SOCIÉTÉ Législation / Fiscalité

Loi Galland au Sénat : Renaud Dutreil, modéré, subit le siège !

Oui, je l’avoue, j’ai plaint Renaud Dutreil, le Ministre du Commerce, ainsi que Gérard Cornu, Président de la Commission des Affaires Economiques du Sénat. Vous connaissez mon combat contre la loi Galland. J’appréhendais les propos du ministre. Sur lui, rien à redire, mais les sénateurs, quel délire ! Il faut relire le compte rendu analytique officiel des séances des 13, 14 et 15 juin derniers. 1) Au départ, ça s’annonce bien ! R. Dutreil qui a hérité du « bébé Jacob », présente le texte de son prédécesseur comme « un dispositif transitoire de six mois, afin de procéder de façon progressive ». Plutôt que de prendre le risque d’affoler les jusqu’aux-boutistes, il prône « un retour à une négociation commerciale normale », une négociation qui se fixerait « avant tout sur le prix des produits et non sur les rémunérations annexes ». Il parle de rechercher « une modération des prix, qui n’est pas un facteur de déstabilisation, puisque nous écartons la réintégration brutale… ». Tout ça frappé au logo du bon sens et du pragmatisme. Donc, on était plutôt bien parti, sur des bases rationnelles et factuelles, pour amender en douceur le texte de C. Jacob. 2) La suite des débats a donné lieu à des échanges complètement surréalistes, n’abordant jamais les sujets dans leur technicité, et se retranchant derrière des affirmations contradictoires et toute une logorrhée anti-prix bas et anti-distribution. Jugez-en. a) Intervention de B. Dussaut (PS) : Son parti a dénoncé l’augmentation des prix en France depuis le passage à l’euro. Ca ne le gêne pas de dire « ce qui est en cause, ce n’est pas le prix à la consommation dans la grande distribution, mais le pouvoir d’achat global ». Comme si c’était incompatible. b) M. Demessine (PC) ne s’embarrasse pas de nuances. Réclamant « la régulation des puissances d’argent, de la spéculation stérile… » et dénonçant dans le projet PME qu’on fasse des « travailleurs les esclaves des temps modernes », elle affirme (sans aucun doute, sans avoir consulté sa base) « la baisse des prix ne bénéficie jamais à long terme aux milieux les plus modestes » ! ! ! On apprend d’ailleurs de sa bouche que « les PME emploient près de 60 % de la population active ». (Si c’était vrai, fonction publique et PME seraient les seuls employeurs de France). c) D. Raoul (PS) reconnaît qu’on sous-estime, en France, le taux d’inflation. Mais elle « n’est pas en soi néfaste tant que son taux reste raisonnable. En dévalorisant les dettes, elle favorise l’endettement, donc l’investissement, partant, les dépenses, la distribution des revenus, l’épargne ». Ce n’est pas la contradiction qui l’étouffe. Il affirme : « Baisser de 20 % le seuil de revente à perte risque fort de ne pas bénéficier au consommateur, non plus qu’au producteur ». (A qui alors, puisque c’est le distributeur qui baisse ses marges ?). Et s’il n’y a pas baisse de prix, pourquoi craindre « des déséquilibres néfastes au commerce de détail et à nos centres de bourg ». d) J. Arthuis (UDF), est le plus virulent. Ancien ministre et ancien commissaire aux comptes des Centres E. Leclerc (mais oui !), il veut que les marges des commerçants baissent, mais pas les prix ! ! ! (facteurs de délocalisations, chômage, etc…). 3) Dans toutes ces interventions, l’intérêt des consommateurs n’a été défendu que par J. Blanc. Perplexe, mais flegmatique, R. Dutreil n’a pu que prendre acte des contradictions des sénateurs : « Peut-on dénoncer la dérive des marges arrière et refuser de les réincorporer dans les prix ». G. Cornu, pourtant bien intentionné lui aussi, a dû manger son chapeau. En début de séance, il avait déclaré « Il m’est apparu, au gré de mes auditions que le mécanisme de définition du seuil de revente à perte…était inutilement complexe…(il) sera très difficile à mettre en œuvre et ne garantit pas la protection des intérêts des fournisseurs ou des consommateurs ». En fin de séance , le même : « J’ai décidé…de me rallier au texte du gouvernement même s’il n’est pas idéal ». J’en tire deux leçons : 1) Deux années passées en concertation, discussions, commissions…pour arriver à un texte qu’on sait impraticable en l’état, et susceptible d’énormes effets pervers ! Des sénateurs qui se sont défoulés sur les marges des distributeurs et qui les légalisent à 20 %, un niveau qui servira de taux directeur dans tous les secteurs… Ca promet pour les débats à l’AN. A ce rythme, le droit français de la concurrence n’est pas prêt d’être aligné sur le droit européen. 2) Plus généralement, ces interventions sont très révélatrices de l’idéologie ambiante. Le discours des élus, tous partis confondus, diabolise la concurrence, la liberté des prix, entretient une phobie anti-libérale et se focalise sur des mesures protectionnistes nationales en contradiction avec les pratiques européennes. Avec le relais de tels représentants dans leur circonscription, le discours du « oui » aux européennes n’avait décidément aucune chance. Je reviendrai prochainement sur l’évolution technique du projet de réforme ainsi que sur l’évolution des thèses et des stratégies depuis le dîner organisé par R. Dutreil, dimanche 19 juin.

11 Commentaires

Je ne comprends pas bien l'idée des sénateurs, et notamment J. Arthuis lorsqu'il dit de ne pas toucher au prix, et d'interdire les marges arrières. J'en conclus que le commerçant va devoir retravailler uniquement avec des marges avant donc les commerçants qui affichent en rayon les prix dictés par le fabriquant vont augmenter leurs prix, pour pouvoir réménurer leurs salariés et eux-mêmes. Autrement-dit on est parti pour une inflation sur les grandes marques et un repliment des concommateurs sur les MDD et surtout les 1er prix fabriqués à l'étranger et générateur de peu d'emploi en France du moins pour le hard-discount!
Et pour ceux qui cherchent à éviter la mort du petit commerce de proximité c'est au contraire l'accélération de leur mort qui est annoncé par de tels réactions.
D'autres part les interets des senateurs semblent se diriger vers le statu-quo pour ne pas voir revenir la carte de fidélité de leur sympathisant.
Il y a eu un appel commun de la CGAD, de la CGPME, l'UPA et la FNSEA pour que la réforme ne soit pas adoptée.
Pauvres sénateurs pris dans autant d'intérêts contradictoires sur un sujet auquel ils ne comprennent pas grand chose. Un peu de compassion, MEL !
Ben dis-donc, le nombre d'analphabètes qui estiment que leur avis vaut de l'or !
Erosoft : retourne à l'école et puis ensuite tu pourras poster tes nullités.
Mais en Français...
Les Blogs, c'est vraiment le dépotoir !
Léon Bloy doit se retourner dans sa tombe.
Eh, MEL ! Tu n'as pas répondu à mon mel (justement) sur ton post prurital contre l'antisémitisme mort !
Attaque-toi aux vivants que diable !
Bonjour,
Je dois dire que vous êtes un Communicateur doué. A peine arrivé à son poste de nouveau ministre du commerce, vous lui annoncez la couleur si le gouvernement n'assouplit pas la loi GALLAND. "Nous sommes prêts pour ouvrir 1000 magasins maxidiscount. Ce n'est pas une menace, nous allons le faire. Nous sommes prêts à démarrer.". dites vous dans le journal de LA TRIBUNE du 13 juin 2005.
Chaque magasin est autorisé à ouvrir deux magasins dans sa zone de chalandise.
Venu tardivement à la logistique, et même contraint par la loi GALLAND pour améliorer vos prix d'achat, concentré sur les flux physiques, Leclerc le distributeur "attentiste" en matière de supply chain affirme que ses "premiers prix" sont moins chers que ceux des concurrents maxidiscount. Un bon acheteur, y a pas de doutes la dessus, mais...
Comment allez vous approvisionner les nouveaux magasins. Allez-vous mutualiser les moyens logistiques en prélevant 1000 références environ (un standard dans le maxidiscount) dans vos références actuelles, à la fois sur les entrepôts de PGC, de frais, de F&L et non alimentaire. ? ou allez vous les séparer à terme.
Pouvez-vous ou voulez vous bien nous éclairer sur la stratégie logistique adoptée quand on connaît le succès d'une organisation logistique parfaitement huilée et efficace chez les maxidiscounters. Aucune enseigne déjà présente dans d'autres formats de magasins (Carrefour / Ed en France, Dia en Espagne, ...) ne mélange les genres, à part peut-être AUCHAN avec son univers "prix bas" dans le magasin, mais c'est dans le même magasin.
Alors un nouveau coup de MEL en perspective !
Ayant assisté à la conférence LSA du 16 juin à l'Hilton Suffren réunissant les acteurs majeurs de la distribution autour du thème 'la rupture', il me semble que ces derniers ont fait contre mauvaise fortune légale bon esprit commercial et ont accepté que malgré la loi Galland, la solution viendrait certainement de l'innovation, pour répondre encore mieux à la demande du consommateur. Un des intervenants faisait d'ailleurs la remarque selon laquelle les hypers en France n'avaient pas vraiment évolué depuis 30 ans, et qu'aujourd'hui l'occasion était peut-être enfin là. Que pensez-vous de cette analyse? (ps je propose une autre conclusion sur mon blog également).
Re : Erosoft (17/06/05)
J. Arthuis commet deux erreurs.
1) Il préconise une protection des entreprises françaises en obligeant les distributeurs à acheter cher dans l’hexagone. Mais, dans une économie ouverte, cela ne peut que favoriser les importations et augmenter la concurrence frontale des producteurs étrangers avec nos propres firmes.
2) A conditions d’achat équivalentes, l’autorisation de répercuter les marges arrière aurait ceci de positif : elle permettrait aux distributeurs de baisser directement ses prix plutôt que de développer des bons d’achat et des systèmes promotionnels dont l’efficacité est certes prouvée (le ticket E. Leclerc), mais dont la lisibilité est moins forte qu’un prix bas trois fois net. Si déjà on incitait les distributeurs à réinvestir leur marge dans du prix net plutôt que dans de la promo, on aurait un coup de fouet sur le marché. Avec comme seule incidence positive pour l’industriel, un accroissement de ses ventes.
Mais, ça doit être trop simple à comprendre !
Re : Sébastien (17/06/05)
Compassion ? Assurément. A l’égard de R. Dutreil.
Mais je viens de lire les dernières déclarations de D. de Villepin à l’assemblée de la CGPME. La position du gouvernement est tout sauf claire. On en reparle d’ici quelques jours. A bientôt.
Re : Armand (19/06/05)
Oui, Armand, vous avez raison. Deux facteurs clés permettent la performance prix du hard-discount.
1) L’achat massif, en pré-commandes fermes, avec un gain de productivité pour le fournisseur…qui rémunère bien ce service.
2) Une logistique dédiée, complètement formatée pour « faire tourner très vite » un assortiment réduit et des gammes compactes.
Vous avez donc raison. Même si le lancement d’un réseau HD peut s’appuyer, dans un premier temps, sur un marketing produits existant (gammes premiers prix, Eco + et marque Repère de nos hypers), il faut mettre en place des outils différents.
Mais l’observation ne vaut pas que pour le HD. C’est déjà le cas pour nos réseaux spécialisés (espaces culturels, brico-jardi…) qui disposent d’entrepôts et de forces d’achat autonomes qui leur sont consacrés.
Cette ambition est tout à fait à la portée d’un groupe d’indépendants. Le problème ne constitue aucunement un handicap.
Autrement plus importante est la question de la politique légale de prix. Notre intérêt à rentrer dans le HD est évidemment dépendant du sort de la loi Galland.
Merci M.E.L
J attends avec impatience votre analyse. J ai aussi lu le texte et me suis penche sur l article 32. Apparemment, les accords de gamme constitueraient des abus, l addition de chiffres d affaires afin d avoir de meilleures conditions d achat aussi. Donc il se peut que le gouvernement se penche sur lucie et Irts non?
J ai ete choque de lire le 32 quater et je suis meme tombe de ma chaise. Cet article sur l intervention de l Etat est vraiment dramatique. En fin de compte, il est clair que vous n obtiendrez pas l independance meme si le debat se fait le 4 Juillet.Vous aurez une certaine liberte de prix sur certains articles mais ce sera tout, ne croyez vous pas? Osez les MDD c est le seul recours.
Au plaisir de vous lire
Michael
Le réalisateur de "Mondovino" n'est pas si injuste que ça avec M Rolland. Personne ne conteste les qualité professionnelles de Rolland. Son "Bon Pasteur" est un très bon vin.
Mais il ce n'est pas un ... Dieu.
Il existe d'autres manières de faire du très bon vin. la super concentration, les raisins surmûris les vins qui font parfois penser à de la confiture c'est sympa mais limité.
Bien sur ces vins flatteurs se vendent plus facilement. Car ils sont buvables plus tôt et correspondent au goût des nouveaux conssommateurs qui ont été élevés aux barres chocolatés et boisons gazeuses (je n'ai rien contre !) que vous vendez dans vos super marchés. Ce sont les fameux "becs sucrés".
- l'autre problème, c'est que Rolland est le pote de Robert Parker. Du coup, même si Parker n'aime pas seulement les vins "parkerisés" -Rolland + fût+ bois + vanille- contrairement à la légende il est influencé par Rolland car c'est son copain.
Le drame est que les propriétaires qui ont un terroir moyen face appel à Rolland et consort pour faire des vin bodybuildés qui ont tous le même goût.
Faut-il pour autant ne faire que ce tyoe de vin ? Il existe d'autres oeunologue Dubourdieux Derenoncourt etc
Il existe une logique très différente de celle de Rolland (j'ai pas dit osmose inverse )comme Sociando Mallet, Figeac, Vieux Certan, Pavie Macquin.... Mais là Il faut être plus patient c'est sûr ! ET les consommareurs ne sont plus patient.
Il voudrait des bouteilles à 5 euros qui soient aussi bonnes que des grands crus qui ont veilli dix, vingt trente ans et plus !!!!
Les vins de cépage c'est très bien : à condition pour cela ne tue pas la différence.
Les Américains, les Australiens et lesc chiliens font venir les nouveaux consomateurs par les vins de cépages à 3, 5 euros très facile (sucré fruité). Les français ne savent pas le faire bien. Tout le problème est de le faire sans tomber dans l'uniformisation et de passer du sucré fruité à des vins plus.... complexes !
quel assaut sur la loi galland ?
elle permets aux patrons d'hypermarchés de conforter leur place au sein des plus grandes fortunes françaises...
assez d'hypocrisie et de mépris envers la france d'en bas et qui réfléchit quand même
si la grande distribution remplissait vraiment son rôle social, et donc si vous étiez en phase avec ses préoccupations, vous n'auriez pas appelé à voter oui au référendum
quand retrouverez vous la valeur de votre combat ?

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