ÉCONOMIE
Actus / Débats
Respect des clauses sociales : Comment s’organiser ?
Relisant les commentaires déposés le 18/05 par Bruno, Erosoft et Marie, ainsi que les courriers reçus sur ce sujet, je mesure le scepticisme suscité quant à la crédibilité des chartes sociales. Il n’est évidemment pas question que je cautionne une quelconque vision idyllique des choses. Rien ne remplacera les clauses sociales engageant les Etats et les Administrations. Rien ne saurait se substituer à l’application rigoureuse de législations nationales revues à la hausse. Je suis sur ce point en complet accord avec les altermondialistes pour dire que c’est dans le cadre de l’OMC, des institutions financières internationales et de la Banque Mondiale qu’on devrait s’employer à les négocier.
Mais puisqu’on interpelle aussi les entreprises, et qu’on nous attribue un rôle effectif, c’est dans ce cadre qu’il nous faut agir. Voici donc comment nous nous organisons.
L’ensemble des actions de nos acheteurs en matière de développement durable est coordonné par une équipe d’adhérents et de cadres directement rattachés au comité stratégique de l’enseigne (dont j’assure la présidence). Charles Ly Wa Hoï, ancien responsable des contrôles de qualité du groupe, a la responsabilité opérationnelle de toutes ces interventions. Son bureau est à vingt mètres du mien. Il sait que le travail de ses équipes nourrit « les promesses de l’enseigne ».
Deux sociétés du groupe, Siplec (pour le non-alimentaire) et Scamark (principalement pour l’alimentaire), sont chargées de tout ce qui concerne la conception, la fabrication, le conditionnement et l’importation de nos produits à l’étranger. Dans chaque société (fonctionnement coopératif), des binômes, adhérent (propriétaire de magasin) et cadre, sont responsables des gammes et des collections, des contrats avec les fournisseurs. Chacun est engagé dans une démarche prix, qualité, et éthique. Cette dernière fonction n’est pas conçue comme un supplément d’âme, mais comme un élément du cahier des charges.
Pour atteindre ces objectifs, ils vont sur place, envoient dans les usines des cadres de nos bureaux asiatiques (Hong-Kong, Shanghai, Chennai/Madras), et surtout font appel à des cabinets d’audit extérieurs (type Veritas, SGS) pour éplucher, dans les usines, les documents témoins du respect des chartes signées au préalable par les fournisseurs.
Les audits sont enclenchés dès qu’il y a confirmation de l’intérêt à nouer une relation commerciale. Les acheteurs informent le responsable qualité (par exemple de Siplec) de la localisation et la dénomination du fournisseur, des audits antérieurs, y compris réalisés par nos concurrents (banque de données de la FCD), ainsi que de tous les éléments pouvant être obtenus auprès des ambassades, des consulats, des analystes locaux. Un cahier des charges est alors établi permettant de missionner l’auditeur, et d’en informer le fournisseur (qui doit l’accepter).
La société d’audit se rend sur les lieux, établit son rapport après avoir questionné le personnel, investigué les lieux et accédé aux documents comptables et sociaux de l’entreprise. Une fois ces documents épluchés, une première analyse peut conduire à évincer le fournisseur. Dans la plupart des cas, la politique suivie consiste à exiger des actions correctives. Le fournisseur s’engage et des fiches de progression sont établies par les auditeurs dans un délai qui, en général, n’excède pas six mois. C’est dans ce délai que l’on peut juger de la sincérité des intentions du fournisseur. En l’absence d’actions correctives, le fournisseur n’est pas sélectionné.
Pour que vous ayez une idée concrète des critères de sélection, je vous propose de découvrir ci-dessous une fiche de synthèse concernant l’audit d’un fournisseur chinois de batteries (électriques). Derrière une fiche de synthèse comme celle-là (j’espère que vous arriverez à la lire), il y a un rapport de 30 ou 40 pages qui détaille l’ensemble des observations. En général, il y a peu à redire concernant le travail des enfants, le travail forcé ou, ce que nous appelons en Occident, les pratiques esclavagistes. En revanche, beaucoup à faire en matière de salaires, d’horaires, d’hygiène et de sécurité.
D’ici, une dizaine de jours, j’organiserai à Paris la première réunion « bilan » de l’année avec nos acheteurs et les auditeurs, pour dresser un état exhaustif des contrôles effectués. Je n’hésiterai pas à vous en communiquer les principales remarques. A bientôt donc.


6 Commentaires
Je ne remets pas en doute votre volonté de vouloir changer le système établit, je pense que comme pour le commerce équitable vous êtes sincère, mais dans notre société le poids des mots n'est plus aussi fort que le choc des images. Il va donc falloir un repotage (vidéo) pour montrer les changements et effacer les précédentes images.
Bravo et essayer de développer la surface client de votre magasin qui en redemande et ce dans l'intéret de votre image face à la concurence proche. Merci
Merci de votre confiance. Je transmets à Bérénice vos compliments.
D’ici quelques jours, je pourrai faire un bilan des actions correctrices menées sous notre pression, et bien évidemment en tirer quelques leçons. A bientôt.
Merci, à suivre donc.