E.Leclerc à Levallois, dans le ventre de la terre

© FEP – Jean Bibard

A Levallois, Alain et David Thibault avaient depuis longtemps fait un pari risqué : reprendre un ancien Euromarché et un ex-Suma, à quelques centaines de mètres de distance, pour proposer à la ville un regroupement des surfaces visible du périphérique, au lieu-dit « centre commercial Eiffel ». Tergiversations, bagarres, conflits juridiques, Balkany qui dit non pour finir par dire « oui » à ce projet titanesque ! Dans quelques mois, le nouveau centre commercial « So Ouest » ouvrira au public avec un plancher commercial de 60 000 mètres carrés et un E. Leclerc, en guise de locomotive, de 8 000 mètres carrés de surface de vente. Le chantier est impressionnant. Creusé sous les immeubles près du périphérique de la porte d’Asnières, le projet (bureaux et centre commercial) constitue le plus gros ouvrage réalisé en Ile-de-France depuis la construction de l’aéroport Charles de Gaulle. Il s’agit d’un investissement d’un milliard d’euros rien que pour la coque ! L’essentiel des activités marchandes se déroulera sous terre. Pour l’heure, c’est un décor de péplum. 21 000 rotations de camions sont prévues pour évacuer 265 000 m³ de terre et rapporter graviers et ciment qui permettront de couler 56 000 m³ de béton, d’associer 7 000 tonnes d’acier et 5 000 tonnes de charpente métallique qui stabiliseront l’ensemble. Un chantier gigantesque, mais une fourmilière aussi : des maçons aux géologues en passant par les investisseurs (Unibail) et tous les collaborateurs de la ville, c’est plus de 400 personnes déjà qui s’activent et qui vont fournir 250 000 heures de travail. D’ici quelques mois, ce sont des dizaines de « petits hommes en vert » qui prendront le relais pour aménager les terrasses, donner forme aux jardins suspendus, couvrir de fleurs, d’arbustes tous les espaces extérieurs qui seront consacrés aux activités ludiques, associatives, en tout cas non marchandes. Le directeur général d’Unibail en est certain. Sur le modèle des nouveaux centres commerciaux anglais, il croit à l’attractivité globale de multiples enseignes qu’il a par ailleurs sélectionnées. Difficile d’imaginer quel sera le chiffre d’affaires de ce nouvel ensemble. Mais pour notre enseigne, l’ouverture de cet hyper sera un atout formidable. Lors d’un méchoui bitume il y a quelques jours, Patrick Balkany, goguenard, interpellait devant moi les Thibault : « Avec un tel vaisseau amiral, le Leclerc de Levallois va devoir encore baisser ses prix ! ».  « Absolument », lui a malicieusement répondu notre adhérent, « mais du Carrefour de la porte d’Auteuil au Auchan du quartier de La Défense, j’en connais qui vont devoir faire un bien plus grand écart. »