
ÉCONOMIE
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Distribution US (2) : Aldi, Trader Joe's, Fairway Market, WholeFoods, Eataly – Le renouveau de l’offre alimentaire
Peut-on encore inventer de nouveaux concepts dans l’alimentaire ? Les Etats-Unis sont-ils crédibles dans la mise en valeur des produits bio ? Quelles sont les attentes des consommateurs new yorkais en la matière ?
Le modèle économique repose sur la négociation directe avec les fournisseurs, sans intermédiaire. Et cela se voit. Les prix sont raisonnables, surtout en comparaison aux autres enseignes du même type. Trader Joe’s met en valeur ses produits « organics », propose toutes sortes de fromages, de viandes et de pain frais.
Priorité aux MDD, le magasin vend peu de grandes marques. Certes, le choix des produits est plus restreint, mais on n’a pas l’impression d’être limité (vous avez quand même le choix entre une bonne dizaine de marques de popcorn ou de céréales pour votre petit-déjeuner).
Le vrai point noir de Trader Joe’s c’est l’attente en caisses ! Il n’est pas rare que les clients patientent une bonne vingtaine de minutes. Dans une ville aussi speed que New York, c’est so crazy !
On prend : les MDD nombreuses, les prix maîtrisés.
On ne prend pas : l’attente incroyable en caisses.
La dominante ici, ce sont les fruits et légumes mis en vente : carottes, pommes de terre, céleris, oignons, poires, navets, tomates… les formes et les tailles sont variées. Chez Fairway on n’est pas dans la recherche du calibrage parfait. Les produits sont livrés bruts, dans des empilements improbables au point que l’on s’étonne que les piles tiennent debout malgré les multiples manipulations des clients. Au final, on admire autant les produits que leur mise en scène.
Fairway n’est pas en reste pour la boucherie et la fromagerie. Pour les viandes, un vaste choix et des bouchers qui travaillent sous vos yeux, disponibles pour vous aider. Pour les fromages, on se croirait en France tant la gamme est variée : des soft cheese aux vrais fromages qui puent.
Enfin, le vrac est très présent dans le magasin : cafés, olives, tomates et poivrons confits, produits secs… le client peut se servir autant que de besoin, à condition « d’être civilisé en ne plongeant pas les mains dans les seaux » comme le demande le panneau.
Chaque année pour Thanksgiving, tous les magasins Fairway s’investissent massivement aux côtés des banques alimentaires pour offrir turkeys et potatoes aux plus nécessiteux.
On prend : le vaste choix dans le vrac, la présentation originale des produits frais
On ne prend pas : Un magasin étroit et surchargé qui peut donner le sentiment d’étouffement
Wholefoods se veut très en pointe sur la qualité et le développement durable. On le constate dans chaque recoin du magasin...et sur le ticket de caisse ! Wholefoods s’adresse clairement à une clientèle plutôt aisée. L’enseigne a été classée parmi les entreprises les plus socialement responsables du pays et figure au 3e rang sur la liste des meilleurs partenaires de l’Agence pour la protection de l’Environnement.
Le magasin parle beaucoup à ses clients. Pas un rayon, pas un présentoir où ne figurent des messages sur les valeurs de la marque en cohérence avec le produit proposé. Wholefoods met également en avant ses « Alliances locales » avec les producteurs de l’Etat ou des Etats voisins, et informe beaucoup le consommateur sur le bien-être et les risques éventuels des produits sur sa santé (gluten, arachide, soja…).
Evidemment ici on trouve des produits issus de l’agriculture organique et du commerce équitable. Les détergents et lessives, passés au crible de l’analyse environnementale établie par la chaîne, sont estampillés de logos figurant le niveau de protection minimal (rouge) moyen (orange) et total (vert) de l’environnement.
Enfin, une vaste zone traiteur permet aux clients qui le souhaitent de pouvoir se restaurer sur place, au cœur même du supermarché. Les lumières y sont plus tamisées, la décoration à dominante de briques et de bois. Le client peut composer son repas comme bon lui semble, en fonction des produits mis à sa disposition. Des menus sont également proposés pour lui faciliter la tâche (américain, mais aussi chinois, thaï, italien…).
On prend : le magasin bien organisé, qui informe beaucoup ses clients sans les « noyer ». Des produits de qualité. Les coins traiteur et restauration, très soignés.
On ne prend pas : les prix élevés qui donnent l’impression que le bio est un produit de luxe réservé à une élite.
Eataly c’est LE temple de la gastronomie italienne. Le design est ultra-soigné, l’ameublement est élégant et racé, les points de restauration dispersés dans tout le magasin sont autant d’appels à s’asseoir pour déguster une succulente assiette de pasta arrosée d’un chaleureux Amarone della Valpolicella. On peut aussi y manger une pizza généreuse pour un prix tout à fait abordable (13$). En revanche, impossible de réserver sa place (« first come first served »).
Mais Eataly est autant un supermarché qu’un restaurant, ne l’oublions pas. Le rayon des huiles d’olive est au moins aussi impressionnant que la cave des vins italiens. Pouilles, Calabre, Campanie, Piémont, Ombrie… pas une région italienne qui ne soit pas à l’honneur. Ici, le client voyage en lisant les panneaux d’information qui renseignent autant sur le produit que sur le pays !
Les jolis petits pots (importés) de sauces et de condiments, la multitude de pâtes (en boîte ou alors fraîches et réalisées sous vos yeux), les fromages, les poissons, les fruits et légumes… vous avez tout sous la main pour faire un bon repas chez vous. Et si vous ne savez pas faire la lasagne ou si vous hésitez dans l’accompagnement du vin, pas de souci le magasin vous propose de participer à ses ateliers gastronomiques pendant votre heure de pause le midi. Si vous n’avez pas le temps, les propriétaires éditent aussi une multitude de petits guides culinaires.
Quand on sort de chez Eataly, on est bluffé et quand même un peu vexé aussi. Car on se dit que nos arts culinaires et nos produits régionaux français mériteraient bien - eux aussi - un si beau lieu d’exposition et de vente à New York !
On prend : l’aménagement du magasin, la restauration dispersée aux quatre coins qui donne de la vie à la surface de vente, les produits de qualité.
On ne prend pas : la légère tendance à sur-occuper l’espace, ce qui peut gêner un peu la circulation dans le magasin.
Aldi, une première à New York
A East River Plazza, se situe le premier Aldi de New York. L’affaire est visiblement d’importance car le New York Times y a consacré un long article l’année dernière. C’est une petite surface alimentaire. Les couleurs sont à dominante jaune/marron. Le magasin est bien tenu, propre et cela tranche un peu avec ce que l’on peut connaître en Europe. Il n’y a pas beaucoup de références, ici on fait dans le simple et l’accessible. Le magasin privilégie ses propres marques et la vente se fait majoritairement sur palettes et dans les cartons ouverts en façade qui servent de présentoirs. C'est un modèle allemand, inclus dans un univers très différent, notamment culturellement. Un pari pas gagné. On prend : la sobriété, les rayons aérés, les prix bas. On ne prend pas : le côté déjà daté d’un magasin pourtant récent, un service limité pour le client (peu de personnel disponible).Trader Joe's : “Great food + Great prices = Value”
Chez Trader Joe’s (Chelsea) pas de chichi. C’est basique, simple et fidèle au slogan de l’enseigne. Ici pas de carte de fidélité, pas de club de consommateurs, pas de soldes, pas de gadgets. La chaîne, fondée en 1958, compte 355 magasins dont la moitié en Californie.


Fairway Market: Like no other market
Fairway Market revendique sa spécificité jusque dans son slogan : « ce n’est pas un supermarché comme les autres ». On l’admet sans difficulté. Dès l’entrée du magasin le ton est donné : un vaste rayon de jolies salades de fruits frais en mini-box, prêtes à consommer.



WholeFoods : tout beau, tout bio
Au sous-sol du luxueux centre commercial de Columbus Circle, vous trouverez Wholefoods, célèbre enseigne (cotée au Nasdaq) dont la devise résume l’esprit : « Whole Foods, Whole People, Whole Planet ».




Eataly, ou comment rendre jaloux des Français
La chaîne est récente (2004) et elle ne compte pour le moment que 8 magasins dans le monde (5 en Italie, 2 au Japon et donc un à NYC, installé sur la so chic 5th Avenue). Eataly, c’est le concept du slow food par excellence. Ici on a envie de prendre le temps de découvrir les produits, de les goûter, bref de se plonger dans toute la culture italienne, et pas seulement culinaire.




Petit clin d'oeil chez WholeFoods, auquel nous avons été sensibles !
A suivre prochainement : La (para)pharmacie dans tous ses états (3), A l’heure d’Amazon, le non-alimentaire physique est peu créatif (4).
26 Commentaires
pourquoi les produits fabriqués pour leclerc ne portent pas le nom LECLERC mais des noms inventés selon la famille de produit ?
certes, ce sont tous des produits estampillés "marque repere", mais le client ne relie pas intuitivement le produit concerné avec l'enseigne.
en cas de probleme de qualité, le nom LECLERC n'est pas décrédibilisé. et il est facile alors d'attaquer le fabricant.
accessoirement, cela permet la pub télé via le parrainage d'émissions, publicité tv directe interdite aux enseignes de distribution.
quelle preuve d'hypocrisie et de manipulation.
Moi au moins je reconnais que tu pouvais tout aussi bien fermer ton blog...ou virer les comms désagréables, ce que tu ne fais pas pour l'instant.
Moi tu restes mon ami et mon dealer préfèré. Faut dire que moi la viande c'est pas trop mon truc...mais là t'as qdm une bande de charognards sur le poil.
Ils sont pourtant bien informés non? Ben ils veulent pas croire, ils attendent la cata et ils chouinent.
Bon alors moi qui suis un ami de l'homme je vais juste leurs signaler que depuis quelques temps y a des petits malins d'industriels qui recyclent les dechets nucleaires de " courte vie" dans la ferraille qui sert a fabriquer divers machines ...lave linge...frigo...bagnole..e tautres conneries. Bon c'est pas la peine que je vous dise que ce sont surtout des produits "bas de gamme" Des trucs pour les pauvres ou les radins...Bon il va certainement y avoir des accidents...des radiations un tantinet surdosées...Il n'y aura pas variement de responsable non plus...
Bon d'accord tout le monde s'en fout.
Mais maintenant vous le savez.
Vous pouvez même en parler.
Pour l'instant c'est pas interdit.
Pour l'instant...
Cependant, vous dites "il ne s’agit pas de viande avariée. Ni même de viande « bas de gamme ». Le stock est issu de viande française"
Doit on déduire que nous Français ne produisons jamais de produits défectueux ??? Et les cas de vaches folles il y quelques années, c'étaient des vaches "sans papiers" ? Allons un peu de sérieux !!
Je remarque par ailleurs qu'alors qu'on nous parle en permanence de traçabilité, jusqu'à présent l'information sur la provenance de ces vaches n'a pas été diffusée...Vu le prix on peut juste déduire qu'il s'agissait de laitière réformée.
Sinon Olivier S pourrait-il nous dire s'il a été contacté par son centre Leclerc ?
Enfin j'aimerai bien que vous répondiez à Mme St Andiol. Il me semble que sa contre argumentation soulève un débat intéressant même si elle est un peu virulente.
La vrai question est peut-on éviter ce genre de crise ? Le risque 0 existe-t-il ?
Ouais enfin faut pas délirer non plus, maintenant c'est pour partie autorisé ces pubs pour les enseignes de distribution. Et j'ai jamais vu de pub pour Marque Repère...
j'ai bien parlé de "parrainage d'émission", ce que "marque repère" fait (thalassa ?), tout comme "nos régions ont du talent" d'ailleurs...et non de publicité directe.
RE a2ldb
l'origine de la vache, la qualité de la viande, rien n'est incriminé dans ce cas. seuls le process de fabrication, et les controles de qualités internes au fabricant (SOVIBA) peuvent etre analysés et mis en cause.
précisons que les produits "marque repère" sont fabriqués selon un cahier des charges établi par l'enseigne. Puisque la même enseigne (le client) décide du prix et du produit, peut on le considérer alors comme le fabricant réel sur un plan juridique ? SOVIBA deviendrait alors sous traitant, et sa responsabilité serait amoindrie, au meme titre qu'un travailleur indépendant peut voir son statut reconsidéré comme étant salarié s'il n'a qu'un seul client (dépendance financière et hierarchique).
SOVIBA pourait peut etre se servir de cette argumentation, mais je vois mal un tel "fournisseur" se retourner contre un de ses principal client, au risque de se mettre à dos toute la distribution (souvent solidaire dans ces cas la)
bref, j'ai l'impression que, comme trop souvent, un lampiste de service sera sacrifié (le pauvre responsable qualité chez SOVIBA).
juste un petit commentaire pour vous remercier de l'initiative de votre Blog. Je pense que beaucoup de Chef d'entreprise devraient suivre votre exemple.
Bon courage pour cette situation délicate, et merci pour votre transparence.
Quelques remarques sur cette histoire et les réponses au blog. D'abord, la crise a été super bien gérée. J'en connais quelques uns qui auraient commencé par nier, puis par faire douter, puis par rejeter la faute sur l'autre. On se fout de savoir qui est coupable finalement, mais qui est responsable. En se mettant en avant, MEL a clairement pris ses responsabilités. On ne pourra pas dire que MEL "stécaché"
Sur le nom du produit qui ne s'appelle pas "Leclerc". Dire que c'est pour fuir une quelconque mise en cause relève de la théorie du complot. Il est normal que les marques repères ne portent pas le nom de Leclerc, puisque MEL n'a aucune légitimité a les fabriquer lui-même. Rappelez-vous, même les MDD de Carrefour dans les années 70 s'appelaient "libres" et pas Carrefour. Quant à la marque Casino, c'est l'histoire qui lui a donné sa légitimité puisqu'elle existe depuis 100 ans.
Sur la pub a la télé, le débat est tout autre. D'abord, le parrainage et les programmes courts par les enseignes de distribution sont expressément permis par la loi : pourquoi s'en priver ? Et on sait bien que la pub classique est interdite sur ce média depuis le début (ORTF, rappelez-vous...) sous la pression du lobby de la presse régionale (la plus proche des élus, très à l'écoute pour se faire bien voir de la PQR). Tout le monde sait qu'un journal régional sans pub d'hypermarchés est un journal mort et il est finalement plus facile de faire interdire la pub à la télé plutôt que d'améliorer le contenu d'un journal.
Pour finir, j'espère que la suite de cette crise sera
aussi bien gérée qu'elle l'a été jusqu'à présent !
ThTh
C'est sympathique à vous de me répondre mais en fait je ne vois pas bien en quoi vous répondez à mes questions.
Elles étaient:
1. On nous vante la traçabilité des produits qui permettrait d'effectuer le suivi du producteur jusqu'au consommateur. Or à ce jour si nous savons que les vaches étaient Française (Cocorico !) nous ne savons pas comment ni même où elles étaient élevées... Est ce normal ?
2. Le risque 0 est-il possible et si oui pourquoi n'y arrivons nous pas ?
Enfin j'ajoute une troisième question à votre intention (et dans le cadre de ce que vous décriviez):
Faut-il oui ou non sanctionner un salarié qui est payé pour effectuer une tâche quand celle-ci n'est pas effectuée ? Autrement dit pour reprendre votre exemple: un responsable qualité qui aurait été incapable de discerner que le processus d'abbatage dont il assure le suivi comportait un risque grave (il y a quand même un enfant qui est dans un état alarmant)doit il être protégé systématiquement ? Si oui pourquoi , Si non dans quels cas ?
ceci étant dit, jusqu'à quand LECLERC pressurera-t-il ses fournisseurs pour ses MDD et marques premiers prix : croire que l'on peut baisser les prix sans toucher un jour ou l'autre aux formules et recettes est illusoire...sans parler de la pression sur la productivité chez les fournisseurs (code 9...)
Une faute a peut-être été faite chez SOVIBA (encore que ce groupe soit sérieux et vous le confirmer)...mais vous avouerez qu'il est beaucoup plus facile de vendre -avec une certaine démagogie en ce qui vous concerne- le moins cher possible (sans prendre de vrais risques) que de produire le moins cher possible ainsi que les clients distributeurs le réclament toujours d'avantage à leurs fournisseurs...
A ce titre, faites nosu grace du fait qu'un groupe comme LECLERC sert les intérêts des PME des IAA (il n'y a qu'à regarder l'évolution comparée de la valeur des entreprises des IAA et de celle d'un hypermarché)
Assumez vous comme vous êtes c'est à dire un distributeur cherchant à défendre ses parts de marché, à maximiser ses ventes et à minimiser ses achats (pas une honte à le dire, seulement une honneteté à le déclarer)
merci pour votre réponse
NB : de quand date votre dernier audit de ce fournisseur et quelles ont été vos diagnostics et préconisations
quelques précisions pouvant vous éclairer :
1 - il me semble que contrairement à ce que vous évoquiez, la traçabilité et la race de vache ne semblent pas etre en cause dans cette affaire
2 - le risque 0 n'existe pas
3 - la sanction du responsable qualité SOVIBA que j'évoquais ne répondait pas à vos interrogations, mais était à mettre en parraléle avec le statut équivoque d'un sous traitant qui fabrique un produit à la marque du client, selon le cahier des charges du client et au conditions tarifaires et de paiement du même client.
et sinon, je salue xavier pour sa clairvoyance...qui démontre une connaissance interne des rouages lecleriens...
bien amicalement
pierre
Sans jouer le pédant, l'arbitre ou quoi que ce soit de cette nature ; en lisant les commentaires relatifs au Blog du jour je m'interroge sur le décalage des mondes : celui des blogueurs entre eux, celui du professionnel et du consommateur; qui parle au nom de qui et pour quoi.
Laissons de côté ceux qui prennent une nouvelle fois "le texte pour un prétexte", et qui, hors sujet, croise le fer pour croiser le fer ; le sujet du blog du jour eut été "la recette du pigeon aux petits pois dans l'Amérique pré-colombienne" et l'on eut assisté aux mêmes débordements... Ca n'est pas grave, ca encombre, mais il faut que ça sorte. Le blog non censuré (et l'on s'en félicite) ressemble au défunt Service Militaire, un grand brassage : on y rencontre des gens que l'on ne pourrait croiser ailleurs.La multiplicité des genres y gagne ce que l'unicité et la clarté du débat en question y perdent...
Retournons-y justement.
De quoi nous parle M-E-L? D'une crise importante sur des steaks hachés : les responsabilités se dessinent et le traitement est en cours. Qu'est ce que c'est que ce procès sur la Grande Distribution, les prix bas, etc... Oui, et la faim dans le monde, la grippe aviaire, l'augmentation des tarifs du gaz, ma voiture qui ne démarre pas, l'insécurité dans les banlieues, les nuages de criquets, l'été indien et la pluviométrie en baisse...
De grâce : restons sur le sujet et j'exhorte M-E-L à ne pas perdre de temps à répondre à ceux qui font ainsi de la provo., à deux balles!
Bonjour,
Je suis avocat spécialisé de profession.Je tiens tout de suite à préciser que mes activité professionnelles ne m’ont jamais amené à traiter les suites juridiques ou judiciaires de ce genre d’affaires graves et donc d’en être rémunéré, qu’on ne me taxe pas de « défendre mon steak ».Mais je connais un peu le sujet, malheureusement, par des collègues qui ont traité ce genre de catastrophe et par deux membres de ma famille, vétérinaires spécialisés dans la toxicologie et la sécurité alimentaire. Je ne peux pas m’empêcher de réagir à mon tour au sujet de l’ « affaire », la TIAC encore en cours, issue de la consommation de produits de la MDD E.Leclerc. Ou plutôt, relativement aux « réactions » au message courageux de Mme V.H. qui ne mérite certainement pas mes noms d’oiseaux et les blâmes que certains, ici écrivant, lui ont accordé bien précipitamment. Je ne vise pas Mr M.E. Leclerc qui est resté courtois, fidèle à son image mais qui est, bien entendu, partial dans cette affaire, on le serait à moins et qui manie à merveille l’argumentaire « transparence-atténuation-convivialité-disculpation » qui est une vieille ficelle de la communication de masse.Je crois seulement que l’homme est double : certainement sincère en tant qu’homme, preuve en est qu’il nous laisse la parole, c’est un très bon point, mais également pris dans un tourbillon de contradictions inconciliables dans l’exercice de son métier de moins en moins défendable. Il se défend lui-même par un narcissisme « terroir » de bon aloi, forcément mâtiné de cynisme, car il est trop intelligent pour ne pas percevoir tous ses insupportables paradoxes et cela devient un personnage complètement calculé pour le coup, mais là n’est pas le sujet. Je pense plutôt au Dr K et à d’autres qui ont sérieusement perdu leur esprit critique.En tout état de cause, Mr M.E. Leclerc n’a pas vraiment besoin des encouragements de quiconque pour ne pas se laisser « impressionner » par les cyniques, il en a les moyens financiers.Je me demande simplement si tout cela n’est pas déséquilibré : une fonctionnaire de l’état qui garde son anonymat (elle n’a pas le choix) qui parle pour elle-même contre une entreprise coopérative qui pèse des milliards d’Euros, avec un porte parole brillant sur la forme mais tellement trompeur sur le fond… Cher Dr K, vous parlez de cynisme et même de « témoignage de papier toilette », termes qui n’ont rien à faire, me semble-t-il dans ce blog qui sait se tenir sur la forme du moins. Certes, le post de Mme V.H. est virulent, rugueux, on sent peut être la mère de famille, elle ne fait pas de cadeaux, mais il y a de bonnes vérités dans son message, on peut même dire qu’il en est truffé.
Dr K. et d’autres, c’est là que cela me fait peur, cela m’effraie vraiment, bien plus que la révolte, c’est bien la peur incrédule qui me prend en vous lisant, ce que vous retenez serait l’excellence de la communication de crise et sa « transparence », donc la forme, sur le fond de l’affaire, la mise en danger de la vie d’autrui ? Tout serait pardonné si dénié avec élégance ?Si je comprends bien, vous félicitez le porte parole de cette enseigne de bien vous expliquer comment ils s’y prennent pour atténuer, éluder, dénier, excuser, rattraper leur faute ? C’est vous le cynique, Dr K. !
Vous êtes sur le Blog du porte parole de l’enseigne incriminée, ne l’oubliez pas, même si la communication de crise vous parait plaisante, impressionnante, à propos, une règle de droit, vieille comme la démocratie, sans quoi il n’y aurait aucune justice, précise que vous ne pouvez pas donner foi aux affirmations de quelqu’un qui est JUGE ET PARTIE dans l’affaire, sans quoi on pourrait vous qualifier incontestablement de gogo, Dr K.
Oui, il y a du vrai dans le message de Mme V.H :
La responsabilité du dernier opérateur mettant sur le marché la denrée alimentaire est bel et bien intangible et s’applique strictement.Le code de la consommation qui vous protége tous, chers internautes, en est le garant et heureusement. Même si la contamination est due au fabricant, le distributeur se doit de s’assurer de la conformité du produit qu’il vous vend. Il est co-responsable, tout simplement, la faute ne peut honnêtement et juridiquement pas être uniquement rejetée sur le fabricant, une jurisprudence constante et abondante appuie fort heureusement ce principe de droit.
N’oublions pas qu’un produit de « marque distributeur » n’est pas un produit comme les autres, puisqu’il est fabriqué directement pour le compte de l’enseigne : à cet égard, sa responsabilité est encore plus engagée.
Non, on ne doit pas spécialement féliciter les centres E.Leclerc de faire ce qu’ils font pour rappeler les lots, c’est la moindre des choses.Oui, juridiquement, il y a matière à discuter sur l’application du principe de traçabilité jusqu’au consommateur final, passé en droit français depuis janvier 2005 qui n’est pas toujours, loin s’en faut, respecté par les centres E.Leclerc.
Oui, la Scamark manque certainement de moyens dans son contrôle Qualité, et même si la recherche de la souche d’E.Coli n’est pas prise en compte par la réglementation (cela va changer en 2006, elle le sera pour toutes les viandes hachées), cela n’est pas une excuse vis-à-vis de la réparation éventuelle aux victimes et à la mise en danger.En gros, il n’y aura pas de contravention pour les centre E.Leclerc pour n’avoir pas fait analyser ce germe sur ce lot précis, puisqu’il n’est pas obligatoire de le faire, mais il y aura bien poursuites civiles (et peut être pénales) pour mise en danger.
Oui, les fabricants y compris les P.M.E. ont intégré la Qualité et la sécurité alimentaire depuis longtemps (au moins 15 ans) alors que la grande distribution s’attaque à peine au problème ces toutes dernières années en partie contraints et forcés par les amendes et mises en demeure de l’administration et pas seulement pour la satisfaction de ses clients.
Oui, il y a un problème réglementaire constant avec la G.D. qui n’a aucune excuse au vu des moyens dont elle dispose, les statistiques données par Mme V.H. sont réelles et à la disposition du public : elles émanent non pas de la D.G.C.C.R.F., contrairement à ce que pense Mr M. E. Leclerc, mais de la Direction Générale des Services Vétérinaires (rappel :99 plaintes auprès des tribunaux pour pratiques punissables dans le traitement des produits alimentaires frais dans les centres E.Leclerc en 2005), qui, à ma connaissance n’a pas délivré, de félicitations à l’enseigne E.Leclerc au sujet de la « transparence de sa communication de crise ».On ne compte donc pas là dedans et en plus, les amendes et contraventions émanant de la D.G.C.C.R.F. (entre 1200 et 1400 P.V., certains sont contestés, uniquement sur les centres E.Leclerc en 2005, plus 400 spécifiques aux infractions sur les rémunérations « maquillées » demandées aux fournisseurs sans contrepartie réelle).
J’ajouterai quelques derniers commentaires qui ne sont pas des affirmations mais des éléments aidant à éclairer cette affaire, sans, pour l’instant, de relations d’analogie vraiment établie mais pour le moins troublants :
Pourquoi cette TIAC (Toxi Infection Alimentaire Collective) a-elle été rendue publique alors qu’entre 250 et 320 crises de cette sorte se produisent chaque année en France (là encore, les chiffres donnés par Mme V.H. sont exacts, on peut ajouter pour une moyenne d’entre 320 et 390 décès par an, toujours en France uniquement) ?
Pour deux raisons principales et une supposition :
On peut supposer des « fuites », car avant même que la formidable et si louable communication de crise modèle des centre E.Leclerc ait été mise en branle, on connaissait les éléments de l’enquête dans les médias.En l’occurrence, quand il s’agit de la santé de plusieurs enfants hospitalisés et en réanimation plusieurs heures, ce n’est pas forcément un mal que le plus grand nombre soit informé.Sachez qu’il y bien d’autres T.I.A.C. en France chaque année au cours desquelles des personnes décèdent et qui ne sont absolument pas rendues publiques.Oserait-on demander à Mr M.E.Leclerc de communiquer sur son Blog et en direct sur les radios et TV nationales pour chacune d’elle touchant son enseigne ? S-il allait jusqu’au bout de ses bonnes intentions, il le ferait peut être.N’est-ce pas plutôt parce que l’affaire était déjà connue du grand public que cette grande communication a été élaborée ? Aurait-on eu matière à discuter de cela sur ce Blog si personne n’en avait parlé à la télévision ?
La gravité et le caractère « éparpillé » de la T.I.A.C. (bravo les dogmes si modernes de la grande distribution : on transporte de plus en plus loin !) : beaucoup d’enfants malades et sérieusement atteints et pas uniquement par des symptômes conséquents de l’intoxication (déshydratation) mais aussi directement par les toxines sécrétées par les bactéries contaminantes.
Cette T.I.A.C. est une première en France, avant même la grippe aviaire.En effet, la souche incriminée est une forme particulièrement virulente d’E.Coli qui n’avait JAMAIS été observée dans notre pays en taux d’intoxication.Il existe seulement deux précédents : en 2003 aux U.S.A et en 2002 au Japon. A chaque fois, et pour faire court, on a conclu que, si la contamination provenait bien du fabricant ou abatteur, les taux énormes observés en bout de chaîne (dans le caddie des futurs intoxiqués) ne pouvaient être expliqués que par une ou des ruptures ultérieures de la chaîne de froid, sans quoi, il n’y aurait pas pu y avoir d’apparition de cette intoxication.Les chaînes de distribution aux U.S.A. incriminées ont été d’ailleurs inquiétées sur ce fait là.Au Japon, on a jamais pu le prouver, même si le soupçon a plané. Je ne vise pas spécialement les centres E.Leclerc en parlant de cela, tout a pu se passer sans rupture dans les magasins, il n’y a pas de raison particulière de penser le contraire,malgré les problèmes récurrents de ce type rencontrés dans ces magasins (comme dans toues les autres enseignes, d’ailleurs, soyons justes) mais cela reste à démontrer dans l’enquête.Il y a donc deux précédents à cette TIAC spécifiques sur lesquels les autorités sanitaires de notre pays pourront se pencher en vue de garantir notre sécurité.
H.Melville a dit : « L’esprit critique est une eau dont on s’abreuve à sa propre source, il est vital, sans lui, pas de vie supportable. Si nous voulons en faire notre océan, n’y cherchez pas les courants les plus forts, les plus bruyants, il doit être paisible et solitaire. »
Pardon d’avoir été un peu long.
Cordialement,
Me P.Perrier.
Allons, cher Maître, ça n’est plus une ficelle, c’est une corde, que dis-je, un câble !
Vous acceptez l’anonymat de Madame V.H. comme une servitude vertueuse de son statut de fonctionnaire, tout comme vous acceptez qu’elle piétine le devoir de réserve que ce statut impose.
Quelles que soient nos critiques, nos sentiments, nos positions, ne prenez pas tous les blogueurs pour des coucous !
Voilà une dame qui se pare des vertus supposées de l’administration, qui vient donner des leçons à M-E-L, tout en épargnant de ses flèches le fabricant contaminateur ! Il me semble qu’une analyse même grossière du process met en évidence l’implication de plusieurs acteurs : fournisseurs de matières premières du fabricant, fabricant, transporteur, distributeur ; et ce, sans même encore parler de responsabilité sur le plan juridique.
Sur ce, vous surgissez, Maître : avocat « spécialisé », supposé et prétendument à l’écart « des suites judiciaires de ce genre d’affaire », qui vient au soutien de ladite dame. Et que faites-vous? Vous citez les chiffres prétendument publiés par l’administration à laquelle appartient cette même dame ! Et en plus, vous nous dites (« vous » qui êtes toujours « à l’écart ») que vous croyez savoir que la direction de cette administration (services vétérinaires) n’a jamais eu d’encouragements pour Leclerc…
Ah, vraiment, Maître, je ne vais pas vous dire ce que je pense, si vous étiez Magistrat, il y aurait là matière à «outrage » !
Cela dit, on pourrait nous épargner ces règlements de compte dont on ne voit pas quels intérêts ils servent ; ou mieux préciser les intérêts en question.
Vivement que l'on passe à autre chose.
Quels interêts servez-vous, vous?Oui, les chiffres avancés sont du domaine public et non pas publiés, savez-vous vraiment de quoi vous parlez? Oui, Mme V.H. a le droit de sortir de son droit de réserve si elle garde l'anonymat, oui, tout cela n'est pas de la science fiction. Je ne charge pas le fabricant car d'autres s'en chargent trés bien à ma place.
Je ne cerne pas trop votre propre "vertueuse " défense de ce ditributeur...Si la forme de mon message vous dérange, tant mieux.Parlons du fond, si vous le voulez bien...
Piétiner un devoir de réserve...connaissez-vous bien le droit français pour avancer de telles sottises? Si le débat ne protait pas sur un sujet aussi grave, je vous taxerais bien volontiers d'acheté.
Maître,
Touché.
Je prends a priori le point de Droit n'étant pas juriste de formation.
J'attends cependant une réponse : êtes vous en contact à titre personnel ou professionnel avec Mme V.H., son administration de tutelle ou un pouvoir public connexe?
Enfin ce qui vous concerne à mon égard, je vous imaginais plutôt "m'adressant vos honoraires" plutôt que me "taxant volontiers"; d'où peut-être via ce choix sémantique de votre part ma légitime suspicion à votre égard...
Mais pas coulé.
So?
Vos positions sont nettes et claires.
Je ne connais pas Mme V.H., mias j'ai "reconnu" sa trés probable administration de tutelle aux chiffres publics (et non publiés, c'est une différence énorme qui construit ou détruit bien souvent la vigilance civique...)qu'elle a avancés et qui sont exacts.Mme V.H. a été courageuse et elle n'a pas violé le moins du monde la déontologie de son administration car:
elle est restée dan sl 'anonymat
N'a avancé des éléments matériels que notoires et publics, donc
A émis , pour le reste, des hypothèses ou avancé des géneralités qui n'entrent pas dans le cadre du cas concret, cela est sans équivoque (ces éléments sont, sont sur le fond, plutôt judicieux).
Ma propre intervention était motivée par le besoin de "défendre" cette personne sur ce dossier que je ne connais que de loi, je le répète, mais dont le contexte géneral m'est bien connu.
Mme V.H. se fait insulter par des personnes qui ne réflechissent pas sur le fond de l'affaire, c'est assez effrayant.
Je répète que je ne charge pas le fabricant car il est bien évident que cela va sans dire qu'il a une co-responsabilité avec l'entité pour laquelle il fabrique; cette dernière étant, je le répète, responsable intégralement de la conformité, de la non dangerosité et de la loyauté de ce qu'elle met en vente au consommateur final (principe du "loyal, sain et marchand", socle de notre droit de la consommation).
Les tribunaux condameront trés probablement les centres E.Leclerc concernés ainsi que l'entité donneuse d'ordre, la Scamark.C'est ainsi que cela s'est passé dans des précédents moins médiatisés de ce type (par exemple, la viande d'importation Carrefour pour laquelle il avait été établi que la contamination était antérieure à la présence en point de vente mais Carrefour avait été condamné au même titre que l'abatteur, et cela est bien équitable au regard du droit, excusez moi de ne pas contredire les tribunaux).
La dernièr chose que j'ajouterais est qu'il faut penser aux victimes qui ne sont pas encore tirées d'affaire, surtout les enfants.Je doute que la totalité des parents considéreront, en toute logique, les centres E.Leclerc "blancs-blancs" dans cette affaire.
Je tiens à préciser que j'avais dupliqué mon premier message en commentaire des articles de "MEL" des 02 et 04 Novembre, mais qu'il a été supprimé. La censure, contrairement à ce que je pensais précédemment, fonctionne sur ce Blog.C'est le droit le plus strict de son propriétaire mais je trouve cela révélateur et plutôt attérant.
Cordialement,
Me P.Perrier
Cher Maître,
A côté du bretteur infatiguable, l'homme de coeur.
Je m'y résouds car il faut savoir cesser de rompre des lances puisque vous m'en offrez le prétexte : du premier jour de cette crise jusqu'à son dernier qui reste hélas à venir (principe de précaution), seul est important ce que vous rappelez dans votre avant dernier paragraphe : les enfants victimes.
Je voudrais vous exposer, en privé, un souci rencontré dans le magasin E.L. de Wattrelos Centre-Ville il y a quelques jours. Il y va de votre image.
Il me semble important que, parfois, le PDG d'un tel groupe entende directement ses clients, même les déçus...
Par avance merci.
Jean-François Soyez
je souhaite soumettre un Projet à la Direction des Centres Leclerc
merci de votre réponse
Je remarque que sur vos photos il y a de la couleur, des portraits, des inscriptions, des kakemonos mais pas de personnel hormis au restaurant. Parlez nous de ces gens qui font vivre le magasin. Comment sont-ils habillés? Quelles relations ont-ils avec les clients?
Autre question concernant la communication: l'offre promotionnelle est-elle relayée en catalogues, flyers comme en France?
Est-ce que les commandes via les sites internet sont gérées dans ces points de vente?
Devant ces concepts différents comment se comporte le new yorkais? Quelle est le concept qui connais le plus grand succès et celui qui perd du terrain?