SOCIÉTÉ Concurrence

Thierry Breton et les prix : A chacun son indice !

Amusant de lire la presse, ce matin. Thierry Breton a présenté de nouveaux indicateurs d’évolution des prix. Quatre chariots types composés de 135 produits, établis en fonction des profils des catégories de ménages (célibataire, couple retraité, couple 2 enfants, 2 enfants et plus, et un indice de panier moyen). On sent les commentateurs gênés aux entournures. Politiques, journalistes ou économistes pensent tout haut : « Encore un gadget, un outil de com pour TB, un nouveau thermomètre, à défaut d’une politique de pouvoir d’achat, etc… ». Ca fait évidemment sourire le ministre qui, pour l’occasion, joue sur du velours : c’est avec la participation de 7 organisations de consommateurs que son initiative a vu le jour. C’était une demande des consommateurs ! L’occasion pour moi de revenir encore une fois sur ce décalage entre l’opinion des professionnels de la politique ou de l’économie et les comportements observés sur les marchés. 1) Décalage dans les préoccupations : Les indices de l’INSEE (prix ou pouvoir d’achat) ne sont pas en cause. Ils sont techniquement bien faits. Mais ils ne sont pas pertinents pour toute analyse. Parce qu’ils mesurent des situations globales, ils ne reflètent évidemment pas les écarts observés sur les micro-marchés. De fait, depuis plusieurs années, l’INSEE confirme une tendance générale à la baisse de l’inflation (on peut même parler de désinflation). Mais c’est à tort que depuis trois ou quatre ans, nos gouvernants opposent ces indices de l’INSEE aux récriminations des consommateurs inquiets de l’envolée des prix, notamment depuis le passage à l’euro. L’INSEE n’a jamais dit qu’il n’existait pas de « bulle inflationniste » sur les grandes marques industrielles. Et tous les indices des professionnels (SECODIP, NIELSEN) confirment bien le dérapage. Lorsque les Centres E. Leclerc ont mené campagne, en 2004, pour critiquer l’aveuglement des pouvoirs publics sur les prix et le pouvoir d’achat, nous ne disions rien d’autre ! Nicolas Sarkozy l’avait compris. Il a tenté d’organiser, dans la douleur et la difficulté, une première baisse des prix. Thierry Breton complète le dispositif en créant des indicateurs plus tangibles pour les consommateurs. 2) Alibi politique ? De la part de TB, je ne le crois pas. Pour l’avoir récemment rencontré, je crois pouvoir dire que s’il ne tenait qu’à lui, comme à Sarkozy ou à Borloo, le discours du gouvernement serait nettement plus consumériste et nous ramènerait dans le chemin de la liberté des prix. Mais la question peut être posée au gouvernement dans son ensemble. a) Les nouveaux indicateurs publiés par TB témoignent de la poursuite de la baisse des prix. Récemment, l’INSEE confirmait que dans le secteur de la grande distribution, les prix avaient en moyenne baissé de 1,1 %. Les indices professionnels confirment tous que les engagements Sarkozy (17 juin 2004) ont été tenus. Plus de 7 000 articles ont baissé de 2 %. Et même Libé, si sarcastique dans son papier général ce matin, révèle que son panier de référence (lui aussi !) a baissé de 1, 5 %. b) Paradoxalement, les consommateurs n’en ont pas conscience. Des enquêtes réalisées par TNS-SOFRES pour la revue LSA révèlent que les Français pensent encore que les prix augmentent. Du coup, toute la presse économique disserte à coups d’arguments savants sur l’inévitable « décalage entre l’inflation réelle et l’inflation perçue ». Le consommateur serait « victime d’un effet psychologique qui lui fait surestimer la hausse des prix ». Mais comment pourrait-il en être autrement. A l’unisson pour dénoncer les effets « néfastes du prix bas », la classe politique aujourd’hui tient un discours complètement pénalisant à l’égard des discounters. A rebours de l’opinion. Englué dans son clientélisme, le gouvernement est même incapable de récupérer à son profit les baisses de prix réalisées depuis un an. Jean-Pierre Raffarin prétendait avoir compris « la France d’en bas » et annonçait en décembre, sur TF 1, un « programme de lutte contre la vie chère ». Puis, silence total et ralliement au seul slogan « les prix bas tuent l’emploi ». S’il n’y a que les professionnels pour dire que les prix baissent dans leur entreprise, pas étonnant que l’affirmation soit perçue comme un simple argument publicitaire. Rien d’étonnant non plus à ce que la méfiance s’installe. c) La réforme de la loi Galland, sur laquelle plancheront les députés les 6 et 7 juillet, sera donc le vrai thermomètre de l’intention de nos politiques. C’est d’eux désormais que dépend l’évolution des prix mesurée dans les chariots de TB. Sur ce point, son initiative aura déjà eu un mérite : intéresser à la réforme de la loi Galland les organisations de consommateurs qu’il a consultées. La CLCV a déclaré hier qu’en l’état, le projet gouvernemental n’allait pas assez loin. Il « consiste à permettre aux distributeurs de conserver au moins 20 % de marge, au détriment du consommateur ». Voilà qui est bien compris. Si l’on entendait un peu plus les organisations de consommateurs, pour réclamer une baisse de prix durable, ce serait autant d’alliés pour les réformateurs.

10 Commentaires

Merci de cet article.
Il faut être prudent, car si la baisse des prix se fait par des imporatations ou des délocalisation, nous sommes plutôt perdant.
En effet une augmentation du chomage, des déficit commerciaux records vont appauvrir les consommateurs.
On touve de plus en plus de produits Chinois dans les
commerces
Il est vrai qu'il sont un peu moins cher que des produits locaux, les marges y sont certainement pluus forte.
Mais à chaque fois que l'on achète ces produits on participe aux fermeture d'usine en France.
La guerre des prix prendrait-elle ses munitions dans les emplois?
On pourrait plutôt lancer des campagnes sur la créations des emplois en France, c'est un façon de faire baisser le chomage et faire augmenter le niveau de vie.
un blog de michel edouard ? belle surprise découverte par hasard...
et que de belles paroles ...
mais si le mouvement leclerc ne s'était pas embourgeoisé, si les adhérents n'étaient pas devenus les plus grosses fortunes de leur région, en bref, si le mouvement avait conservé son éthique d'origine, y aurait-il eu autant de hard discounters ?
réformer la loi galland semble une bonne idée, mais elle profite autant à vos adhérents attachés à leur marge qu'aux industriels soucieux de leur tranquilité
aurez vous le courage d'aller contre ces groupes de pression internes et externes ?
cela ressemble fortement à la lutte que vous meniez publiquement contre la loi royer il y a quelques années, et que vous souhaitiez conserver en privé devant des patrons attachés à la valeur de leur fond de commerce
je souhaite que vous ayez conservé la hargne de votre père et je suis persuadé de votre bonne foi
bon courage
amicalement
pierre
Re Gilles (22/06/05)
Votre question mériterait une réponse très étayée. Je voudrais simplement faire ici la distinction entre deux types de baisses de prix.
1- Il y a celles qui résultent de la politique du commerçant. Quand je prends 20 % de marge sur un grand cru et qu’un caviste marge à 50%, je fais profiter le consommateur d’une baisse de prix, sans que le fournisseur n’en subisse les conséquences. C’est ma marge qui est plus faible. Je me rattrape sur les quantités (effet volume). C’est ce que j’appelle une bonne baisse de prix et pour moi, la politique de concurrence doit stimuler ces comportements.
2- Il arrive que sur certains marchés, il existe des dysfonctionnements patents. Ecart de charges salariales, écart de fiscalités, différences dans le respect des normes sociales, etc… C’est alors à l’Etat de dire les limites de l’exercice. Dans le cas de la Chine, il faut répondre à la question : était-il logique de lever les quotas d’importation ? Si la réponse est oui, rien à reprocher aux commerçants qui vendent moins cher. Si au contraire, la distorsion était vraiment flagrante et menaçait l’industrie textile, il ne fallait pas autoriser les commerçants à importer. Le politique doit prendre ses responsabilités.
Re pierre (24/06/05)
Il y a des hard-discounters partout en Europe. Alors qu’il n’y a pas de loi Galland. Ce concept de distribution a donc une raison d’être qui dépasse le cadre législatif français. Le HD renouvelle une forme de commerce de proximité qui s’était embourgeoisée (Felix Potin, Codec, etc).
Mais en France, les hypermarchés avaient une politique très attractive de prix jusqu’à la loi Galland. En obligeant les hypers à remonter leurs prix, on a accéléré le développement des HD. D’autant qu’ils ne sont pas soumis, eux, aux contraintes de la loi Royer.
Libérez-nous de ces entraves, ami Pierre, et vous verrez que les centres E. Leclerc sont restés des lions. Si nos adversaires ne doutaient pas de notre pugnacité, ils ne feraient pas autant pression pour préserver cette loi.
Celle-ci a offert une rente à tous les commerçants, y compris à mes adhérents. Comme les autres, ils appréhendent le « retour à la normale ». Simplement, ils savent qu’en tant qu’enseigne d’indépendants, ils sont plus autonomes, plus flexibles et maîtres de leur gestion…pour faire baisser plus substantiellement les prix. Leur organisation leur donne un avantage concurrentiel.
Bienvenue sur ce blog, Pierre, n’hésitez pas à intervenir.
Ceci n'est pas un mail de commentaire, mais une proposition de "formule" pour lessive lave-linge et adoucissant.
1) "Formule Révolutionnaire pour lessive et assouplissant Lave-linge"
2) "L'idée d'un nouveau bidon plastique, plus écologique et moins polluant"
Messieurs bonjour,
Je vous adresse ce mail pour vous proposer ;
1) une "formule" de produits à ajouter à vos liquides lave-linge et assouplissants, pour que tout le linge lavé en machine, garde et retrouve le moelleux et la douceur du "neuf".
Je suis un père de famille de 53 ans et depuis cinq ans, je travaille en free-lance depuis mon domicile, mon épouse travaillant toute la journée, c'est moi qui assure l'entretien de la maison et les lessives d'une famille de quatre personnes.
D'un naturel propre et maniaque, je trouvais que notre linge au fil du temps devenait "rêche" et perdait sa souplesse, et après avoir testé toutes les marques de lessives et d'assouplissants, je décidai de trouver un mélange de produits, tous "Naturels" et d'un coût modique, à ajouter à la lessive et à l'assouplissant vendus dans le commerce, pour redonner une seconde jeunesse à tout notre linge.
Après six mois de tests et de savants dosages, j'ai mis au point un "adjuvant" que j'ajoute à la lessive et à l'assouplissant, et qui me donne d'excellents résultats.
En effet, ma famille n'étant pas informée de mes expériences, a commencé à trouver que notre linge (tee-shirts, serviettes de toilettes, draps etc..) était de plus en plus "doux", compte tenu de leur ancienneté (entre un et trois ans) et offrant un repassage plus aisé, malgré la dureté de l'eau en région parisienne.
Pour me conforter dans mes tests, j'ai proposé à mes proches (parents, frères et sœurs) de laver tout leur linge, avec ces lessives et adoucissants modifiés par moi-même.
Là encore de manière très "objective", mes proches ont trouvé, après seulement trois lavages des mêmes articles, une différence sensible en matière de douceur, d'odeur et du moelleux de leurs effets personnels.
2) L'idée d'un nouveau bidon pour lessive et adoucissant, offrant l'avantage d'être trois fois moins polluant en déchets plastique évacués dans la nature et pour une meilleure préservation de notre environnement, supprimant aussi la "corvée" hebdomadaire d'achat de deux ou trois bidons de lessive et d'assouplissant, indispensables à l'entretien de notre linge.
J'en arrive au but de ce courrier, si vous êtes intéressés par ma "formule révolutionnaire", inexistante actuellement sur le marché, et par l'idée d'un nouveau conditionnement pour la lessive et l'adoucissant, je pourrais vous les proposer, en exclusivité, et vous pourrez ainsi distancer largement la concurrence, par la mise sur le marché d'un "nouveau produit" et "emballage" cent pour cent écologique.
Je peux si vous le souhaiter vous faire la démonstration et vous prouver la véracité de mes dires, dans vos laboratoires de tests, avec les produits lessives et adoucissants de votre gamme.
Je me tiens à votre disposition pour vous rencontrer et vous exposer les conditions d'un partenariat.
Dans l'attente de vous lire,
Je vous prie d'agréer, Messieurs, mes salutations distinguées.
Hubert Turjman
reponse à mel
je suis extremenent heureux de voir qu une reponse de votre part apparait
seulement, quelques contrevérités subsistent dans votre réponse
1- les hd n'ont pas comme clients cibles ceux qui se sont ecartes des codecs et autres enseignes depassees...mais plutot la frange de population écartée des enseignes de grande distribution qui proposaient des produits qui leur étaient inaccessibles
2- les contraintes de la loi royer sont liées aux m2 de surface de vente et non au statut des magasins ...
3 - je ne remets pas en cause les avantages de l'organisation de l'enseigne pour une meilleure efficacité, mais la motivation profonde de vos adhérents.
je sais votre difficulté à faire passer votre pugnacité, mais elle me rappelle l'hostilité envers les controles de prix instaurés par l'opus et sans l'appui de quelques adhérents comme andre jaud et michel buchard pour faire admettre votre combat aux adhérents.
retrouvez enfin la foi de ces debuts !!!!
bien amicalement
pierre
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Réponse à Pierre (28/06/2005)
Deux ou trois précisions.
1) L’attractivité prix du HD est indéniable. Mais le critère de proximité et de rapidité de service arrive en même position dans les sondages consommateurs. De fait, le HD s’est beaucoup développé en Allemagne, alors qu’il n’y avait pas de loi Galland ! ! !
2) Je reste persuadé que si l’on peut baisser le prix des grandes marques en hyper, nos fidéliserons la clientèle. C’est déjà le cas pour Leclerc. Nous avons le plus fort taux de fidélité. Il est lié pour beaucoup à notre politique de prix bas. Nous résistons mieux à l’attractivité d’Aldi, Lidl, Ed. Et même, cette année, nous attirons des clients infidèles au HD.
3) Le critère des mètres carrés est essentiel. Paradoxalement, les élus locaux sont demandeurs que nous implantions des HD Leclerc au cœur de la ville et des quartiers. Je dis paradoxalement parce que dès « qu’ils chassent en bande » (le parti), ils pestent contre l’effet prédateur des systèmes de distribution à bas prix par lesquels passent beaucoup d’importations. Mais dans l’exercice de leurs mandats locaux, ils recherchent des locomotives commerciales, telles nos enseignes, pour retenir les clients dans les micro-zones de chalandise de leur ville.
4) Il ne faut pas réécrire l’histoire de la distribution en cherchant à l’embellir. J’ai 53 ans. Ca fait 35 ans que je vis dans l’univers Leclerc. La règle des 20/80 (20 % de leaders, 80 % de suiveurs) a longtemps été la norme. Oui, il a fallu se battre pour imposer des contrôles de prix. Des adhérents « plus Leclerc » que d’autres ont su par la pédagogie et l’exemple de leur propre performance, convaincre leurs collègues d’en accepter le principe. Mais contrairement à ce que vous semblez croire, il y a aujourd’hui beaucoup, oui j’insiste, beaucoup plus d’adhérents impliqués dans la philosophie Leclerc qu’autrefois. Les engagements sont, me semble-t-il, plus motivés, plus rationnels, plus sincères aussi. Vous-même, je crois, et un autre intervenant (Yoyo ?) semblez opposer la profitabilité actuelle des magasins à l’implication des adhérents dans les engagements sociaux de l’enseigne. Que nenni. Individuellement ou collectivement, notre enseigne n’a jamais, je dis bien jamais, été aussi engagée sur le front des prix (c’est nous qui menons ce débat sur la loi Galland, que diable !), sur le front culturel et dans le domaine du développement durable (sacs de caisse, commerce équitable, partenariats divers). Je dirais : hier, nos adhérents s’engageaient sur des coups d’éclat, et se laissaient guider par mon père et quelques pionniers. Mais Dieu sait si mon père devait « tremper la chemise » pour assurer le suivi et la durée des combats.
Aujourd’hui, ce sont vraiment tous les adhérents, derrière l’enseigne, qui s’engagent. Il y en a bien quelques dizaines qui traînent la patte ou croient faire illusion. Mais s’ils altèrent, dans leur zone géographique, la crédibilité de l’enseigne (et d’eux-mêmes), ils ne constituent aucunement un obstacle à la performance.
Réponse à TURJMAN (28/06/2005)
Vous me pardonnerez certainement mon ignorance, mais je pense que le mieux serait que vous transmettiez votre projet à l’un de mes collaborateurs, Olivier Kopp (Scamark, 52 rue Camille Desmoulins, 92451 Issy-les-Moulineaux) qui le fera instruire et vous répondra.
réponse à MEL
1 - que pensez vous de l experience menée par 2 adhérents, notamment à Fondettes, de tester un HD LECLERC ? ballon d'éssai ou opportunité d'implantation ? les chiffres actuels semblent décevants...
2 - J'ai 44 ans et 27 ans de leclerc ... bleu comme un shtroumf moi aussi
3 - vous croyez que les adhérents actuels ont plus de motivation ? certainement, car c'est la seconde génération, coulée dans le moule . vous croyez qu'elle est plus rationelle ? oui, car le métier a changé . Mais ou je serais plus circonspect, c'est peut etre sur la sincérité : ne revons pas ensemble ...
et au fait, si pierre et yoyo ne faisait qu'un ?

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