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France Consommation

img_info Les caddies en berne. A en croire les statistiques, les ventes de produits de grande consommation ont diminué de 0,7 % en 2004.

Moi, ce qui m'épate, ce ne sont pas les chiffres (ils étaient prévisibles !), ce sont les commentaires, l'étonnement des analystes ! Cela fait plus d'un an que nous alertions les autorités sur la baisse du pouvoir d'achat effectif des ménages. La montée du hard-discount, l'accroissement des ventes de produits "premier prix", le succès des formules à bas prix et l'engouement pour les soldes ou les promotions... constituaient des signes annonceurs de ce marasme.

On dira que je radote. L'équation était pourtant facile à faire. D'un côté, une France qui, en moyenne, touche 1, 7 fois le SMIC. De l'autre côté, des prix de produits manufacturés qui ont fait la grimpette à deux chiffres en 4 ou 5 ans. Il vient un moment où chaque ménage fait ses comptes !

Qu'on arrête donc d'agiter l'anti-modèle hollandais. Dans ce pays, nous dit-on, la guerre des prix a déstabilisé les entreprises et obligé à licencier. Mensonge. Aux Pays-Bas hier, comme en France aujourd'hui, c'est la vie chère qui a freiné les chiffres d'affaires. Oui, j'insiste, il y a une forte élasticité de la demande à toute baisse de prix. J'en veux pour preuve l'accroissement du chiffre d'affaires de mon groupe (+ 7,9 % en décembre, 4,6 % sur l'année), les prix bas, ça marche !



Baisse des prix
Loi Galland
C’est parti. Le Premier Ministre a clairement donné son feu vert. Christian Jacob et Hervé Gaymard organisent les consultations à un rythme d’enfer. Le calendrier pourrait être le suivant : élaboration du projet de loi fin janvier, soumission au Conseil d’Etat début février, intégration du projet dans la loi de Christian Jacob sur l’entreprise, procédure d’urgence, discussions au printemps, vote en juin, publication début juillet.

Finies donc (a priori !) les mauvaises querelles. On se rappelle : je fus brocardé pour avoir dénoncé l’inflation sur le prix des grandes marques et critiqué l’indice officiel. Je fus stigmatisé pour avoir démontré, avec les experts du BIPE, la baisse du pouvoir d’achat en 2003/2004, analyse confirmée depuis par l’INSEE. Sarkozy a mis les pieds dans le plat, a montré les limites du système, et finalement, tout le monde a convenu qu’il fallait revoir le droit.

Le débat actuel porte désormais sur le contenu de la réforme, sur sa radicalité. En gros, Leclerc et Intermarché réclament le retour à la liberté totale des prix. Système U et Auchan voudraient qu’on garde une marge minimum pour empêcher les comportements trop prédateurs. Casino, Monoprix, les grands magasins et les commerces de centre ville plaident pour le statu quo ou, en tout cas, une limitation de la concurrence.

Il n’y aura jamais de consensus. Les intérêts sont trop conflictuels. Il appartient aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités. Le droit n’est pas une négociation. Il doit dire l’intérêt général et placer le consommateur à l’abri des seules revendications corporatistes.
Au fond, tous les ministres conviennent de cela. Mais les députés voudraient ménager une frange de leur électorat (petits agriculteurs ou petits commerçants).
Rien n’empêche pourtant les pouvoirs publics d’avoir une politique plus dynamique à l’égard des commerçants, en les aidant notamment à mieux acheter. On peut aussi accepter l’idée d’une mise en œuvre progressive de la réforme.

Mais je préviens : si on aboutit à une réformette, les consommateurs seront frustrés, et le marché ne bénéficiera pas du coup de fouet nécessaire à la relance. Au contraire, si la réforme permet aux commerçants de faire bénéficier les consommateurs des marges arrière, les prix des grandes marques baisseront significativement, l’offre gagnera en transparence et en lisibilité (tant pis pour les bons d’achat ou toutes ces promos qui pourront disparaître).
Quel est alors l’obstacle ? C’est une contradiction bien française ! Après avoir dénoncé les marges arrière, voilà que députés, ministres, industriels, et même la moitié des distributeurs, souhaitent qu’on en garde une grande partie (15 à 20 %). La politique, c’est compliqué…

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