ÉCONOMIE Enjeux de la distribution

Pouvoir d’achat, inflation, négociations commerciales, gaspillage alimentaire, l’affaire du porc et le Rafale

J’aurai l’occasion de revenir plus précisément sur chacun de ces sujets. Juste ici, une petite revue de l’actualité de la distribution.

Guerre des prix et pouvoir d’achat

Les Echos ont révélé hier l’étude « Grande conso 2015 » (IRI/Dauvers) : la concurrence dans la distribution aura permis de faire gagner un milliard d’euros aux Français l’an dernier ! Ce gain de pouvoir d’achat a été immédiatement réinvesti dans une montée en gamme de la consommation, notamment avec plus de bio dans le panier des clients.

J’avais observé ce repositionnement depuis quelques mois dans les Centres E.Leclerc : les ventes sous la marque Eco+ sont désormais inférieures à 5% du CA, ce qui profite au bio c’est vrai, mais aussi à certaines MDD (comme « Nos Régions ont du talent ») ainsi qu’aux grandes marques qui deviennent plus abordables.

A ce stade, je retiens une bonne nouvelle confirmée par tous les analystes ; les consommateurs se rendent compte enfin de cette baisse des prix. Peut-être cela explique-t-il la bonne tenue de la consommation actuelle.

Cartels et grosses ficelles

Si le monde du commerce n’est pas un univers de Bisounours, il serait caricatural de penser que les méchants sont toujours d’un côté. Il y a comme un réflexe pavlovien de certains commentateurs à toujours vouloir crier haro sur la distribution.

Lundi matin sur France Inter, Philippe Lefébure a voulu relativiser la bonne nouvelle relayée par Les Echos, en rappelant l’interview récente du patron de Nestlé France (Richard Girardot). Lancé sans frein dans une descente en règle des distributeurs, ce brillant éditorialiste a, par un hasardeux mélange de mots, contribué à alimenter la machine à fantasme en affirmant que les « distributeurs recevaient les fournisseurs dans des box de parking le samedi soir à 23h00 ». Allons bon !

Au Grand Journal de Canal +, Natacha Polony m’a rejoué son sketch. Elle n’aime pas la grande distribution et le montre. C’est son droit. Je lui ai dit hors plateau que je ne désespérais pas de la convaincre des vertus de la distribution moderne. Elle m’a dit que je n’y arriverais pas. On verra bien. De mon côté, j’ai quand même du mal à lui trouver du crédit quand elle se fait la lobbyiste du commerce de centre-ville (mignon et gentil parce que petit…), et des fournisseurs (dont elle ne semble pas croire qu’ils puissent souvent être plus puissants que leurs clients…).

Ni Philippe Lefébure, ni Natacha Polony n’ont cru devoir rappeler que les ententes tarifaires entre fournisseurs théoriquement concurrents, sanctionnées très lourdement et à de nombreuses reprises par l’Autorité de la Concurrence, sont aussi des atteintes au porte-monnaie des consommateurs. Vont-ils mettre la même énergie pour les dénoncer ?

Une fois n’est pas coutume, un bon point pour Jacques Creyssel (FCD) qui a rappelé l’incongruité des propos de Richard Girardot. Nestlé, avec près de 14%, est le roi de la marge. De quoi se plaignait-il déjà : la négo 2015 aurait altéré la croissance du bénéfice de la filiale France. On le plaindra, moins de 14% de résultat net, ça doit être dur…

Le forum du porc sur ce blog

Mon dernier billet sur la crise du porc aura suscité quelques remous. Ouest France a relayé et m’a fait l’honneur de ses colonnes samedi dernier, me permettant d’exprimer les propositions des Centres E.Leclerc sur la limitation éventuelle des promos, les conditions d’un surprix pour les producteurs, la création d’un fonds structurel.

Un certain nombre de commentaires « professionnels » ici même  (Inaporc, Coordination rurale…) et par mail, ce dont je me réjouis. Au fond, le diagnostic sur l’intensité de la crise est partagé. Le pivot européen est central, nous sommes d’accord là-dessus. Mais pourquoi imputer aux distributeurs la responsabilité des errements bruxellois, ou tout simplement des écarts de coûts de production entre la France, l’Allemagne et l’Espagne ?

Mes interlocuteurs l’ont compris. J’ai rencontré ce matin encore Paul Auffray et Jeff Trébaol (Fédération nationale porcine) en compagnie de Rémy Jestin, Président de la SCARMOR. Je leur ai confirmé que les Centres E.Leclerc étaient à l’écoute de leurs propositions. Je ne désespère pas que nous puissions les soutenir ensemble.

Gaspillage alimentaire : un état des lieux dans la restauration publique ?

Revoilà le sujet du gaspillage : multiplication des initiatives et des prises de parole depuis quelques semaines. Un amendement au Sénat adopté dans le cadre de la loi Macron, une proposition de loi à l’Assemblée (Jean-Pierre Decool) et un rapport de Guillaume Garot rendu public ce matin.

Le débat est légitime. Même si tout ça est bien trop médiatique pour être honnête.

Une fois encore, les préjugés sont tenaces ! La distribution est montrée du doigt alors que c’est certainement le secteur le plus en avance sur cette question.

Les Centres E.Leclerc sont les premiers partenaires de la vie associative locale, en charge de l’aide alimentaire. Ils ont également, au niveau national, un partenariat avec les Banques alimentaires. Les initiatives sont multiples dans le Mouvement, et même, certains adhérents produisent par exemple des soupes et des jus à partir de Fruits et légumes biscornus. On en reparle.

Nos élus sont en revanche très discrets lorsqu’on les interpelle sur la lutte contre le gaspillage alimentaire au sein des collectivités qu’ils dirigent : maisons de retraite, écoles, cantines des employés des administrations, crèches… qu’est-ce qui est mis en place concrètement ? Qui pour montrer l’exemple ?

Succès en Rafale

Un mot pour terminer ce billet. J’ai toujours été très critique sur cette tendance de nos élites à minorer l’apport de la fonction commerciale par rapport à la fonction de production. Les succès remportés par l’Etat et les équipes de Dassault pour la vente du Rafale viennent aujourd’hui montrer que les ingénieurs sont encore meilleurs quand ils deviennent des vendeurs. N’est-ce pas Serge ? ? Bravo !

 

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