ÉCONOMIE Actus / Débats

Commerce Equitable en grande distribution : qui conteste ?

img_blog_110506_producteur Saviez-vous qu’il existe dans le domaine social et environnemental des censeurs autoproclamés qui s’érigent ainsi en gardiens du Temple. Des gens qui, sans garantie de compétence, sans agrément préalable, sans autre argument ni justification que leur propre affirmation, notent, critiquent et vont jusqu’à dénigrer des entreprises… selon qu’elles acceptent ou non de les prendre pour interlocuteur ou prestataire. Une forme de chantage auquel se livre depuis plusieurs années un collectif « l’éthique sur l’étiquette » à l’égard de notre enseigne. Je ne me doutais pas à quel point certains de ses représentants pouvaient sans vergogne vouloir à tout prix chercher la polémique ou le discrédit. Vendredi soir, un coup de téléphone de l’AFP. La journaliste, profitant de l’événement (la quinzaine du commerce équitable) m’interroge sur la performance des Leclerc et de l’intérêt de ce nouveau marché. Elle demande mon avis sur la norme française mise en place par Renaud Dutreil et sur la crédibilité du label Max Havelaar. Et tout d’un coup cette question : « comment assumez-vous la contradiction entre les valeurs de la grande distribution et la vente des produits équitables ? ». Je reste un moment interloqué. J’essaie de rentrer dans la problématique, comprends que la journaliste relaye là une accusation ou un débat lancé par une des associations opérant dans cette filière. Je tente d’argumenter. 1/ La critique et les contre arguments ° Dans tous les pays occidentaux, les produits du commerce équitable sont en GD sans susciter ce genre de polémique typiquement française ; ° Dans les pays nordiques, mais en Suisse surtout (cf. ma note du 12 janvier 2006) c’est la Migros ou les Coop (dont les philosophies sont proches de la nôtre) qui ont introduit cette forme de commerce; ° En France justement, le marché restait trop marginal et confidentiel, faute d’être présent dans les linéaires des hypers. ° De toute façon, ce sont les producteurs qui nous ont interpellés ou sont venus nous chercher. Je sais, pour avoir dialogué avec des représentants de ces associations, qu’Artisans du Monde ou Azimuts Artisans du Népal défendent une forme de « distribution sélective ». Pour eux, qui incarnent l’esprit pionnier, mais aussi une forme de pureté idéologique, c’est toute la chaîne qui doit être équitable (du producteur au distributeur !). Mais l’argument philosophique ne serait pertinent que si les producteurs eux-mêmes l’appliquaient ou défendaient ce point de vue. ° Or, dans beaucoup de coopératives du Sud, même labellisées Max Havelaar, seul un certain pourcentage de la production peut encore être commercialisé sous ce label. Nombre de petits producteurs de bananes, d’ananas, de goyaves, mais aussi de coton…. « crèveraient » s’ils ne devaient commercialiser que des produits équitables. Il faut bien être pragmatique. Comme le souligne Victor Ferrera (Max Havelaar) la labellisation cautionne une démarche forcément progressive. Elle doit justement permettre la « montée en puissance » du commerce équitable. Dès lors que, dans une même coopérative, on admet la cohabitation d’une démarche conventionnelle et d’une démarche équitable, pourquoi en faire grief à la distribution, et à la seule distribution française ? ° Plus fondamentalement, que cherche-t-on ? La pureté de la Ligne, la certification militante ? Ou l’enrichissement et le développement harmonieux des petits producteurs qui ont choisi ce mode de commerce. Et que croyez-vous qu’ils préfèrent : un débouché marginal, dans des boutiques sympathiques mais un peu chères… ou un accroissement des ventes dans les enseignes phares de la société de consommation ? Moi, j’ai une idée de la réponse. En tout cas, cette polémique je ne l’ai pas cherchée. Je crois les différents circuits cohabitables et nécessaires. Je comprends l’amertume des pionniers, leur irritation devant le risque de récupération, ou de dérive marketing ! Une possible anxiété financière aussi, vu la mise en concurrence des réseaux. Parlons-en. Pour ma part, je suis prêt à donner un coup de main s’il s’agit d’optimiser des achats collectifs, ou promouvoir d'autres acteurs de la filière. Oui, même des "petits réseaux" qui auraient besoin d'un coup de main. Mais s’il vous plait, n’habillons pas des querelles corporatistes d’un semblant de débat philosophique dont les risques seraient de rendre incompréhensible cette démarche aux yeux des consommateurs. En tout cas, je suis sincèrement convaincu, à l’instar de Tristan Leconte (Alter Eco), de Jean-Pierre Blanc (Malongo) ou de Stéphane Comar (Ethiquable) que l’accroissement des débouchés via la GD va permettre de dégager des ressources supplémentaires pour tous les producteurs du Sud, et au marché français de rattraper son retard ! En bénéficiant de l’attractivité (et de la crédibilité) de nos enseignes qui pratiquent des marges plus basses (20 à 25 %) et disposent d’une logistique performante, les produits du commerce équitable deviennent encore plus accessibles à tous les consommateurs (j’observe d’ailleurs, que lorsqu’ils étaient vendus chez Monoprix, à un prix évidemment plus élevé que dans nos réseaux, la présence de ces produits en GD ne suscitaient aucune polémique !). 2/ L’émergence d’une mauvaise polémique Voilà donc ce que j’ai répondu à l’AFP. Je croyais avoir été convaincant. Mais voilà. Un collectif qui a pour nom « l’éthique sur l’étiquette » conteste notre légitimité dans le commerce équitable : « le groupe figure parmi les enseignes les plus mal notées pour ses engagements relatifs aux droits fondamentaux ». Non mais ! Qui ose encore parler ainsi ? On se croirait revenus aux temps où les cellules du PC tenaient Tribunal, ou ces AG dans lesquelles on se faisait interpeller : « mais d’où parles-tu, camarade, quelle est ta légitimité ? ». Je reconnais aux ONG un rôle essentiel d’alerte, d’éveil et de critique. Et si j’ai engagé ces dix dernières années notre enseigne dans de multiples investissements humanitaires, écologiques, sociaux ou culturels, c’est pour beaucoup, par conviction, mais aussi, fort de leur interpellation. Mais si je consulte aujourd’hui tous les bilans sociaux et environnementaux des entreprises apparemment bien notées par ce collectif « l’éthique sur l’étiquette » je n’ai vraiment pas à rougir. Nous ne cherchons pas à vendre d’OGM tant que le débat scientifique n’offre pas d’autres garanties. Nous commercialisons des bois certifiés (FSC, TFT, etc.), privilégions les bonnes pratiques forestières pour favoriser la substitution avec d’autres composants. C’est en pionniers et seuls que nous avons pris le risque de supprimer les sacs plastiques, nous avons anticipé la récupération des huiles des batteries et des piles. Sur le plan social, nous sommes ceux qui pratiquons le plus d’audits sociaux, etc, etc… Trêve de plaidoirie. Même si nous ne sommes pas au « top », nous ne méritons certainement pas cette entreprise de dénigrement. Qu’ils aillent se faire voir… Ce collectif n’est pas une entreprise de notation sociale. Notre Groupe est déjà accompagné dans ses démarches par de multiples experts et consultants. Mais, j’en profite pour glisser ce message. S’il s’agit d’un chantage, nous ne céderons pas. Dans une enquête récente de 60 millions de consommateurs, l’association WWF primait le comportement d'une enseigne de distribution qu’elle oppose au peloton des autres distributeurs. Un hasard : cette enseigne est partenaire financier de WWF !!! Nous n’avons pas besoin des conseils de « l’éthique sur l’étiquette ». Reconnaissez qu’ils s’y prennent en tout cas assez mal ! Mais si cela nous vaut une mauvaise « notation », tant pis. Après tout, pour servir la cause, seuls comptent les actes.

78 Commentaires

Bonsoir M.E.L
@h ! l'EthiK ...
M@longo est une très belle société qui axe son développement et ses @ffaires en respectant l'environnement & l'Homme.
J'ai d'ailleurs beaucoup appris de cette société lorsk j'ai réaliser a titre particuliers une brochure sur la géographie des plants de caféiers d'@ntan... qui aujourd'hui revient Tend@nce ... dirons-nous ! ;-)
Dans le secteur de l'inform@tique, nous subissons les même aléas de notation de la part d'instituts ki sont eux aussi co-financés par la concurrence, des constructeurs ou éditeurs .
En bref, aucune neutr@lité de jugement ... Juste de l'@uto-FlagellaTion ...
Vous devriez communiker auprès des consommateurs & vos clients sur le sujet important du commerce équit@ble développé par votre enseigne en terme de chiffres & d'Hommes.
> Sensibiliser précisément vos clients de leurs @ctes achats effectués sur l'année & des konséquences Positives engendrées dans les pays du Sud.
> Valoriser l'@cte d'achat "RéFléchiT" des consommateurs d'une enseigne est l'avenir de la fidélisation constructive éthiK.
* Que pensez-vous des producteurs de bananes dans les Dom-Tom qui aujourd'hui doivent faire face à une Koncurrence qui déstabilise toute l'économie locale & se doivent de répondre à des normes de qualités obligatoires lorsk d'@utres ne s'en soucis pas un instant ?
Kordi@lement,
Willy Boyé
Le Génér@teur de nouvelles @ffaires !
Comme vous le disiez dans vos précédentes notes difficiles d'effectuer des contrôles dans les entreprises en Asie sans que les autorités ne s'en mêlent et prépare toute la visite pr que tout soit en bon éduforme. Je comprends que de ce point de vue vous hésitiez à communiquer sur vos audits.
J'ai consulter le site internet de l'association 'l’éthique sur l’étiquette'... Je ne suis pas contre les groupes pour informer les gens et faire des contrôles si ça peut avoir un rôle positif, mais en lisant l'enquete sur la disribution je lis "réalisé en 2004" avec une rigueur et une investigation que je trouve douteuse, car je n'ai pas l'impression que les gens qui ont rédigé le rapport soit beaucoup allé voir sur le terrain comment cela se passait et sont plutôt restés dans leur bureau pour commenter et faire une synthèse des dossiers publier par les distributeurs...Crédibilité zéro à mon avis.
Enfin, il ne faut pas oublier que les organismes de controles et labellisation doivent être financé indépendament des distributeurs, sinon où va la crédibilité de toutes ses actions? Vous avez peur d'un procès de José Luis Duran pour ne pas citer le nom du groupe partenaire de la WWF ou vous ne souhaitez pas que ce blog deviennent le carrefour des règlements de compte? ;)
bonjour MEL et bonjour à tous les intervenants...
belle envolée lyrique sur ce sujet...
au fait, les vacances de paques sont dans les souvenirs, non ?
PIERRE
0610942584
Bonsoir M. Leclerc,
Vous dites :
"Et que croyez-vous qu’ils (les producteurs du commerce équitable) préfèrent : un débouché marginal, dans des boutiques sympathiques mais un peu chères… ou un accroissement des ventes dans les enseignes phares de la société de consommation ?"
Comme si cela devait obligatoirement s'opposer !
L'opposition "cher" / "débouché" est le résultat du comportement irresponsable du consommateur qui ne cherche qu'à dépenser moins d'argent pour bénéficier de davantage de marchandises.
Mais, on lui fait croire que chez le voisin la marchandise est plus chère alors que le produit est le même. Mensonge ! Le produit n'est pas tout à fait le même quand il est "enrobé" d'un vrai service (conseil du commerçant avisé par exemple) et agrémenté de taxes finançant des services publics, par exemple encore...
Dans un cas, il y a le produit brut, en libre service (et de plus en plus libre de taxes car fabriqué dans les pays de l'est ou en asie).
Dans l'autre cas, il y a le produit, le contact avec le commerçant, ses conseils quant à la bonne utilisation du produit, etc. et des charges patronales et autres taxes qui viennent financer le beau trottoir sur lequel vous avez parcouru la rue depuis la boutique du boulanger en passant par celle du poissonnier et qui vous conduira jusqu'à l'école ou votre petite dernière apprend les valeurs de notre société laïque républicaine : Liberté - Egalité - Fraternité. Bientôt elle comprendra que ses valeurs doivent guider chacun de ses actes pour que le fragile équilibre social soit maintenu...
Ainsi l'opposition "cher" / "débouché", bien que malheureusement très réelle est un symptôme et non pas un état de fait à péréniser.
Ne trouvez-vous pas qu'il y a donc effectivement contradiction entre d'un côté vouloir soutenir une économie en développement par l'achat de produits du commerce équitable et d'un autre côté affaiblir une économie en perte de vitesse en menant une guerre des prix qui se traduit par l'asphixie de vos fournisseurs, salariés et finalement consommateurs ?
Vous terminez par :
"Après tout, pour servir la cause, seuls comptent les actes."
Quelle est cette cause pour laquelle vous agissez ?
Bonjour,
Donc, après, ces commerces deviendront
des "Leclerc-équitables" C'est pas cela ?...
Re Willy Boyé (11/05/06)
Je ne conteste pas les difficultés des producteurs de bananes dans les Dom-Tom. Mais n’oubliez pas : ils ont bénéficié pendant des dizaines d’années d’un cadre légal qui les favorisait. Suite aux accords de Lomé, les distributeurs français n’étaient libres d’acheter que 20% de leurs bananes à l’étranger. 80% des fournisseurs devaient se situer dans les Dom-Tom ou dans les pays associés à la Communauté Européenne.
Ce qu’on pourrait regretter, c’est qu’ils n’aient pas mis à profit toutes ces années de vaches grasses pour se préparer à la concurrence mondiale.
Re Erosoft (11/05/06)
Je précise aussi : le groupe partenaire de WWF est Castorama. Hier soir, je n’arrivais plus à retrouver le nom de ce distributeur.
Re pierre le clair (11/05/06)
Bien vu, Pierre, je vois que vous pensez toujours à moi. Rappelons-nous lundi.
Re Ronan Dussin (11/05/06)
Comme vous le dites, Ronan, les deux réseaux ne doivent pas obligatoirement s’opposer. C’est bien ce que je dis dans ma note. Et c’est la raison pour laquelle je trouve idiotes ces petites querelles de clocher.
Il me semble par ailleurs que vous me faites un procès d’intention. Ou du moins, je décèle une confusion. Je ne cherche pas la performance prix systématiquement en voulant écraser le fournisseur. Si je suis moins cher, c’est d’abord parce que je prends moins de marge, en compensant la faiblesse des profits lors de chaque vente par un accroissement des débouchés.
Objectivement, Ronan, je n’achète pas moins cher que Casino, Monoprix, les autres distributeurs internationaux, ni même les grossistes qui fournissent les petits commerçants (Metro, Promocash, etc.). En tout cas, les différences de prix sont vraiment marginales. J’espère que cela vous paraîtra évident si l’on vous parle, par exemple, des produits pétroliers. Je vends moins cher que Total. Pourtant, il a de meilleures conditions d’achat que moi. C’est bien parce que je prends moins de marge, n’est-ce pas ? Pas parce que je pressure le fournisseur.
Si je prends l’exemple des produits agricoles, la démonstration est plus difficile. Le secteur est très atomisé. Mais, résonnons « a contrario » : cherchez donc un distributeur européen qui achèterait plus cher que mon enseigne aux coopératives françaises. Depuis que nous avons associé notre groupe à cinq autres leaders européens, je dispose de ces points de comparaison. Et je peux vous affirmer que notre performance prix est loin d’être imputable à « l’écrasement de nos fournisseurs ».
Attention. Je n’ai jamais dit que cette affirmation générale ne souffrait pas d’exceptions, de dérives, de pratiques parfois malsaines. De ce point de vue, la critique peut s’exercer. Vous ne pouvez pas tenir un discours aussi général et aussi réducteur.
En fait, là où vous avez raison, c’est sur l’incidence de la concurrence sur un marché. Qu’il s’agisse de produits conventionnels ou de produits équitables, dès qu’on est sur un segment de marché bagarré (même entre différents producteurs de café Max Havelaar, par exemple), la concurrence tire les prix à la baisse. J’insiste ! Même pour le commerce équitable ou les produits labellisés ! C’est un phénomène général, inhérent aux lois de l’économie (confrontation entre différents offreurs sur un même marché) et pour tout secteur économique.
La question que vous posez est donc plus généralement celle de la limite de la baisse des prix sur un marché.
Je ne suis pas un partisan du « marché à tout prix », ni un ultralibéral. Il faut des règles, mais aussi des instruments d’intervention et de régulation. Ils sont déficients au niveau mondial, c’est une évidence. Donc d’accord avec vous pour repenser les mécanismes de formation des prix et de respect des minimum sociaux.
On a bien créé un smic pour limiter la baisse des salaires sur le marché du travail. Ca ne me gêne pas qu’on puisse imaginer des systèmes de prix garantis pour assurer aux producteurs un revenu minimum ou décent. La question est : qui doit le décider et comment ? Je ne crois pas que ce soit à moi de le faire, pas plus qu’aux autres enseignes de distribution (ou alors c’est du mécénat individuel !). C’est aux instances publiques d’en débattre et de créer une telle organisation.
En revanche, sur la base d’un prix d’achat identique, je pense que c’est l’intérêt des producteurs que je prenne 25% de marge maximum sur un produit de commerce équitable, plutôt que d’en prélever 40%. Cdt.
SLT MEL,
Vous avez Tot@lement Raison, j'ai zappé les accords de Lomé, autant pour moi .... ;o))
Il est vrai qu'avec les subventions ils ont anticiper l'évolution de leur marché ...
Merci pour votre réponse
Willy
Monsieur Leclerc,
J'accepte vos critiques; il est vrai que j'ai une tendance naturelle (comme chacun de nous) à généraliser un peu vite...
Mais, je vous reconnais tout de même des tords sur lesquels je ne reviendrais pas.
Vous dites :
En fait, là où vous avez raison, c’est sur l’incidence de la concurrence sur un marché. Qu’il s’agisse de produits conventionnels ou de produits équitables, dès qu’on est sur un segment de marché bagarré (même entre différents producteurs de café Max Havelaar, par exemple), la concurrence tire les prix à la baisse. J’insiste ! Même pour le commerce équitable ou les produits labellisés ! C’est un phénomène général, inhérent aux lois de l’économie (confrontation entre différents offreurs sur un même marché) et pour tout secteur économique.
La question que vous posez est donc plus généralement celle de la limite de la baisse des prix sur un marché.
En effet, c'est bien ce que je dénonce : les effets de la concurrence, prise dans le sens de la confrontation d'intérêts opposés.
Mais, là où vous vous trompez, c'est sur la question que je pose.
Je ne m'interroge pas sur les moyens à mettre en oeuvre pour limiter la baisse des prix sur un marché libre, je m'interroge sur la validité des valeurs d'une société qui prone l'enrichissement personnel au détriment du bien commun.
Ma question serait donc plutôt la suivante :
N'y a-t-il rien à faire pour que les gens arrêtent de se battre pour tirer la couverture à eux ? Ne peut-il exister une autre idée de la vie que celle qui parle d'intérêts personnels ? Ne peut-on dépasser le stade de l'Homo Sapiens Sapiens pour aller vers l'Homo Sapiens Civis (l'Homme qui pense en citoyen) ?
Vous extrapoler ensuite sur les instruments de contrôle du marché, et sur l'attribution de ses outils.
Je suis opposé à la centralisation de tels outils. Je suis convaincu que ce sont les citoyens consommateurs qui ont le pouvoir. Encore faut-il qu'ils décident d'en user et qu'on leurs enseigne le maniement.
L'acte d'achat est une sentence pour le commerçant. Au consommateur à apprendre à l'employer avec intelligence. Mais, encore faut-il que le commerçant/distributeur joue le jeu du libre choix.
Voilà pourquoi le contrôle d'en haut me semble mauvais. Les risques sont trop important que ces instruments tombent dans des mains criminelles...
En gardant un contrôle à la base, on garantit une régulation plus riche, plus fine. Mais, cela demande de savoir ce que l'on veut réguler, comment et pourquoi.
C'est de tout cela que je souhaiterais vous convaincre.
Vous terminez en concluant que ce n'est pas à vous de contrôler, ni aux autres enseignes. Que cela appartient aux instances publiques.
Vous y croyez vraiement au pouvoir de ces instances ?
D'ailleurs, cela ne vous empêche pas d'innover, de proposer une nouvelle manière de voir le commerce. Votre famille a été précurseur, c'est un signe, non ?
Quant à vos relations avec les fournisseurs, je vous laisse juge. Mais il me semble que vos "marges arrières" sont un peu "douteuses". Proposer à un fournisseur de payer pour vendre (car ça revient à ça) ??? Je trouve que c'est du vol. C'est comme si les clients de votre enseigne demander à être remboursé de leur frais d'essence quand ils viennent acheter chez vous...
PS : je suis heureux que vous ayez pris le temps de répondre à mes commentaires. Cela prouve que vous êtes un homme de dialogue. C'est bon signe...
Cher MEL.
Quand j'achète des bananes, je prends des bananes de martinique et non pas des Del Monte.
Si il n'y a que celles là, je n'en prends pas.
Quand je mange ma banane de martinique, je sais que la personne qui a travaillé dans la bananeraie n'a pas été aspergé de traitement par un avion.
Je sais que ce n'est pas un enfant qui a porté le régime, etc...
Je reviens toujours à mon épicier, il a des pommes à moins de 1 Euro. Je n'en ai jamais vu dans la GD.
Il vends du Comté 18 mois à 11 Euros le kilo.
Quand il y en a en Grande distribution, il est est à 18 Euros.
Ne parlez pas de la qualité, il est meilleur chez mon épicier.
Le commerce équitable ne sera équitable que quand le café sera à 80 Euros le kilo.
En dessous de ce prix, ce n'est que de l'exploitation.
Sur le café, il n'y a pas de concurrence en France, mais sur du textile par exemple, c'est de la concurrence déloyale par rapport à un fabricant Français.
Bref, toujours le même leitmotiv :
Réfléchissez avant d'acheter, c'est vous qui créez ou pas le chomage...
A plus...
Ronan, je suis vraiment heureux d'avoir lu tes échanges avec MEL car il reflète rigoureusement ma pensée sur le sujet. Bravo à MEL d'entrer dans le jeu de l'échange sur un tel sujet.
Pour compléter le propos de Ronan, je préciserai qu'il ne faut pas oublier que les partisans du commerce équitable sont souvent des ultras-libérales ! Moi le premier !
Quand MEL répond, sur la question de la régulation des prix trop bas, que la responsabilité ne lui incombe pas, j'ai les poils qui se hérissent !!
On ne peut pas construire un empire comme Leclerc sur les lois de l'offre et la demande et, devant un tel dysfonctionnement, appeler au secours une instance exterieure !
Résoudre la question des prix bas n'implique pas de faire du mécénnat. Au contraire, il s'agit de considérer qu'une régulation qualitative, et non agressive, des prix des partenaires constitue, pour Leclerc, un avantage concurrentiel énorme !
Vu de l’autre bout de la lorgnette, cela passe notamment par une éducation du consommateur à l'achat : plutôt que de bourrer son crane à coup de "promo méga-exceptionnelles", il serait bon de lui expliquer clairement quel est ce produit, comment il arrive jusque dans les rayons.
S'astreindre de cette partie du job est une erreur marketing monunmentale qui aboutit à l’asphyxie du producteur et à la dévalorisation du jugement du consommateur (qui d’ailleurs n’est pas si dupe).
Ma vision des choses est simple : Leclerc
est une chaîne magnifique qui a su répondre intelligemment à sa clientèle jusqu’à aujourd’hui. Mais, du fait de valeurs commerciales archaïques, tout porte à croire que l'économie libérale actuelle, extrêmement tendue, va dans le mur. Il s'agit peut être de se reveiller à temps en en responsabilisant le consommateur avant que celui ci ne se rendre compte qu'il est le dindon de la farce...
Amicalement.
Salut,
Vous étiez très bien sur le reportage effectué pour le JT de France 2 à 20 heures dimanche soir concernant les articles équitables.
Tchao M.E.L.
Salut,
Concernant WWF, je comprends qu'ils souhaitent soulever des polémiques car ils doivent être en perte de vitesse : le sigle reste connu mais de moins en moins présent!
Tchao M.E.L.
Salut,
Et des ananas aussi?
Mais dans quelle région habites-tu?
Cordialement JBS.
Tchao M.E.L. et tchao JBS.
Excusez-nous du peu, mais aujourd'hui
ce n'est pas une référence de passer
à la télé ! Les starac aussi passent,
et c'est plutôt toute une jolie bande de
magouilleurs aujourd'hui !...
Pour faire un commerce équitable,
Il ne suffit pas de vouloir
Et se mettre autour de la table,
Mais le faire aussi mieux valoir !
Découvrez l'actualité en vers et contre tout sur http://poactu.canalblog.com/
Salut,
Je soupçonne M.E.L. de récidiver malicieusement sur le sujet, source de nombreuses opinions divergentes. Bah, il vaut mieux prendre tout ça avec humour.
Bon courage à vous M.E.L..
Tchao M.E.L.
Guillaume, je suis ravi que cet échange avec M. Leclerc vous ait rendu heureux.
A la lecture de votre commentaire, j'ai découvert que j'avais tendance à associer systématiquement capitalisme et libéralisme et à juger les deux courants comme un seul.
Peut-être est-ce parce que le libéralisme est le plus souvent la revendication des capitalistes...
En tout cas, votre contribution à cet échange m'a fait voir les choses de manière différente et, comme chaque découverte, c'est un bonheur pour moi.
Je vous en remercie, Guillaume.
Je m'aperçois ainsi que le libéralisme peut être un levier pour une autre vision du commerce, et que le commerce équitable peut ainsi être généralisé grâce au libéralisme.
L'équité des échanges est en effet en contradiction avec la logique du capitalisme (en tout cas tel qu'il est pratiqué actuellement) parce que l'intérêt du capital investit revient à celui qui investit et que, trop souvent, celui qui investit n'est pas celui qui travaille. Cela conduit à un système ou l'intérêt du travailleur diminue l'intérêt de l'investisseur.
Nous savons pourtant que le communisme (tel qu'on l'a connu également) est - ou a été - un échec du point de vue humain tant qu'économique.
Je dis "pourtant" car il semblerait, d'un premier abord, que la possession du capital par les travailleurs aurait pu résoudre l'équation précédente sur la recherche de l'équité entre investisseur et travailleur.
Ce n'est donc pas le capital que doit posséder le travailleur mais le générateur des intérêts du capital.
Or, quel est ce "générateur" ? C'est la consommation !
Mais, si actuellement la consommation ne produit pas d'équité, c'est qu'elle est tournée vers un mauvais objectif : l'intérêt personnel.
Le consommateur n'est pas suffisament conscient de son pouvoir sur les politiques commerciales.
Par ailleurs, il existe une entité qui peut influer sur la consommation : l'Etat, par l'adoption de taxes, d'impôts et autres systèmes de régulation des échanges commerciaux ?
Donc, en schématisant à l'extrême (ce qui est pratique bien que dangeureux si l'on en reste à ce schéma) plus il y a de liberalisme et plus le consommateur sera conscient de son pouvoir, plus il pourra y avoir d'équité...
Schématiquement, bien entendu.
Bon, ceci était juste une tentative pour démontrer que le libéralisme pouvait être un vecteur de plus d'équité.
Mais - car il y a un mais, sinon ce serait trop simple - cela ne peut fonctionner que si les consommateurs ont tous pour ambition de développer l'équité des rapports commerciaux et humains... (on peut rêver).
Dans le monde réel, il faut bien prendre en compte la nature individualiste (voire égoïste) de l'être humain peu civilisé (j'ai bien dit peu civilisé, pas peu industialisé ! Il existe des groupes ethniques très peu industrialisés qui sont bien plus civilisés que nos sociétés).
D'où le rôle des Etats, garants de l'intégrité des sociétés. Ce qui amène à la question suivante (qui est proche de celle que M. Leclerc posait sur la régulation par l'Etat) : en quoi l'Etat peut-il civiliser les citoyens ?
Bien-sûr, je suppose ici qu'il le veut et que c'est aussi le choix du peuple qui l'a constitué. Mais, cette question ne devrait pas se poser, car dans un pays où on laisse les citoyens choisir de leur vies, d'être libres - et tant mieux ! - il n'est pas possible de faire l'impasse sur l'éducation des principes fondateurs de la société que forment ces citoyens sans en récolter le retour de l'individualisme le plus primaire, voire le plus bestiale !
Si les fondements d'une société ne sont pas enseignés, comment pourraient-ils se perpétrer ?
D'ailleurs, trop de parents aujourd'hui font cette erreur de croire que leurs enfants apprendront ces règles "sur le tas"; qu'il faut les laisser vivre et découvrir par eux-mêmes...
Voilà pourquoi, face à l'échec partiel de l'Education Nationale, face à l'abandon par ces parents de leur rôle éducatif, il reste l'engagement personnel de personnalité de grande notoriété [vous me voyez venir, M. Leclerc]; il reste... le mécénat !
Finalement, vous l'aviez, la solution, M. Leclerc.
Comme dit Guillaume :
"Il s'agit peut être de se reveiller à temps en responsabilisant le consommateur..."
Responsabilisez le consommateur, M.Leclerc !
PS : j'ai bein conscience que mes réflexions sont bien souvent très conceptuelles, mais avec le pragmatisme d'un homme de terrain comme vous et la contribution des intervenants de ce blog, j'espère (peut-être trop naïvement) qu'un jour vous prendrez ce risque "politique" de vouloir redonner au mot commerce une valeur plus noble que celle qui l'affecte de nos jours.
Respectueusement.
Ronan Dussin
ou l'on s'aperçoit en fait que le terme équitable est spécifique aux pays en voie de développement ou sous développement. Le reste du commerce n'est donc pas équitable. C'est plus qu'un aveu.
Mieux vaudrait un peu d'équité dans le commerce en général. Le client consommateur se sentira plus impliqué dans toutes ces démarches.
Formidable débat, qui montre la passion des personnes sur un sujet passionnant.
Deux réflexions personnelles:
-Il a fallu pousser un certain nombre de grandes surfaces pour qu'elles développent les produits de commerce équitable. Dans ma région, je connais un groupe de personnes qui ont envoyé à un grand centre cial (peu importe l'enseigne), photocopies de tickets de caisse généreux, accompagnées de la lettre: "si il y avait eu ces produits (cerclés) chez vous nous y serions allés." La direction les a reçu, elle qui les ignorait depuis delongs mois. Chouette! L'initiative citoyenne a encore un petit champ d'expression. Le même d'ailleurs qui réside là où on pourrait acheter n'importe quoi sans se poser de questions, et où on ne le fait pas.
2) Je suis client de ce commerce, et je sais aussi que des difficultés apparaissent: des producteurs français se trouvent lésés. Des producteurs locaux développent intensivement les productions rentables, destinées à l'export, privant les locaux de produits vivriers à bas prix. Des labels fantaisistes apparaissent, parfois douteux. Je continue quand même. Non pas par béatitude pro-libérale, mais parceque je suis persuadé que cela va dans le bon sens. Par contre, probablement, pour que cela aille vraiment bien, il faut sans doute non seulement consommer, mais aussi s'informer, et s'impliquer plus, toujours plus...
Mexicaine, vivant en France depuis 92, je suis très attiré par votre démarche et votre philosophi vis-à-vis du commerce équitable.
Ce message est digne d’être passe dans certains pays du tiers monde…
Bonjour MEL,
Je faisais mes courses hier dans un centre Leclerc et j'ai découvert vos nouveaux sacs de caisse à 1,00 Euro..Vous avez vraiment tout réuni en 1 seul sac..nature + équitable.
En espérant que ce ne soit pas ponctuel car mon fils ma l'a déja pris.
Bien à vous
Claude
un rendez vous raté ? j'ai essayé via ACDLEC sans succés...mon portable reste ouvert, meme si un certain doute sur votre parole s'installe...
amixcalement
pierre
Salut,
Vous êtes un consommateur responsable,
Vous aimez la transparence,
Vous vous êtes engagé en faveur d'un libéralisme plus équitable,
Les produits du commerce équitable sont faits pour vous. En vente dans tous les magasins Leclerc.
Cordialement Ronan.
Tchao M.E.L. et tchao Ronan
Ronan,
Je pense que la mise en place d'un commerce équitable passe par une reconsidération des comportements de l'ensemble des responsables de la chaîne économique.
Vous placez la responsabilisation de la consommation au centre de la boucle éthique.
Il s'agit effectivement d'un point clé puisque le consommateur final, décérébré par la publicité, peut actuellement être considéré comme le « dindon de la farce ». Cependant, on pourrait faire un raisonnement relativement similaire avec les détenteurs de capitaux qui, plutôt que d'exiger à court terme des têtes, devraient se pencher sur leur responsabilité gigantesque à comprendre où va leur capital (et décider d’une façon plus raisonnée)... Nous sommes exactement dans la même logique que pour le consommateur.
Autre exemple : le (grand) distributeur aura-t-il intérêt à être d'une exigence extrême pour comprendre ce que l'on fait de son argent ! Considérer que courir après les petits prix consistitue le cœur de l’activité d’un distributeur relève d’une myopie commerciale caractéristique de notre époque !
Conclusion : l'éducation du consommateur (de l'acteur économique !) est nécessaire. Mais attention : pas par le mécennat ! Le commerce, éthique ou non, ne fait pas bon ménage avec l'assistanat !
Encore une fois, l'idée, pour une enseigne, est d'éduquer le consommateur à la bonne consommation en pariant que ce service rendu entraînera un acte d'achat... Cette éducation à l’achat passe par une reconsidération de la plupart des modèles marketing actuellement en place, fondés sur la *désinformation* du consommateur et l’acquisition pavlovienne.
De cette remise en question du marketing découlera *nécessairement* une transformation des valeurs du paysage audiovisuel et presse français car les valeurs de ce triste paysage est actuellement *totalement* dépendant du marketing et de la publicité (à l’exception de quelques canards presses que le consommateur moyen a depuis longtemps laissé tombé faute d’images).
Or c’est sur ce paysage audiovisuel et cette presse (ajoutée à une éducation civique rigoureuse) qu'il faut miser pour non seulement faire évoluer les mentalités des consommateurs mais également faire évoluer les mentalités des fournisseurs, des détenteurs du capital et des distributeurs.
C'est la société toute entière qui, doucement mais surement, pourra faire évoluer ses valeurs.
Je suis très pessimiste quand je vois l’évolution insensée et hypertendue de l’économie libérale actuelle. Je crois très fort au commerce éthique car je considérè que c’est la seule alternative à une explosion pure et simple de notre système.
Les mentalités évoluent… Espérons que ceux qui ont entre les mains des manettes stratégiques embrayent le pas et sache "redonner du sens"...
Le commerce équitable est quand même le pillage des ressources d'un pays.
Le paysan qui fait pousser du coton pour le vendre à des européens ne cultive pas la nourriture pour sa famille ou son pays.
Il est obligé de l'acheter... à des européens ou à des américains.
Je connais un voisin qui entretient un
magnifique potager, et il ne fait même
pas de commerce équitable, il mange
sa production, comme cela c'est direct
sans intermédiaires, sans marges, sans
débats phylosophiques, c'est encore
mieux...
Bonjour,
je voudrais prendre part a ce débat passionnant!
Je suis certain, comme Guillaume, que le marketing doit évoluer. Le marketing est la vitrine de contact de toute entreprise avec son / ses consommateurs. C'est le marketing qui reflete les attentes de l'entreprise ET celles de ses consommateurs. C'est le lien ! La responsabilisation des acteurs du marketing entrainera une responsabilisation en amont, des investisseurs et detenteurs du capital, en aval, des consommateurs.
Dans les couloirs de n'importe quelle departement marketing c'est toujours la meme litanie: Ne pas prendre le consommateur pour un con, mais ne jamais oublier qu'il l'est.
Je DETESTE cette phrase. Surtout parce que le fameux consommateur pour cette bande de prétentieux, c'est souvent eux-memes. Ou moi. Ou vous. Prendre les gens pour des cons, c'est la société libérale d'aujourd'hui.
A votre avis, pourquoi le libéralisme est il aujourd'hui conspué par tout le monde, y compris les politiciens de droite en france? Parce que l'on croit que le libéralisme rime avec individualisme, qui amene a des comportements comme ci dessus, et des problemes comme cités par Ronan et/ou Guillaume. Alors que le probleme, ce n'est pas le liberalisme, c'est le manque d'education civique.. les gens n'apprennent plus a etre "SYMPAS": ils sont tous aigris et pensent au week end prochain, ou ils pourront aller depenser leur ARGENT, LEUR argent.
Si chacun se donnait la mission d'etre sympa (vive Amelie Poulain, la je suis romantique a l eau de rose, mais pourtant c'est vrai) le monde irait dans le bon sens.
Je suis fervent partisan de plus de liberalisme, accompagné de plus d'education citoyenne. Car c'est le citoyen qui est au coeur du liberalisme, et qu'il faut lui donner tous les outils pour mener une reflexion vis a vis de son choix de vie.
Et je pense que le marketing doit vider tous les gens qui pensent comme plus haut. Le marketing, c'est vendre un BON produit, de qualité, au juste prix, et a la BONNE personne. Pas la CONNE personne.
Et peut etre que la, on verra des campagnes de pub dignes d'etre affichées dans la rue.
PS: JBS, vous dites
"Le commerce équitable ne sera équitable que quand le café sera à 80 Euros le kilo.
En dessous de ce prix, ce n'est que de l'exploitation."
Il faut ne pas oublier que le cout de la vie dans ces pays la est beaucoup moins elevé. Je vous suggere de venir demain avec votre salaire francais a Londres. Ca peut etre marrant de voir votre pouvoir d'achat diminuer de moitié (moi ca me fait pas forcement rire !). Et vous verrez ce que veut dire "remettre les choses en contexte".
PS2: Vous avez raison de dire que le commerce equitable eloigne l'agriculteur de la culture pour son propre pays. Ca me rappelle la France: la PAC finance l'agriculture francaise non pas pour assurer la survie d'une agriculture d'auto suffisance, mais bien pour rester les 2e mondiaux. Basta ya ! si c'est pour avoir du poulet dégueu non merci.
PS3: Promis, quand je reviens en France, mon premier poste d'achat (non négligé en termes d'importance) sera l'alimentaire. Je m'assurerai aussi de savoir qui fait la marge sur les produits que je consomme. Je veux de la transparence.
Merci Ronan, merci Guillaume, merci JBS et les autres !
A tres bientot
Marc
Marc, Guillaume, M. Leckerc et les autres,
Je pense également que la mise en place d'un commerce équitable passe par une reconsidération des comportements de l'ensemble des responsables de la chaîne économique.
J'envisageais le mécénat pour M. Leclerc comme un des éléments de cette démarche.
Il est évident qu'il y a d'autres moyens pour le citoyen de s'informer que d'aller faire chez courses chez Leclerc.
C'est vrai, par contre, que j'ai tendance à placer la responsabilisation du consommateur au centre du problème (ou plutôt de la recherche d'une solution).
Mais, je le fais plus par pragmatisme que par volonté personnelle. C'est-à-dire que je pars du constat que les entreprises commerciales s'appuient le plus possible sur le comportement du consommateur pour déterminer leur politique marketing. Cette politique inclut d'ailleurs la "manipulation" par la publicité notamment.
Par contre, comme vous, je considère qu'il serait souhaitable que les responsables marketing et commerciaux intègrent également l'équité dans leur raisonnement. Qu'ils développent une certaine ethique.
Mais, là, je n'y crois pas. Tant que l'individualisme l'emportera, aucune ethique équitable ne fera surface dans leur politique. En revanche, il est possible qu'ils intègrent l'équité en analysant son impact positif sur leur chiffre d'affaire. Mais, ce ne sera alors qu'une conséquence indirecte de leur individualisme persistant.
L'éducation civique, comme le dit Marc, est en effet, le centre du débat !
C'est effectivment quand les responsables marketing (et leur direction) auront conscience de leur responsabilité civile que nous ferons un grand pas.
En attendant, je crois que toute action de qui que ce soit allant dans le sens de cette prise de conscience est capitale.
Que ce soit M.Leclerc ou les consommateurs, les éducateurs, les professeurs, les maires et autres élus... Tous, nous devons réapprendre à vivre ensemble, à avoir un projet social commun, à avoir une ambition commune.
Cela n'empêche nullement l'entreprise (au sens large) individuelle d'exister. Cela conditionne simplement ses actions.
Cordialement.
Ronan Dussin
Salut,
L'affaire "Clearscream" ne permet pas d'avoir une meilleure citoyenneté. A partir du moment où le gouvernement et les opposants à ce gouvernement ne jouent pas le jeu de la citoyenneté, vous ne parviendrez jamais à plus d'équité où à plus de transparence. Je ne peux que déconseiller à M.E.L. de marcher à contre sens des pouvoirs publics : on m'a toujours dit "que l'Etat est plus fort que toi". Et justement parce que De Villepin n'a pas démissionné après le CPE, justement il y a Clearscream, et justement on demande une motion de censure. Et s'il y a censure, alors une nouvelle affaire devrait encore éclaboussée le gouvernement justement pour faire du bruit. Comme en Corse, je me suis toujours demandée qui se cachait derrière tout ça ; aujourd'hui LE problème Corse devient LE problème national. Vous n'arriverez qu'à parler de citoyenneté avec amertume, comme vous le faites déjà.
Tchao M.E.L.
??? faut pas déconner...
Oh que non, Florence !
Parler de citoyenneté avec amertume voudrait dire qu'on n'y croit plus !
Or, au contraire : j'y crois fermement !
Je crois fermement que le citoyen existe toujours !
Et je crois qu'il doit prendre ses responsabilités !
C'est justement parce qu'il les abandonne qu'il laisse la porte ouverte à toutes ces dérives que vous pointez du doigt.
Je ne crois pas, par contre, qu'une "affaire" - Clearstream ou autre - empêche la citoyenneté d'exister.
La citoyenneté est un état d'esprit avant d'être une qualité étatique. Un état d'esprit qui doit habiter chaque membre de la société et pas seulement les élus.
Je pense que de vous avoir toujours dit que "l'Etat est plus fort que toi" vous empêche justement de vous sentir citoyenne.
Mais, pourtant, vous l'êtes ! Et, en cette qualité, vous avez des responsabilités que vous vous devez d'assumer.
Etre libre nécessite d'assumer la responsabilité de ces actes. On ne peut pas vouloir être libre et rejeter la responsabilité de ses actes sur les autres, y compris un Etat ou un gouvernement, légitime ou non.
Bien-sûr la composition du gouvernement n'est pas la responsabilité du citoyen. Par contre, il est de sa responsabilité de s'exprimer sur la politique de ce gouvernement, surtout en cas de désaccord majeur. "Qui ne dit rien consent", dit-on.
Ainsi, réduire la citoyenneté à sa dimension parlementaire est oublier que le citoyen a droit d'expression.
C'est justement en oubliant ce droit ou en le refusant délibérément qu'on en arrive à ne plus se sentir concerné que par son pouvoir d'achat et à son petit -tout petit- nombril.
Non, Florence, il n'est pas vain de penser que le citoyen a son rôle à jouer dans la vie politique.
Et, non, Florence, il n'est pas vain d'espérer que le consommateur puisse influer sur les pratiques commerciales de la GD.
Au contraire, parler de citoyenneté c'est déjà rappeler que ce concept existe et qu'il implique des droits et des devoirs. Le vote en est un. Mais, la participation active à des débats, à des actions sociales, publiques, etc. en est un autre.
Echanger !
Faire circuler les idées, l'Idée de la citoyenneté, de la République. Rappeler ce qu'est une société, de quoi est faite une civilisation, etc. Voilà ce qui manque à notre époque.
Et, à ce propos, je voudrais remercier M. Leclerc pour ce blog.
Alors, continuons à parler de citoyenneté, d'équité, de justice, car il n'y a qu'ainsi que ces valeurs continueront d'exister !
Florence, ne vous laissez pas envahir par la tristesse et l'amertume !
Cultivez vos bons sentiments, vos idéaux et même vos utopies.
Jaurès disait : " Le courage c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réél".
Antoine de Saint-Exupéry, lui, disait : "Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité" (Le petit prince)
Nos croyances sont à l'origine de nos actes. Il nous appartient de croire en un monde meilleur pour nous préparer à le construire.
Cordialement.
Ronan Dussin
Salut,
Vous avez certainement raison Ronan. Parler de la citoyenneté, c'est déjà énorme. Et je vous remercie pour cela. C'est tellement rare de nos jours. Mais peut-on être citoyen dans une République controversée? Je connais votre réponse : ne pas baisser les bras.
Mais parler de la citoyenneté, pour certains, quelques jeunes notammment, c'est rabajoie! Alors, je ne crois pas que ce soit la bonne solution.
Cordialement Ronan
Tchao M.E.L. et tchao Ronan
Juste une remarque : J'adore ce discours !
Tellement universel ! Personne et tout le monde peut se l'approprier, ce qui est plutot bien.
J'enleverais juste le mot Republique, parce que je ne suis pas certain que son sens actuel soit tres libertaire. Et pourtant... "la chose publique"... C'est tellement beau !
Merci !!!
PS : Pour moi, parce que je suis enclin a penser comme cela, ce discours est tres libéral - humaniste. (certains dirait chretien - liberal, mais je ne veux pas meler religion et societe, c'est nul).
Donc merci
Marc
Bonjour,
Je suis depuis quelques années consommateur de produits issus du commerce équitable, mais pourtant aujourd'hui mes pensées changent, en effet je suis depuis un an étudiant et donc confrontré à un budget sérré. Je reconnais tout à fait la plus value sociale des produits, mais si mon porte monnaie ne suit pas, ma bonne volonté ne suffit pas. Le commerce équitable est pour l'instant réservé en grande partie à des CSP élevée pour plusieurs raisons (pouvoir d'achat, éducation...), aujourd'hui comment faire pour que ces produits ne soient plus réservés à une seule classe sans dénaturer les principes du commerce équitable?
Je reconnais tout à fait l'impact important des centres Leclerc pour vendre des produits issus du commerce équitable, mais aujourd'hui le poids de la sensibilisation et de l'éducation du grand public à cette pratique est supporté par Max Havelaar, les associations locales de terrain etc. Pourquoi la grande distribution ne participe elle pas plus ?
je suis furieuse envers le magasin Leclerc de St clair du Rhone les prix affichés correspondent rarement aux produits les dates de peremptions il est préférable de tout vérifier souvent dépassées je suis cliente depuis que le magasin existe vendredi j'ai acheté de l'huile d'olive prix 6.99€ a la caisse:7.94€ a l'acceuil je l'ai refusé un bon d'avoir ma été délivré mon mari ne sachant pas ce que c'était la jeté mon ticket de caisse a été conservé par le magasin mais impossible de m'en faire délivrer un autre (le nombre de fois ou j'ai reporté des articles périmés)
Bjr MEL, j'ai une idée dont j'aimerais discuter avec vous, à mon avis cette idée qui j'espère deviendra au moins un projet, ammenerait la clientelle concernée quasi-systematiquement vers les magasins E.Leclerc.J'évolue depuis le début de ma vie active dans le transport, le monde des affaires ne m'est pas fammillier, j'utilise donc votre rubrique au hasard,qui sais?...
Yves, Landivisiau.
Bonjour,
L'introduction des produits de commerce équitable en GMD (Grande et moyenne distribution) a permis des avancées indispensables, notamment en terme de notoriété et d'augmentation des débouchés qui est effectivement l'attente principale des petits producteurs. En tant que militant du commerce équitable je tenais à vous en remercier.
Cependant ce que les militants critiquent n'est pas une ou des personnes ou une enseigne mais des pratiques, et en particulier la recherche du profit maximal qui font peser des risques sur les critères indispensables à un commerce équitable digne de ce nom. En particulier les dernières déclarations de MEL mettant en avant son choix de faire baisser les prix du commerce équitable.
Ma première question est de connaître votre point de vue pour savoir à quel endroit de la filière et auprès de quel acteur la marge doit être "amputée" pour permettre au prix final de baisser ?
Le commerce équitable que je reconnais passe par les 5 critères minimum du commerce équitable proposés par la Plate-Forme française du commerce équitable (PFCE) :
1 - Un prix d'achat aux producteurs juste c'est à dire assez élevé pour leur permettre de cadrer avec la notion de salaire minimum vital, et de satisfaire leurs besoins élémentaitres (se nourrir, se loger, l'éducation des enfants)
2 - des rapports commerciaux durables, c'est à dire rester des partenaires sur le long terme pour permettre aux organisations de producteurs de compter sur une commande minimum par an pour leur permettre de faire des projets
3 - le refus de l'exploitation au travail et notamment des enfants
4 - le respect de l'environnement dans les modes de production
5 - des produits de qualité
Je ne doute pas de votre accord total avec les 3 derniers critères, je voudrais connaître votre position plus particulièrement sur les 2 premiers selon :
- vos projets sur l'évolution future du commerce équitable en GMD comme vous l'envisagez
- vos pratiques commerciales auprès des fournisseurs français locaux
Je souligne votre ligne de communication qui avance de proposer le prix le plus bas possible aux consommateurs. Cependant jusqu'à quel point peut-on descendre sans nuire à la marge des producteurs et donc de satisfaire le premier critère du commerce équitable, et ne peut-on pas consommer moins pour consommer mieux ?
je vous remercie de me répondre
Bien cordialement
Y.D
Cette histoire de "Clair Courant" (Clearstream) devient de plus en plus sombre et ressemble à une vieille BD: "Les Pieds Nickelés". N'est-il pas ?
Salut,
Et oui Vigilant, "tout doit apparaître" est le thème repris par M.E.L. pour le lancement de wwww.quiestlemoinscher.com.
Tout est histoire de mode, de "courant".
Tchao M.E.L.
Yves blouin (2006.05.22)
Vous pouvez m’écrire, Yves, à l’adresse du siège des centres E. Leclerc (ACDLec, 52 rue Camille Desmoulins, 92451 Issy les Moulineaux).
Si vous voulez bien être le plus efficace possible, essayez de me décrire de manière très pragmatique votre projet dans le transport. Je le transmettrai à un interlocuteur spécialisé de mon réseau qui pourra vous répondre.
Re faivre (2006.05.22)
Je transmets votre observation au centre E. Leclerc Saint-Clair du Rhône, et lui propose de vous répondre directement.
Re Nicolas L (21/05/2006)
Mais justement, Nicolas, l’introduction du commerce équitable en grande distribution rend ces produits plus accessibles. Le même produit était vendu 20% plus cher dans des circuits plus confidentiels. Vendus en hypermarché, ces produits bénéficient d’une logistique beaucoup moins coûteuse, de marges plus faibles, et l’accroissement des débouchés permet de substantielles économies d’échelle. C’est la raison pour laquelle, j’ai demandé à mes adhérents de réserver à ces produits une plus large place. Avec succès, puisque depuis deux ans, le taux de progression du chiffre d’affaires de ce secteur (encore marginal il est vrai) est supérieur à 40% l’an.
Re Ronan Dussin (16/05/2006)
Je salue votre grand pragmatisme, même si je ressens la dose de résignation qui prévaut dans votre commentaire.
Et oui. Dans notre société hypermatérialiste, c’est l’individualisme qui s’oppose à l’élaboration d’un projet collectif pour « mieux vivre ensemble ». Comme vous, je crois à la nécessité urgente de définir un projet social ou une ambition commune à nos concitoyens. Je crois au primat du culturel sur l’économique. Mais, en l’état du délitement actuel des rapports entre le politique et le citoyen, j’essaye, à travers mon métier, mon projet d’entreprise, d’apporter une petite pierre à cet édifice. Cela fait-il la publicité de E. Leclerc ? Evidemment oui, comme d’ailleurs vous le dites aux autres internautes. Et alors ? Le danger, à coup sûr, serait de nous laisser le monopole de toutes ces initiatives. On en est loin. D’ailleurs, si toutes ces actions sur le développement durable et le commerce équitable concourent à valoriser notre enseigne, c’est bien parce qu’elles ne sont pas banales, ni fréquentes. Que d’autres relèvent le défi, bon Dieu ! Que les hommes politiques parlent du commerce équitable ! Et alors E. Leclerc ne sera qu’une voix parmi d’autres. Une voix d’entreprise remise à sa place ! En attendant que tout ce monde-là se mobilise, je fonce, j’agis… et je laisse les aboyeurs aspirer à un monde plus vertueux (sans capitalistes, sans entreprises ?) à défaut qu’ils ne soient capables de créer le leur !
Merci pour vos fréquentes interventions, toujours bienvenues.
Re JBS (16/05/2006)
En fait, JBS, ce qui vous pose problème, ce n’est pas le commerce équitable, c’est l’échange. L’échange commercial tout court. Vous semblez imaginer viable un monde autarcique. Je n’arrive pas à comprendre que vous puissiez croire aux vertus de ce type de repli collectif. Aucun peuple dans l’histoire n’a survécu dans son isolement.
Il y a, chez beaucoup d’antimondialistes, une réelle appréhension face à l’accroissement des échanges (reconnaissez quand même que c’est un paradoxe d’émettre ce type de discours sur un réseau internet devenu mondial !). Mais se pose-t-on la question de l’intérêt réel des producteurs du Sud. Pour avoir beaucoup voyagé, je peux vous certifier que les peuples d’Afrique ou d’Asie, même les plus révolutionnaires, aspirent à commercer, à vendre. Et à vendre à un Occident riche et repu ! Parce que sans cet échange, même inégal, il ne saurait y avoir de développement !
Voici mon adresse courriel
yvesdesjeux-up@yahoo.fr
Cordialement
Y.D
Ah non Mr MEL, vous ne faites que jeter le discrédit sur les altermondialistes, à qui le commerce équitable doit sa naissance, son développement, et qui vous ont démarché années après années pour que ces produits rentrent dans vos rayons, en tachant de vous convaincre (et les responsables de magasins) avec les arguments que vous reprenez à présent : augmenter les débouchés, et toucher le maximum de consommateurs.
Et c'est navrant de toujours se faire traiter de communiste dès que l'on critique les pratiques (en effet, il s'agit de pratiques) commerciales qui ne vont que dans le sens du profit personnel et non du bien de tout le monde y compris des fournisseurs. Mr Yves Desjeux posent de bonnes questions : Quels critères mettez vous derrière ce que vous appelez commerce équitable ? Vendre plus voilà tout ? Je serais aussi curieux de connaître vos critères. Car il existe un monde entre le capitalisme social et le commerce équitable, et je suis prêt à en débattre avec vous sur ce forum.
Le commerce équitable n'est pas qu'un joli mot, c'est bien une autre forme de commerce dont les règles ont été mis en place par des militants, des acteurs au sens plein du terme, qui savent de quoi ils parlent, et plutôt que de les présenter comme des personnes prétentieuses qui s'érigent comme "gardiennes du temple", si tout simplement elles n'avaient pas raison ?
Oui, j'oubliais, comble du discrédit vous affirmez que ces gens n'ont pas de "garantie de compétence". C'est une véritable insulte, je ne me rabaisserai pas à argumenter la même idée vers votre direction...

Laisser un commentaire

Cette adresse n'apparaîtra pas à la publication
CAPTCHA