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Pharmaciens contre épiciers : une querelle vieille de trois siècles !

Les plus anciens s’en souviendront : il y a 20 ans, les Centres E. Leclerc ont pris l’initiative de vendre des produits de dermocosmétique et de parapharmacie, déclenchant une polémique mémorable. Débats télévisés, harangues et publicités, procès jusque devant le Conseil de la Concurrence et la Cour de justice européenne. Tout cela pour finalement obtenir la libre commercialisation de cotons-tiges, crèmes solaires, préparations multivitaminées, préservatifs... Notre dernière campagne sur le prix des médicaments non remboursés a provoqué un même prurit de colère de la part d’une corporation arc-boutée sur la défense de son monopole. Vues de l’étranger, toutes ces polémiques sont décrites comme les avatars d’un corporatisme excessif, comme l’expression d’un protectionnisme complètement décalé vu les pratiques des autres pays européens. Les commentaires les plus acerbes n’hésitent pas à qualifier d’archaïque « une législation si peu ouverte à la concurrence et à la défense des usagers ». Archaïque ? Si le terme est polémique, la réalité confirme que la querelle puise sa raison d’être dans une histoire qui remonte au moins à trois siècles. Une amie historienne, plongée dans la rédaction d’une thèse sur le marché du sel au XVIIIème siècle, m’a fait parvenir quelques vieux textes trouvés au Centre Historique des Archives de Paris. I – « 16 juillet 1775 : Réflexions proposées par les Commissaires de la Faculté (de médecine) pour fixer les limites des deux états d’Apothicaires et d’Epiciers. - Nul Epicier ne pourra…vendre et débiter aucune drogue simple servant à la médecine avant d’avoir passé un examen devant les Députés ordinaires de la faculté… - Il sera permis à tout Epicier reçu de vendre à tout poids toutes les drogues simples en substance, entières, hachées, coupées, râpées, concassées…mais ne pourra pas mêler les poudres de différentes substances. - Il lui sera défendu de tenir confondues dans la même boutique les objets comestibles avec les drogues dangereuses par leur nature comme les poisons et les préparations de minéraux servant à la peinture… Au moins il sera contraint de tenir ces marchandises dans un endroit séparé… Il y aura un comptoir, des balances et autres instruments qui ne pourront servir qu’à la vente de ces sortes de marchandises. - Il sera permis aux Epiciers d’acheter chez les Apothicaires de Paris les mêmes compositions galéniques et chimiques dont l’importation leur est permise… L’Apothicaire sera tenu de les sceller de son cachet que l’Epicier n’aura pas le droit de rompre… 1- Tableau des drogues simples permises aux Epiciers (extrait): Du règne végétal : les racines, les champignons,… Du règne minéral : les sels, les minéraux inflammables… Du règne animal : les crapauds et grenouilles, les scorpions, les vipères, les cloportes, les yeux et les pattes d’écrevisse, les mâchoires de brochet, l’os du cœur de cerf, le sang de bouquetin, le fiel de taureau, le poumon du renard… 2- Préparations interdites aux Epiciers (extrait): La lotion et coction de la térébenthine La préparation philosophique de corne de cerf Les fécules des plantes 3- Compositions que les Epiciers ne pourront vendre en débit (extrait): Les sirops d’absinthe, de quinquina, de chou rouge Les gelées de corne de cerf et de vipère 4- Préparations de chimie dont la confection et la vente sont permises aux Epiciers (extrait): Les huiles essentielles de plantes L’eau de mélisse, l’eau divine, les eaux odorantes de feuilles, tiges, fleurs, fruits, écorces, bois et racines II – 25 avril 1777 : Déclaration du Roi portant règlement pour les professions de la pharmacie & de l’épicerie à Paris. Nous avons considéré qu’étant une des branches de la médecine, la pharmacie exigeait des études et des connaissances approfondies… Nous avons eu pour but de prévenir le danger qui peut résulter du débit médicinal des compositions chimiques, galéniques ou pharmaceutiques entrant dans le corps humain confié à des Marchands qui ont été jusqu’à présent autorisés à en faire commerce sans être obligés d’en connaître les propriétés… Nous avons jugé nécessaire de fixer entre les deux professions des limites qui nous ont paru devoir prévenir toutes contestations et opérer la sûreté dans le débit des médicaments… - Les Maîtres en pharmacie…ne pourront à l’avenir, cumuler le commerce de l’épicerie : ils seront tenus de se renfermer dans la confection, préparation…de compositions médicinales. - Les Epiciers continueront d’avoir le droit de faire le commerce en gros des drogues simples. - Défendons aux Epiciers de fabriquer et vendre des sels, compositions ou préparations entrant dans le corps humain sous forme de médicaments… III– Juin 1777 : Requête du Corps de l’Epicerie présentée au Roi …les limites des deux états ont de tout temps été établies : - L’état de l’apothicaire réside dans les compositions médicinales. - L’état de l’épicier droguiste consiste dans la vente de toutes les productions de la nature. - …les pâtes et conserves de guimauve, de violette, d’angélique, de coing et autres qui sont le plus souvent de simples agréments sous le titre de bonbons, deviennent quelquefois des médicaments par l’ordonnance du médecin… Si les prohibitions subsistaient, les apothicaires pourraient contester aux épiciers leur état de confiseurs ! Plaise à Votre Majesté de défendre aux apothicaires de vendre des dragées, pastilles, chocolats, bonbons, sirops d’agrément, liqueur de table, parfums, eaux odorantes servant à la toilette. IV– Août 1777 : Réponse du Collège de Pharmacie à la requête du Corps de l’Epicerie (extrait) La déclaration ôte aux Epiciers environ 100 concurrents (produits) ; elle ne leur enlève aucune partie de leur commerce dont les branches sont à l’infini. Elle ne laisse aux pharmaciens que la vente et le débit de toutes les compositions et préparations médicinales… Les épiciers voudraient-ils leur enlever leur seul et unique avantage ? V– Octobre 1777 : Requête du Corps de l’Epicerie en réponse à la réplique des Apothicaires. …Le corps de l’épicerie s’est trouvé dépouillé sans avoir été entendu. Les apothicaires, par des motifs de jalousie, veulent faire croire au public que toutes les préparations vendues par les épiciers sont défectueuses. On ne les croira pas lorsqu’on saura qu’elles sont scrupuleusement visitées par Messieurs de la Faculté de Médecine avant d’être mises en vente. Le public peut donc se tranquilliser sur la bonne qualité des médicaments que distribuent les épiciers. » Le débat ne date donc pas d’aujourd’hui. Des écrits de cette nature, il y en a pour nourrir toute une bibliothèque. Et au rythme où va la polémique, on a comme l’impression qu’effectivement les corporations françaises ne sont pas près de sortir de leurs rivalités de comptoir !

59 Commentaires

Y en a marre de vos salades!
Quand va-t-on éplucher tous les comptes?
Le reste c'est de la littérature!
Allez, coucouche panier les ptits marquis de son altesse, on vous a reconnu...
Quant au copier-coller...assez lamentable si vous n'êtes même pas capable de vous trouver un argumentaire...
pathétiques les 2 chefs de raie ions!!!
rooo! hary, te voila donc me reprenant pour une noblesse d'empire,l'argumentaire a été develloppé et on ne peut pas dire que le contre argumentaire est probant.
torcher le cul des apothicaires avec un oison est un luxe, une pierre ponce y suffirra, la gente hemoroidaires y sera tracassée au point, de peut etre reflechir...
Rabelais lamentable ? je crains que ceux qui veulent donner des leçons n'aient que la suffisance de leurs propos pour illustrer la vanité de leur corporatisme
Dont acte, mon petit marquis
Ta suffisance n'a d'égal que ton insuffisance sur le sujet...
Merci d'en avoir fourni une si belle preuve !!!
3 lignes d'arguties (les tiennes) ne démontrent rien, un clown habitué au parlementarisme, peut être,essayez le SAV, il serait utile de faire vérifier votre sonotone.
mieux vaut il torcher le cul d'une baudroie ou lui brosser les dents, je vous laisse apprecier ...
Commentaire publié le 22/10/2008 à 23:28 sous la note "Marcher sur la lune avec..."
> reclassé dans "Le blog, le service consommateurs et quartier libre" par la webmaster
Bonjour Monsieur MEL,
Merci du droit de parole que vous offrez, mais comment vous joindre dans le cadre de la confidentialité ?
Donnez moi un contact téléphonique ou une adresse (concept à exploiter pour la parapharmacie, enveloppe Soleau, marques)
ps : je ne suis pas dans la rubrique concernant le sujet, mais c'est mon troisième message ... donc celui que vous avez lu et auquel vous allez me répondre merci :) martine
Tes elucubrations ne tiennent pas la route, Gdr...
Tout le monde aura reconnu en toi un valet du seigneur mel, bref, aucin intérêt dans tes interventions ni tes rodomontades...
Petit tu es, petit tu resteras...
vouis harry, la tenue de route est un probleme de pneumatique, rien a voir avec ta harangue de tavernier mondain....
Pourquoi ce site Web n'ont pas l'autre appui de langues ?

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