SOCIÉTÉ Santé

Tests de grossesse : E.Leclerc prêt à les vendre dans ses parapharmacies

Je soutiens et j’apprécie la pertinence des propos tenus par le ministre de la Consommation. La santé n’a rien à gagner au maintien de l’hypocrisie à partir de laquelle on interdit de vendre librement, et moins cher, des tests de grossesse. Pour notre part, dès que l'autorisation nous sera donnée par la loi, nous serons prêts !

Rendez-vous compte : la loi autorise une jeune fille de 16 ans à consulter l’infirmière de son lycée pour obtenir une « pilule du lendemain », anonymement et sans autorisation parentale, mais celle-ci n’a toujours pas le droit d’aller acheter un simple test de grossesse dans une parapharmacie E.Leclerc, pourtant tenue par un docteur en pharmacie. Quelle absurdité !

L’amendement soumis par Patricia Schillinger, Sénatrice socialiste du Haut-Rhin, vise à réformer le «fameux» article L 4211-1 du Code de la santé publique qui réservait aux seules officines la vente des tests destinés au diagnostic de la grossesse ainsi que des tests d’ovulation (l’amendement propose aussi l’ouverture à la concurrence de la vente de solutions d’entretien pour les lentilles de contact).

L’annonce par Benoît Hamon du soutien gouvernemental à cet amendement a surpris beaucoup d’observateurs. Elle fait suite à une revendication ancienne du Mouvement E.Leclerc, et nos adhérents ne peuvent que se réjouir d’avoir (enfin!) été entendus. La décision a été saluée par Marie-Pierre Martinet, Secrétaire générale du planning familial.

Le salaire de la peur

Les représentants officiels des pharmaciens ont immédiatement sorti la grosse artillerie et le discours bien rôdé sur les « risques » qui pèseraient sur une telle décision. Objectif : effrayer, alerter et au final faire reculer le politique.

Visiblement, la Sénatrice du Haut-Rhin, membre de la Commission des Affaires sociales et aide-soignante dans le civil, n’a pas été dupe de ce discours anxiogène. Et, avec courage il faut le dire, le ministre de la Consommation est venu l’appuyer. Chapeau, ça faisait longtemps qu’un ministre de la conso ne s’était exprimé de la sorte !

En fait, derrière le « discours de la peur » que l’Ordre des pharmaciens va diffuser à longueur d’interview et auquel je suis habitué (on nous a sorti les mêmes arguments quand nous demandions à pouvoir vendre de la Badoit ou des cotons tiges dans les années 50 !), se cache en vérité la protection d’une forme de rente.

Et Benoît Hamon ne s’y est pas trompé : « Nous voulons agir dans tous les domaines où nous considérons qu'il existe une forme de rente économique » qui maintient la « clientèle captive ». L’UFC-Que Choisir n’aurait pas dit mieux ! Moi non plus…

J’avais été auditionné l’an dernier par deux inspecteurs des Finances chargés de rédiger un rapport sur les professions réglementées et plus récemment l’Autorité de la Concurrence avait sollicité notre avis. Ca bouge donc.

Sortons d’une situation absurde

Autoriser d’autres réseaux de distribution à vendre des tests de grossesse permettra de faire baisser considérablement les prix de vente, comme le démontrent toutes les expériences à l’étranger.

Sur ce blog j’avais publié l’an dernier quelques observations sur mon exploration du retail américain et j’avais pointé cet écart de prix énorme entre les tests de grossesse vendus aux Etats-Unis et en France (les mêmes produits pourtant !).

En tous les cas, la décision de Benoît Hamon vient souligner un peu plus l’absurdité de la situation dans laquelle se complaît depuis trop longtemps notre pays.

Alors que le gouvernement vient d’autoriser la vente de près de 4.000 médicaments sans ordonnance en quelques clics sur internet, comment peut-on encore justifier l’interdiction de vendre certains médicaments et dispositifs médicaux au sein des parapharmacies E.Leclerc, sous le contrôle de nos docteurs en pharmacie ? Allons, allons, tout cela devient de plus en plus ubuesque.

Produits frontières, dispositifs médicaux : oser aller plus loin !

Le ministre de la consommation a par ailleurs évoqué la possibilité de pouvoir étendre ces autorisations aux nettoyants pour lentilles. Oui, trois fois oui !

Les mêmes Cassandre trouveront mille raisons pour nous expliquer les dangers de vendre librement des solutions pour nettoyer des lentilles. Mais comme le montre notre nouveau site internet de vente de lentilles (http://optique.e-leclerc.com), en étant "net' ment" moins chers, cela signifie bien qu’il y a des marges de manoeuvre sur ces produits.

Plus globalement, c'est la vente de tous les produits frontières et des dispositifs médicaux qu'il faut ouvrir à la concurrence, pour obtenir des prix de vente plus bas.

A l’heure où l’on nous explique qu’il faut renforcer la lutte contre le tabagisme et aider les Français à décrocher de la clope, est-il cohérent d’accepter que les patchs antitabac ne soient accessibles que dans les seules officines de pharmacie ? D’autant que d’après nos calculs, sur les patchs antitabac, là aussi il y a de la marge confortable !

Je le redis : le Mouvement E.Leclerc réclame depuis 1987 le droit de pouvoir mettre à disposition de ses clients des médicaments non remboursés, des dispositifs médicaux et des produits frontières, sous le contrôle de nos docteurs en pharmacie et dans les espaces réservés que sont nos parapharmacies.

Il ne s’agit donc pas de mettre de l’aspirine au milieu des boîtes de petits pois, comme s’amusent à le répéter à l’envi nos détracteurs.

A l’heure où plus de 30% des Français renoncent à se soigner pour des raisons économiques, il est plus qu’urgent de s’attaquer à ces rentes injustifiées qui se font sur le dos d’une solidarité nationale de plus en plus étranglée financièrement.

13 Commentaires

Monsieur,


Il est intéressant de souligner le point des médicaments non remboursés. La clientèle, grâce à cette nouvelle disposition, pourra accéder selon son portefeuille à des soins de priorité nationale, comme souligné dans votre commentaire: les patchs antitabac. Un exemple parmi tant d'autres.
La seule question résidera sur la transparence des médicaments de ce type mise en vente au sein des parapharmacies E. Leclerc.
Cette question me semble légitime pour la santé des hommes, femmes et enfants.
Une campagne nécessaire pour afficher la vie des médicaments proposés...
Cependant, je profite de cette entrée qui rejoint l'idée de développer des réseaux de distributions.
Sachez que je m’étonne aujourd’hui de vous contacter et de vous soumettre deux questions, mais j’ai pris mon courage à deux mains.

Elles me permettront de savoir si je dois poursuivre ou non mon projet:

-1 : Vous êtes acteurs sur le marché : le développement de nouveaux services à la clientèle. Dans vos perspectifs d’avenirs, les domaines de la cosmétique et de la parfumerie font-ils partie de vos priorités? Si, oui:

-2 : Êtes-vous prêt à allier une innovation de rupture et la question de l’environnement, en devenant précurseur sur le marché international?

Il est à noter que ces questions ne sont pas présentées au hasard mais les réponses que vous m’apporterez détermineront si je dois persister dans ce secteur.


Je vous remercie personnellement de votre temps consacré à la lecture de ces écrits et des réponses apportées.



Cordialement, Tao-M.
Pourquoi douter que nous passerons par des laboratoires agréés, reconnus, ayant pignon sur rue pour vendre des tests de grossesse ou demain peut-être des médicaments ? Pensez-vous que les mêmes laboratoires qui fournissent les officines refuseront de fournir les parapharmacies E.Leclerc ? Allons, allons, les règles en matière de traçabilité et de sécurité seront absolument les mêmes que celles des officines, ne vous y trompez pas...MEL
Monsieur Leclerc,

vous comparez la délivrance des tests de grossese dans des pharmacies (double monopole officinal et pharmaceutique)à celles effectuées dans vos parapharmacie sous la responsabilité d'un docteur en pharmacie ( monopole pharmaceutique ) . Or et vous le savez,l’amendement prévoit une ouverture du double monopole ; les test de grossesse pouvant alors être vendu par quiconque et sans le contrôle d'un pharmacien ,..

Ainsi il me parait de mauvaise foi (a mois que vous n'avez pas eu conscience de ce fait , de dont je soute ) d'essayer d'amoindrir cette ouverture de monopole en prétextant qu'elles resteront sous la responsabilité d'un professionnel car ce n'est pas le sens de l 'amendement qui en plus de l'ouverture du monopole officinal (= vente dans les officines )ne préserve pas pour autant le monopole pharmaceutique (= dispensation par un pharmacien )

Autrement Monsieur Leclerc vous mettez des situations que vous qualifiez d'ubuesque ,mais ne serait il pas encore plus ubuesque que l'Etat francais contraigne la liberté d'installation de pharmacien alors qu'elle vous serait offerte . N'y aurait il pas une injustice ou une inégalité des chances dans le fait d'empecher des pharmaciens de vendre des médicaments alors que vous qui ne l'etes pas y aurait droit ?

vous me rétorquerez que vos doléances actuelles ne porte que sur les dispositifs médicaux et médicaments sans prescription (vous connaissant nul doute qu'il s'agit d'une porte d'entrée vers les médicaments sur prescription ) mais pour autant
1.on empêche des pharmaciens eux mêmes de créer ce genre de pharmacie de l'automédication et
2.vous n'auriez pas a acquitter du droit d'entrée (rachat de licence ) que les pharmaciens doivent pourtant payer pour accéder a ce monopole (1.5 millions d'euros en moyenne , donc devenu inaccessible au pharmacien )
Bonjour, et vous pensez les mettre à quel prix vos tests de grossesse ?
Patience, vous pourrez bientôt le voir par vous même. La négociation reprendra avec les fournisseurs sitôt la loi promulguée. MEL
juste quelques corrections, 30% des français à des soins dentaires pas à des médicaments ou encore moins des tests de grossesses.
Il est faut de dire que la libéralisation de la distribution des produits de santé abouti à une baisse du prix de vente. Les pharmacies françaises sont moins chères que les parapharmacies Leclerc italiennes.
Arrêtons l'hypocrisie, la GMS veut vendre des tests de grossesses pour gagner de l'argent et pas pour faire baisser les prix ou encore en faciliter l'accès.
Leclerc, Cora et autres ne sont pas des Robins des Bois, ce sont des commerçants...

Je ne pense pas que mon commentaire soit publiés ni même lu par MEL mais il exprime une synthèse de mon opinion.
Monsieur, merci d'avoir pris le temps de déposer un commentaire sur ce blog. Première rectification, 1/3 des Français ont renoncé à des soins médicaux, pas seulement à des soins dentaires (regardez par exemple les enquêtes annuelles de la mutualité française). Je ne m'attarderai pas sur le "vieux" comparatif parapharmacie italienne vs pharmacie française, je sais à quelle photo vous faites référence puisqu'elle circule beaucoup sur internet. Je vous invite à regarder les dates sur le ticket de caisse. Comparer les prix à plusieurs années de distance...la ficelle est un peu grosse ! Enfin, vous évoquez "l'appât du gain" ? Les ventes de tests de grossesse s'élèvent à 40 millions d'euros par an en France. Pour mémoire, le CA des Centres E.Leclerc en 2012 s'élevait à 43 milliards d'euros. Franchement, vous pensez que notre développement dépend de ce marché ? Allons, un peu de sérieux... Bien à vous. MEL
Bonne initiative du mouvement et de votre part de briser le dogme des pharmaciens et surtout pour les consommateurs.
Continuer à renforcer notre pouvoir d'achat.
Monsieur, afin d'accéder enfin à cet eldorado tant convoité pourquoi ne pas créer votre plateforme pharmaceutique et prendre pied immédiatement sur ce marché en servant les officines existantes ou celles qui prendront vos couleurs ? Pourquoi pas être utile à la collectivité et réformer ainsi la pharmacie mais systématiquement montrer du doigt une profession en la qualifiant de quasi voleur devient mauséabond .
Et inutile car l'état ne libèrera pas un marché qui permet de maintenir le fonctionnement du réseau tout en rognant chaque année les marges de la distribution sur les produits remboursés.
Prenez votre place sur ce marché, réformez le de l'intérieur et de nombreux pharmaciens vous y aiderons.
Cordialement.
O.Delmotte
Pharmacien
Administrateur PharmUPP Coalia
Bonjour Monsieur,

Je ressens par votre formulation une forme de carapace qui vous entoure. (Allons, allons,...lol), peut-être par faute de ceux qui monopolisent des marchés (si on prend l’exemple de la téléphonie mobile, une société a permis de forcer les autres opérateurs à revoir leurs prix, et le résultat était concluant, plus d’abonnés et des clients satisfaits).

Alors voyons, je ne doute pas que les laboratoires seront les mêmes. Vous pouvez constater ma position pour cette évolution en matière de préventions et de cures médicamenteuses. La seule question résidait sur votre transparence et non imiter ce qui existe déjà sur le marché: amener les consommateurs à prendre conscience qu'un suivi médical est vivement conseillé. Une forme d'assurance auprès de vos concitoyens et bien sûr vous-mêmes, consommateur également.
Sachez, il fut un temps aux environs de 2003, vous vendiez déjà des tests de grossesse qui fonctionnaient très bien, puis plus de tests dans vos rayons.

Dommage!

Donc reprendre ce que vous avez déjà commencé est une bonne chose en soi.
Il m'aurait était agréable d'avoir reçu une réponse aussi à mes deux questions (le 12 septembre 2013 à 15 h 51 min) sur la parfumerie, secteur dans lequel je voudrais développer mon projet personnel.

Hormis ces points : Encore merci, pour vos combats et votre participation à l'évolution de nos sociétés (ici: accès aux soins pour tous à moindre coût, l'environnement, emplois, etc.).

Cordialement, Tao. M.
Quelles sont les raisons qui empêcheront la libéralisation de la vente des médicament sans prescription ?

1.La perte de marge qu'elle occasionnerait pour les pharmacies devraient être compensée par les pouvoirs publics (qui doivent garantir un revenu suffisant pour que les pharmacies puisse continuer d'assurer leurs missions de services publics) et qui vous l'imaginez sont loin d'etre enclin en période de de remboursement de dette et d'austérité a financer ce service publics
En effet , l'Etat et ses élus ne souhaite pas la disparition de pharmacie , parfois dernier acteur de services publics et dernier rempart au desert médicaux (un médecin sans pharmacie )

2.Il ne pourront justifier d'avoir creé une bulle spéculative rendant presqu'impossible la possibilité pour les pharmacien de creer des pharmacies , les obligeant a de lourds emprunt (cf rachat licence ) ...
Si l'état est a ce point zelé pour contraindre une profession libérale (la liberté d'installation étant pourtant un droit inaliénable ) il ne pourra decemment vous l'autoriser

3.L'argument d'une baisse des prix tient il vraiment ?

1.L'INSEE méttait en évidence des 2004 que la marge des pharmacies n étais supérieur que d'a peine 2 point au commerce de détails et inféerieur a 6 points au commerce non alimentaires spécialisés cf http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ip955.pdf ). Or alors que vos marges sont quasiment identique a celle des pharmacies , qu'en sera t'il lorsque vous devrez embauchez des professionnels à la rémunération plus elevé que celles de vendeurs ?

2.Vous pretextiez un meilleur rapport de force avec les laboratoires ! Or savez vous que les centrales d'achat pharmaceutiques ou les regroupements , au dessus d'un certain seuil sont considéré comme moins rentable par le laboratoire ? Pourquoi un laboratoire vendrez 10.000 unités a 1 euros a un seul intermédiaire si ils peut vendre ces 10.000 unités a 2 euros a plusieurs intermédiaires ?

3.Au final , soyons honnêtes si vous vendez vos médicaments moins chers qu'en pharmacie ce sera uniquement au prix d'une marge nette insuffisante voir en vente a perte , mais que vous maquillerez comme celle des stations services ...

Cette réflexion qui n'est pas une analyse a été transmis a l'autorité de la concurrence dans le cadre de sa consultation publique et vu les retours téléphonique il n'y sont pas indifferend
ca ne dissuadera pas l'autorité mais ca l'obligera a revoir ses sources d'informations (l'insee étant plus objective qu'UFC que choisir ) , ca l’obligera a amoindrir ces velléités qui seront clairement insuffisante pour convaincre le gouvernement ...
Gouvernement qui a l'aube d’élections municipales et européenne doit avoir saisi le potentiel de nuisance de pharmacies qui pourrait demander a leurs patients tout a la fois électeurs , s'il prefere leurs pharmacies à leurs élus socialiste ... !!!

Si vente de médicaments il y a dans vos magasin cela restera dans une pharmacies (qui aura obtenu la liberté d'installation ) ce qui n'est déjà pas si mal

Par contre au dela de cette vente de médicaments vous avez bien d'autres possibilités pour améliorer la santé publique ...mais souhaitez vous améliorer la santé publique ou en tirer profit ? telle est la question

En espérant que vous apportiez votre point de vue face a ces arguments ,
Bonne fin de journée
Juste un point Mr Leclerc, faisant parti d'un grand groupement de pharmacies
J'ai décidé il y a quelques mois, de baisser le prix du test de grossesse qui était de 5 euros à 2 euros. Et bien plus aucune vente de test, alors que j'en vendais entre 10 et 20/ jour. Mon test qui a toujours été le même étais devenu "pas assez cher" donc pas fiable. J'ai remis le prix à 5 euros et j'en revends de nouveau...
A méditer.
Salut Mel!
Je comprends parfaitement votre position. A l'heure où l'on vend n'importe quoi à n'importe qui sur internet, l'achat en grande surface devient une sécurité! Aussi il faut que les explications d'utilisation soient données de façon claire et précise. Le résultat attendu de ce genre d'outil peut changer toute une vie ne l'oublions pas. J'aimerais un jour pouvoir m'appuyer sur les conseils d'un diététicien pour faire mes courses pour équilibrer mes repas. Ce sera un vrai plus enseigne.

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