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Produits solaires : L’Afssaps fustige les étiquetages. Enfin !
Oui, je sais ! Vous allez me rappeler que je suis breton et que, sur la question des crèmes solaires, je n’ai aucune légitimité pour prendre la parole. Eh bien, justement, vous vous trompez.
D’abord, faudrait pas exagérer ! Il fait parfois beau dans mon Finistère. Simplement, comme il y a alternance démocratique entre soleil et nuages, on a un peu trop tendance à vouloir prolonger l’exposition au soleil, histoire de profiter de « l’entracte ». D’où, sur nos plages, ces corps délicatement rosés, genre « peau anglaise » avant la mue, qui font le profit de nos pharmacies désormais implantées à l’entrée des campings.
Cela fait trois ans qu’à coups de placards publicitaires dans les magazines, et sur des affiches en zones urbaines, nous fustigeons la complexité des étiquetages sur les boîtes de produits solaires. D’une marque à l’autre, c’est la surenchère d’indices. Mais à y regarder de près, on ne parle jamais de la même chose.
En 2003, mon groupe a réclamé aux fournisseurs qu’ils précisent, sur les boîtages, le périmètre d’efficacité des indices de protection. L’opération les avait choqués. Mais, très vite, le dialogue s’est établi et l’insistance avec laquelle les organisations de consommateurs se sont mêlées au débat, a produit quelques effets positifs… Jusque dans certaines pharmacies où les officinaux refusent de commercialiser des produits dont les indices sont jugés trop faibles pour être efficaces.
Pour crédibiliser cette démarche et montrer aux fournisseurs qu’il ne s’agissait pas de se faire une publicité sur leur dos, nous leur avons offert de les associer à une campagne de communication contre l’exposition prolongée des enfants au soleil. Et nous avons proposé à un fabricant de marque (Garnier Ambre Solaire) de s’engager à nos côtés pour sensibiliser les familles, clientes de nos magasins.
Et comme nous sommes têtus, nous avons remis ça, cet été, en parrainant la campagne de prévention du mélanome de l’Institut National du Cancer : le mélanome est un cancer de la peau qui se développe à partir d’un naevus (grain de beauté). C’est la plus grave des tumeurs cutanées. Elle peut entraîner une dissémination métastatique rapidement mortelle. L’absence de traitement curatif des formes avancées de mélanome rend indispensable le développement de mesures préventives parmi lesquelles la limitation de l’exposition au soleil.
Alors que ces sujets font débat depuis une bonne dizaine d’années, j’étais jusqu’ici étonné par la formidable inertie des autorités sanitaires dans notre pays.
Les instituts de recherche contre le cancer n’arrêtent pas de tirer les sonnettes d’alarme. L’UFC-Que Choisir en a fait un de ses chevaux de bataille. Individuellement, les grandes sociétés de cosmétiques ont pris des initiatives. (Il est incontestable que la qualité des filtres et des produits s’est améliorée). Mais avec un réel problème de lisibilité pour les consommateurs.
Voici enfin que l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (Afssaps) vient de publier une série de recommandations destinées aux fabricants. Rien d’obligatoire encore, mais un souci de toilettage, de clarification et de précision.
- Plutôt que de cautionner une échelle d’indices (de 0 à 60 pour certaines marques), l’Afssaps souhaite qu’on s’en tienne à 4 catégories d’indices : protection faible, moyenne, haute protection et très haute protection.
- Les fabricants devront intégrer dans leurs produits une double protection : contre les UVB (responsables des deux tiers des cancers cutanés) et des UVA (responsables des deux tiers du vieillissement de la peau). Actuellement, la plupart des crèmes ne tiennent compte que des UVB.
Les hypermarchés commercialisent plus de 50 % des crèmes dermo-cosmétiques. Techniquement, nous n’avons aucune compétence pour apprécier ou critiquer les choix scientifiques des laboratoires industriels. Mais si, dans l’alimentaire, nous disposons d’un abondant référentiel de textes normatifs permettant d’apprécier la composition des produits, tel n’est pas le cas dans le secteur des cosmétiques. C’est pourtant une nécessité.
Je ne sais pas si les recommandations de l’Afssaps sont les plus judicieuses, mais son initiative est bienvenue. Les distributeurs, quels qu’ils soient, devraient pouvoir répondre aux inquiétudes de leurs clients en se référant à une grille incontestable et harmonisée pour pouvoir référencer les produits en connaissance de cause.
8 Commentaires
Vous dites :"Les hypermarchés commercialisent plus de 50 % des crèmes dermo-cosmétiques. Techniquement, nous n’avons aucune compétence pour apprécier ou critiquer les choix scientifiques des laboratoires industriels".
A mon sens vous avouez là l'impuissance des GMS a pouvoir collecter efficacement un retour des consommateurs.
Je suis sans doute un peu pessimiste mais il me semble que l'une des conséquences de l'avènement de la société d'hyper consommation, dont les GMS sont les fers de lances, a eu pour conséquence de rendre inexistant le niveau de responsabilité des marques et des détaillants, les uns et les autres renvoyant le conommateur vers l'etat pour tous les sujets qui touchent à la santé publique.
Je m'explique: dans une société où existent les petits détaillants les prix sont plus chers certes mais le consommateurs peut plus aisément rendre le détaillant responsable de l'acte de vente.
Immaginons que Mme Michu achète une crème à M. Leclerc, petit pharmacien de paimpol, un des rares jour de soleil dans cette ville. Si M. leclerc lui conseille une crème de bonne foi et que Mme Michu à la fin de la journée a un coup de soleil, elle peut aller se plaindre auprès de M. Leclerc qui lui échangera alors la crème contre une autre et se gardera à l'avenir de recommander cette référence auprès du fournisseurs. A terme, devant les plaintes qu'il reçoit de tous les détaillants, le fournisseur arrètera sans doute de fabriquer cette crème et planchera, s'il souhaite survivre sur une autre formule.
Mais aujourd'hui Mme Michu achète sa crème à l'hyper. Elle fait une économie substantielle cependant quand à la fin de la journée, elle a un coup de soleil, elle ne sait même pas auprès de qui aller se plaindre.
Car quoi, l'hyper a des milliers de clients comme elle et pourquoi donc prendrait-il en compte sa requête ? Alors Mme Michu laisse sa crême dans le tiroir, va en acheter une autre à la pharmacie. En attendant le fournisseur continue de produire et commercialiser cette crème qui ne protège rien.
Vous allez me répondre que Mme Michu aurait pu aller se plaindre à l'accueil de l'hyper. Oui mais voila Mme Michu est timide. Alors ce n'est que lorsqu'elle identifie un commerçant comme étant de son quartier qu'elle ose lui adresser la parole...
Je prend ici l'exemple des crèmes mais je gage qu'une affaire comme la vache folle n'aurait pas eu lieu si nous avions eu des bouchers qui suivant l'exigeance de leur clientèle prête à payer le prix d'un tel service, auraient eu à coeur de sélectionner les viandes les meilleures et non pas celles provenant de vaches nourries aux farines animales.
Bon on ne va pas refaire l'histoire d'autant plus que certainement garder un système de petits commerçants aurait aussi eu des désavantages. Mais aussi des avantages...
Pour terminer sur une note positive, maintenant les grandes enseignes de GMS ont grâce à Internet eet la 3G de diffuser et traquer l'information auprès des consommateurs.
Alors je gage que bientôt vous ne pourrez plus prétendre n'avoir aucune compétence pour critiquer ou apprécier le choix des fournisseurs. Le principe de précaution sera dès qu'un doute raisonnable apparait de ne pas commercialiser le produit.
La circulation de l'information va être pour vous source de responsabilités accrues...
bonsoir
votre réponse peut se résumer à une idée simple
le petit commerçant, malheureusement en voie d extinction, avait un rapport humain avec ses clients.
l'hypermarché n'a plus de principe de responsabilité (autre que la sphère légale) .
nous ne ferons pas renaitre le petit commerce.
mais il faut que les employés de la grande distribution réagissent avec humanité.
les hommes sont les hommes, petits commerçants ou employés de la grande distri...
D'après les magazines il faut utiliser un flacon de crème(indice 30 minimun) par semaine et par personne s'il l'on va tous les jours à la plage. Plus l'indice est élevé, plus le prix s'envole, en particulier les crèmes vendues en parapharmacie, 10 euros environ prix d'achat (sans enlever toutes les formes de ristourne) au minimun, de quoi dissuader madame Michu et ses copines du Golven de faire du top-less cet été, et de remplacer l'après solaire par du fromage blanc c'est très efficace on m'a dit ;)
Les pharmaciens des parapharmacies (car je crois que les personnes qui y travaillent ont un diplome dans le domaine) ne sont-ils pas capable de vous aider au sein de votre groupement à établir un bilan?
D’abord, à Paimpol, il fait beau. Qu’on se le dise. Ensuite, à force de parler de Madame Michu, vous allez m’attirer les foudres des féministes… ou de votre copine. Parlons donc de nous messieurs, et de notre inexpertise en matière de crème solaire (à moins que pierre ne soit le pseudo d’une pierrette ?).
Je réponds d’abord à a2lbd. Il faut distinguer la responsabilité juridique de la responsabilité citoyenne.
Juridiquement, ce sont les fabricants qui sont responsables de l’adéquation de leurs produits avec les normes sanitaires et sécuritaires. Qu’il soit pharmacien à Paimpol, ou adhérent centre E. Leclerc à Douarnenez, le distributeur ne va pas s’amuser à ouvrir toutes les boites et aller pré-tester en laboratoire. C’est bien le rôle des marques que d’assurer la garantie de leurs produits.
Le problème ici, n’est pas de contester la qualité intrinsèque des produits, mais le manque de lisibilité et d’uniformité des indices de protection. C’est un travail qui doit être fait au niveau des fabricants. Si le distributeur que je suis intervient aujourd’hui, c’est en tant que relais des usagers (dont nous sommes). Ce n’est pas ma responsabilité juridique qui est en cause (la même que celle du pharmacien sur ce type de produits). C’est parce que je crois faire œuvre utile que j’agis ainsi. En tant que commerçant, je pourrais me borner à commercialiser toutes ces marques. Mais puisque le problème existe et que je peux jouer un rôle au niveau de la sélection, du référencement et de l’achat des produits, j’essaye de l’exercer utilement. Paradoxalement, donc, cher a2lbd, il y a bien des pharmaciens qui, par leurs conseils, ont su orienter leur clientèle. Mais cette campagne de sensibilisation depuis trois ans, ce n’est pas la Fédération des Pharmaciens qui la mène, mais un groupe d’hypermarchés !!!
Enfin, pierre a raison, quelle que soit la taille du commerce, il y a des chefs de rayon, des spécialistes, des vendeurs-conseils, qui peuvent orienter utilement les achats. Dans nos parapharmacies, comme dans les pharmacies traditionnelles, c’est ce qui se passe. Dans l’hyper, la renommée de la marque contribue souvent à « prévendre » le produit, sans que nous puissions influencer l’achat. D’où l’intérêt d’une révision nationale des indices.
Personellement je veux voir dans l'acte marchand plus qu'une satisfaction d'un besoin, la création d'un lien humain qui va exister entre le consommateur, ceux qui travaillent pour lui vendre le produit ou service et ceux qui travaillent pour le produire.
Ce lien aujourd'hui n'existe plus vraiment. Dans notre société du spectacle le produit et sa marque sont devenus l'alpha et l'oméga de l'acte d'achat.
Et ceci oui je l'impute au développement de la grande distribution. Car enfin si vous avez du personnels pour vendre les produits, la recommandation basée sur l'échange avec l'expérience du consommateur et le retour qui pourrait être fait auprès des marques n'existe quasimment pas.
Dans la manières même de fonctionner de la grande distribution, il y a les promotions. Lors de ces promotions il y a en général une surmotivation des employé du GSM pour pousser la vente du produit en tête de gondole.
Or ce qui est dommage c'est qu'ensuite la seule façon de jauger l'adéquation du produit avec le besoin qu'il est censé comblé auprès du consommateur est d'observer l'évolution des ventes après la promo.
Il n'y a plus personne pour collecter un retour sur pourquoi ou comment expliquer la performance de ce produit. Si les grands groupes peuvent se payer des cabinets d'étude marketing, les petites PME qui peuvent le cas échéant avoir un produit innovant avec un défaut à corriger, sont laissés dans le noir le plus total.
Ceci il me semble est une rupture du lien humain en plus d'un vice sur le plan de la libre concurrence juste et loyale.
Mais d'ailleur vous mêmes vous ressentez ce manque de lien puisque vous tenez ce blog, afin, si j'en juge par vos réponses régulières aux commentaires des lecteurs, d'essayer de le rétablir et de mieux comprendre et anticiper leur satisfaction.
Je ne parlais pas dans mon premier commentaire d'une responsabilité juridique. La crème de Mme Michu (que d'ailleur M. Michu est allé lui acheter parceque c'est lui qui fait les courses plus souvent qu'elle...) a une formulation qui est parfaitement compatible avec les normes sanitaires. En revanche, et malgré cela, cette crême n'a pas fonctionnée sur la peau de Mme Michu. Si M. Michu l'a acheté à un petit commerçant elle a quelqu'un a qui en parler. Si M. Michu l'a acheté en GSM alors elle ne peut que la jeter et se jurer de ne plus jamais utiliser cette marque.
Donc pas de lien humain...Personne pour récolter l'information et essayer de comprendre pourquoi cette crême n'a pas eu les effets escomptés.
Mais on le sais le petit commerçant lui ne peut pas lutter à armes égales avec le GSM. Car il ne bénéficie ni de la possibilité de retour des stocks en cas de mévente, ni de marges arrières ni de délais de paiement aussi favorable...
Il ne dégage pas le même volume certes mais il peut plus efficacement rétablir le lien humain qui s'est perdu dans la grande distribution...
Cependant comme je l'ai déjà signalé, les nouvelles technologies de l'information vont permettre aux GSM de rétablir en partie ce lien même s'il sera moin chaleureux. En effet l'ouverture d'un site forum E. Leclerc sur les produit acheté au sein des magasins de vos adhérents vous permettent aujourd'hui de rétablir la communication triangulaire consommateur-distributeur-marque. C'est, à mon sens le grand défi qui vous attend.
On pourra alors juger de votre désir de responsabilité citoyenne sur la base de comment vous gérez l'information que vous collectez dans la répartition de vos linéaires. Allez vous préfférez la marge à la satisfaction de vos clients ??? Il me semble, à vous lire que c'est pour cette dernière que vous opterez (un peu de flagornerie ;-))
Je persiste à penser que la responsabilité et le service après-vente seront les mêmes pour une crème achetée dans le petit commerce, chez le pharmacien, ou en grande surface.
En revanche, je suis plutôt d’accord avec vous sur l’absence de liens humains entre l’acheteur et le marchand. L’industrialisation de la fonction commerciale y est certainement pour quelque chose. Mais faire de ce lien un garant de la sécurité du produit me paraît utopiste.
Quand j’étais jeune, mes parents étaient petits commerçants (mais oui !). Ils ne pouvaient donner aux consommateurs que les informations transmises par le fournisseur. Aujourd’hui, c’est exactement pareil, même en grande surface. C’est la raison pour laquelle je soutiens ici que c’est d’abord le fabricant d’un produit qui doit être garant de sa sécurité, et aussi de la qualité de l’information sur ce produit. Charge, bien entendu, au distributeur de la diffuser et de la valoriser. Mais cela restera une information marchande, tant qu’elle n’aura pas été passée au tamis critique de l’appréciation des associations de consommateurs ou des administrations sanitaires.
Voulant moi aussi avoir une vie agréable et gagner de l'argent, je ne peux nier qu'au sein d'une entreprise il est impossible d'être parfait.
Mais pourquoi tant de démagogie? Arrêtons un peu de communiquer sur de pseudos-améliorations.
Le moteur à eau (combinaison Hydrogène et Oxygene) a bel et bien été inventé par un ingénieur anglais dans les années 80. Il est décédé deux semaines plus tard et aucun plan n'a été retrouvé. On peut se demander à qui le crime a pu profiter...
En attendant, je pense que l'AFSSAPS ne fait que répéter ce qu'on lui demande de dire, ou est son role de préscripteur et de protecteur du bien-etre et de la santé de la population si Loreal pèse plus que les orientations prisent au niveau politique. En attendant, vive la grande distribution (ou la mort des petits producteurs qui n'ont pas su evoluer). Ne sommes nous pas au final l'une des causes du mal etre social actuel. Faisons à nouveau rèver la population (les pub tele viennent des rayons de super marché)...
americain, residant en france, je suis agent commercial pour un fabricant palestinian d'une ligne des produits cosmetiques "de la mer morte" -une qualite superbe.
merci de me mettre en contact avec le responsable des para pharmacies. c'est tres difficile de recevoir une reponse du site.
un grand merci!!
Bill Snyder