ÉCONOMIE Actus / Débats

Les marges arrière réhabilitées ?

Réforme de la loi Galland : le projet de loi modificatif soumis par le gouvernement à l'avis juridique du Conseil d'Etat, ne prévoit qu'une répercussion partielle des marges. Ainsi n'est-il retenu que la possibilité de déduire du prix de revente les marges arrière supérieures à 20%. Le texte n'est pas encore définitif. Il va y avoir discussion, arbitrage. On peut quand même s'étonner !

Tour à tour, le Conseil de la Concurrence, la Commission Canivet et la Commission pilotée par les deux députés UMP, Ollier et Chatel, avaient admis que la négociation commerciale privait les consommateurs du bénéfice d'une partie de cette manne : la coopération commerciale. On rappelle que la loi Galland permettait aux distributeurs de répercuter, dans les prix, les rabais et les ristournes obtenus sur la facture du fournisseur. En revanche, tous les budgets acquis au titre de la coopération commerciale (prestations de services : têtes de gondole, emplacements publicitaires) restaient au seul profit du distributeur, constituant ainsi les fameuses marges arrière.

Ainsi donc, après les avoir vilipendées, assimilées à l'argent de la « drogue » (Christian Jacob) et dénoncé le produit d'un « racket » (l'ancien ministre Dutreil, le député Charrier, la FNSEA)..., voilà que le gouvernement entend obliger les commerçants à conserver 20 % de marge minimum sous cette forme. Comprenne qui pourra !



SACS PLASTIQUES
 
Biodégradables ou recyclables ?



Même si elle est technique, cette question est passionnante : les enjeux financiers sont considérables et de la réponse dépend l'instauration d'un vrai comportement écologique. Donc, vaut-il mieux donner, en sortie de magasin, des sacs recyclables et consignés au client, ou donner des sacs biodégradables ?

Les Centres E. Leclerc ont mené campagne pour les sacs recyclables. Ils ont pu considérablement diminuer l'offre de « sacs bretelles » en sortie de caisse. Nous les avons remplacés par des sacs plus solides, sans publicité, réutilisables et bien sûr recyclables. Pour que cette dernière opération soit possible, ils ont été consignés, au prix de 0,15 €. (Comme les chariots SNCF, les usagers ne rapportent les sacs que pour récupérer leur investissement, fût-il modeste).

La majorité des clients a joué le jeu : peu de grincheux, 88 % de satisfaits, les jeunes étant les meilleurs agents de propagande. Cette initiative a permis de ramener le nombre de sacs distribués de plus de 1 milliard en 1995 à 49 millions en 2003, soit 20 fois moins : cela représente 3 600 tonnes de plastique économisé à la source chaque année, l'équivalent de 60 Airbus A 320. Ce n''est pas rien ! Et puis, nous sommes désormais copiés. Les premières résistances sont tombées. Des associations écologistes, convaincues par le soutien apporté par le Festival du Vent à Calvi, ont préconisé la généralisation du système. Du coup, les autres distributeurs ont eu moins peur de s'opposer aux réclamations des clients.

Plus récemment, des propositions de sacs biodégradables ont fait leur apparition. Il s'agissait jusqu'ici de sacs à base d'amidon, mais dont l'écobilan n'était pas satisfaisant. Seules les cellules d'origine végétale entourant les particules de plastique pouvaient se dissoudre, laissant 90% des résidus enfouis dans la nature. D'autres solutions étaient difficilement applicables : sacs aquadégradables, dont la cohabitation est difficile avec des produits frais, à fort taux d'humidité ; ou emballages photodégradables, avec d'évidents problèmes de stockage et de conservation. Sans compter que le prix de toutes ces technologies rendait prohibitive une approche générale du projet.

Lors du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême, Ségolène Royal m'a permis de rencontrer le responsable d'une importante unité de recherche à l'université de Poitiers. En partenariat avec la région Poitou-Charentes dont elle est la Présidente, Ségolène envisage la création d'une filière charentaise de production de sacs biodégradables. Angoulême et sa région disposent d'un fort savoir-faire dans le domaine de la papeterie, et la production agricole du Poitou s'y prête bien. Cette fois-ci, les agrochimistes de l'université de Poitiers ont travaillé sur des modèles de sacs entièrement à base de céréales, assurant la biodégradabilité totale de l'objet. Il reste encore à apprécier exactement le coût final du produit, mais l'affaire est sérieusement menée.

Si la distribution se met à distribuer des sacs biodégradables, et surtout s'ils deviennent gratuits, ce sera évidemment un succès phénoménal. Mais alors, ne va-t-on pas assister à la reprise d'un formidable gaspillage, et surtout à la déculpabilisation chèrement obtenue des consommateurs qui redeviendront laxistes et indifférents au sort de ces sacs. Sacs, il faut bien le dire, qui seront certes biodégradables, mais continueront à polluer les paysages, les plages, et plus généralement notre environnement, pour quatre ou cinq ans, avant de se déliter. Comme dirait Lénine, en regardant son caddie : que faire ? Réduire la pollution à la source (diminution des sacs distribués) ou les laisser proliférer (fussent-ils biodégradables).

2 Commentaires

Bonjour, M. Leclerc,
Difficile de trouver un endroit pour vous écrire simplement.
J'utilise donc cet espace pour le faire, même si j'ai conscience que ce n'est pas tout à fait le bon sujet, quoi que.
En voyant le reportage diffusé ce soir sur France 2 "Envoyé spécial : Pouvoir d'achat : la guerre des prix" il me vient l'envie soudaine de vous écrire.
Dans ce document, on peut voir les méthodes pratiquées par toute la grande distribution, Leclerc compris, on comprend qu'il existe une très très grande différence entre la théorie et les voeux pieux de ces entreprises, quand le prix des matières premières augmentent, vos prix augmentent, à l'inverse quand les prix baissent comme sur le porc, les prix ne baissent pas, pas plus que ceux de l'essence d'ailleurs.
Pour avoir travaillé en grande distribution moi-même, j'ai vécu ces méthodes méprisantes envers les fournisseurs que souligne le reportage, cet irrésistible besoin d'avoir tout, tout le temps moins cher, jusqu'à l'étouffement, jusqu'au dépôt de bilan. J'ai toujours été choqué par les méthodes de management d'inspiration féodale qui règnent en grande distribution.
Mais aujourd'hui ce que je trouve insupportable c'est la démagogie du discours, sur les prix, sur le soi-disant combat, j'y vois juste un discours marketing à "l'ancienne".
Dans sa forme simpliste et dans sa démonstration souvent bassement binaire.
On s'habille de vert, on parle aussi d'écologie, on habille les lieux de ventes, les publicités sont glacées, on imprime des prospectus, des tonnes de prospectus (toujours vert ?, l'encre aussi ?)
On participe aux émissions télévisées, on met en cause l'état, les lois, etc.
Monsieur Leclerc si vous voulez vraiment que la vie soit moins chère il faudrait déjà que vos fournisseurs soient payés à la hauteur de ce qu'ils travaillent, que les salariés des supermarchés gagnent correctement leur vie (caissières comprises).
Que tous les gens liés de près ou de loin à votre activité puissent en vivre correctement, pour ensuite pouvoir venir en toute confiance consommer en consommateurs respectés, mais aussi respectables.
Que la valeur des choses retrouve en premier lieu une véritable valeur et non pas celle d'un prix.
Carrefour vend des pommes en provenance de Chine, il n'y en a pas en France tout le monde le sait.
Partout on trouve des jouets de Chine, des ordinateurs de Chine, des accessoires de Chine, la Chine est le pays de la vie moins cher, pour nous occidentaux, mais pour combien de temps ?
En consommant uniquement ses produits les gens qui n'ont pas d'autres choix détruisent indirectement leur propre emploi, des emplois d'ouvriers français.
C'est cette logique que vous défendez à corps et à cris.
Cette logique du court terme, du moins cher, encore et toujours moins cher, mais moins cher pour la grande distribution avant tout.
Vous êtes sur le web et c'est la seule forme de modernité que je puisse vous concéder.
Jean-Hugues Bretin.
salut mel voila le rapport complet commandé par carrouf, je pense que tu dois le connaitre, mais il s'agit d'emploi et la distribution de sac genere des emplois, alors on fait quoi, je pense que la politique du "moins pire" est souvent meilleure que celle de l'interdiction,l'ecologie ne doit pas etre anti économique car a terme elle sera une dictature, et une société d'interdiction totale sous pretexte de preservation on arrivera a prouver l'inutilité de l'humanité il suffit de voir les derives liées a l'anthropomorphisme actuel pour mesurer l'etat de fait avancé.

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