ÉCONOMIE Développement durable

Lutte contre le gaspillage: agriculteurs, industriels, E.Leclerc et ONG inventent un modèle de social business

Je reviens d’une escapade chez les Nordistes, où a été lancée hier matin à Templeuve la commercialisation des soupes « BON et bien », réalisées à partir des surplus de légumes, dont le calibre est trop grand, trop petit ou pas assez conforme aux exigences du marché des produits frais.

C’était un beau moment d’échanges et de partage autour de la lutte contre le gaspillage alimentaire qui montre (une fois de plus !) que les épiciers, les agriculteurs et les industriels n’attendent pas les textes de lois pour se bouger sur les enjeux de société !

Pas mal hein M’sieur Garot ?! ;-)

« Bon et bien », kezako ?

C’est pas un scoop, les clients n’ont pas encore tous succombé aux charmes des « fruits et légumes moches », et il y a encore pas mal de pertes en ligne. Que faire des produits qui ne correspondent pas « aux critères » ? Question récurrente pour bon nombre d’agriculteurs.

Jusqu’à présent la réponse était binaire : jeter ou donner aux animaux. Demain, peut-être, un troisième choix s’imposera : en faire des soupes « BON et Bien » !

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« BON et Bien » collecte les écarts de triage de légumes auprès des cultivateurs régionaux faisant partie du réseau des agriculteurs partenaires de McCain qui les dirige vers la préparation de soupes vendues dans les E.Leclerc de la région.

Trois soupes sont commercialisées en mai 2015 : Soupe d’été (carottes et cumin), soupe froide (tomates et fraises) et Velouté 6 légumes et estragon.

« Cerise sur la soupe », les recettes ont été élaborées en partenariat avec deux grands Chefs de la région lilloise : Maxime Schelstraete (Chef du restaurant Meert) et Clément Marot (du restaurant éponyme).

Aux côtés de Clément Marrot, l'un des deux grands chefs ayant participé à l'élaboration des recettes des soupes BON et Bien

Une belle mobilisation autour du projet

Du beau monde s’est penché sur le berceau : McCain, Randstad, E.Leclerc Templeuve, les Banques Alimentaires et le GAPPI (Groupement des Agriculteurs Producteurs de Pommes de terre pour l’Industrie).

McCain et le GAPPI ont mobilisé les producteurs locaux. McCain a par ailleurs affecté beaucoup de compétences et de talents parmi ses collaborateurs pour aider à mettre sur pied le projet d’entreprise. Le GAPPI a su rassembler des producteurs de pommes de terre, mais aussi d'endives, de betteraves, de carottes...

De gauche à droite :

Les centres E. Leclerc Templeuve, Wattrelos et Lille Fives s’engagent à acheter des soupes et McCain les pommes de terre pour son activité « flocons ". Il abrite la ligne de fabrication des soupes, même si l’entreprise reste entièrement indépendante.

Michaël, Dominique, Catherine, Kevin et Julien, les salariés de « BON et Bien », ont été recrutés localement parmi des chômeurs de longue durée, et ont tous bénéficié d’une formation et d’un accompagnement par les agences Randstad.

Les Banques alimentaires ont soutenu la démarche dès son origine et aidé à réfléchir sur le modèle d’organisation du social business. Ils ont aussi pris une part active pour faire la pédagogie du projet auprès des administrations et autres organisations régionales.

Social Business : un oxymoron ?

Souvenons-nous des conditions recensées par Muhammad Yunus pour parler de « social business » : l’activité répond à une cause sociale, elle doit être économiquement rentable pour être durable et son développement doit permettre aux investisseurs de récupérer leur capital initial et, si possible, de dégager des bénéfices réinvestis dans l’activité.

A la lumière de ces critères, on observe que le projet « BON et Bien » est dans les clous !

Les employés étaient en chômage de longue durée et c’est pour eux une chance de réinsertion. Quant aux agriculteurs-producteurs, ils bénéficient de nouvelles possibilités de valorisation des denrées, autrement vouées à être perdues ou destinées à l’alimentation animale.

L'investissement de départ, rendu possible grâce au soutien financier de McCain, E.Leclerc Templeuve et Randstad, sera remboursé sur une période de cinq ans. « BON et Bien » vise à atteindre son seuil de rentabilité après une année d’exercice.

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Tous les bénéfices générés par l’entreprise seront réinvestis dans le développement de celle-ci.

On est donc dans un projet :

· à forte dimension sociale : réinsertion de salariés éloignés de l’emploi, nouveaux débouchés pour les producteurs,

· éco-responsable : lutte contre le gaspillage alimentaire,

· économique : les problématiques d’approvisionnement et de commercialisation sont clairement appréhendées et l’objectif est d’atteindre rapidement l’équilibre avant de dégager des plus-values qui seront réinvesties.

Ce n’est pas un acte de charité, l’entreprise n’a pas vocation à vivre de subventions. En affichant ses ambitions de performance commerciale et financière, l’entreprise annonce aussi son ambition de s’inscrire dans la durée. Et ça, c’est plutôt une excellente nouvelle !

 

 
 
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Des entrepreneurs engagés

 

 
 
Tous les intervenants d'hier ont tenu à souligner la bonne complémentarité des acteurs du projet qui mélange entreprises privées et organisations à but non lucratif. C'est une initiative riche de symboles et de potentiels de développement.

 

 
 
Comme le rappelait avec humour l'agriculteur qui représentait le GAPPI, "ce projet est parvenu à réunir des partenaires que la presse oppose régulièrement ; agriculteurs, industriels et distributeurs".

 

 
 
Le président de Randstad avouait quant à lui qu'il avait pu percevoir très concrètement qu'à l'heure de la simplification, les pouvoirs publics avaient encore beaucoup de boulot en ce domaine, tant les chausse-trappes administratives sont nombreuses pour qui veut créer une petite entreprise de 5 salariés !

 

 
 
En tous les cas, "BON et bien" est sur les rails et je me réjouis d'avoir participé à cette initiative. C'est un outil de plus dans l'engagement anti-gaspi du magasin de Templeuve où l'on expérimente déjà depuis un moment les smoothies, les puddings et autres jus frais pour réduire les pertes de fruits et légumes. En confiant à Thomas Pocher la charge de coordonner les actions nationales de lutte contre le gaspillage alimentaire au sein de l'enseigne E.Leclerc, je sais qu'il saura partager sa vision et entraîner ses collègues sur des projets ambitieux,  avec l'audace qui caractérise les actions du Mouvement E.Leclerc dans ce domaine.

 

 
 
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13 Commentaires

Y'a pas que de la soupe à faire avec les légumes ou fruits hors calibre : salades, surgelés, poêlées etc...
Y'a aussi les ventes dans les coopératives, mais étant hors business Leclerc, je doit être hors sujet.
Je suis surpris qu'on ne s'en aperçoive que maintenant.

Bonne journée.
Oui, j'ai vu cela dans LSA!
Mais votre blog en donne davantage aussi bien sur l'articulation de l'ensemble des strates du projets -notamment sa dimension sociale- que sur certains détails et des photos.
Une approche partenariale win-win assez exemplaire : on croise les doigts pour que dans 12 mois, la rentabilité économique soit au rendez vous pour une dynamique ancrée et dupliquée.
Bravo à TOUS les partenaires du projet.
Laurent
Quelle belle initiative !
# merci pour eux ( les môches ) !!!
Salut Mel!
Je salue cette initiative de bon sens. Le gratuit n'est pas possible à ce jour puisque tout ce monnaye. Cherchez un lit en maison de retraite et vous trouverez que 3000 euros par mois ce n'est pas cher! Mais qui va pouvoir payer cela?
bravo pour l'initiative,
je suis fier de me considérer LECLERC (23 ans) une idéologie un mouvement
en effet les rebus et mauvais calibres de nos fruits et légumes pourraient servir a bien d'autres choses et c'est sans compter sur la dynamique de nos adhérents et de nos collègues pour enfoncer le clou
encore bravo
bonjour à tous,

de 1970 à 1998 j'ai vendu du luminaires en tant que commercial dans toutes les grandes enseignes alimentaires.je côtoyais Mme Édouard LECLERC qui adorait ce rayon à GOUESNOU (BREST) et à LANDERNEAU
A ce jour tous les rayons luminaires ont disparus, POURQUOI !!!!
Je lance une bouteille à la mer..... Enseignante en vente, je termine mon long parcours professionnel cette année ! Je souhaiterais recevoir votre visite dans notre petite école mais entourée de jeunes vendeurs et vendeuses...
Est-ce un rêve réalisable.... vous pourriez échanger avec ces jeunes de votre parcours et de la grande distribution. Ils ou elles ne seraient plus spectateurs, spectatrices... mais acteurs et actrices de leur formation.
Cordialement
Bonjour, merci pour cette invitation. Et si vous me disiez déjà où se situe votre école ? Amitiés. MEL
[...] Et que dire du Monsieur antigaspi d’E.Leclerc qui, a Templeuve, a carrément créé un social business avec Randstadt Interim et Mc Cain, pour produire des soupes à partir de légumes non calibrés [dont j’ai relaté l’histoire ici]. [...]
en tant qu'agriculteur, je cottoie mes collègues qui sont de plus en plus démotivés. Je pense, (contrairement à la FDSEA, je ne suis pas syndiqué) qu'il faudrait que nous nous projetions tous dans l'avenir MAIN DANS LA MAIN. Et en disant ça, je pense aux industriels qui vous fournissent, a nous agriculteurs et producteurs de biens français mais aussi à vos concurrents. UNE GRANDE ALLIANCE pour que le consommateur puisse s'y retrouver. C'est bien vôtre Leitmotiv depuis de nombreuses années!!
[...] Il y a quelques mois, je vous parlais du formidable projet de Thomas Pocher dans le Nord de la France, avec les soupes « Bon et bi... [...]
une solution contre le gaspillage

Qui contacter chez Leclerc ?

Merci et c'est efficace ,
gain pour le distributeur (image et qualité/prix et pour le consommateur)


Merci de nous donner le contact ,
un texte de 15 lignes sera proposé ,

FR
Bonjour, bonsoir.
Je sollicite un entretien avec le boss.
J'ai des idées , une approche différente de la grande distribution.
Pas une remise en question, une façon de garder vos pratiques en les améliorant, juste avec de bon sens.
Vous y êtes presque, mais...
Il manque un truc.
Leclerc on fait du chiffre, encore mais..
Mr Leclerc à réussi à transformer certaines choses dans la grande distribution, lui échappe l'essentiel, normal.
Il a été très fort, et si on faisait la même chose avec des ajustements, pointus.
Je ne sors pas d'une école de commerce, plutôt de l'école du bon sens, et je suis dans la même boîte depuis plus de vingt piges.
Je répare des contrebasse, violons violoncelles, guitares...
Je veux transformer votre business, étant client depuis longtemps, même si ce n'est pas passionnant...et même si vous êtes performants...
Il y a beaucoup mieux à faire.
Salutations

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