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Intoxication e. coli : L’épidémie ne progresse plus, mais les risques demeurent

Réunion de notre cellule de crise ce matin. Beaucoup de rapports, remontée des informations du terrain, opinion des experts, analyses… 1) Etat des lieux a) Les patients : Toujours, officiellement, 26 cas recensés. Un cas supplémentaire était signalé vendredi, mais apparemment pas en liaison avec cette épidémie. Un malade particulier justifie toute mon angoisse et l’impossibilité de baisser les bras : celui d’un petit enfant, toujours hospitalisé, dont l’état serait critique. b) L’enquête : Elle se poursuit tous azimuts. - Chez le fournisseur : La DSV du Maine-et-Loire poursuit ses investigations. Nous ne connaissons pas encore ses premières conclusions (normal !). Plus personne ne semble contester que la contamination ait eu lieu le 22 août, lors de l’élaboration du lot de steaks hachés n° 234 (en fait, les n° 231 et 234 forment un même et seul lot. C’est une insuffisance d’encrage qui a fait confondre les chiffres 1 et 4). Olivier Kriegk, directeur scientifique du groupe industriel TERRENA, la coopérative propriétaire de l’usine SOVIBA, confirme : « Cette contamination accidentelle est ponctuelle et liée à l’utilisation d’un ou de quelques muscles souillés par des germes intestinaux au moment de l’éviscération de la carcasse ». Accident, erreur de contact, introduction du germe par une personne, mauvais process et manipulation ? Ces points ne sont pas encore établis. Sur les trois lots retirés par précaution, celui qui porte le n° 206 est désormais mis hors de cause. Le client qui avait consommé un produit de ce lot avait aussi mangé un steak du lot 231-234. Finalement, c’est donc dans ce dernier lot que se sont logés les produits contaminés. D’ailleurs, toutes les analyses à date confirment que les quantités mises sur le marché avant et après le lot 231-234 sont sains. Les steaks hachés étant élaborés à partir des quartiers avant, la DSV cherche à contrôler aussi les utilisations du reste de la bête éventuellement contaminé. - Dans les magasins : La Direction des Fraudes, la gendarmerie, les Services Vétérinaires poursuivent leurs contrôles (constat du retrait effectif des produits, respect de la chaîne du froid, etc…). Bien trop tôt pour avoir des conclusions et des cetitudes. Mais, pour l'heure, je n’ai pas connaissance que des anomalies (en liaison avec l’épidémie) aient été constatées. Je touche du bois. - Pouvoirs publics : Les Parquets de Marmande et d'Angers (ville près de laquelle est implantée l'usine Soviba) ont ouvert une « enquête préliminaire ». Au vu du résultat, ils décideront ou non d'ouvrir une information judiciaire (engagement d'une procédure pénale). 2) Suivi du plan d’action a) Les malades : L’administration nous confirme qu’il ne serait pas judicieux que nos directeurs de magasin cherchent eux-mêmes à contacter leurs clients malades. Comme je l’ai déjà dit, cela engendre une part de frustration, mais cela me semble plus sain (même si ça a un côté inhumain) du point de vue de la déontologie (pas de risque de pression des partenaires économiques !). En même temps, il nous faut éviter de nous disperser en ayant à répondre à une surenchère de demandes fantaisistes. Dans ce type de crise, on trouve toujours des gens pour qui tout est prétexte à réclamation ou à chantage…alors qu’il n’y a pas de lien avec l’épidémie (déjà vu ce week-end ! ! !). Un bureau de traitement des demandes a été installé aujourd’hui à Toulouse. Il s’agit d’une cellule d’accueil vers laquelle les magasins guident les familles concernées et qui le souhaitent. Des experts sont chargés notamment de trouver des solutions rapides pour les clients dont l’hospitalisation a entraîné des frais immédiats. Quelques dossiers ont déjà été traités aujourd’hui. Ces solutions ne préjugent ni ne s’opposent à toute autre initiative que souhaiteraient prendre les familles des malades. b) Les clients : Selon les estimations de nos équipes du Sud-Ouest, presque tous les clients ont désormais été repérés. 98 % ont été informés. Restent trois difficultés : - Une minorité d’entre eux n’étaient toujours pas rentrés dimanche soir. Message téléphonique et lettre recommandée leur ont été envoyés. Nous estimons qu’il est néanmoins nécessaire de les avoir « de vive voix » pour être assurés de la bonne réception du message d’alerte. - Quelques difficultés encore pour les clients dont le contact est dépendant du passage obligé par les banques (paiements CB ou chèques). Une perturbation technique ce week-end pour pouvoir exploiter des fichiers. Certaines banques locales ont aussi préféré réaliser elles-mêmes les appels (le Crédit Agricole des Landes s’est particulièrement mobilisé). - Un autre point aussi : la difficulté d’apprécier l’effectivité des destructions annoncées par les consommateurs eux-mêmes. Les ont-ils vraiment jetés ? Ont-ils tout jeté ? Compte tenu de ces deux facteurs d’incertitude, nous décidons : 1) Le maintien, pendant plusieurs semaines, de tous les systèmes informatifs en magasins. 2) La publication, par période, d’encarts publicitaires dans la presse (répartis entre Sud-Ouest et la Dépêche du Midi). Publication réitérée autant que de besoin… c) Communication : Je persiste à ne pas déroger à la règle qui veut qu’au niveau national ou dans les magasins, on s’en tienne à une politique d’information des consommateurs et de rappel des produits. Pour moi, il n’est pas l’heure de faire l’exégèse de cette crise. Des voix amicales et des salariés trouvent que je devrais répondre à certaines attaques outrancières. Je ne crois pas que ce soit le moment. Ne nous laissons pas perturber. Ce type de crise voit toujours surgir sa cohorte de procureurs et d’exaltés. Ces méchantes langues seront encore plus virulentes si nous ne consacrons pas notre énergie aux seules fins de circonscrire l’épidémie.

8 Commentaires

Mr Leclerc sous votre apparente naiveté,ne croyais vous pas que vous en faites un peu trop.
Si vous ne connaissait pas les pratiques de la GT lisez le dossier du canard enchainé et vous serai éclairci sur vos pratiques et celles de vos conccurents.
Alors il ne faut pas jouer à la pucelle éffarouché.
Pour ma part je trouve que la crise a été très bien gérée. Et j'estime qu'on ne peut imputer au distributeur une erreur du fournisseur qui n'a pu être décelée lors des différents points de controle.
Pour finir, je comprends votre frustration de ne pouvoir prendre un contact direct avec les malades mais c'est en effet bien mieux pour eux.
Salut MEL,
Bon courage dans la gestion de cette crise.
@ bientot quand tout sera plus calme.
Oui, on ne peut pas discuter sur les moyens mis en oeuvre, c'est tout à fait correct.
Des accidents, et avec des enfants également il y en a d'autres dont on parle moins, et ils sont importants et graves pourtant. Ici pour ce virus, Monsieur Michel Edouard et son équipe ont bien géré cet accident, et nul besoin d'en faire une crise, pour ne pas dire un fromage !
Le Pote
"L’administration nous confirme qu’il ne serait pas judicieux que nos directeurs de magasin cherchent eux-mêmes à contacter leurs clients malades"
Voila certainement ce qu'il y a de plus pernicieux dans la société actuelle : la destruction du lien humain.
Il est triste de constater que pour des raisons allant de la responsabilité juridique à la trouille d'éveiller chez l'autre un discours de rancoeur, nous en venions à nous planquer les uns par rapport aux autres. Un simple coup de téléphone pour assurer du soutien moral et s'excuser devient sujet à des exégèses juridico-psychologiques.
Le seul mérite d'Internet est d'essayer de rétablir ce lien humain. Se cacher derrière son écran est si rassurant...
Mais enfin ça ne remplace pas vraiment le partage physique des joies et des peines. Ce que la rencontre et la parole peuvent faire.
Il est vrai que quand on voit des personnes exiger en permanence un geste financier (aussi petit soit-il comme des bonbons ou des bd) en contrepartie de la douleur et de l'angoisse vécue ça aide à se murer chez sois.
Pauvre société où chacun vit enfermé dans son monde !
Je répète que Monsieur Leclerc a bien géré ce problème intervenu chez lui, mais qui aurait pu l'être ailleurs, y compris dans une cantine...
On exprime la vérité c'est tout simple et bien mieux pour tout le monde. Le Pote.
Beau boulot pour cette gestion de crise et tres bonne idée ce blog meme si je suis un farouche adversaire de la grande distribution
Re: Le pote
Je ne dis pas le contraire...Effectivement l'entreprise E.Leclerc et MEL ont parfaitement traité le sujet dans le cadre des règles du jeu de notre société.
N'empêche permettez moi de déplorer qu'un appel téléphonique ou un petit mot de soutien à une famille dans la souffrance fasse l'objet de débat juridique.
Ce n'est pas MEL ou E.Leclerc qui sont en cause ice mais la société dans son ensemble et ce que nous en faisons.
Comme vous le savez, au pays des borgnes, les aveugles sont rois...

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