Etats Généraux de l'alimentation : stop ou encore ?
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Querelle sur EGALIM : stop ou encore ?

Il y a quelques semaines, plusieurs industriels (dont le PDG de Ricard) pestaient contre la hausse du seuil de revente à perte (SRP) prévu par la loi EGALIM. Alexandre Ricard regrettait notamment que le prix de ses produits phare dépasse désormais les 20 € en magasin.

Du côté des PME, le patron de la FEEF (fédération des entreprises et entrepreneurs de France) a dénoncé fortement hier l'effet pervers de la limitation des promos pour les PME et TPE imposée par cette loi.

Et ce matin, j'en suis resté interloqué quand, sur France Inter, j'ai entendu le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume - contredisant son prédécesseur Stéphane Travert - expressément dire qu'il n'avait jamais cru qu'en augmentant le prix du Ricard ou du Nutella, ça ruissellerait vers l'agriculture française.

Incroyable ! Tout le monde a été témoin de l'avoinée que je me suis prise à l'époque pour avoir annoncé par anticipation l'inefficacité de ces deux mesures de la loi Egalim.

Ah, que n'a-t-on entendu sur E.Leclerc : mauvais élève, mouton noir de la distribution, prédateur des prix, etc. Et pourtant, l'UFC Que Choisir, et l'Autorité de la concurrence disaient la même chose que moi.

Ne pourrait-on pas reconnaître simplement que "ça ne pouvait pas marcher" puisqu'aucun mécanisme n'avait été inséré dans le dispositif législatif pour organiser un éventuel ruissellement de la part des distributeurs… et des industriels !

Aujourd'hui, l'échec sur ces deux dispositions est patent, et la tentation est grande pour certains politiques de rejeter la faute sur les distributeurs. Trop facile. In fine, il faudra bien quand même que les législateurs assument d'avoir voté un texte mal fichu et basé sur une étude d'impact douteuse ! C'était écrit pour qui savait lire.

Moi je propose qu'on sorte de cette polémique démotivante. Ça n'a plus aucun sens.

Je rappelle que, contrairement à ce qui a encore été dit ce matin par le ministre, E.Leclerc a bien signé la Charte finale des Etats généraux de l'Alimentation (je suis même sur la photo des signataires… pourquoi dire le contraire ?!).

Il y avait dans le projet initial deux axes à partir desquels on pouvait fédérer tous les professionnels :

1/ L'élévation qualitative de l'offre alimentaire, elle-même source de rémunération (bio, HVE, labels…).

2/ La mise en place d'accords de filières (incluant la distribution) pour identifier des coûts de production en dessous desquels on refusait tous de descendre.

Ces deux objectifs me paraissent plus que jamais d'actualité.

A l'heure de l'agribashing et du foodbashing, les professionnels ont intérêt à offrir une réponse collective constructive, et le politique, de faire œuvre utile en les fédérant. Côté E.Leclerc, adhérents et collaborateurs restent motivés pour ça.

5 Commentaires

Bonjour MEL, vous avez bien raison de remettre l'église au milieu du village.
L'inconséquence du politique n'ayant d'égale que l'inconsistance de leur politique, c'est vraiment à désespérer.
Ce nouveau monde n'est qu'une décharge nauséabonde.
Bon courage tout de même.
Vous faites donc partie des gens qui écoutent encore ces clowns....
Je comprends votre indignation, il y a de quoi!
Mais raconter n'importe quoi devant des journalistes qui ne les écoutent pas ni ne travaillent leurs dossiers, n'est-ce pas là le quotidien du microcosme politico-médiatique?
Je vous suis, les enjeux sont ailleurs : sauver l'agriculture et les agriculteurs en les aidant à nous fournir des produits de meilleure qualité à mettre dans notre assiette!
Mettre d'urgence à la table de travail tous les protagonistes du dossier, pour que nous nous puissions nous remettre à table plus sereinement!
C'est là l'URGENCE!!!!
Bonjour MEL,
Augmenter le prix du Ricard c'est favoriser la vente du whisky... S'attaquer aux promos c'est s'attaquer aux volumes sans vendre plus en fond de rayon puisqu'il y a toujours la péréquation. Aujourd'hui le journal français le plus lu est le catalogue Intermarché... Donc nous allons vers une décroissance continue de la consommation avec une remise en cause de la structure hypermarché. Un bon drive fera l'affaire et si en plus il fait livraison à domicile alors la corvée des courses sera oubliée avec l'application smartphone qui éliminera les produits jugés de mauvaise qualité... Le digital sera l'arme fatale...A ce jeu l'agriculture bio est le levier qui permettra de maintenir les prix d'achat aux agriculteurs. A plus de 20 euros la bouteille pour survivre le Ricard doit devenir Bio...
Ben voyons ! çà arrange surtout vos affaires ... A votre discours archi démago je préfère la réponse de Dominique Schelcher :

"Oui, dans la loi Alimentation il n'y a pas d'obligation légale de ruissellement. Tellement facile de se réfugier derrière cette excuse... En fait le ruissellement est une question de volonté ! Celle de tenter de changer les choses pour atteindre un prix juste et responsable."
Il s'agissait juste de bon sens.... et le distributeur, d'autant plus quand il s'exprime, a toujours bon dos.

Dans ce cadre, parfois (ou régulièrement), avoir les mains dans le cambouis et le 'cul terreux' vaut bien mieux que des "règles " dictes par des circonvolutions fonctionnarisées.

Ceci étant dit, si monter en qualité, gamme.... s'accompagne de hausses de prix sur l'alimentation, cela pose un autre problème bien plus gênant : l'autonomie alimentaire et le non accès - mesuré ** - de consommateurs, dont le nombre augmente - à ce type de produits made in France
** Creusement du déficit de la balance commerciale pour l'agriculture/élevage avec exportation de premium et son pendant, import de moindre qualité.

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