Le bio en France est vendu cher quels que soient les circuits de distribution
ÉCONOMIE Consommation

Le bio est-il trop cher, et la faute à qui ? 

L’étude publiée par le mensuel de l’UFC Que Choisir confirme l’impression générale.

Le bio en France est vendu cher, quels que soient les circuits de distribution, et avec des écarts de prix très importants, d’une enseigne à l’autre.

Les distributeurs français, via la FCD et le PdG de Lidl, ont contesté la méthodologie. Il est vrai que l’enquête interpelle principalement les distributeurs, alors que Que Choisir relève que c’est dès le départ, au stade de la production, que le prix payé à l’agriculteur est déjà doublé par rapport au conventionnel.

Pourtant, même s’il y a des biais dans l’étude, notamment sur l’appréhension des niveaux de marges, les chiffres de Que Choisir corroborent pratiquement tous les autres relevés professionnels, associatifs et journalistiques. 

Classement des prix du bio selon les enseignes
Le grand écart des prix dans le bio. Cliquez sur l'image pour l'agrandir. Et, pour découvrir le classement, foncez acheter Que Choisir ! 

 

Sur Linkedin, j’avais déjà relayé en janvier dernier, l’analyse du même mensuel Linéaires, dont aucun distributeur n’a contesté le sérieux (la revue faisant référence dans nos métiers). Les journalistes rennais avaient déjà constaté que globalement le prix du bio était 64% supérieur au prix du conventionnel et posait la juste question de leur accessibilité prix. 

Je ne me sens pas inhibé pour traiter cette étude de Que Choisir, qui interpelle tous les distributeurs (y compris les spécialistes comme Biocoop, Bio c’est bon, Naturalia…). Dans cette étude (comme dans celle de 2010, cf. Que Choisir N°478), E.Leclerc est l’enseigne la moins chère.

Mais au-delà des bons et mauvais points, l’intérêt de la publication de Que Choisir est de rappeler que les Français n’ont pas tous forcément le pouvoir d’achat de cette nourriture de plus grande qualité. Même pour le bio, le prix reste le premier déterminant de l’achat des ménages (48%) devant l’origine du produit (36%) selon l’étude Inca 3 de l’ANSES.

Pour moi, c’est clair, il ne faut pas confondre les débats. Oui certaines productions ne trouvent pas preneur sur le marché français à leur prix de production. Il s’en déduit une trop faible rémunération pour ces producteurs. Il faut trouver la bonne réponse économique à ces dysfonctionnements de marché. C’est ce qui justifie qu’on s’interroge sur de nouveaux mécanismes de régulation des cours... 

Pour autant, il n’y a pas de raison de vouloir éviter les questions de concurrence sur ces marchés du bio, des labels ou des certifications. 

Sous prétexte de spécialisation, trop d’enseignes veulent copier pharmaciens et parfumeurs qui se sont retranchés derrière la sélectivité de leur offre pour prendre des marges trop élevées. Et ce raisonnement vaut aussi pour les hypermarchés qui font de la spécialisation. 

En tous les cas, pour moi, le vrai combat à mener est de rendre le bio accessible au plus grand nombre, même si chacun comprend qu’il est normal qu’il soit plus cher à produire

Je rappelle que le commerce équitable en France, soutenu avec bienveillance par le monde politique et médiatique, n’a jamais pu atteindre le caddie des salariés français, parce que ses promoteurs revendiquaient trop une distribution « a-commerciale », avec des prix déconnectés et s’adressant finalement à un public trop marginal ou élitiste.

Rester moins cher, vendre à des prix accessibles, des produits de bonne qualité, c’est une mission que je continue à vouloir porter. Y compris dans le contexte des Etats généraux de l’alimentation. 

4 Commentaires

Bonjour et merci de vous exprimer sans langue de bois à travers ce blog.
M. Leclerc, je comprends l'actualité sur le bio via ce reportage de Que choisir, mais franchement si la FCD se montrait déjà réellement active pour la protection du consommateur sur les produits conventionnels nous serions déjà content.
Pourquoi ne pas informer sur les lieux de vente (au-delà du prix/kilo) des modifications de formats toujours au détriment des consommateurs (enfin de leur porte monnaie), du prix de l'air ou de l'eau qui prend de plus en plus de place dans les produits et enfin des informations erronées de poids de plus en plus fréquent (396 constatations dans la GMS pour 14 sanctions en 2013 par la DIRECCTE......Alors après pourquoi ne pas s'intéresser au bio, mais n'oublions pas en premier l'orientation de la masse des achats vers le conventionnel.
Bien à vous
Yves 75011
C'est pas le sujet mais Merci pour votre réaction concernant Twistos ?
J'espère qu'UFC Que choisir vous rétrocède un % des ventes de ce numéro, car ce tableau avec des noms d'enseignes masqués, ça excite la curiosité!
On se doute que vous devez être bien placé, mais on s'interroge surtout sur le prix (apparemment très élevés) de vos concurrents ; mais qui est où dans ce classement?
La réponse en kiosque donc! J'y cours...
Je voudrais faire part de mon expérience personnelle pour soulever un point précis; ancien directeur d'un hyper (concurrent au vôtre), je référençait des producteurs locaux bio, plusieurs d'entre eux étaient d'accord pour nous livrer à LA CONDITION que nous ne dépassions pas un certain prix de vente....à la baisse!! Ce n'était donc pas sur le prix d'achat que nous achoppions, mais bien sur le prix de vente...

En clair, ils nous imposaient un prix de vente minimum...ce qui nous laissaient effectivement TROP de marge, (puis trop de pertes parfois en FEL).

Leur idée étant que ces mêmes producteurs ayant des contrats ou des relations de longue date avec des "spécialistes du bio", qui , eux , VOULAIENT vendre cher, cela ne les mettre pas en porte-à-faux...certaines PME bio ont trouvé le moyen: faire des emballages différents selon les circuits...mais cela n'est pas encore possible dans les FEL.

Cela me rappelle, comme vous le dites dans votre billet, les pionniers du commerce équitable..qui nous imposaient de prendre des marges élevées!!

On est parfois proche de la schizophrénie dans cette société...

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