connaître ce dont il parle. Il a trouvé l’appui de Patrick Ollier, Président de la Commission des Affaires Economiques, et d’un groupe de réformateurs de l’UMP. Vu la culture anti-libérale de leurs collègues, ces quelques avancées législatives leur semblent autant de conquêtes révolutionnaires ! Pourtant, il y a du pain sur la planche. Le gouvernement a conservé tout le fatras disciplinaire et les sanctions pénales prévues dans le projet initial de Christian Jacob. Les députés ont juste admis qu’il n’était pas judicieux d’ouvrir un casier judiciaire à chaque fois qu’un chef de rayon, ou un directeur de magasin, se trompe sur les prix. (On ne pouvait quand même pas faire moins !). Ils ont aussi diminué d’office et réglementé les délais de paiement pour tous les produits de grande consommation. Je ne suis pas sûr que cette mesure rendra plus sexy l’achat des grandes marques françaises (la mesure n’est pas opposable aux produits importés). Il sera d’ailleurs intéressant d’observer si cette disposition sera applicable aux collectivités locales (écoles, hôpitaux, armée…) dont on sait qu’ils sont les plus mauvais payeurs de France. A force de se focaliser sur les seules pratiques des hypermarchés, on finit par oublier que les textes qui sont actuellement en discussion visent à réformer le Code du Commerce en général. Les nouvelles dispositions seront applicables sur tous les types de marché et à toutes les formes de commerce, y compris aux relations que les administrations entretiennent avec le secteur privé. Je ne suis pas sûr que tous les députés l’aient bien compris. Notamment ceux qui souhaitent réglementer, voire interdire, la « pratique des enchères inversées » sur internet. Ca fantasme dur dans les rangs de l’AN. On a pour cible le modèle de quelques centrales d’achat, à la recherche des prix les plus bas sur les marchés internationaux. Mais nos députés oublient qu’il ne s’agit rien d’autre que d’un système d’appels d’offres électronique. Les premiers utilisateurs sont les services d’approvisionnement et d’achat des administrations. Ce sera intéressant d’entendre leur réaction… De tout ceci, nous reparlerons prochainement. C’est mercredi que se réunira la Commission mixte paritaire (Sénat et AN). D’ici là, chacun va de son petit lobbying. Quel que soit le résultat des courses, il y a fort à parier, de toute façon, que nous serons quelques-uns à devoir répondre, cet été, aux convocations de la DGCCRF pour décider comment tout cela devra être mis en musique. L’année dernière, Monsieur Cerutti, qui en est le directeur, avait passé une partie de ses vacances à côtoyer agriculteurs, distributeurs et industriels dans les réunions organisées par Nicolas Sarkozy. J’espère qu’il a profité de la canicule du mois de juin pour faire trempette dans des eaux accueillantes, car, ce mois d’août risque, pour lui et ses équipes, d’être assez pollué. Je lui souhaite bon courage.

3 Commentaires

Que faire en attendant 2006 ? il semble que Leclerc comme ses concurrents ait trouvé la solution : vendre à perte au su et au vu de tout le monde. J'ai du mal à comprendre que l'on s'offusque de mesures pénales lorsqu'on s'affranchit aussi ouvertement de la Loi. Robin des Bois ne craignait pas la prison, lui.
La démagogie a des limites : arretez de vous poster en victimes lorsque vos lieutenants tordent aussi facilement le cou des fournisseurs, au premier rang desquels les PME, non pas pour vendre moins cher, mais pour financer le plongeoir de la 3eme maison de vacances ou le changement des pneus de la porsche. Baisser les prix ne vous motive que pour obtenir des parts de marché plus importantes. La défense du consommateur passe bien après. vous etes une entreprise capitaliste, vos propiétaires de magasins sont tous millionnaires. ayez l'honneteté de le reconnaître et cessez de jeter l'opprobe sur les lobbys lorsque vous etes en premiere ligne.
Ah!!! mais c'est quasi sanglant les commentaires!!! D'un autre coté c'est pas compètement faut ce que dit le monsieur d'avant. De petites entreprises travaillant avec la grande distri ferment tout les jours c'est un fait, les agriculteurs ont de plsu en plus de difficultés, et tout le monde connait (enfin tout le monde devrait connaitre) les méthodes de travail dans le textile des grandes chaines d'hypermarchés:
exemple:
demande d'échantillons, aucun référencement de prduit et curieusement le même produit à peu de chose près dans les rayons ou dans les catalogues par la suite. Produit fabriqué en chine par le biai des bureaux d'achat des grands donneurs d'ordre...
On se croirai dans la vérité si je mens c'est assez drole.
Il est bien évident que je ne vise pas spécifiquement Leclerc. Je ne sais pas encore ce que ca donne pour le GALEC puisque je n'y ai eu mon premier RV que cette année. On m'a juste fait poireauter 2h45min. C'est normal après tout quand on veut travailler avec le GALEC il faut savoir attendre. Un commercial sur place m'a heureusement rassuré en me disant que s'était toujours comme ca. Ah... l'organisation...
Re cedr (13/07/05), Re Mr N (12/07/05)
Allons, allons, messieurs, ne nous lâchons pas. A force de caricaturer, le propos devient poncif et perd de sa crédibilité.
Il faut bien admettre que dans le marasme économique actuel, il existe de fortes tensions industrie/commerce. Quand le marché est difficile, qu’il n’est pas acheteur, c’est très dur pour un industriel ou un agriculteur de rester avec ses stocks sur les bras. Et dans ce contexte, on trouve toujours des petits chefs qui profitent de la situation et qui ont des comportements déplacés.
Mais arrêtez de vouloir composer le chœur des vierges effarouchées. Cette vision selon laquelle les industriels seraient gentils et les distributeurs systématiquement méchants, ne convainc plus personne. Et s’il est un outil dont notre centrale d’achats dispose, c’est la banque de données qui collecte, via les succursales de la Banque de France, les Chambres de Commerce, ou les publications boursières, tous les bilans de nos fournisseurs. Il y a des secteurs en crise, des PME qui souffrent et même des grandes. Mais je peux vous assurer ici : la rentabilité de 80% de nos fournisseurs s’est malgré tout accrue ces cinq dernières années. Je ne dis pas que c’est suffisant, je ne dis pas que c’est bien, mais arrêtons d’être manichéen.

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